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EAN : 9782348066733
256 pages
La Découverte (18/02/2021)
3.9/5   10 notes
Résumé :
À la notion d’effondrement, qui dépolitise les enjeux en postulant une trajectoire unique et comme jouée d’avance, on opposera celle de basculements, qui permet de faire place à l’imprévisibilité croissante de notre temps et au rôle central de la mobilisation politique. Des basculements se produiront en effet, à relativement court terme, sur fond d’une crise systémique du capitalisme, certes produite par les « contradictions » environnementales qui ravagent la planè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre est paru au début de l'année 2021 et il analyse les effets de la crise sanitaire et des confinements, tout en proposant des alternatives pour sortir du capitalisme.
Nous sommes dans une période de grande instabilité mais basculement n'est pas synonyme d'effondrement, notion que l'auteur critique, car trop démobilisatrice, en particulier.
Pour sortir de ces diverses crises, plusieurs scénarios sont possibles : autoritarisme, technologie verte, et, ce qu'il préconise, transformation complète de la société.
Les trafics aériens et maritimes ont été grandement perturbés (ils le sont, hélas ? moins maintenant), il s'avère nécessaire de considérer à nouveau les activités essentielles et de les séparer de celles qui sont inutiles, voir nuisibles (la publicité, l'agriculture intensive, source de zoonoses).
A l'image des zapatistes, qu'il connaît bien ayant écrit plusieurs livres à leur sujet, l'essayiste souhaite une vie digne pour toutes et tous. Pour ce faire, il préconise de sortir de l'économie et du travail salarié et que l'Etat soit remplacé par des communs ou communautés, avec un gouvernement nommé pour peu de temps et révocable.
Il redonne un sens au terme "commun". Il désire l'universalisme des multiplicités et la coopération plutôt que la compétition, des espaces libérés organisés en réseaux capables d'actions radicales (blocages par exemple) mais pas de "Grand Soir".
Cet essai bien documenté m'a fort intéressé, même si les solutions préconisées peuvent sembler parfois difficiles à mettre en application du fait d'intérêts divergents (l'auteur ne s'en cache pas) et s'il est très optimiste quant à la nature humaine.
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Dénonçant la notion d'effondrement, qui dépolitise les enjeux en postulant une trajectoire unique et comme jouée d'avance, Jérôme Baschet, enseignant à l'Universidad Autonoma de Chiapas, à San Cristobal de Las Casas, propose celle de « basculements » qui fait place, au contraire, à l'imprévisibilité croissante de notre temps et au rôle central de la mobilisation politique. Alors qu' « un microscopique fragment de l'à peine-vivant » a provoqué « la paralysie d'une machinerie aussi ample et ramifiée que l'économie mondiale », supposant la reproduction d'autres crises systémiques du capitalisme, il esquisse plusieurs scénarios, dont celui d'une ouverture des possibles qui nous engagerait vers des manières de vivre échappant aux logiques du système-monde capitaliste.
(...)
Après avoir longuement présenté l'expérience zapatiste, dans LA RÉBELLION ZAPATISTE, proposé un projet alternatif d'organisation sociale dans le précieux ADIEUX AU CAPITALISME Autonomie, société du bien être et multiplicité des mondes, profité d'une analyse du mouvement des Gilets jaunes pour ébaucher des pistes d'actions concrètes dans UNE JUSTE COLÈRE - Interrompre la destruction du monde, Jérôme Baschet récidive à l'occasion d'une crise sans précédent qui a paralysé le système économique mondial, mis à nu ses fragilités et désigné au plus grand nombre des secteurs économiques aussi nocifs qu'inutiles. Loin de se répéter, il précise sa pensée et connecte ses propositions à une actualité de plus en plus brûlantes. Il est plus que jamais temps de leur prêter notre plus grande attention.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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S'appuyant sur ce que la crise du coronavirus a montré de nos sociétés à dépasser, un ouvrage particulièrement précieux par sa méthode, son souffle et son imagination politique ancrée dans ce qui se passe aujourd'hui, ici et ailleurs.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/09/20/note-de-lecture-basculements-jerome-baschet/

Vous avez pu lire ailleurs sur ce blog (à propos de la réédition de « La rébellion zapatiste », ici) tout l'intérêt que je porte au travail de Jérôme Baschet, historien médiéviste mondialement connu devenu au fil des années, notamment par sa longue expérience d'enseignement à l'Université Libre du Chiapas, un penseur affûté de notre contemporain et de nos futurs, en agrégeant des réflexion issues de l'anthropologie, des sciences politiques, de l'économie et de la philosophie.

