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Jacob Bourguignon (Autre)
EAN : 9782221254400
240 pages
Robert Laffont (27/05/2021)
3.22/5   9 notes
Résumé :
Le succès est-il gage de bonheur ?
En retraçant, à travers ses propres souvenirs, les cinquante ans de carrière d'Anémone, ce livre dévoile les secrets d'une actrice déçue par la célébrité, qui avait choisi de déserter le jeu des apparences pour se retrouver face à elle-même. Son parcours enseigne une double leçon de courage : elle a tourné le dos à un milieu privilégié pour se risquer sur les chemins du 7e art, puis s'est délibérément éloignée des sirènes d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« Il n'y a qu'un vrai succès : être capable de vivre ta vie à ta manière » (Christophe Morley)


Ce livre est le fruit d'une rencontre et de la naissance d'une amitié, un jour de circonstance et de hasard, dans un petit village des Deux-Sèvres à la terrasse d'un café, entre Laurent Brémond, réalisateur documentariste et Anémone.


Il voulait un instant poser la caméra ; depuis longtemps, elle désirait rédiger ses Mémoires - « Un projet suspendu parce qu'elle n'a pas été satisfaite des coauteurs rencontrés » (P.38).


À la fin de l'année 2017, Anémone mettait définitivement un terme à sa carrière professionnelle. Elle exprimait un point de vue très critique et dépité sur l'avancement et l'évolution du monde et, plus particulièrement, sur celui de l'industrie du spectacle.

« « — Tu m'aides à faire ma biographie, tu pourras l'adapter en film puisque tu en seras l'auteur ». Je reçois sa proposition comme un honneur, mais elle me bouscule… Mon stylo, c'est ma caméra… Une nuit de réflexion… Je réaliserai sa biographie, j'écrirai le film de sa vie. » » (P.39.40).


Le temps faisant son oeuvre - incorrigible fumeuse - l'actrice s'éteint avant la parution. Elle n'assistera pas au dernier spectacle dans lequel elle joue, pour le coup, son propre rôle. C'est ainsi que sont nées les confidences inédites et posthumes d'Anémone à Laurent Brémond « Je préfère les génies aux abrutis » (Robert Laffont, 2021).


Au fond, qu'importent les admissibles imperfections de la biographie-Mémoires d'Anémone. Cet ouvrage est imprégné d'intentions, d'instincts, de sentiments ou encore de points de vue débordant de sincérité que ce genre de littérature délaisse, de plus en plus, au profit d'une nouvelle génération « d'écrivains » hâbleurs et égotistes - considérant que l'on n'apprécie pas la qualité d'un livre aux opinions qu'il véhicule, mais à l'honnêteté et la loyauté de son auteur.


Laurent Brémond, avec pudeur et une remarquable intelligence, a parfaitement réussi à montrer le véritable visage - certainement ignoré - de la jeune fille des années 68, « sa période hippie et écolo », assumée et revendiquée, abdiquant un milieu favorisé pour s'aventurer vers d'insensées et diverses pérégrinations jusque dans la « pampa mexicaine », puis sur les chemins incertains du spectacle, courant les cachets et les cabarets.


Ensuite, l'heure du succès, les premiers grands rôles, « le père Noël est une ordure, 1982 » « le grand Chemin, 1987 » (César de la meilleure actrice, 1988).


Enfin, deuxième enseignement d'une détermination inflexible, le délaissement résolu de sa famille professionnelle et du succès qui lui devinrent irrémédiablement insupportables. À la faveur de ce récit – Mémoires, Anémone se confie, sans pudeur, sur ces questions à Laurent Brémond. Avec un style et une verve truculente et non feinte, souvent impertinente, elle évoque des sujets très politiques qui lui importent à l'extrême : la société de consommation, le libéralisme, « l'exploitation capitaliste », l'écologie, ….


