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EAN : 9782081490338
350 pages
Flammarion (20/01/2021)
  Existe en édition audio
4.18/5   825 notes
Résumé :
New York, dans les années 1900. Une jeune fille, que passionnent les livres rares, se joue du destin et gravit tous les échelons. Elle devient la directrice de la fabuleuse bibliothèque du magnat J.P. Morgan et la coqueluche de l'aristocratie internationale, sous le faux nom de Belle da Costa Greene. Belle Greene pour les intimes. En vérité, elle triche sur tout. Car la flamboyante collectionneuse qui fait tourner les têtes et règne sur le monde des bibliophiles cac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (146) Voir plus Ajouter une critique
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Belle et les siens ont beau avoir la peau blanche, ils descendent d'une famille afro-américaine et sont censés se soumettre aux lois ségrégationnistes américaines. Pour y échapper, la mère de la jeune fille décide de changer d'identité à sa séparation d'avec son mari, célèbre activiste noir, et adopte en 1903 le faux nom de da Costa Greene. Désormais officiellement blanche, Belle Greene s'investit dans sa passion pour les livres rares et devient la directrice de l'extraordinaire bibliothèque du richissime et puissant J.P. Morgan, qu'elle compte bien rendre la plus importante au monde. Son habileté et les millions de dollars de son employeur lui permettent d'enrichir considérablement la collection, la plaçant, elle, au centre du commerce international de l'art et lui permettant d'occuper une position très en vue au sein de la haute société américaine et européenne. Rien n'est simple pourtant : la moindre indiscrétion sur ses véritables origines pourrait lui coûter très cher….


Alexandra Lapierre a mené l'enquête pendant trois ans, rassemblant une impressionnante documentation, pour nous raconter, avec le plus grand souci de la vérité, l'incroyable parcours de cette femme. Fascinante entre toutes, la réalité de Belle Greene dépasse largement la fiction et ne cesse d'ébahir le lecteur tout au long d'une narration fluide et vivante, qui transforme cette biographie, exacte en tout point, en un passionnant et très agréable roman. Dire que cette histoire aurait pu disparaître à jamais, Belle emportant son secret dans la tombe, si une vieille malle abandonnée dans un grenier n'avait, plus d'un demi-siècle plus tard, permis d'établir, une fois pour toutes, la vérité. Une vérité que d'aucuns auront parfois soupçonné sans preuve, faisant trembler Belle et les siens, et causant au final un drame d'une cruauté effarante. C'est par cette catastrophe que s'ouvre le récit, avant de retracer par le début une histoire qui aurait pu largement passer pour rocambolesque, si elle n'était totalement avérée.


Huit générations d'esclaves communément abusées par leurs maîtres ont donné naissance à de nombreux métis, dont certains sans trace visible de sang noir. Pour ceux-là, que leur métissage renvoyait pourtant officiellement à une identité noire et exposait aux lois ségrégationnistes américaines qui prévalurent jusqu'en 1964, la tentation existait de ne pas se déclarer comme personnes de couleur, et de basculer dans une clandestinité qui pouvait leur coûter la vie si elle venait à être découverte. C'est ce choix impensable qui a permis à Belle, non seulement d'échapper à la ségrégation raciale, mais aussi de se lancer dans une carrière impressionnante, qui devait faire d'elle l'une des femmes d'affaires les plus puissantes au monde.


Aussi brillantes soient-elle, cette réussite et cette formidable revanche – même si secrète - sur le racisme de l'époque ont coûté à Belle le douloureux reniement d'une part d'elle-même et son ralliement au camp de ceux qui opprimaient ses semblables. Cette trahison la coupait notamment définitivement de son père, premier Afro-Américain à sortir diplômé d'Harvard et militant actif de la cause noire. Elle lui faisait repousser le risque de mettre au monde un bébé noir. Elle la condamnait à la peur et au déchirement d'une irrémédiable imposture, et fabriquait pour sa famille une bombe à retardement aux effets particulièrement tragiques et bouleversants.


