AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Hubert Tézenas (Traducteur)
EAN : 9782749157382
688 pages
Le Cherche midi (26/08/2021)
4.24/5   176 notes
Résumé :
10 mai 1940. Le jour où Churchill est nommé Premier ministre, Adolf Hitler envahit les Pays-Bas et la Belgique. Au cours de l’année qui suit, l’Allemagne nazie mène contre l’Angleterre une campagne de bombardement d’une intensité inédite. Acculé, le « Vieux Lion » doit préserver à tout prix le moral de son peuple… et convaincre le président Roosevelt d’entraîner les États-Unis dans la guerre.
Si durant cette période la vie publique de Churchill est chaotique,... >Voir plus
Que lire après La splendeur et l'infamieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
4,24

sur 176 notes
5
15 avis
4
7 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
La splendeur et l'infamie est un gros plan sur l'action de Winston Churchill du 10 mai 1940 au 10 mai 1941.
365 jours à raison de 2 pages par jour en moyenne … à ce rythme une biographie du nonagénaire alignerait 70 000 pages … C'est dire que cet ouvrage est tout sauf une biographie et qu'il faut lire et relire François Kersaudy pour tout savoir du Prime Minister.
Mais Erik Larson se focalise sur l'année qui voit l'Empire Britannique se retrouver seul contre l'axe, seul à défendre la civilisation, la démocratie, la liberté. L'année où Churchill entre dans l'histoire.
Le 10 mai 1940 la Wehrmacht passe à l'offensive et envahit la Belgique, la France et les Pays Bas ; le même jour le Roi Georges VI nomme Winston Churchill au 10 Downing Street.
Le 22 juin, la France signe un armistice et le Royaume Uni se trouve seul face à l'axe. Les difficultés, les drames, les échecs se succèdent (Mers-El-Kébir, Dakar, la Grèce) et la Bataille d'Angleterre meurtrit le Royaume.
Mais le 21 juin 1941, Hitler attaque à l'est et le 7 décembre c'est Pearl Harbor … les USA et l'URSS entrent en guerre … Roosevelt et Staline se retrouvent aux cotés de Churchill.
Entre temps non seulement les Anglais ont tenu, le parlement et les médias soutenu la ténacité du premier ministre, mais celui-ci a convaincu l'Amérique de quitter son isolationnisme et de prêter des armements au Royaume Uni.
Erik Larson peint heure par heure ce contexte et révèle les influences et actions des Churchill (son épouse Clémentine, leur fille Mary, leur fils Randolph et son épouse Pamela), de John Colville son secrétaire, de Lord Beaverbrook qui mobilise l'industrie aéronautique et militaire, du professeur Frederick Lindemann son conseiller scientifique, des Américains Harry Hopkins et Averell Harriman (conquis par Pamela).
C'est passionnant, dramatique (le blitz), drôle (la baignoire), enfantin (Winston jouant au train électrique), glorieux.
La splendeur et l'infamie enseigne que l'histoire est écrite par les hommes et les femmes, au prix « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » et rappelle ce que nous devons à Winston Churchill et aux anglais.
« Jamais tant de gens n'ont dû autant à si peu ».

PS : pour lire et relire François Kersaudy :
Commenter  J’apprécie          931
Erik Larson nous fait revivre une année exceptionnelle dans la vie de Churchill, l'année mai 1940, mai 1941, l'année de sa prise de fonction en tant que Premier Ministre. Nous le suivons chez lui, au 10 Downing Street ou dans ses résidences secondaires, ou dans les Cabinet War Rooms. Nous suivons au jour le jour les décisions prises pour faire face à cette bataille d'Angleterre qui va démarrer en juillet.

Nous suivons Churchill dans ses démêlés familiaux avec sa fille Mary qui se rebelle mais garde sa vie de membre de la haute société (les bals des débutantes ont encore cours malgré la guerre!) et son fils Randolph, tête brûlée, impétueux et peu prudent quand il s'agit de préserver des documents top secret! la belle-fille de Churchill, l'élégante Pamela, épouse de Randolph, va elle aussi donner du fil à retordre à notre bon vieux lion..

Bref un environnement pas toujours facile.. Heureusement qu'il y a l'épouse, Clémentine, toujours prête à épauler son mari et qui n'hésite pas à donner de sa personne, ainsi quand il s'agit de visiter les abris anti-aériens, pour vérifier que les Londoniens seront protégés.

