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André Chassigneux (Traducteur)Albert Memmi (Éditeur scientifique)
EAN : 9782707154392
126 pages
La Découverte (12/03/2008)
3.68/5   19 notes
Résumé :

" La violence de l'opprimé n'est que le reflet de celle de l'oppresseur. (...) Il n'existe pas plusieurs visages d'opprimés. King, Baldwin et Malcolm X jalonnent le même et implacable itinéraire de la révolte, dont il est rare que le ressort, une fois lâché, ne se détendra pas jusqu'au bout ", écrivait Albert Memmi en 1965, dans la présentation de la première édition de ce livre, public aux É... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce petit livre regroupe les interviews de trois Afro-Américains célèbres engagés dans la lutte pour les droits civiques dans les années 1960 aux Etats-Unis : l'écrivain James Baldwin, le leader enragé des Black Panthers : Malcolm X et Martin Luther King le chantre de la non-violence.

Comme l'explique Albert Memmi dans l'une de ses préfaces - très intéressantes d'ailleurs - ces trois hommes très différents en apparences, ne sont en réalité que des facettes différentes d'un même visage : celui de l'opprimé. Memmi nous explique qu'il existe un "rythme de la révolte".
Albert Memmi les résume ainsi :
- "King est le Modéré, sachant rassurer ses adversaires, faire patienter ses troupes, et se trouver des alliés ; "
- "Baldwin est l'intellectuel, émotif et sincère, c'est-à-dire déchiré, intelligent et passionné, qui comprend tout et pardonne beaucoup, qui a des amis dans le camp adverse (…)"
- "Malcolm X (…) L'homme de la violence accuse, condamne, exclut même davantage parmi les siens, (…)"

Les entretiens sont menés par Kenneth Clark, un journaliste pour la télévision. Il débute chacune de ses interviews en interrogeant ces hommes sur leur enfance. Déjà là, malgré les similitudes, on note des différences qui ont sans doute contribué à "fabriquer" les hommes qu'ils sont devenues. Mais cet aspect n'est pas exploité.
Les questions sont donc assez orientées et contribuent à mettre des étiquettes faciles sur ces trois hommes. Je pense notamment au cas de Malcolm X qu'on nous présente comme un autodidacte devenu le pantin d'Elijah Muhammad, presque incapable de penser en dehors des pas de son maître. Il est bien sûr extrêmement virulent dans ses propos et la colère suinte à chaque ligne, que ce soit vis-à-vis des Blancs ou lorsqu'il assume (plus ou moins) son antisémitisme. Certes, cet homme était loin d'être un ange, mais il a eu par ailleurs des idées intéressantes et justes en dehors de son comportement violent, et celles-ci sont passées sous silence.

Malgré ce petit détail, cette lecture fut très intéressante et les analyses des trois hommes se complètent et permettent d'avoir une vision d'ensemble de la condition des Noirs Américains au 20ème siècle.
La lecture des deux préfaces d'Albert Memmi nous montre à quel point ce sujet reste actuel car les gouvernements contemporains se trouvent toujours dans l'incapacité de "gérer" leurs minorités qui sont touchées de plein fouet par le chômage et autres problèmes sociaux en plus des a priori raciaux.
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La voix de trois grands "leaders" Noirs (même si James Baldwin n'en était pas un à proprement parler, il prenait publiquement position dans la défense des droits des Noirs Américains, au travers de ses essais, de ses romans, et lors d'interviews et de manifestations) ici réunis à travers l'interview d'un journaliste, Kenneth Clark en 1963 sur un plateau de télévision.

Martin Luther King, ou la résistance non-violente qui prône "l'amour" de l'oppresseur. Par amour il entend bienveillance et compréhension, en opposition à la haine. Car répondre à la haine par la haine ne peut rien résoudre et King est persuadé qu'opposer l'amour à la haine est une arme désarmante et redoutable.
A l'extrême opposé, Malcom X du mouvement Black Muslim, prône la suprématie noire, appelle à la riposte contre les Blancs par la violence. Il considère King comme le meilleur atout des Blancs. Un Noir qu'on ne craint pas et qui tend l'autre joue... Pour lui ce temps est terminé. Et il considère que les Noirs ne veulent plus d'un Dieu blanc, ne veulent plus d'assimilation ou d'intégration. le Noir, pour lui, est la même construction fantasmée et inepte de supériorité sur Le Blanc... le racisme par la racisme...
Quant à Baldwin, le modéré, l'intelligent, il dit aux Blancs qu'ils doivent comprendre pourquoi ils ont besoin de l'image du "Nègre", pourquoi le Noir doit rester "à sa place". Et il faut qu'ils renoncent à ce privilège pour qu'une société juste émerge. Quant aux Noirs, il les enjoints à ne pas se victimiser tout en revendiquant leur place. Mais si les Blancs ne peuvent l'accepter, alors il prévient : "La prochaine fois, le feu" (titre de l'un de ses essais que je vous conseille).

