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EAN : 9782264078421
216 pages
10-18 (04/11/2021)
3.71/5   52 notes
Résumé :
Que connaissez-vous de la plus grande épidémie de l'Histoire ?
1348. La peste ravage le royaume de France. Dans la ville du Puy, un homme est assassiné et son meurtre camouflé en perte de la Mort Noire.
Mais les cadavres mal enterrés trouvent toujours un moyen de refaire surface. Seize ans plus tard, alors qu'une deuxième vague de l'épidémie fauche à nouveau les vies, un mystérieux corbeau semble déterminé à rallumer le souvenir de l'homme aux cheveux ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Une bonne surprise que ce roman policier historique plongeant ses racines dans la grande épidémie de peste de 1348 et ses conséquences sociétales en France.

L'auteure, Laetitia Bourgeois, historienne médiévale spécialisée en conditions sociales du moyen âge tardif ainsi qu'à ses institutions économiques et judiciaires (j'avoue, j'ai copié sa fiche wikipedia), nous concocte une enquête policière aux petits oignons se déroulant justement dans le cadre ci-dessus évoqué, en l'occurrence en la bonne ville du Puy.
Les organisations sociétale et judiciaire de l'époque sont parfaitement décrites sans être ennuyeuses et sont essentielles à l'enquête policière.

L'écriture moderne et le style dynamique du roman le rendent à la fois instructif et facile à lire. L'on se laisse prendre par le rythme et par l'intrigue, qui bien que déroulant au moyen âge tardif aborde aussi des sujets ô combien d'actualités, tels que l'émancipation féminine, l'intolérance ou l'homosexualité.

Le côté happy-end théâtral peut faire sourire, mais passe en fait sans accrocs, s'accordant bien à une oeuvre basée sur une trame simple, efficace, quasiment un feel-good, enfin sur l'idée, coexistent en son sein meutres, peste et maltraitances ; même tardif l'on reste quand même au moyen-âge.
A recommander pour un bon moment de lecture.
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Merci aux éditions Fleuve Noir pour ce roman de Laetitia Bourgeois, une autrice que je découvre avec grand plaisir.
Cette historienne de formation nous raconte en 176 pages, avec une précision rare et remarquable, ce qu'a pu être le retour à la vie autour du Puy en Velay après une épidémie de peste noire qui a touché la région en 1348 puis en 1361.
Une analyse très fine de ce qu'ont pu ressentir les autorités religieuses, les autorités civiles et les habitants en revivant 13 ans après le premier choc, un deuxième séisme sanitaire, jugé moins violent mais perçu encore plus comme une punition divine par certains, une aubaine pour d'autres en profitant pour régler des passifs non résolus, un casse-tête pour les responsables du maintien d'un ordre social et d'une solidarité nécessaire pour gérer les conséquences de l'épidémie.
On trouve dans les parties en présence, l'archevéché dont 3 représentants ont disparus qu'il a fallu remplacer en assurant la continuité de la présence religieuse dans la région.
Les bourgeois de la ville, commerçants, artisans, notaires, qui ont parfois profité de la situation pour forcer des héritages, supprimer des concurrences et s'assurer des monopoles juteux au détriment de la collectivité.
La force et la survenance inattendue de la peste a fait disparaitre les repères, les convenances et les relations policées qui prévalent en temps de paix sanitaire.
L'origine du mal est l'objet des hypothèses les plus folles ; les religieux vendent la thèse de la punition divine pour mieux contrôler la population, les autorités celles de la malveillance de certaines catégories, les accusations en sorcellerie fleurissent...
Tous s'accordent à dire qu'il convient de rétablir l'ordre, oui mais quel ordre, et au profit de qui. Les pouvoirs spirituel et temporel s'affrontent dans cette lutte.
Le roman est très bien documenté, et montre de façon crédible comment pouvaient vivre alors les habitants du Puy en Velay.
Nourritures, danses, cérémonies, superstitions et religion, pratiques médicinales, organisation de la Cité, guildes, sont mis en scène de façon précise et servent le récit.
Le thème principal du roman est l'enquête menée sur les conditions de la disparition en 1348, d'un clerc de notaire, Remey Passamar dit Tête de Paille, dont la mort est attribuée dans un premier temps à la peste.
Cela semble moins évident après que soient déliés les liens existants entre lui, ses biens et les membres de sa famille ou ce qu'il en reste après l'épidémie.
Le capitaine de la garde Dalmas Bouthéac doit faire face à la pénurie de moyens et au scepticisme de la population.
Déserté, l'hôpital est laissé aux mains de Louise, une religieuse active assistée de Beneyde, Blancha et Alays une novice dont l'arrivée au Puy est inexpliquée.
De son côté, Mareta Passamar la veuve de Remey essaie tant bien que mal avec l'aide de Maitre Chiselli le notaire devenu marchand en gros, de remettre son auberge à flot alors que le mal noir semble quitter la contrée.
L'auteure dépeint de magnifiques portraits de femmes seules dans l'adversité, confrontées à des hommes leur déniant toute autorité, mais bien décidées à s'affranchir des gouvernants de toute sorte qui ont fait preuve de leur défaillance face au danger.
Dans ce contexte tendu, s'il en était besoin, un corbeau va semer la zizanie dans la communauté.
Autre caractéristique du roman, un vocabulaire extrêmement précieux sur les plantes médicinales utilisées, des expressions à retenir comme "Le brin de paille qui brise le dos de la mule", des coutumes comme le culte de Saint Foutin dont on prélevait des copeaux du sexe sur la statue pour en faire des infusions destinées aux femmes infertiles...
Un roman de référence sur le Moyen-Âge mis en scène dans le cadre d'une enquête policière passionnante.
Laëtitia Bourgeois, une auteure à découvrir.
J'ai réalisé un quiz sur le vocabulaire du roman. A jouer pour les amateurs.
https://www.babelio.com/quiz/57425/Le-vocabulaire-medieval-de-Mort-Noire