Erik Larson raconte comme on filme, c'est un récit mi-documentaire, mi-roman, passionnant d'un bout à l'autre avec une foule de détails sur l'entourage de Churchill, sur la vie quotidienne des Anglais pendant cette période.. ainsi on voit l'impact du black-out sur la vie des Londoniens.

Pour Churchill l'enjeu est multiple: il s'agit de protéger la population des raids de la Luftwaffe, notamment lors du terrible incendie de Londres en décembre 1940 (le deuxième de l'histoire de l'Angleterre après celui de 1666!!), il s'agit aussi de préparer la riposte et d'organiser l'effort de guerre et aussi de décider l'allié traditionnel, les Etats-Unis, à entrer en guerre aux côtés de l'Angleterre. Pour cela il faut convaincre les Américains que la situation n'est pas si sombre car les Américains pourraient avoir peur d'une défaite anglaise et que les armes américaines fournies soient reprises par les Allemands...

L'auteur a l'art de nous faire vivre des événements comme si nous y étions! Ainsi l'attaque de Coventry, bombardée par les Allemands le 14 et 15 novembre 1940, est particulièrement bien rendue.

Ce qui est passionnant dans ce livre aussi, c'est de voir l'entourage de Churchill évoluer, avec leurs rivalités, leurs objectifs, leurs faiblesses et leurs atouts..
Parmi ceux dont le rôle est particulièrement bien rendu dans ce livre, on trouve Beaverbrook, d'origine canadienne, qui va s'occuper de la production aérienne pour la Grande-Bretagne. Nous avons aussi Frederik Alexander Lindemann, grand physicien (d'origine alsacienne par son père) et qui va jouer le rôle de conseiller scientifique (il sera anobli par la suite et deviendra baron Cherwell puis vicomte du même nom..) Sunommé "The Prof", il créera un groupe de statisticiens en vue d'évaluer l'état de ravitaillement du pays. Et puis l'inénarrable John Colville, secrétaire de Churchill, qui, en pleine guerre, trouve encore le moyen de conter fleurette à de jeunes nymphettes!!!

Des scènes inattendues, pour ne pas dire ubuesques jalonnent le récit: ainsi lorsque le Prof veut rationner la consommation de thé, c'est un véritable bouclier qui se lève, comment peut-on imaginer une Angleterre combative sans thé? Des initiatives étonnantes ont lieu: ainsi l'Eglise d'Angleterre veut instaurer une journée de prière le 8 septembre 1940 pour marquer le premier anniversaire de la guerre... Amusant de voir aussi comment l'ambassadeur américain de l'époque, Joseph Kennedy, le père du futur président, quitte rapidement Londres pour échapper aux bombardements, ce qui ne le fera pas vraiment bien voir!! de même on assiste aux parties de poker de Randolph Churchill, le fils donc, qui, en pleine mission vers la Méditerranée, trouve le moyen de perdre des sommes folles au poker!!

Des bombes qui surgissent partout, même dans le jardin de Buckingham (avec en représailles un peu plus tard des bombes anglaises dans le jardin de Goebbels), l'atmosphère de peur, les difficultés de rationnement, l'angoisse dans les abris, la difficulté de circuler dans le noir à cause du block-out, tout cela est vraiment bien rendu dans ce livre.

Aussi palpitant et addictif qu'une série, La Splendeur et l'Infamie s'est classé numéro un des ventes dès sa sortie en Angleterre et aux Etats-Unis. Il a été élu meilleur livre de l'année par le Washington Post et Barack Obama l'a désigné parmi ses livres préférés de l'année.
La page d'histoire évoquée dans le livre va s'arrêter à la fin 1941, quand le détournement de la Luftwaffe vers le front russe, conjugué à la vaillante résistance des Anglais, va permettre de relâcher l'étau...
Un livre à ne pas manquer pour tous ceux et celles qui aiment L Histoire

Commenter  J’apprécie          401
On sait peu de choses du quotidien d'un homme au pouvoir et Erik Larson, met en lumière un personnage emblématique de l'Histoire du XXème siècle, à travers ses recherches puisées dans des documents déclassifiés, des journaux intimes.

Même s'il s'agit d'un documentaire, on a rarement pu lire l'Histoire avec autant d'intimités, de manière aussi romancée, avec cette impression d'être à Londres, en 1940. Une période terrible commence, Hitler enchaîne les conquêtes en Europe, pourtant le Royaume-Uni résiste, fait face à l'isolement, à la morosité, et ce, malgré les bombardements et c'est sans aucun doute grâce à la volonté de Winston Churchill et sa personnalité charismatique, fantasque, empathique avec un optimisme à toute épreuve, mais surtout cette volonté de ne jamais se soumettre.