Si Alexandra Lapierre a coutume de nous faire découvrir d'exceptionnelles figures de femmes, pourtant méconnues, Belle Green est à mes yeux la plus fascinante et la plus émouvante. Ce livre où tout est véridique et parfaitement documenté se dévore avec autant d'étonnement que d'émotion, au fil d'une lecture aussi agréable qu'intéressante. Un très grand coup de coeur.


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« A la fin de la guerre de Sécession, toujours en 1865, la loi américaine accorda le droit de vote et l'égalité civique aux anciens esclaves. Mais douze ans plus tard – et jusqu'en 1964, lors de la signature des « Civil Rights Acts » - la loi revint sur ces droits et divisa la population en deux groupes dans tous les recensements : white or colored. Elle obligea les métis à se déclarer comme noirs selon la « règle de l'unique goutte de sang », qui stipulait qu'un seul ancêtre africain suffisait pour faire une lignée de « gens de couleur ».

Transgresser la loi, se faire passer pour blanc, portait un nom « The passing » et était passible d'une lourde peine voire de la potence.

1898 - Originaires du ghetto noir de Georgetown, la famille Fleet appartient à la bourgeoisie la plus lettrée des communautés noires. Paradoxe surprenant, cette famille afro-américaine au métissage évident, compte une descendance à la peau très claire et aux cheveux couleur de miel. Belle et Russel font une exception avec leur peau plus foncée et leurs cheveux bruns. La ségrégation aidant, les difficultés à exister, il n'en fallait pas plus à ladite descendance de ressentir un désir profond de transgression, de se faire passer pour blanc, malgré l'opposition d'Hermione, la Grandma, « hors de question de trahir son peuple ». Au décès d'Hermione, les dés sont jetés. A l'instigation de sa petite fille Belle Greener, suivi par ses frères et soeurs, contraignant ainsi leur mère Geneviève à les accompagner dans leur mensonge, voire de les guider, ces derniers décident de se créer une généalogie de parents blancs, aux origines portugaises afin de justifier le teint de Belle et de Russel, pour devenir la famille Da Costa Greene.

Passionnant portrait de femme que la destinée de Belle Greener devenue Belle Da Costa Greene. Ce fut pour moi un grand plaisir de lecture que cette biographie romanesque rédigée par Alexandra Lapierre au rythme vif et dynamique. Il faut se replonger dans cette Amérique ségrégationniste du début du XXème siècle, pour imaginer le courage qu'il aura fallu à cette famille, de ténacité, de renoncement – rompre tout contact avec Georgetown – pour enfin pouvoir exister socialement, professionnellement sans jamais trahir ses origines.

Belle se passionne très jeune pour les belles lettres et les beaux livres. Jeune fille déterminée, munie de ses nouveaux papiers d'identité où le mot « colored » n'apparait plus, elle se doit de se penser comme une femme blanche. En juillet 1900, elle s'inscrit à la session d'été d'Amherst College, dans le Massachussetts, au cours de « catalogue ». Dotée d'une intelligence très au-dessus de la moyenne, elle est très vite remarquée et appréciée pour son vif intérêt pour les livres et les enluminures, ce qui lui vaut d'être recommandée comme agent de bibliothèque à l'Université de Princeton. Elle est au paradis. Sa soif de découvrir, son perfectionnisme, sa mémoire des textes, sa capacité d'analyse, sa vitalité, son sens de l'esthétisme, en un mot, toutes ses dispositions, lui permettent d'évoluer, d'amasser une foule de connaissances dans divers domaines. Jeune étudiante, elle peut accéder à de magnifiques bibliothèques où elle contemple, tout à loisir, d'inestimables trésors et participe à des conférences. Elle cultivera ainsi sa passion jusqu'à devenir une femme à l'érudition remarquable. Belle, dotée aussi d'un grand pouvoir de séduction, toujours élégante, possède cette présence qui ne peut échapper à son entourage – « ce n'est pas parce que je suis bibliothécaire que je dois m'habiller comme une bibliothécaire » - Poussé par le neveu du richissime JP Morgan, Junius Morgan qui a remarqué ses talents, elle va se proposer au poste de bibliothécaire du magnat américain qui pressé par ses occupations, ne peut se charger de développer sa propre collection de livres rares.