Ce « Basculements » (au fort explicite sous-titre, « Mondes émergents, possibles désirables »), publié à La Découverte en février 2021, s'appuie sur une analyse, conduite à chaud ou presque, des conséquences économiques et socio-politiques de la récente pandémie de coronavirus. À la différence sans doute des travaux concomitants de Giorgio Agamben (qui fera logiquement son apparition ici lorsqu'il s'agira de récuser le concept de communauté fondée sur une essence commune) ou de Slavoj Žižek (« Dans la tempête virale », 2020), il s'agit moins pour lui de détailler les tenants et aboutissants de cette crise inédite que d'y discerner les ferments positifs de possibles changements à venir, ou en tout cas à imaginer résolument, dans une perspective naturellement postcapitaliste.

Récapitulant avec acuité les vulnérabilités systémiques de la mondialisation capitaliste apparues lors de la crise de 2020-2021, recensant les effets si délétères de l'obstination fossile, parcourant autant les pièges de la pensée collapsologiste (on songera certainement à l'approche multivariée retenue ailleurs par Yves Citton et Jacopo Rasmi dans leur « Génération collapsonautes ») que les fantasmes d'exfiltration pour ultra-riches « à la Elon Musk », Jérôme Baschet examine avec soin les éléments apparus d'un démantèlement potentiel du système productiviste capitaliste (productions locales, décisions locales, amples déspécialisations), les composantes d'un bien-vivre (retenue quantitative et intensité qualitative, dont on retrouvera bien des échos dans l'excellent « Eutopia » de Camille Leboulanger), les modifications nécessaires des termes même de la « justification » (pour reprendre ici le précieux concept de Laurent Thévenot et Luc Boltanski), l'inscription dans une logique des lieux proche de celle d'un Gary Snyder, ou la manière d'échapper à la liquidité capitaliste étudiée par Zygmunt Bauman (ou, sous d'autres formes, par Paul Virilio ou Hartmut Rosa).

S'agissant de discerner les sorties de secours de l'individualisme forcené et du naturalisme triomphant, les présences de Philippe Descola, du Baptiste Morizot des « Diplomates », voire de l'hospitalité chère à Marie Cosnay ou de prises de judo sur la finance que ne renierait peut-être pas le Kim Stanley Robinson de « New York 2140 », sont particulièrement précieuses. Et Jérôme Baschet croise bien, en approchant du terme provisoire de son propos, les chemins tant de Frédéric Lordon (et de sa méfiance face aux micro-expériences opérées dans l'indifférence blasée du Capital – qui ne craint plus les grands soirs et ignore les petits matins) que d'Alice Carabédian (et de son appel discret à dépasser en utopie le seul imaginaire des cabanes et des ruines).

Ce texte, sans doute l'un des plus intelligemment encourageants que j'ai pu lire récemment, tire bien entendu une bonne part de sa force secrète de l'expérience néo-zapatiste si familière à l'auteur, expérience dont il se nourrit à la fois publiquement et plus secrètement, avec détermination.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Sortir de l’économie rend obsolète la plupart de ses notions constitutives. Faudrait-il alors renoncer à parler de « production », comme on l’a fait ici ? Le terme n’est certes pas dépourvu d’inconvénients, car il charrie l’imaginaire prométhéen d’un humain qui produit par sa seule puissance, à l’image sans doute du dieu biblique. Cependant, il n’implique nullement, par lui-même, le productivisme propre au capitalisme et il paraît donc possible de le repenser en le débarrassant de ses connotations gênantes. C’est dans cette optique qu’on adopte ici ce terme, pour désigner « ce qui reste » quand l’économie a disparu : des hommes et des femmes qui interagissent avec la matière du monde vivant et non vivant pour s’alimenter, se vêtir, créer des lieux habitables, se rencontrer et déployer la suffisance intensive du bien-vivre. En revanche, c’est plutôt la notion de travail, si centrale dans le monde de l’Économie, qu’il conviendrait d’écarter. Cela implique de cesser de définir comme travailleuses et travailleurs celles et ceux qui se livrent à une activité productive (ou reproductive) car, dans un univers postcapitaliste, celle-ci ne saurait être ce qui fonde un quelconque statut social. De fait, s’identifier comme travailleur ou travailleuse, c’était se laisser happer par les catégories du capitalisme, même lorsqu’on s’opposait à lui, comme l’a fait le mouvement ouvrier. Le travailleur est celui qui accepte une activité subie, qui se dessaisit de ses capacités manuelles ou intellectuelles et les engage dans un projet dont la maîtrise revient à d’autres – bref, celui qui reste étranger aux fins de son activité. C’est pourquoi il ne peut y avoir de sortie du capitalisme sans abolition du travail salarié, mais aussi de la notion même de travail. C’est la condition pour restaurer l’unité du faire humain dans tous les domaines, qu’il s’agisse de la production, des activités d’organisation collective ou des tâches domestiques (ainsi, plutôt que de revendiquer la reconnaissance de ces dernières comme travail, c’est l’ensemble des activités qui devraient cesser d’être tenues pour du travail). En finir avec le travail, c’est aussi faire passer au premier plan l’essentiel, le temps disponible, et c’est libérer le goût des activités libres et multiples. C’est inaugurer l’âge du faire.