Erik Larson nous fait vivre la première année au pouvoir de Winston Churchill, dont le but est de barrer la route à Hitler, tout en tentant de convaincre Franklin Roosevelt, que la neutralité américaine est impossible. le « Vieux Lion » n'hésite pas à se mettre à dos une partie de la classe politique, doute, mais s'entoure d'hommes en qui il a une totale confiance – Max Beaverbrook, Frederick Lindemann, dit « le Prof » – face à une administration ankylosée, pour faire échouer l'invasion nazie.

La sensibilité de Churchill, son positionnement en « bon père de famille », son dévouement à son pays, son acharnement au travail, en font une personnalité hors-norme, exceptionnelle. Malgré ce portrait d'homme parfait, Erik Larson, n'hésite pas à montrer l'homme tel qu'il est. Un homme qui aime la bonne table, notamment les bons vins, le champagne et les cigares, alors même que le rationnement est en place. Il exige un rythme de travail soutenu de ses collaborateurs alors même qu'il s'octroie des siestes et des bains.

Ce livre s'intéresse aussi aux personnes qui l'ont entouré et qui ont sans doute influencé son quotidien, donc sur l'Histoire : son épouse, sa fille, Mary, adolescente envoyée à la campagne, pour sa sécurité, ses amis. Mais il y a surtout, les citoyens, qui à travers leurs journaux décrivent leur quotidien et dont certains témoignages sont retranscrits.

Grâce aux anecdotes, citations, témoignages, chapitres courts, le livre garde un rythme incroyable, sans jamais perdre son enthousiasme tout en mêlant les descriptions de techniques de guerre, organisation domestique et sentiments amoureux.

Bien longtemps après sa mort, Churchill conserve une place importante dans l'imaginaire politique britannique et reste connu comme l'un des hommes politiques les plus importants du XXème siècle, en raison de sa ténacité face au nazisme, de ses talents d'orateur et de ses célèbres bons mots. Tout en incarnant les valeurs morales ainsi que l'humour flegmatique et la résilience que l'imaginaire collectif associe aux Britanniques.

Dans son discours du 13 mai 1940, Winston Churchill déclare :

« J'aimerais dire à la Chambre, comme je l'ai dit à ceux qui ont rejoint ce gouvernement : je n'ai à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur. Vous me demandez, quelle est notre politique ? Je vous dirai : c'est faire la guerre sur mer, sur terre et dans les airs, de toute notre puissance et de toutes les forces que Dieu pourra nous donner

Une lecture palpitante, où les détails peuvent paraître choquants, alors même qu'ils sont seulement humains, et font toute la force de ce livre, loin d'être une énième biographie de Winston Churchill. le travail de Erik Larson entraîne le lecteur au plus près du pouvoir, pendant l'année cruciale pour l'issue de la Guerre, celle du Blitz, campagne de bombardements menée par l'aviation allemande du 7 septembre 1940 au 21 mai 1941.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
Commenter  J’apprécie          410
Alerte coup de coeur ! Un véritable page-turner !
Quand j'ai demandé à lire ce récit, je n'imaginais le pavé que cela pouvait représenter mais je voulais à tout prix connaitre la vie de ce grand Monsieur.
Dès les premières pages, mes réticences quant à la longueur, ont disparu. le récit que fait Erik Larson est tout simplement incroyable. La narration est fluide, intéressante, palpitante, digne d'un vrai thriller.
Erik Larson le dit lui-même, il ne voulait pas d'une énième biographie de Churchill, il voulait quelque chose de plus intime, de plus sensible. Je ne peux pas savoir si c'est différent d'autres biographies car c'est la première que je lis de Churchill, mais en tous les cas j'ai été séduite par l'écriture mais aussi par le personnage.
Quel homme ! Beaucoup de personnes le diront, y compris certains de ses détracteurs, c'était lors de sa prise de fonction en 1940, l'homme de la situation. Une main de fer dans un gant de velours.
Insatiable travailleur, combatif, mais surtout encourageant et formidable orateur, il ne s'avoua jamais vaincu et poussait chacun vers le meilleur.
Il avait le don de remobiliser ses "troupes", le peuple lui-même l'appelait du doux surnom de "Winnie".
Erik Larson ne se contente pas du récit du premier ministre anglais, il élargit la sphère à ses collaborateurs et à sa famille. On découvre également toutes les stratégies politiques mises en place par Churchill pour rallier les USA à la guerre, ou celles de l'Allemagne.
J'ai été touchée par cette opposition entre la guerre d'un côté, cruelle, brutale, et la vie de tous les jours que chacun essaie de mener. A l'instar de Mary, la fille de Churchill, qui continue à aller au bal, ou sort avec ses amis.
J'ai beaucoup aimé également le personnage de Clémentine, la femme de Churchill, une femme forte et influente.
J'ai regretté l'absence de la France dans ce récit. Erik Larson ne parle que brièvement du général de Gaule, ou de la résistance.
Cela reste un coup de coeur que je conseille fortement.
Merci à Netaglley et aux éditions le Cherche midi pour cette formidable aventure.