On assiste à cette rencontre déterminante dans la vie de Belle qui va la propulser au sommet des personnes les plus célèbres dans le monde des Arts et faire d'elle, l'une des femmes d'affaires les plus puissantes. Sans oublier le challenge qu'elle s'est imposée pour être incontournable dans ce monde masculin. Nous sommes au début du XXème siècle!

Avec Belle qui n'a pas son égale pour dénicher et négocier des livres rares, nous pénétrons dans le monde des salles de vente. Ayant eu la chance de pénétrer le monde de Drouot et d'en connaître quelques pratiques, ces passages m'ont enchantée. Je me suis faite petite souris pour mieux pénétrer ce monde des livres d'art et découvrir les ressorts qui animent toutes ces grandes familles américaines du début du XXème siècle.

Roman lumineux, vivant, l'écriture tonique d'Alexandra Lapierre sait happer son lecteur en nous rendant Belle très accessible, très attachante. J'aime ces êtres qui savent défier leur destinée, j'ai admiré Belle, et malgré sa force de caractère, je me suis surprise à ressentir la peur que son secret puisse être découvert. John Pierpont Morgan fascinait Belle, très attachés affectivement l'un à l'autre, un peu comme un père et une fille, l'auteur nous trace un portrait achevé de cet homme.

Je vous laisse découvrir cette biographie passionnante et très enrichissante. Alexandra Lapierre s'et basée sur la correspondance de Belle. Toutes les personnes nommées dans ce livre ont bien existé, c'est un travail qui lui a pris trois années d'enquête. L'auteure a respecté tous les faits à sa connaissance, nul besoin d'inventer, la vie de Belle se suffit amplement. Vous découvrirez en fin de livre des photographies de Belle ainsi que des pages annexes concernant les différentes personnes rencontrées dans ce livre. Je vous souhaite une excellente lecture en cette période tourmentée, ce fut pour moi une véritable bouffée d'oxygène !

Je tenais à remercier @Fanfanouche24 et @Zephirine pour leur billet qui m'ont fait découvrir une héroïne hors du commun !





