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Gabriel Ringlet (Autre)
EAN : 9782266327060
264 pages
Pocket (18/04/2024)
3.89/5   18 notes
Résumé :
"À la légèreté que nous opposions si souvent au tragique"

Fin juin 1995. Aux côtés de parents dépassés par un frère cadet en souffrance, Kate, étudiante en première année de lettres, se sent prisonnière de la vie raisonnable qu'elle s'impose depuis toute petite. Et pourtant, elle porte en elle le désir vibrant de trouver enfin l'amour (Sam l'incarnera-t-il ?), l'envie irrépressible d'exister dans un monde d'adultes qui l'ignore, et le besoin impérieux... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Et bien et bien, je ne connaissais Véronique Gallo que comme comédienne belge qui d'ailleurs me fait sourire et souvent bien rire. Inutile de la cantonner dans son rôle de comédienne car après avoir lu L'entropie des sentiments je suis estomaquée de la découvrir écrivaine de grand talent. Il va sans dire que je lirai ses précédents romans et ceux qu'elle sortira.

Ce roman c'est un peu toute mon adolescence, milieu des années 90, en Belgique de surcroît. Branchez le jukebox, poussez la sono à fond et écoutez : The Cranberries, Portishead, Radiohead, Alanis Morissette, poussons la porte des bals de nos campagnes et allons danser et chanter Les lacs du connemara. Il va sans dire que j'ai adoré me replonger dans ces années et dans mes vingt ans. Encore un livre qui résonne !

Kate a 20 ans, étudiante en première année en lettres, elle aimerait être aimée avec un grand A, avoir des parents qui écoutent et savent communiquer, un frère avec lequel s'entendre. Mais tout va de travers dans cette famille où tout le monde crie et se rejette la faute. Kate est encore la plus mature de ce monde de grand. C'est une jeune fille attachante, qui se cherche et se bat avec ses maigres moyens pour se frayer un chemin dans la vie.

Véronique Gallo dresse ici un portrait extrêmement fluide d'une famille en désuétude, elle décrit avec une justesse inouïe les tourments d'une jeune fille de vingt ans qui se bat pour exister. Dés les premières pages, j'ai su que j'allais aimer ce livre. C'est écrit avec sincérité et un dynamisme qui m'a séduite d'entrée de jeu. C'est extrêmement immersif et tellement authentique. On s'attache à Kate, on la comprend, on la défend, on l'applaudit, on l'encourage, puis on se laisse bercer par la nostalgie d'une jeunesse où l'amour semblait jadis pouvoir nous sauver et nous envoler mille lieues sous les mers. La puissance d'une jeunesse où tout est exacerbé est tellement bien rendu ici. Ce retour dans les années 90 m'a fait un bien fou, quand Internet balbutiait, que les SMS n'existaient pas, que la musique battait son plein, que la réalité primait sur le monde virtuel d'aujourd'hui. Une vie simple bien loin derrière désormais.

Ravie d'avoir lu L'entropie des sentiments et d'avoir découvert la jolie plume sensible et juste de Véronique Gallo.
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Je disais dans une précédente critique que Véronique Gallo et moi avions quelques points en commun : en échangeant quelques mots elle et moi, nous nous sommes aperçues que nous avions fait les mêmes études, fréquenté la même faculté et les mêmes auditoires, subi des revers de la part des mêmes profs. Elle a terminé ses études l'année où moi je les commençais, nous avons ensuite toutes les deux enseigné quelques années avant de quitter l'enseignement pour voguer vers d'autres cieux. L'histoire de Kate, c'est un peu la sienne, à n'en pas douter, et c'est un peu la mienne par certains aspects.