Commenter  J’apprécie          314
Churchill me fascine. Et je ne suis pas la seule. Les historiens, les romanciers, le cinéma, la télé continuent d'explorer la vie de l'homme politique britannique (et prix Nobel de littérature). Certains biographes consacrent des années et des volumes à un examen microscopique de ce parcours hors normes. Erik Larson fait un choix différent. Il se concentre sur une seule année (mai 1940 – mai 1941), sa première année en tant que Premier Ministre. Il va regarder la grande histoire à travers le prisme de l'intime, raconter un an de moments charnières pour le monde à travers le regard du cercle proche du Vieux Lion, dresser un portrait terriblement humain de l'homme public et au final proposer un docu fiction totalement addictif.

Quand Churchill arrive au 10 Downing Street, il est très populaire auprès de ses concitoyens mais mal perçu par la classe politique. On le dit imprévisible, peu fiable.
Sur la scène internationale, Hitler a envahi la Hollande et la Belgique. La Pologne et la Tchécoslovaquie sont déjà tombées, l'évacuation de Dunkerque se profile et la reddition de la France semble difficile à éviter. Au cours des douze mois suivants, Hitler mènera une campagne de bombardements incessante sur Londres, tuant 45 000 Britanniques.
Churchill va maintenir la cohésion de son pays et tenter de persuader le président Roosevelt que la Grande-Bretagne est un digne allié, prête à se battre jusqu'au bout.

On retrouve bien évidemment dans ce document le Churchill qui nous est familier (le fumeur de cigare, le maitre orateur, le malin, le belliqueux). Mais Larson nous montre aussi un autre Churchill, celui qui laisse paraitre ses émotions sans honte, un homme avec une absence totale de vanité personnelle, avec un sens du devoir exacerbé, conscient que quelque chose de plus grand que lui est en train de se jouer.

En s'appuyant sur des journaux intimes, des documents d'archives originaux et des rapports de renseignement autrefois secrets, l'auteur offre un nouveau regard sur l'année la plus sombre de Londres à travers l'expérience quotidienne de Churchill et de sa famille : sa femme, Clementine ; leur plus jeune fille, Mary, qui s'irrite contre la protection de ses parents en temps de guerre ; leur fils, Randolph, et sa belle et malheureuse épouse, Pamela ; l'amant de Pamela, un fringant émissaire américain ; et ses très proches conseillers vers qui il se tourne dans les moments les plus difficiles. Invitant le lecteur à des réunions top secrètes comme à des repas de famille, Larson nous montre comment Churchill a enseigné au peuple britannique « l'art d'être intrépide », comment il enhardi une petite nation à embrasser son heure de gloire, tout en essayant de persuader les USA d'entrer en guerre. Et quand on voit l'homme d'État grimper sur le toit du 10 Downing Street pour regarder les bombes tomber sur Londres, on comprend la frustration du Führer face à la puissance symbolique de la résistance obstinée d'un homme et de tout un peuple. Il sera plus qu'un leader politique, il sera l'inspiration de sa nation et du monde libre. Mon intérêt pour Churchill sort encore grandi de cette lecture passionnante.

« La splendeur et l'infamie » est un beau pavé qui se lit avec la même avidité qu'un roman à suspens où saga familiale et complot politique se mélangeraient. L'auteur arrive à rendre haletante une histoire dont on connait déjà la fin. Juste génial.

Traduit par Hubert Tézenas
Commenter  J’apprécie          240


critiques presse (1)
RevueHistoria
06 septembre 2021
Force est de constater que l'auteur, maîtrisant à la perfection cette documentation connue, et y ajoutant nombre d'inédits, réussit à tenir le lecteur de bout en bout.
Lire la critique sur le site : RevueHistoria
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Churchill marchait à pas rapides ; son traducteur courait pour ne pas être distancé.

