J'ai lu ce roman dans le cadre de la sélection pour le prix
Charles Exbrayat 2021 attribué lors de la fête du livre de la ville de St Étienne et auquel participe la médiathèque de ma commune. Parmi trois livres pré-sélectionnés par un jury de professionnels, celui qui obtient le plus de voix auprès des lecteurs votants remporte le prix. Chaque année, j'y participe avec plaisir car cela me permet de sortir de mes sentiers battus et découvrir ainsi d'autres auteurs.
Avec "
Ici commence le roman" de
Jean Berthier, cette première mission est réussie car de moi-même, je ne pense pas que j'aurais opté pour cette lecture. Si je suis fan des thrillers en tout genre, même gore, j'ai du mal avec les écrits réalistes qui obligent le lecteur à garder le mouchoir en main. Si ce roman n'est pas larmoyant au sens premier, il invite cependant à une réflexion sur la tragédie universelle du deuil, comment y faire face avec un enfant et comment réussir à la surmonter.
le narrateur de l'histoire est veuf depuis deux ans et s'occupe donc seul de sa fille Élisa, 10 ans. Pour subvenir à leurs besoins, il est lecteur de scénarios pour une grande chaîne de télévision. Ce qui pourrait peut-être paraître pour le métier idéal au yeux de tout "babéliote" qui se respecte, ne l'est absolument pas dans la vraie vie. Très aléatoire, soumis au bon vouloir de la directrice en place, il consiste souvent à lire des textes insipides écrits par quelqu'un qui seul, croit en son talent d'auteur, et à produire une critique qui parfois ne sera même pas prise en compte. Cet homme, papa idéal aux yeux de sa fille, aimerait prendre bien un nouveau départ mais le premier pas pour changer de vie est si difficile à franchir.
Je n'ai pas trouvé dans cette histoire, le côté "drôle" qui était vendu dans la quatrième de couverture. Cette relation entre ce père veuf et cette petite fille est belle, tendre mais triste. Ils vivent dans le souvenir de Louise, la mère, trop tôt disparue. Entre les visites au cimetière, les rencontres avec la voisine malade, les rendez-vous professionnels déprimants et les fins de mois difficiles, leur quotidien est simplement illuminé par le lien très fort qui les unit. En opposition à ce cocon familial qu'ils essaient de maintenir contre vents et marées, l'auteur fait une peinture glaciale du monde de l'entreprise où anonymat et mépris pour le personnel règnent en maître.
le texte est souvent beau, surtout lorsque l'auteur évoque l'écriture et l'inspiration. Même si l'espoir est de mise, c'est une impression de mélancolie qui reste à la fin de cette lecture à laquelle j'accorde un 12/20.