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EAN : 9782707147196
322 pages
La Découverte (17/06/2005)
4.25/5   4 notes
Résumé :
C'est une introduction originale à l'histoire de la colonisation française que propose Gilles Manceron dans cet essai inédit. On sait que ces dernières années, des revendications se sont élevées, pour exiger des réparations, voire des poursuites judiciaires, pour les crimes de la colonisation : quelles réponses apporter aujourd'hui à ces revendications ? Pour répondre à cette question, Gilles Manceron, revient sur les crimes massifs et organisés qui ont accompagné l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un ouvrage majeur dans la reconnaissance des barbaries et des atrocités perpétrés au nom d'un colonialisme bienfaiteur. Au nom d'une pensée civilisatrice, les pays colonisateurs se sont autorisés les pires crimes pendant plus de trois siècles. La IIIème République voit naître à cette période la construction du "sauvage" par les exhibitions d'hommes, de femmes et d'enfants ramenés des colonies dont les représentations au spectacle ou dans les ouvrages de classe livrent une bien piètre image dégradante. L'anticolonialisme lui-même est resté en marge, on ne remettait pas vraiment en cause la colonisation mais plutôt ses excès.
La guerre d'Algérie par bien des aspects a constitué le sommet de l'oeuvre coloniale pour la France. Expropriations, meurtres en séries, extermination de population, pillage, un bilan autant effarant que consternant. Brutalités inévitables ? « Bavures » dans le feu de l'action ? Gilles Manceron, dans Marianne et les colonies, montre, au contraire, que le comportement des troupes coloniales résulte à la fois d'une volonté politique d'asservir totalement les pays conquis, et d'une idéologie qui la justifie.

La confrontation entre la réalité de la violence coloniale et le discours qui la légitime participe d'un effort de vérité politique et historique.
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Essai critique de l'histoire de la colonisation française. C'est sans détours, parfois de manière brutale que Gilles Manceron nous éclaire et nous fait prendre conscience de la folie colonisatrice du « pays des droits de l'homme ». A travers divers textes et citations, l'auteur nous apprend à mieux connaître les grands noms, les généraux et membres du gouvernement qui ont au prix d'une lâcheté et d'une hypocrisie sans limites entreprit massacres et barbarie au prix d'un soi-disant devoir de civilisation. Instructif et efficace, cet essai comble le vide d'une éducation française insuffisante et balbutiante à l'égard d'un sujet pourtant majeur et à très fort enjeu pour l'avenir et l'identité du pays.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Bonaparte choisit donc de mettre le pays devant le fait accompli. Poussé par certains colons, en particulier le milieu de Créoles rapatriés autour de Joséphine, il fait la sourde oreille aux conseils de modération d'une minorité d'entre eux qui estiment que ceux qui veulent revenir en arrière "connaissent bien peu les hommes de quelque couleur qu'ils soient, surtout lorsqu'ils ont brisé leurs chaînes". Et, les mains plus libres après le nouveau coup d'Etat par lequel il élimine du Tribunat une vingtaine d'opposants républicains, dont des adversaires du principe des colonies comme Benjamin Constant, Guiguené et Garat, Bonaparte rétablit par la loi du 20 mai 1802, l'esclavage "conformément aux lois et règlements antérieurs à 1789", c'est-à-dire le Code noir, mais seulement pour la Martinique et ses dépendances (où les colons ont gardé la situation en main grâce à l'intervention anglaise) et dans "les autres colonies françaises au-delà du cap de Bonne-Espérance", c'est-à-dire dans les territoires de l'océan Indien où la mesure n'avait pas été appliquée.
Cette décision ne représente pour Bonaparte qu'une simple étape, car, s'in ne revient pas, pour le moment, sur l'abolition en Guadeloupe et à Saint-Domingue, il est bien décidé à rétablir l'esclavage partout, dès qu'il le pourra.