Une fois dans la cabine de la BBC, Churchill s'installa pour prononcer son discours. La pièce était exiguë, avec un seul fauteuil, un bureau et un microphone. Le traducteur, Saint-Denis, censé présenter Churchill aux auditeurs, se rendit compte qu'il n'avait nulle part où s'asseoir.

« Sur mes genoux », dit Churchill. Il se renversa dans le fauteuil et tapota sa cuisse.

« J'ai inséré une jambe entre les siennes et, l’instant d'après, j'étais assis en partie sur l'accoudolr du fauteuil et en partie sur son genou », raconterait Saint-Denis.

« Français ! commença Churchill. Pendant plus de trente ans, en temps de paix comme en temps de guerre j’ai marché avec vous et je marche encore avec vous aujourd'hui, sur la même route. »

La Grande-Bretagne aussi était attaquée, ajouta-t-il, en référence aux raids nocturnes allemands. Il affirma à ses auditeurs que « nos gens continuent de tenir. Mais notre aviation a fait mieux que de faire face. Et maintenant nous attendons l'invasion promise de longue date. Les poissons aussi ».
Commenter  J’apprécie          370
Churchill fut hébergé à la Maison Blanche, tout comme son secretaire John Martin et plusieurs autres, une occasion pour lui de voir de près Ie cercle Ie plus intime de Roosevelt.

Roosevelt, de son côté, vit de près Churchill. Pendant la premiere soirée que celui-ci et les membres de sa délégation passèrent a la Maison Blanche, l'inspecteur principal Thompson - lui aussi hébergé sur place - était avec Churchill dans sa chambre, à la recherche de dangers potentiels, quand quelqu'un frappa à la porte. A la demande de Churchill, Thompson alla ouvrir et se retrouva face au président, en fauteuil roulant, seul dans Ie couloir. Thompson lui ouvrit la porte en grand mais vit tout à coup une expression singulière s'installer sur les traits de Roosevelt tandis que ses yeux regardaient quelque chose dans son dos, à l’intérieur de la chambre. «Je me suis retourné, écrivit Thompson. Winston Churchill était entièrement nu, un verre dans une main, un cigare dans l'autre. »

Le président entreprit de faire demi-tour.

«Entrez donc. Franklin, lança Churchill, nous sommes très seuls. »

Roosevelt esquissa ce que Thompson appellerait «un curieux haussement d’épaules » et franchit Ie seuil en poussant sur ses roues. «Vous voyez, monsieur Ie président, dit Churchill, je n'ai rien à cacher. »

Churchill jeta une serviette de bain autour de son cou et, pendant l'heure suivante, conversa avec Roosevelt en arpentant la chambre tout nu, en sirotant son verre et en remplissant de temps à autre celui du président. « On aurait dit un Romain aux thermes, en train de se détendre après un débat victorieux au Sénat, écrivit l'inspecteur principal Thompson. Je pense que M. Churchill n'aurait pas cillé si Mme Roosevelt était entrée à son tour. »
Commenter  J’apprécie          223
Churchill s'était gardé d'évoquer dans son discours un élément sous-estimé de l’évacuation de Dunkerque. Pour quiconque se donnait la peine de regarder, le fait que plus de 300 000 hommes aient réussi à traverser la Manche sous le feu d'une attaque aérienne et terrestre concertée livrait un enseignement assez sombre. On pouvait en déduire que repousser une force de débarquement allemande massive serait plus difficile que les commandants britanniques ne le supposaient, surtout si cette force, à l'instar de la flotte d’évacuation envoyée à Dunkerque, se composait d'une myriade de navires légers, de barges et d'embarcations rapides.

Comme l'écrivit le général Edmund Ironside, commandant des forces britanniques de défense du territoire : « Cela me fait penser que les Boches pourraient eux aussi être capables de débarquer des hommes en Angleterre malgré les bombardements [de la RAF]. »

Ce qu'il redoutait, en réalité, c'était un Dunkerque à l’envers.
Commenter  J’apprécie          310
Hopkins se leva et, comme s'en souviendrait Ismay, adressa d'abord « une pique ou deux à la Constitution britannique en général et à notre irrépressible Premier ministre en particulier ». Il se tourna ensuite pour faire face a Churchill.