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Absolument passionnante cette biographie de plus de 500 pages qui se dévore comme un roman tant le destin de Belle Greene est romanesque et plein de rebondissements. Voyez plutôt…
Dans la famille Greener dont la destinée se retrouve entre les mains de la mère, Geneviève, depuis la défection du père, on découvre les difficultés face à l'injustice ségrégationniste d'une famille métisse à la peau blanche mais qui appartient à la communauté noire. L'histoire débute en 1898, aux Etats-Unis, lorsque la ségrégation et les persécutions contre les noirs étaient monnaie courante. Ce qu'on sait moins, c'est qu'une loi (qui va perdurer jusqu'en 1964) oblige les métis à se déclarer comme noirs selon « la règle de l'unique goutte de sang ».
La mère, les cinq enfants de la famille Greener vont décider de franchir la frontière de race en passant chez les blancs, ce qu'on nomme « passing ». A une époque où cette trahison est sévèrement punie, ils seront « six destins indissociables, où le manquement de l'un entraînerait la chute de tous les autres ». La plus déterminée de tous, c'est Belle et sa nouvelle identité sous le nom de Belle Da Costa Greene, va lui ouvrir les portes de la prestigieuse université de Princeton où elle va accéder à un poste de bibliothécaire. Cette nouvelle identité en tant que blanc ouvre de nouvelles perspectives aux Greene, qui pourront faire des études, vivre dans des quartiers réservés aux blancs, fréquenter théâtres et restaurants et voyager en première classe.
Cette histoire d'une jeune femme pleine d'ambition, de surcroit belle et intelligente, est à peine croyable Pourtant, Alexandra Lapierre précise, dans les annexes en fin du roman que «La vie de Belle da Costa Greene m'a paru à la fois si exceptionnelle et si romanesque que j'ai ressenti la nécessité d'en respecter tous les faits en ma connaissance sans en rien altérer, même dans le cas de péripéties qui peuvent sembler mineures, avec des personnages secondaires » Car, pour rester au plus près de la vérité, la biographe a entrepris un énorme travail de recherche sur ce personnage hors du commun et son entourage. C'est toute une époque que nous restitue la plume fluide d'Alexandra Lapierre, et on se passionne pour le destin incroyable de Belle
Sa vivacité d'esprit, sa ténacité et les relations qu'elle a su se faire conduiront la jeune femme au poste très envié de responsable de la bibliothèque de la Morgan Library qui appartient au magnat J.P. Morgan. Oeuvrant pour son patron, elle va devenir une redoutable collectionneuse de livres rares, incunables et d'objets d'art. A sa suite, on découvre le monde des salles de vente, et des marchands d'art qui se livrent d'âpres combats pour obtenir l'oeuvre rare. Fine mouche et bonne observatrice, Belle va se couler dans ce monde de riches dont elle empruntera les codes. Très vite devenue une femme en vue, reconnue pour son expertise et ses connaissances bibliophiles, elle va tracer son chemin parmi les grands collectionneurs et les marchands d'art. Elle devra trouver son équilibre entre son travail phénoménal pour un patron exigeant et jaloux et son désir de vivre librement et follement.
Toute sa vie elle s'interdira le mariage, ne voulant pas prendre le risque de mettre au jour un enfant noir et ainsi, trahir ses origines. Grâce à ses émoluments, considérables pour une femme de cette époque, elle entretiendra sa famille et paiera les études de son frère et ses soeurs. Elle aura des amants prestigieux mais celui auquel elle restera fidèle toute sa vie est Bernard Berenson, grand historien d'art à la personnalité complexe. le secret des origines de Belle Green ne sera connu qu'après sa mort. « Plus d'un demi-siècle se sera écoulé avant que la rumeur ne soit transformée en certitude et qu'éclate la vérité »
2024 fêtera le centième anniversaire de l'ouverture de la Morgan Library au public, et ce sera l'occasion de de découvrir, outre les oeuvres d'art, la correspondance de cette personnalité insolente et infatigable qui a consacré sa vie entière à l'art.
D'autres que Miss Greene qui avaient la chance d'avoir le teint clair, ont choisi le « passing » mais le destin incroyable de cette jeune femme qui n'avait pas froid aux yeux est passionnant. Alexandra Lapierre a su nous la rendre touchante et attachante sans tomber dans le sentimentalisme et c'est magistral !

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Belle da Costa Greene est la directrice de la Morgan Library de New York dans la première moitié du 20ème siècle.
C'est une dame extrêmement érudite qui vit à fond.
Derrière tout cela, se cache un grand secret qui doit absolument être tu aux USA et ce jusqu'en 1964.
Belle est d'apparence blanche avec la peau mate mais du sang noir coule dans ses veines.
Sa mère et toute sa fratrie choisissent de cacher leurs origines afin de s'insérer dans la société des supérieurs, afin de ne pas échouer dans la communauté des pauvres, des Afro-Américains.
Le début du roman commence par un drame qui touche Belle au sujet de ses origines et ce, en 1943.
Alexandra Lapierre nous offre une biographie passionnante, fournie en recherches : une véritable enquête dans les livres et les bibliothèques.
Elle partage son oeuvre en trois époques :
1) Trop noir pour les blancs
Trop blanc pour les noirs
de 1898 à 1908
2) Elle avait avalé lé soleil
de 1908 à 1910 et le premier séjour de Belle et sa mère à Londres.
3) Derrière le voile de son âme
de 1910 à 1924 : la vie adulte de Belle, ses douleurs, ses renoncements, ses réussites.
L'ÉPILOGUE : New York 1942
- Son neveu adoptif Bobbie tente de vivre une vie normale et découvre avec colère ses origines cachées.
- On peut lire ce que les différents protagonistes deviennent.