Il ne s’agit ici que de commencer à réveiller nos imaginaires postcapitalistes, car, à l’évidence, les choix productifs et les options d’organisation seront ceux des collectifs concernés, le moment venu. En réalité, ce chapitre n’a qu’un seul enjeu : prendre la mesure de ce que signifie la fin du monde de l’Économie et saisir l’ampleur des possibles concrets qui s’ouvriraient alors. En finir avec le capitalisme, ce n’est ni encadrer le marché ni abolir la propriété privée des moyens de production. C’est briser la logique de la valeur, qui ramène tout à de pures quantités et exige que l’argent investi se transforme en davantage d’argent. Ce point est crucial, car là se situe le moteur de la compulsion productiviste qui est à l’origine du chaos climatique, de l’effondrement de la biodiversité et de la dévastation des milieux vivants auxquels tous les habitants de la planète Terre sont désormais confrontés.
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Le présent livre n’a pas pour objet l’analyse de la crise du coronavirus. Il a été écrit au beau milieu de ses vagues successives et s’appuie sur la situation ouverte par cette crise, mais il tente surtout de se projeter au-delà d’elle. La pandémie a entraîné un basculement dans une situation inédite et imprévue. Un peu plus d’un an auparavant, le soulèvement des Gilets jaunes avait déjà suscité une immense surprise et amorcé des dynamiques jusque-là tenues pour inenvisageables ; et cela n’est pas moins vrai du cycle planétaire des insurrections de l’année 2019. Lorsque la réalité se met à dépasser avec une telle frénésie ce que l’on s’autorise à imaginer, c’est qu’on est entré dans une période de très grande instabilité, dans laquelle la gamme des possibles est bien plus ouverte qu’on ne le croit. C’est dans cette brèche des possibles élargis que l’on souhaite s’engouffrer. C’est indispensable, si l’on veut avoir la moindre chance d’être à la hauteur de la puissance d’avertissement de la situation actuelle. Car s’il est vrai que la Covid-19 est une maladie du Capitalocène, alors il y a quelque raison de pousser l’ouverture des possibles au-delà du capitalisme lui-même.
C’est pourquoi on prendra appui sur la situation créée par la crise du coronavirus et les interrogations qu’elle a avivées pour porter la dynamique réflexive jusque vers l’après-capitalisme. Dans le chapitre 2, c’est la mise à l’arrêt de l’économie et les débats sur ce qu’il est essentiel ou non de produire qui conduiront à amplifier la liste des secteurs dont la paralysie définitive serait souhaitable et, plus largement, à esquisser une autre façon d’envisager la production, en la soustrayant aux injonctions d’une croissance infinie et à la centralité des déterminations économiques. Dans le chapitre 3, on argumentera que la crise du coronavirus n’a pas seulement vu le retour en force des États, habituel en période de crise, mais aussi une prolifération d’initiatives autonomes d’entraide et de soin, à partir desquelles il est possible d’envisager des modes d’auto-organisation se déployant dans tous les domaines, jusqu’à esquisser ce que pourrait être une politique non étatique d’autogouvernement. Et, si cette hypothèse s’inscrit dans une dynamique de relocalisation du politique, on verra qu’il est crucial d’aborder la question des lieux en évitant le piège de l’enfermement localiste. Dans le chapitre 4, on partira du fait qu’une crise sanitaire et écologique comme celle du coronavirus oblige à repenser les rapports des humains avec le reste du monde vivant ; cela suppose de rompre avec les fondements de la modernité – le grand partage entre l’homme et la nature, mais aussi l’individualisme et l’universalisme -, afin de cerner des basculements anthropologiques indispensables à l’émergence de possibles postcapitalistes. Enfin, dans le chapitre 5, on proposera une hypothèse stratégique visant à relier ces possibles postcapitalistes à l’analyse de la situation présente.