« Je suppose que vous avez envie de savoir ce que je dirai au président Roosevelt à mon retour », lâchat-il.

C'était un euphémisme. Churchill brûlait de savoir si la cour qu'il faisait à Hopkins était efficace, et, bien entendu, ce qu'il comptait dire au président.

« Eh bien, reprit Hopkins, je vais vous citer un verset de ce Livre des livres dans la vérité duquel la mère de M. Johnston et la mienne, écossaise elle aussi, ont été élevées... »

Hopkins baissa la voix et récita dans un quasi murmure un passage du Livre de Ruth :« Où tu iras j'irai, où tu demeureras je demeurerai : ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu. »

Puis, encore plus bas, il ajouta : « Jusqu'à la fin. »

C'était un ajout personnel, et une vague de gratitude et de soulagement sembla déferler sur la salle.

Churchill pleura.

« II savait ce que cela signifiait, écrivit son médecin. Même pour nous, ces mots ont été comme une bouée lancée à un homme qui se noie. » Ismay, de son côté, nota : « C'était peut-être indiscret de sa part de montrer son soutien de cette façon, mais cela nous a tous profondément touchés. »
Commenter  J’apprécie          180
Ce secret-là - que le gouvernement de Vichy n'apporterait pas d'aide militaire directe à l'Allemagne - avait été dévoilé au dîner par une pianiste française, Eve Curie, fille de la célèbre physicienne.

« Mlle Curie, qui est une femme distinguée, aurait dû avoir le bon sens de ne pas cancaner à ce sujet dans une soirée à la campagne, écrivit Churchill à Anthony Eden, son nouveau secrétaire aux Affaires étrangères. Mlle Helen Kirkpatrick a trahi notre confiance pour un profit joumalistique. Il faudrait que ces deux dames soient questionnées par le MI5 au plus vite, et qu'elles donnent des explications. »

II dit en outre à Eden que Kirkpatrick devrait être expulsée du pays sur-le-champ. « La présence chez nous d'une personne de cette sorte, qui vient dénicher ses sujets chez des particuliers et au mépris des intérêts britanniques, est tout ce qu'il y a d'indésirable. »
Commenter  J’apprécie          250

Videos de Erik Larson (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erik Larson
Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque dimanche à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • le Géant empêtré de Anne de Tinguy aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/le-geant-empetre.html • le Grand Théâtre du pouvoir de Catherine Nay aux éditions Bouquins https://www.lagriffenoire.com/le-grand-theatre-du-pouvoir.-quarante-ans-de-vie-politique.html • Histoire intime de la V République: La belle époque (2) de Franz-Olivier Giesbert aux éditions Gallimard https://www.lagriffenoire.com/histoire-intime-de-la-v-republique-vol02-la-belle-epoque.html • Une route de Richard Paul Evans et Pierre Simon aux éditions Actes Sud https://www.lagriffenoire.com/une-route.html • Super hôte de Kate Russo et Severine Weiss aux éditions J'ai Lu https://www.lagriffenoire.com/super-hote-1.html • La Malédiction de la Madone de Philippe Vilain aux éditions Robert Laffont https://www.lagriffenoire.com/la-malediction-de-la-madone.html • DOG de Clémentine Dabadie aux éditions Gallimard https://www.lagriffenoire.com/dog.html • La Splendeur et l'Infamie de Erik Larson et Hubert Tézenas aux éditions Livredepoche https://www.lagriffenoire.com/la-splendeur-et-l-infamie-1.html • Churchill de Andrew Roberts et Antoine Capet aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/churchill.html • Pamela de Stéphanie des Horts aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/pamela.html • À ma table créole: Recettes iconiques des îles de Suzy Palatin aux éditions Hachette Pratique https://www.lagriffenoire.com/a-ma-table-creole-recettes-iconiques-des-iles.html • Hitler et Churchill de Andrew Roberts et Antoine Capet aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/hitler-et-churchill-secrets-de-meneurs-d-hommes.html • La Dame du Ritz de Melanie Benjamin aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/la-dame-du-ritz-2.html • Les Sorcières: L'encyclopédie du merveilleux de Cécile Roumiguière et Benjamin Lacombe aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/les-sorcieres-l-encyclopedie-du-merveilleux.html • Les Fées: L'encyclopédie du merveilleux de Sébastien Perez et Bluebirdy aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/les-fees-l-encyclopedie-du-merveilleux.html •
+ Lire la suite
autres livres classés : winston churchillVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (552) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3143 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..