Une biographie très complète, très intéressante qui a demandé un travail gigantesque.
Je n'avais jamais lu de roman d'Alexandra Lapierre qui n'en est pas à sa première biographie.
J'avais seulement en tête "La cité de la joie", le roman inoubliable de son père, Dominique Lapierre, qui avait été suivi par le très beau film tiré du livre.
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Acquis le 22 mai 2021- Librairie Caractères / Issy-les-Moulineaux

Un grand coup de coeur pour ce roman fort documenté qui nous offre le portrait et le parcours inouï d'une femme dans des arcanes exclusivement masculines : la haute bibliophilie américaine !!

Là, où la réalité dépasse bien largement la fiction. Je débute par un extrait nous décrivant directement la personnalité, en question , à travers ses propres mots:

« le problème avec moi ? C'est ma curiosité. Un désir insatiable, irrésistible- pour ne pas dire parfaitement fou-de tout connaître. Connaître l'univers, j'entends le monde entier. Connaître les gens, tous les gens. Connaître toutes les émotions. Connaître toutes les sortes de relations humaines, qu'elles soient divines ou infernales. --- Lettre de Belleda Costa Greene à Bernard Berenson- Juillet
1910 »

« L'incroyable histoire d'une Afro-Américaine qui décida de vivre comme une femme blanche et devint la directrice de la Morgan Library. »…

J'ai été aussitôt convaincue : les Livres anciens, un domaine où j'ai travaillé durant des années (entre Librairies d'Antiquariat et Bibliothèques patrimoniales parisiennes prestigieuses), le combat hors du commun d'une femme dont ses racines métisses lui interdisaient tout : études, accès libre à une profession choisie, santé, justice, droits civiques, etc

La mère, Geneviève, personnalité charismatique , brillante, et déterminée à éviter tous les ostracismes à ses cinq enfants…prit sur elle, pour transformer leurs destins !
Mal traitée par un époux brillantissime ; un activiste noir célèbre, premier bachelier noir, premier avocat noir, premier professeur d'université, premier consul noir, etc… Dans sa vie intime et familiale, ce brillant Monsieur était juste médiocre et égocentré ; il fut définitivement rayé de leurs vies. Il partit très loin, comme consul, sans leur dire « Au Revoir »…

Geneviève avait mûrement réfléchi à une solution permettant les mêmes chances d'instruction et de projets professionnels à ses enfants ; elle leur parla d'une pratique illégale :un mot la résumait : le « Passing », se faire passer pour « blanc » lorsque le physique permettait ce subterfuge. Ce délit, si il était découvert était évidemment puni de mort ou de lynchages souvent atroces. !

Elle en discuta avec ses enfants, qui désiraient bien sûr suivre des études, faire le métier de leur choix et vivre comme « Les Blancs ». Ce qui fut décidé au sein de la tribu… Un pacte lourd de conséquences : le mensonge et le secret à vie, et surtout ne pas avoir d'enfants…au cas où… un bébé de couleur naisse et détruise l'ensemble de la famille et son secret honteux…!

Drame d'un être déchiré entre son histoire et son choix d'appartenir à la société rejetant son peuple . Alexandra Lapierre nous raconte avec brio cette destinée féminine à peine croyable. Fruit de trois années d'enquête, ce roman retrace les victoires et les déchirements d'une femme faussement « blanche » ( Femme de couleur, fille d'un célèbre activiste noir) pleine de curiosité, d'ambition, aussi libre que déterminée, dont les stupéfiantes batailles font encore largement écho aux combats d'aujourd'hui…d'un racisme perdurant, tenace, empoisonnant la société américaine !

Une lecture pleine d'adrénaline… d'aventures, de risques insensés prises par Belle da Costa Greene Tout cela pour contrecarrer les lois infâmes de Jim Crow qui refusait tout droit de quoi que ce soit aux gens de couleur, dans la vie de la Cité : le choix d'une école, d'études, d'une profession. Rien, absolument rien n'était possible pour un américain, avec une seule goutte de sang noir !!...

