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EAN : 9782348057373
192 pages
La Découverte (12/05/2021)
4.33/5   29 notes
Résumé :
Les parcours des trans’ suscitent beaucoup de fascination. Leur présence dans des films, des livres ou des reportages journalistiques est encore souvent teintée de sensationnalisme. Mais qui sont réellement les personnes qui s’affranchissent de la catégorie de sexe qui leur a été assignée ? À quoi ressemblent leurs vies et leurs vies se ressemblent-elles ? À partir d’une enquête inédite auprès de la population trans’, Emmanuel Beaubatie retrace les trajectoires plur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans une enquête particulièrement riche, claire et bien construite, Emmanuel Beaubatie nous dresse un portrait, au plus proche d'une réalité sociologique, des trans' qui souhaitent « passer les frontières du genre ».

Après une introduction, limpide et plus que nécessaire pour bien cerner les différences fondamentales existant entre Females to Males et Males to Females, ainsi qu'une « sociohistoire de la fabrique des trans », également très éclairante, l'auteur nous invite à le suivre à la rencontre d'expériences diverses et variées de trans', qui sont en cours de transition, qui l'ont terminée, ou qui l'ont arrêtée pour diverses raisons. Expériences qui s'appuient, de manière parfaitement structurée et pertinente, sur l'enquête « Trans et santé sexuelle » de L'Inserm, effectuée en 2010, venant corroborer celles-ci, tant dans leur diversité que dans, bien trop souvent, leur extrême complexité. Car la transition est une affaire de nombreuses discriminations, tant de sexe, que de classe, ou de race, qui ne font que pointer du doigt, encore une fois, l'incidence du patriarcat sur l'ensemble de la société. La transition n'est en effet pas du tout considérée de la même façon selon le milieu dont l'on vient, plus encore selon que l'on veut devenir homme (valorisation) ou femme (dévaluation) ; elle n'a, pour les mêmes raisons, pas lieu au même moment dans les existences, et pas forcément lieu, non plus, pour les mêmes raisons.

Ainsi, l'on découvre au fil de l'enquête à quel point son titre, Transfuges de sexe, prend remarquablement sens, en ce que les trans sont ceux·elles qui ont passé les frontières du genre, et en connaissent ainsi les deux faces. Je remercie les éditions La Découverte et NetGalley de m'avoir permis cette découverte.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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J'ai adoré cette lecture ! C'est une étude d'envergure sur les transidentités qui aborde plein d'angles intéressants, par un sociologue lui-même concerné par le sujet. Il constate que les parcours trans ne sortent pas du prisme du genre, qui pèse autant que la classe, la race... cet ouvrage s'appuie sur les apports des études queer des années 90, qui ont subverti l'ordre du genre. L'essayiste leur emprunte le concept de "performance de genre".
Emmanuel Beaubatie est docteur en sociologie, il a reçu le Prix de thèse 2018 du GIS Institut du genre et du Défenseur des droits pour sa thèse, dont découle cet ouvrage.
Les trans n'ont pas tous•tes la même expérience du changement : l'expérience de transition est façonnée par le genre (ascension pour les hommes trans, déclassement pour les femmes trans), et par la classe (les moyens financiers, le soutien familial, l'emploi stable, sont des aides socialement importantes et qui permettent une meilleure acceptation par les institutions).
Statistiquement le sociologue se rend compte que les hommes trans transitionnent + souvent dans la jeunesse, alors que les femmes trans attendent + longtemps, car le déclassement est très fort et difficile à affronter. Vouloir sortir du genre masculin est perçu comme une aberration sociale (puisque la domination est du côté du masculin). Mais les hommes trans ont parfois des scrupules et du mal à gagner des privilèges sans culpabilité.
Les orientations sexuelles sont aussi genrées selon l'auteur. Il repère des modifications dans les attirances pendant et après certaines transitions. Dans l'étude toutes les femmes trans, dans leur parcours, couchent avec au moins un homme : comme si le regard masculin était forcément constructeur de la féminité. de +l'hétérosexualité est "la matrice de la différence et de la hiérarchisation des sexes" (p. 109) La pénétration sexuelle réceptive est considérée comme symbole social très fort, structurant.
Par ailleurs dans cette étude, les femmes trans étaient souvent hétéro avant leur transition, et les hommes trans étaient souvent des femmes lesbiennes.
Selon les personnes interrogées, l'auteur montre que la psychiatrisation peut être vu comme positive (aide financière pour hormones ou chirurgie) ou négative (registre de la maladie); idem pour la judiciarisation (permet changement d'état civil pour celles et ceux qui le souhaitent; mais force à entrer dans une norme binaire, ou de prouver pour changer de sexe qu'il y a stérilité). Les trans des milieux populaires adhèrent + à la médicalisation ; chose décriée par des associations queer qui rejettent la binarité. Dans les milieux trans la nouvelle norme est celle de la non binarité et de la non hétérosexualité... cette nouvelle norme se retrouve beaucoup chez des jeunes des catégories socioprofessionnelles supérieures, ou du moins hautement diplômé•es. Bref, la sexualité est aussi un marqueur de classe.
L'auteur finit en dressant différents profils de parcours trans, selon les pratiques (militantisme ou non, modifications chirurgicale du corps et de l'état civil, référence à la binarité ou non).
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Nous avons affaire ici à un essai très documenté sur le parcours des personnes transgenres. Essai ô combien intéressant, qui permet de mieux comprendre la vie des trans', de sortir des clichés, de voir même au sein de ce groupe les différents chemins de transition possible, l'impact énorme des protocoles médicaux et les différents aspects de leurs vie, famille, vie amoureuse, parcours social...