Il ne s'agit pas ici d'apprécier la qualité de l'ouvrage à la lumière des opinions radicales et extrêmes d'Anémone, mais du mérite d'avoir mis en valeur une personnalité pareillement drôle que grave, déraisonnable et burlesque que cultivée et intelligente. Anémone, qui ne manquait pas d'humour, parfois cinglant, ne manquait jamais une occasion de conspuer l'argent, la bourgeoisie et le capital tout en se plaignant de trop payer d'impôts, de manquer de moyens, et de se réjouir auprès de Laurent Brémond, à propos de ce livre à paraitre : « on gagnera plein de thunes… » À défaut de toujours parler du « Capital », elle aurait peut-être dû s'en constituer un…


À croire que même les génies ont leurs propres contradictions…


Au coeur de l'ouvrage, Laurent Brémond a interposé quelques photographies d'Anémone. L'une d'entre elles retient plus particulièrement l'attention (P.121). Pas seulement parce qu'elle montre combien Anémone était belle. Laurent Brémond résume en quelques mots de légende peut être l'essentiel :

« Les médias ont souvent résumé Anémone à l'image d'un clown, d'une actrice de comédies. Mais elle avait de nombreuses cordes à son arc, des talents multiples et un tempérament plus tourmenté qu'il n'y paraissait ».


Bonne lecture.


Michel.






Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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Ce livre posthume, signé par l'actrice ( et Laurent Brémont devenu son biographe par le hasard d'une rencontre dans un village du Poitou) n'est pas réellement une biographie, ni un livre de souvenirs mais un concentré des deux auxquels viennent se rajouter les émotions de l'auteur et les pensées militantes de la comédienne.
Sur les pas de Laurent Brémont, nous rencontrons Anémone alors qu'elle a mis sa carrière en stand by, isolée dans sa campagne et sentant, sans se l'avouer, que la maladie ( un cancer du poumon) est en train de la grignoter. Une amitié naîtra avec l'objectif pour l'actrice de livrer face caméra ses souvenirs qui donneront sans doute un futur documentaire mais d'ors et déjà ce livre. On y trouvera donc le récit de cette amitié, les derniers jours de l'actrice mais aussi un résumé des séances des confidences filmées.

Simplement écrit, le livre démarre gentiment, récit d'une amitié en construction puis des débuts d'Anémone où comment une amitié avec une bande de copains lycéens parisiens( dont le fils de Marguerite Duras) traînant dans les bons endroits l'ont conduit très vite à tourner le premier film plus qu'expérimental de Philippe Garrel à 17 ans. La suite, on la connaît moins. le livre reste très, trop pudique tellement cette partie aurait mérité un plus grand développement, tellement Anémone avait déjà une très forte personnalité et a mené sa vie comme elle l'entendait, librement, follement, acceptant peu de liens et surtout de compromissions. Quand, dans les années 80, elle est rattrapée par le succès, celui-ci ne durera que peu de temps, en gros de 1981( "Viens chez moi, j'habite chez une copine") à 1987 ("Le grand chemin"), car elle enverra très vite balader cette notoriété trop encombrante, la liant au milieu cinématographique qu'elle juge bourré de vulgarité et de gens aussi méprisants qu'inintéressants.

Toute sa carrière sera rapidement survolée. Ne comptez pas trouver des anecdotes, des potins, ce n'est ni l'envie de l'auteur, ni d'Anémone qui préfère en dire plus sur ses convictions écologiques et anti libérales. Et soudain le livre prend une petite ampleur qu'il n"avait pas, rendant la comédienne diablement attachante, dont le sans compromission la place soudain dans une posture courageuse et diablement éclairante. Une femme libre, défendant de vraies valeurs et qui a mis en pratique ses pensées, envoyant balader strass, paillettes et argent pour une vie plus simple. Et quand arrivent ses derniers moments et ces rendez-vous manqués des deux amis, une émotion gagne le lecteur, ce qui, il faut l'avouer arrive rarement dans les biographies des gens célèbres.