Les cinq enfants réussiront brillamment, et l'aînée, Belle, de façon plus éclatante que tous les autres, protégeant et assumant tout pour toute sa famille….

Une fresque d'une certaine Amérique richissime, conservatrice, raciste , comprenant aussi des mécènes… Observations, descriptions des marchés de l'Art , des collectionneurs richissimes… l'élaboration de cette extraordinaire Morgan Library, dirigée par Belle Greene… embauchée par le magnat de la finance John Pierpont Morgan…On croise tout le gratin américain, la fine fleur de l'Amérique !
Mille anecdotes… histoires retentissantes dans ce monde des puissants, où Belle Greene se fera respecter et craindre de tous les spécialistes, chercheurs, marchands… Une réussite exemplaire… Elle sera « mère par défaut » en élevant, chérissant un neveu, qu'elle adorait et qui lui rendait bien. … de cette partie, je n'en dirai pas plus…car le réveil du passé fera des dégâts, à un moment donné…

Toutefois, la directrice de la Morgan Library réalisera son rêve : La Morgan Library et ses fonds exceptionnels seront offerts à l'Etat, comme Bibliothèque publique, ouverte à tous les étudiants et chercheurs. Transmission de la Beauté et du Savoir, pour tous.!

« En cette fin d'année 1910, les millionnaires américains avaient compris que se constituer une bibliothèque était aussi nécessaire à leur statut social qu'amonceler des oeuvres d'art dans leurs palais de marbre, à Newport ou sur la cinquième Avenue; que posséder des manuscrits, des incunables , et des éditions rares était un signe de richesse plus subtil que des tableaux de maîtres; que les livres pouvaient devenir des placements aussi prestigieux- aussi lucratifs-qu'une peinture. Après les marquises de Boucher et les commodes Louis XV, la bibliophilie devenait le terrain de chasse des magnats du charbon, de l'acier, du sucre et des chemins de fer. (p. 319)”

Le Plaisir de retrouver des noms familiers , entendus, rencontrés durant mes années en Antiquariat : En tout premier chef, cette fabuleuse « Morgan Library »…Le libraire Quaridge, l'historien et expert d'art, Richard Berenson, ( avec lequel Belle aura une histoire passionnelle et une correspondance intellectuelle de près de 40 ans! ), etc.

Ouvrage palpitant, fascinant complété par une bibliographie détaillée, ainsi que par un glossaire pour les bibliophiles… de l'action, des rebondissements , en abondance et de multiples détails sur l'histoire américaine des années 1898 aux années 1950…sans omettre , l'histoire afro-américaine. Un moment de lecture aussi foisonnant que captivant, avec autant de perspectives de lectures que de lecteurs !
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critiques presse (1)
LeFigaro
15 avril 2021
L’incroyable histoire d’une Afro-Américaine qui décida de vivre comme une femme blanche et devint la directrice de la Morgan Library.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (87) Voir plus Ajouter une citation
Ces manuscrits, trouvés dans les ruines d'un ancien monastère par les hommes du village d'Hamouli, avaient échappé de peu à la destruction . Après s'être partagé leur découverte, les paysans avaient écoulé leur butin chez les trafiquants du Caire, vendant les manuscrits un à un, dans le meilleur des cas. En les démembrant feuille par feuille, dans le pire. Lors de sa tardive descente dans le village, la police égyptienne avait saisi ce qui restait du pillage : dix-sept volumes, de deux siècles antérieurs à tous les manuscrits coptes connus à ce jour. Ils comprenaient l'Ancien et le Nouveau Testament. Un ensemble plus complet que toutes les reliques conservées dans les bibliothèques du monde entier et qui comptait des enluminures byzantines comme on n'en avait jamais vu. Sans parler de leurs reliures, d'une extraordinaire beauté.
C'étaient ces manuscrits que Morgan avait acquis sur les instances de Belle.
Elle travaillait maintenant à trouver l'homme, le prêtre, qui pourrait les étudier, les traduire et en publier une édition critique. Elle s'évertuait aussi à filtrer les visiteurs internationaux qui débarquaient dans son bureau pour les admirer ou pour en contester la valeur.
Par chance, l'expert en la matière n'était autre que son ami Charles Hercules Read du British Museum. Par chance encore, il venait d'en certifier l'authenticité, réfutant officiellement l'avis d'autres érudits qui les disaient faux.
Un succès total pour la Morgan Library.