Dans ce livre, préfacé par Albert Memmi, celui-ci considère qu'il faut voir dans ces trois illustres personnages incarnant la lutte pour les droits civiques, une progression de l'état d'urgence ressentie par les Noirs. L'amour bienveillant, la réflexion modérée, puis la violence.

Aujourd'hui on peut se demander si l'un des trois a véritablement été la clé de voûte d'un changement, ou est-ce finalement leur combinaison qui a progressivement fait évoluer la société blanche ?
Il reste qu'un rappel continu des droits des Noirs Américains soit encore, près de 60 ans plus tard, encore et toujours une lutte d'actualité.
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Kenneth B. Clark nous donne à lire trois entretiens qui ont été enregistrés pour la télévision en 1963.
Ils donnent la parole à trois des grandes figures marquantes des mouvements noirs américains. Tout d'abord à James Baldwin, l'écrivain poète, plus modéré, l'optimiste très lucide sur l'avenir du Noir dans son pays: le second entretien avec Malcolm X leader des Black Panthers et plus radical, l'interview est plus dirigé sur les religions et sa rencontre avec Elijah Muhammad et ce que celui-ci lui a enseigné. Et pour finir avec le Pasteur Martin Luther King, adepte de la non-violence, convaincu d'une future intégration des Noirs.
Quand n'est-il réellement de nos jours ? Albert Memmi qui signe les deux préfaces de ce livre la première lors de la présentation de l'édition en 1965, et la seconde lors de la réédition en 2007, lui permet hélas de dire que la violence est toujours aussi présente, peut être différente( et encore !) Les mentalités avancent lentement même si une certaine mixité s'engage. Sa seconde préface n'est plus centrée sur l'Amérique et l'entretien télévisé mais sur l'Occident.
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Ce livre est court, mais permet une compréhension d'un point important de la révolution des Noirs en Amérique du XXeme siècle. Ces 3 personnalités de la lutte interviewée qui paraissent des opposés, sont aux yeux de Memmi une seule personne. Il n'y a qu'un visage de la lutte. On se rend compte de la cohérence de la préface de Memmi lors de la lecture des 3 interviews. Il y a un ordre dans la lutte.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Ce que les Blancs doivent faire, c’est chercher en eux-mêmes pourquoi il leur a fallu un nègre au début. Parce que je ne suis pas nègre, je suis un homme, mais si vous croyez que je suis un nègre, c’est parce que vous en avez besoin. La question qu’il faut se poser, qu’il faut que la population blanche se pose, au Nord ou au Sud, parce que c’est le même pays, et que pour un Noir il n’y a pas de différence entre le Nord et le Sud ; la seule différence c’est la façon de vous châtrer, mais la castration elle-même est un fait valable pour toute l’Amérique. Si je ne suis pas le nègre ici, et si vous l’avez inventé - c’est vous, les Blancs, qui avez inventé le nègre - alors il faut que vous trouviez pourquoi. Et l’avenir du pays en dépend. S’il est capable ou non de répondre à cette question.
James Baldwin
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Par sa mort, Malcolm X ne signe pas son erreur ou sa défaite, il confirme, hélas, que l'oppression est une machine infernale, que la relation oppresseur-opprimé est sans issue.
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L'exil est déjà un malheur ; la minorisation est, en outre, presque toujours une fragilité, fût-on par ailleurs économiquement et culturellement à l'abri ; elle est propice à la discrimination et à la mythologie.
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(…) le Noir n'a jamais été aussi docile que les Américains blancs voulaient le croire. Cela c'était un mythe. Nous ne passions pas notre temps à chanter et à danser au bord du Mississippi. Nous essayions de rester vivants, nous essayions de survivre à un système extrêmement brutal.

James Baldwin
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(…) le 11 Septembre a appris aux Etats-Unis et au monde que nul n'est aujourd'hui à l'abri de la violence ; comme si le fantôme de Malcolm X, le partisan de la violence, avait définitivement éclipsé celui de Martin Luther King, le rêveur humaniste, et celui de l'esthète James Baldwin, (…).
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