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Un mot encore sur la notion de « basculements », qui donne son titre à ce livre. L’événement coronavirus en suggère un premier sens : on a soudainement basculé dans une autre réalité, inimaginable quelques semaines auparavant. Le terme exprime l’imprévisibilité et la brutalité d’un événement aux effets puissants. Son usage s’impose donc, dans une période où toute stabilité apparente n’est que le masque d’une profonde instabilité. Plus précisément, si l’on admet que les équilibres apparents cachent des déséquilibres latents, ils peuvent à tout moment pencher dans un sens ou dans un autre – de faibles modifications dans les conditions initiales suffisant à entraîner des mouvements considérables, avec diverses trajectoires possibles et largement divergentes. C’est cela que la notion de « basculements » permet de signifier : une dynamique aussi indécise et incertaine dans son déclenchement et son orientation qu’ample et massive, une fois enclenchée.
On ne cachera pas que cette notion entend faire pièce à celle d' »effondrement », dont le succès récent, promu par la « collapsologie », est à certains égards préoccupant. On y reviendra dans le chapitre 1, mais on peut souligner déjà que, là où la notion d' »effondrement » suggère un processus inéluctable et fatal, celle de « basculements » privilégie l’incertitude. Et là où l’effondrisme collapsologique propose un récit unique, la notion de « basculements » permet d’envisager une pluralité de scénarios. Pour autant, il ne s’agit nullement de minimiser l’ampleur des catastrophes en cours, ni celle des bouleversements potentiels. De ce point de vue, la notion de « basculements » a l’avantage de faire place à des dynamiques très diverses : situations incertaines et multiplicité des scénarios possibles ; effets de seuil entraînant des accélérations soudaines, voire de brusques retournements de tendance ; mouvements de grande ampleur, assimilables à des glissements tectoniques, etc.
Parler de basculements permet d’amplifier l’ouverture des possibles. Cela invite à reconnaître que, en situation d’instabilité, des possibles opposés peuvent également gagner en probabilité. Et cela contribue à conférer quelque crédibilité à l’hypothèse d’un basculement vers des mondes postcapitalistes qui, certes, peuvent paraître lointains et n’ont rien de certains, mais se laissent cependant entrevoir à travers des dynamiques déjà émergentes. Pour le dire d’un mot, sans doute trop rapide : tout peut basculer, mais rien n’est assuré. Et du moins pouvons-nous nous soucier d’établir quels sont les possibles concrets et désirables à la matérialisation desquels nous souhaitons apporter nos forces.
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Il est clair que la délimitation entre les formes de délégation dissociatives et non dissociatives n'est jamais tout à fait assurée, mais cette distinction n’en est pas pour autant moins décisive. Elle est même au cœur de la différentiation entre une politique étatique, fondée sur une capture méthodique de la puissance collective et sa condensation en pouvoir-sur, et une politique non étatique, qui lutte sans trêve pour que l'exercice des tâches politiques ne soit rien d'autre qu'un pouvoir-faire, c'est-à-dire une manifestation de la puissance collective d’agir. 
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On en conclura que l’adémie, autrement dit l'absence du peuple, est consubstantielle à l'état, fût-il démocratique (au sens éminemment restreint de la désignation par élection des gouvernants et des représentants). On peut alors considérer l'État comme à mon appareil de capture de la puissance collective – laquelle n'est dénommée “souveraineté“est située en principe dans le peuple que pour mieux garantir que ce dernier en soit pratiquement dépossédé. C'est opération de dissociation et de capture aboutit à l'exercice d'une souveraineté cette fois bien réelle : celle de l'état lui-même. 
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