page 371
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- 1900

Son certificat en poche, elle avait tout de suite trouvé un stage de préposée à l'accueil dans l'une des deux bibliothèques publiques de New York, la Lenox Library, à l'angle de la 70è Rue et de la Cinquième Avenue. L'entrée nécessitait un ticket et la salle n'était fréquentée que par de rares érudits. Ce fut là , dans les rayonnages obscurs de la réserve, que Belle feuilleta un manuscrit enluminé pour la première fois. Elle en ignorait l'histoire, elle était même incapable d'en déchiffrer le titre. Mais devant la splendeur des images peintes au Moyen-Age, la richesse des couleurs et le raffinement de la calligraphie, elle éprouva cette sorte d'émotion qui change le cours d'une vie. Elle interrogea l'un des vieux bibliophiles sur la provenance du manuscrit et le questionna avec tant de flamme qu'il en fut touché. Jamais il n'aurait imaginé qu'une petite employée pût s'intéresser à ce point aux mystères d'une œuvre des moines de Cluny. L'émerveillement de Belle suffit à la recommander comme agent de bibliothèque à l'Université de Princeton dans le New Jersey.

Depuis, elle se croyait au paradis.

page 61
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Elle savait exactement ce qu'elle voulait faire.
Travailler parmi les livres.
Depuis l'âge de douze ans, elle répétait qu'elle aimait les regarder, les toucher, et aussi les respirer.
Qu'elle ressentait l'âme des livres ... Qu'elle percevait ce qu'ils exhalaient de rêves, d'émotions et de beauté.
Il était inutile pour elle de suivre des cours de couture ou de secrétariat, comme les autres jeunes filles qui attendaient de se marier.
Au contraire de ses camarades, elle ne voulait convoler à aucun prix.
Les livres valaient tous les maris du monde.
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John Pierpont Morgan

Par Junius, elle le savait président du conseil d'administration du Metropolitan Museum, membre fondateur et mécène de la plupart des autres musées de New-York.
Elle avait encore appris que l'oncle Pierpont-ou J.P., comme Junius l'appelait quelquefois- nourrissait pour les objets d'art un amour proche de l'obsession. Qu'il s'intéressait à tout, aux meubles, aux bijoux, aux émaux, aux porcelaines chinoises, à l'archéologie romaine, à l'archéologie grecque et égyptienne.
Et, bien sûr, aux tableaux et aux livres. Un collectionneur d'une curiosité insatiable qui se passionnait pour toutes les formes d'art. Bibliophile averti, il recherchait les incunables, les éditions originales et les reliures du Moyen-Age. Bref, l'oncle Pierpont convoitait toute la beauté du monde. Il achetait avec une telle avidité qu'il n'avait pas le temps d'étudier les pièces qu'il accumulait.
En cela, il se différençiait de Junius.
J.P. Morgan était un amateur compulsif et vorace, qui ne connaissait aucune limite. Cependant-au-delà de la démesure et du désordre de ses acquisitions-, il avait un sens esthétique sans égal. Son projet était clair: moissonner le meilleur du patrimoine culturel européen pour construire l'avenir de l'Amérique. (p.114)
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- Je me moque de Ned Field. Et je n'épouserai personne. Ou alors pour de l'argent. Beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent.
Upson émit un sifflement.
- Vous seriez donc prête à vous vendre ?
- À me donner, Mr Upson, à me donner...À un homme tellement riche que sa fortune me rendra libre.
- Vous êtes déjà aussi libre que cet oiseau.
Il lui désigna le petit faucon qui tournoyait dans le ciel au-dessus de la clairière, prêt à fondre sur une proie.
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