Au delà de ça, c'est une vraie réflexion sur le genre en général, sur comment le genre nous définit, s'imbriquant profondément à tout les niveaux de nos vies.

Quelle réflexion passionnante. Un peu ardu à lire par moment, des chiffres et des diagrammes qui alourdissent un peu le propos, mais vraiment instructif.
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Transfuges de sexe, un ouvrage qui m'a été conseillé par une médecin trans afin de mieux connaître la dysphorie de genre et les enjeux socio-économiques de la transition sexuelle.
L'essai est vraiment très intéressant et très bien construit. Chaque information est sourcée et souvent accompagnée d'exemples. L'ouvrage aborde de multiples sujets (difficultés économiques, sociales, familiales, médicales) en s'inspirant de la notion de transfuges de classe de Bourdieu.
Il me semble nécessaire que ce livre soit découvert par le plus grand nombre pour mieux comprendre la notion de transgenre, ses impacts, ses difficultés, et de sortir des clichés trop souvent encore véhiculés par méconnaissance.
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critiques presse (3)
LaViedesIdees
06 septembre 2021
La grille de lecture sociologique appliquée aux parcours de transition des personnes trans’ par Emmanuel Beaubatie produit de riches effets de connaissance. La domination masculine et l’hétéronormativité apparaissent sous un nouveau jour.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
MadmoizellePresse
19 juillet 2021
Les femmes trans sont souvent plus précaires et ont parfois déjà construit un foyer avant de se décider à se lancer dans leur transition. Du côté des hommes trans, il est parfois difficile de s’intégrer au groupe social des hommes. Toutes ces questions sont abordées de manière très pédagogique et éclairante dans Transfuges de sexe.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Telerama
17 mai 2021
Aujourd’hui, le sociologue Emmanuel Beaubatie, auteur de “Transfuges de sexe. Passer les frontières du genre”. Il démontre la multiplicité des trajectoires au sein de la population trans et leur évolution au sein de la société.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Cette approche permet de voir dans |e double standard médical entre hommes et femmes trans' un exemple d'androcentrisme scientifique. La médecine s'intéresse davantage aux MtFs parce que, de manière générale, elle se focalise plus sur les corps des femmes, considérés comme des corps imparfaits qu'il s'agirait en quelque sorte de parachever. La gynécologie, tout d'abord, s'est développée sans réel équivalent masculin, l'andrologie demeurant un champ relativement marginal. L'endocrinologie et la chirurgie sexuelle aussi se sont historiquement développées à destina- tion des femmes. Spécialiste des sciences et des technologies, Nelly Oudshoorn a montré entre autres comment les recherches endocrinologiques se sont concentrées sur elles et ont conduit à leur faire porter entièrement la charge de la contraception médicale. La régulation des hormones est une question éminemment politique et il en est de même pour la chirurgie. Au-delà du cas des trans', les médecins ont plus de propension à intervenir sur les corps des femmes que sur ceux des hommes.
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Les difficultés des trans’ se proviennent d’aucune « phobie » individuelle et irrationnelle. Bien au contraire, elles sont le fruit d’un ordre social au sein duquel chacun doit tenir sa place. Si les personnes qui changent de sexe subissent encore autant de violence, c’est parce qu’elles osent passer une frontière sociale qui différence et hiérarchise les individus.
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Dans Défaire le genre, Judith Butler pèse le pour et le contre de la dépsychiatrisation réclamée par le mouvement qu'elle a contribué à construire. D'après elle, les partisans comme les opposants à ce dispositif peuvent avoir pour but de renforcer l'autonomie des trans. Pour les premiers, l'autonomie est pensée en des termes financiers : elle est celle qui permet aux plus précaires de mener à bien leur transition grâce au remboursement par les systèmes d'assurance maladie. Pour les seconds, elle se situe sur un registre plus symbolique : celui de la dépathologisation. Ces deux conceptions rendent le problème insoluble car, pour accéder à l'une de ces libertés, il faut nécessairement renoncer à l'autre. La dépsychiatrisation, revendication principale de la mobilisation, se présente finalement comme un dilemme tant le degré de dépendance vis-à-vis du protocole médical est socialement déterminé.
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De nos jours, la « dysphorie de genre » figure toujours dans les classifications psychiatriques internationales. Les difficultés des trans’ ne semblent pourtant provenir d’aucune affection mentale, mais bien du parcours de soins lui-même, conjointement avec la procédure de changement d’état civil. Ces protocoles sont, en quelque sorte, iatrogènes: ils produisent la vulnérabilité qu’ils entendent traiter.
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Le travail de Judith Butler, méme s'il ne porte pas spécifiquement sur les trans', s'avère particulièrement inspirant aux yeux de cette population. Dans Trouble dans le genre, publié aux Etats-Unis en 1990, la philosophe démontre le potentiel subversif de la figure de la drag queen. Selon elle, la féminité incarnée par une personne assignée au sexe masculin prouve que le genre n'a pas d'essence : il se joue et se rejoue sans modèle original, et c'est ce jeu incarné par diverses personnes et de diverses manières qui contribue à définir son contenu, un mécanisme que Butler nomme la « performativité ». De ce point de vue, il est possible de changer de sexe et de le faire à n'importe quel âge de la vie, puisqu' aucune nature ne précède jamais la performance de genre.
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