« L'entropie. (…) Ce mot s'applique aussi bien aux sentiments qu'à la thermodynamique. À savoir que tout système tendait naturellement au désordre si on n'y prenait pas garde. » (p.201)

A 19 ans, Kate vient de terminer sa première année d'université en fac de lettres. Un ajournement, trois examens à passer, une claque en pleine figure pour elle qui a bossé dur mais qui s'est retrouvée confrontée au manque d'humanité de certains professeurs frustrés et hautains. Elle rêve de vivre enfin le grand frisson amoureux et de trouver sa place dans une famille qui dysfonctionne, elle l'ainée, la grande qui se doit de s'effacer et d'être parfaite, entre une mère qui tente de maintenir les apparences, un père qui boit trop, un frère adolescent troublé et violent. Pour s'évader, Kate dessine et partage ses peines avec son amie Hélène. Et puis, il y a la rencontre avec Sam… En une dizaine de jours, la vie de Kate va basculer…

Sans aucun doute, j'ai savouré ce roman, en grande partie parce qu'il a fait écho à mon propre vécu. J'ai retrouvé, dans « L'entropie des sentiments » et dans le personnage de Kate, un peu de moi et un peu de ce que j'ai moi aussi vécu lors de mes années d'université : l'impression de ne pas toujours être à ma place, certains profs bouffis d'eux-mêmes et d'orgueil qui se permettaient de rabaisser les élèves, jusqu'à les faire se sentir comme des moins que rien et ce moment où l'on s'aperçoit que l'on grandit, qu'il faut prendre ses propres décisions, faire ses propres choix, même si on doit s'opposer à sa famille, ce moment parfois déstabilisant où l'on ouvre les yeux sur le monde et sur les autres.

Mais ce n'est pas seulement parce que je me suis identifiée au personnage de Kate que j'ai apprécié ce roman. Véronique Gallo est réellement une autrice de talent. Elle parvient à évoquer des sentiments et à plonger le lecteur au coeur des pensées de son héroïne avec beaucoup de finesse. Elle suscite l'émoi, on passe du sourire aux larmes qui montent aux yeux sans s'en rendre compte, on est réellement happé par l'histoire et par sa plume agréable et dynamique. Elle nous plonge dans une époque, pourtant pas si lointaine, que l'on retrouve avec nostalgie : celle où il fallait tirer le câble de téléphone dans une autre pièce pour pouvoir parler tranquillement, celle où on attendait avec impatience un appel. Elle crée aussi une ambiance musicale en soutien de l'intrigue : chaque chapitre porte le titre d'une chanson qui accompagne les sentiments et la transformation de Kate. Les écouter tout en profitant de la musique des mots prolonge le plaisir de la lecture.

Un coup de coeur de plus qui clôt une saison de rencontres littéraires ! Vivement les prochaines !

(Centre culturel de Huy, « Les Matins du Livre », avril 2022)
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Kate, en fin de première année à l'université dans une section qui ne lui plait pas, est confrontée à l'échec pour la première fois, ce qui compromet son été et surtout sa confiance en elle. Très raisonnable et romanesque, elle rêve d'amour sans l'avoir encore jamais connu. Une histoire initiatique au schéma classique : une jeune héroïne un peu naïve et trop sage va vivre des bouleversements et en tirer des leçons. Mais s'arrêter à cette dimension serait une erreur, loin de refléter la profondeur réelle de cette histoire.
En parallèle et crescendo, la légèreté de la découverte de l'amour par une jeune fille en émoi va surtout se confronter à la dureté de ce qui se cache derrière la façade d'une maison pourtant banale, ou d'un sourire trop lisse. A la jonction de ses expériences, Kate se trouve face à la désillusion, aux écarts entre rêve et réalité, aux fissures des faux-semblants.
La description du vécu familial et des émotions est aussi fraîche qu'intense et aussi réaliste qu'émouvante. J'ai aimé suivre Kate vers le domptage de ses intuitions et l'affirmation progressive de son respect d'elle-même. Cette jeune fille a peut-être plus de leçons à nous partager qu'on peut le croire...à commencer par celle d'oser se choisir.
Je n'oublierai pas de mentionner que j'ai adoré retrouver l'atmosphère toute particulière des années 90, l'attente à côté du téléphone le fil enroulé autour des doigts…
Et la lecture est proposée en musique ! Un titre par chapitre. Une expérience qui chatouillera la nostalgie de ceux de ma génération.
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🇧🇪 Véronique Gallo nous plonge dans la Belgique des années 90, avec un récit autour du passage à l'âge adulte.

🎓 On suit le destin de Catherine - qui se fait appeler Kate - pendant 2-3 semaines clefs dans sa vie de jeune femme. À 19 ans, elle termine sa première année à la fac et passe ses derniers oraux.