Ces confidences autour d'une actrice populaire , écrites simplement, donnent envie d'en savoir un peu plus sur cette comédienne qui fut, dès 1968 une femme de caractère libre, très libre et engagée. On a hâte de voir le documentaire qui devrait voir le jour bientôt.
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Selon ses dires, elle n'a eu qu'une couverture de magazine (celle de Télérama) mais Anémone, même à la fin de sa vie a toujours suscité un  intérêt bienveillant de la  part du public. Que ce soit pour ses rôles dans des comédies à succès ou dans des rôles plus dramatiques.
Pas du tout grisée par le succès, cette rebelle dès le plus jeune âge a bientôt pris es distances avec une profession dont les aspects négatifs lui pesaient trop, métier qui lui reprochait par ailleurs son franc-parler et ses prises de position en faveur de l'écologie.
Ces entretiens réalisés à la fin de sa vie avec Laurent Brémond lui auront permis de faire le point et de livrer ses vérités. On est heureux de la retrouver telle qu'en elle-même.
Merci à l'éditeur et à Babelio








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Apprécié plus pour le fond que pour le style, même si on n'apprend pas grand chose d'Anémone. Ce livre est conforme à l'idée qu'on se fait d'elle : Cash, sympa et sans doute un peu incontrôlable ... mais ça fait plaisir de lire qu'elle fût une de ces personnes sincères du show-biz ... les acteurs sont tellement habitués à jouer la comédie !
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Au travers d'entretiens avec Laurent Brémond, Anne se confie sur sa vie, sa jeunesse, ses convictions écologiques et sa fuite du star-system

Un témoignage touchant, un dernier au revoir avant de se faire enlever par un cancer
Lien : https://www.noid.ch/je-prefe..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
...La remise des césars a un côté scolaire un peu immature. Comme si on refilait la Légion d'honneur... Les César, je trouve ça ridicule : qu'est-ce que c'est que ces remises de prix ? On a plus quatre ans ! On pourrait inventer des trucs plus rigolos... On a des espèces de défilés, qui se suivent et se ressemblent, emmerdants comme la pluie. Je me faisais chier au César...

Et puis j'ai été nominée aux César. Et quand il m'a été attribué, ma première réaction fut : "merde, j'ai été tellement à chier que ça".

Mais j'ai pensé que je devais profiter du moment pour faire ma promo...les publicités à la télé étaient chères... Prise de vitesse, je suis passé devant Jane Birkin sans rien voir. J'ai complètement oublié le César, pour de bon et sans le faire exprès... Je suis revenue en courant, et repartie en courant...

Finalement, en toute modestie, je pense que j'ai été l'un des précurseurs du buzz... Les médias étaient déchaînés... C'est là, je crois, que j'ai commencé sérieusement à péter un câble.
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Un jour, j'ai été invitée à l'Élysée, parce que les politiques se faisaient chier et que nous, les saltimbanques, étions des rigolos. De jeunes loups du socialisme nous invitaient, Michel Charasse, Frédérique Bredin...

Arrivée au dessert, bien détendue, je leur ai lancé : "vous savez, pour moi, la notoriété, c'est vraiment pas rentable... entre les producteurs qui m'enculent et le fisc qui me plume, je vivais bien mieux avant"

Charrasse m'a répondu : " ma p'tite, vous n'avez qu'à être bonne en business !"...

Comme j'ai l'esprit de l'escalier, j'ai trouvé la réplique que huit jours plus tard : "et toi, connard, quand tu seras ministre, on va te demander de dancer Le Lac des Cygnes ? Je suis actrice, pas pigeon !"
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L'image publique d'une actrice est rarement en phase avec sa personnalité profonde.

Ainsi, on a souvent proposé à Anémone des rôles de femme pas très futée, un peu naïve, pas jolie non plus, alors que son éducation, ses études, ses lectures... avaient fait d'elle une citoyenne passionnée et informée, et alors que nombre de photos montrent combien elle avait du charisme et une beauté rare.
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Une épidémie s'est abattue sur le monde, celle que tu avais prédite. Chacun est muselé par son masque, ma nouvelle plus m'y soustrait.
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