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Rochambeau met en oeuvre une politique de massacres et de terreur qui inaugure la violence qu'on retrouvera dans toutes les guerres coloniales, une violence à une autre échelle et qui n'obéit pas aux mêmes règles que celles des guerres européennes, une violence dirigée vers des populations en tant que telles, présumées soutien de l'ennemi. [...] A cela s'ajoutent des tortures et des exécutions de prisonniers, et un projet emblématique d'une barbarie qui n'a plus de bornes. Rochambeau confie à l'un de ses subordonnés, Noailles, la mission d'acheter aux colons espagnols de Cuba, qui dressent spécialement des chiens à la chasse aux nègres, 1500 de ces animaux avec l'intention de les affamer pour les rendre plus efficaces. Il écrit le 5 avril 1803 à Ramel, un autre officier : "Je vous envoie, mon cher commandant, un détachement de cent cinquante hommes de la garde nationale du Cap, commandés par M. Bari, il est suivi de vingt-huit chiens bouledogues. ces renforts vous permettront à même de terminer entièrement vos opérations. je ne dois pas vous laisser ignorer qu'il ne vous sera passé en compte aucune ration, ni dépense pour la nourriture de ces chiens. Vous devez leur donner des nègres à manger."
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Dans toute l'histoire de la colonisation; l'Algérie est un cas unique. Aucune autre conquête n'a nécessité l'envoi d'une armée aussi nombreuse ni été marquée par des opérations militaires aussi longues et aussi meurtrières. [...] Les hostilités reprennent en mai 1841 et, comme celle de 1954 à 1962, au siècle suivant, la guerre durera sept ans. [...] Saint-Arnaud, placé sous ses ordres, écrit de son côté, en mai 1841 : "Nous avons pris des troupeaux, brûlé tout ce s'est trouvé sous nos pas... Nous resterons jusqu'à la fin juin à nous battre dans la province d'Oran et à y ruiner toutes les villes, toutes les possessions de l'émir.. Partout, il trouvera l'armée française, la flamme à la main." En avril 1942, Saint-Arnaud fait tout brûler entre Miliana et Cherchell. Il écrit : "Nous tirons peu de coups de fusil, nous brûlons tous les douars, tous les villages, toutes les cahutes." Un peu plus loin : "Le pays des Beni-Menasser est superbe et l'un des plus riches que j'ai vus en Afrique. Les villages et les habitations sont très rapprochés. Nous avons tout brûle, tout détruit. [...] Que de femmes et d'enfants, réfugiés dans les neiges de l'Atlas, y sont morts de froid et de misère."
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Dans les colonies, comme le raconte l'ancien esclave Ottobah Cugoano dans un récit recueilli en Angleterre et dont la traduction paraît à Paris à la veille de la Révolution, ils sont vendus à des maîtres qui "les dépouillent, les visitent. Leur attitude peint la honte, la mélancolie. [...] Tous ces malheureux vont se séparer. Les mères serrent leurs filles entre leurs bras, les filles leurs mères. Les pères, les mères, les enfants demandent en sanglotant à n'être jamais séparés. Le mari prie pour sa femme, la mère pour ses enfants. Leurs gémissements adouciraient des monstres, mais les colons sont insensibles. Les épouses sont arrachées avec violence des bras de leurs maris. [...] Ils perdent tout, jusqu'à l'espérance de se revoir."
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Une autre arme tout aussi efficace est la mise en scène des sauvages. Lors de l'Exposition universelle de Paris, en 1889, qui coïncide avec le centenaire de la Révolution française, le gouvernement prend l'initiative de la reconstitution au Champ-de-Mars de "villages nègres" où il installe des Africains du Sénégal et du Gabon, ainsi que d'un "village canaque" rassemblant des habitants de la Grande Terre, des îles Loyauté et des Nouvelles-Hébrides. Sur l'Esplanade des Invalides, des Annamites tireurs de pousse-pousse attendent le client comme désormais à Hanoï. Initiatives nouvelles puisque, lors de l'Exposition universelle précédente, en 1878, la proposition d'un explorateur de reconstituer un village d'Africains de l'Ouest avait été écarté par les autorités.
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