👨‍👩‍👧‍👦 Kate se sent mal à la maison: sa mère s'assomme de somnifères et son père sombre dans l'alcool, tous les deux fermant les yeux sur les crises de leur fils. Kate doit bien se tenir, se montrer responsable en tant qu'aînée et tout cela lui pèse beaucoup. Elle a l'impression de ne pas avoir la place d'être elle-même avec sa famille.

💣 Sans concession, ce roman détaille une vie amicale et sentimentale de jeune adulte, avec ses hauts et ses bas, les soirées, les espoirs d'amour pur et d'épanouissement mais aussi les déceptions et les pleurs. Les interrogations existentielles de cet âge si compliqué restent les mêmes aujourd'hui.

💫 L'écriture est fluide et claire, et le roman aborde des thèmes variés - cela en fait une lecture agréable.

#bookshelvesbookmarks
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Histoire un peu plate au départ mais on fini par s'accrocher aux personnages et avoir envie de savoir comment ca évoluer cette famille.
Kate est cantonné dans le role de la petite fille sage, sa mère est dépassée par la prise en charge de son frère souffrant de troubles psychiatrique non diagnostiqué, son père se refugie dans l'alcool. Elle fini par prendre son envol en partant pour paris. Dommage que l'histoire ne se poursuit pas ensuite par rapport au stage de dessin à paris et l'histoire d'amour avec sam..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
L’entropie. Elle n’en avait pas retenu grand-chose mais, pour la première fois, à cet instant, elle comprit le concept. Cette loi s’appliquait aussi bien aux sentiments qu’à la thermodynamique. À savoir que tout système tendait naturellement au désordre si on n’y prenait pas garde.
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Son père s’assit sur le lit et lui tapota la cuisse maladroitement. Elle aurait voulu se jeter dans ses bras, se blottir contre lui et pleurer tout son soûl au creux de son cou, mais cette main mécanique qui lui enjoignait virilement de se calmer bloqua toute spontanéité. Son corps de femme était devenu transparent. Était-ce dans l’ordre des choses pour une fille de ne plus être étreinte en grandissant ? N’était-on plus censé se faire consoler ? Elle ne demandait pas grand-chose, une douceur, une main qui rassure, « allez, quoi, même un chien reçoit plus de caresses ». Kate observa le manque de chaleur et l’embarras de son père. Et elle songea que personne ne devrait jamais oublier qu’en chaque adulte sommeillait pourtant encore un enfant aux besoins de tendresse. Elle ne l’oublierait pas. « Ça non. Jamais. » (p.54)
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- On n’a qu’une seule famille dans la vie, tu sais ? Alors, ça vaut la peine de faire des efforts pour améliorer la situation. Par contre, si tu te rends compte que tu es la seule à te battre, alors, il faudra peut-être envisager de voler de tes propres ailes…
- Partir ?
- Prendre de la distance. Regarder les choses de loin pour moins souffrir. Te protéger avant de vouloir protéger les autres. Te replacer au centre de ta vie. (pp.107-108)
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- De quoi te plains-tu encore? Tu ne manges pas à ta faim? Tu te prends des coups? Tu manques de quoi, hein?
- Mais oui je me plains. Je n’en peux plus. Je suis quoi moi dans tout ça? Elle est où ma place?
- Tu n’as pas le droit de dire ça! Tu es injuste! On a tout fait pour que tu sois bien!
- Y a pas que le ménage et la bouffe, maman. T’es bouchée ou quoi? Il est où l’amour? Elle est où la tendresse? La complicité? Et l’écoute? Et le dialogue? Ça fait des mois qu’on ne se parle plus et que tu te braques à chaque fois qu’on te contrarie.
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Son corps de femme était devenu transparent. Était-ce dans l’ordre des choses pour une fille de ne plus être étreinte en grandissant ? N’était-on plus censé se faire consoler ? Elle ne demandait pas grand-chose, une douceur, une main qui rassure, allez quoi, même un chien reçoit plus de caresses. Kate observa le manque de chaleur et l'embarras de son père. Et elle songea que personne ne devrait jamais oublier qu’un chaque adulte sommeillait pourtant encore un enfant aux besoins de tendresse.
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