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Ouf, enfin un nouveau livre de Laetitia Bourgeois, après de longues années de silence. J'espérais un peu retrouver le sergent Barthélémy et sa compagne Ysabellis, mais le dernier volume paru ne laissait pas vraiment présager d'une suite... C'est un nouveau personnage central que l'on trouve, "le capitaine", Bouthéac... A deux reprises, la bonne ville du Puy a dû affronter les assauts de la Peste Noire, et elle en sort bien meurtrie. Suite aux dénonciations répétées d'un "corbeau", il est clairement établi que l'une des victimes de l'épidémie de 1348, Remey, l'époux de l'aubergiste Mareta, n'a pas succombé aux terribles bubons, mais a été expédié volontairement de vie à trépas. Très rapidement, notre nouvel enquêteur s'aperçoit que le tempétueux Remey générait un véritable tourbillon autour de lui : jalousie, moeurs particulières, amitiés plus ou moins fidèles... Dès les premières pages, tout un écheveau de pistes se constitue.
Pour l'heur, je trouve que notre Capitaine n'a pas encore l'étoffe du Sergent Barthélémy, et que Louise, la directrice "intérimaire" de l'hospital n'a pas la carrure d'une Ysabellis... Mais il faut laisser du temps au temps, sans savoir d'ailleurs quelles sont les intentions de l'autrice à ce sujet.
Par contre, je retrouve le plaisir que j'ai lu à découvrir la série des aventures précédentes. Laetitia Bourgeois brosse un tableau détaillé de la période dans laquelle elle situe les péripéties de son roman, et cela est fait de manière très vivante, jamais lourde comme chez d'autres auteurs de romans historiques. Son intrigue est habilement ficelée, son style plaisant, et, surtout, ses personnages n'ont rien de super héros. Elle s'intéresse à la vie de tous les jours, et les gens qu'elles met en scène n'appartiennent pas à la couche la plus favorisée de la société. C'est une approche vraiment vivante et passionnante du Moyen-Âge... Un peu court peut-être ? Bref j'attends le prochain roman de cette autrice avec impatience.
[Dans ce commentaire, je m'essaie à employer le terme "autrice", mais j'avoue préférer nettement "auteure"...]
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Nous sommes en 1348, dans la ville du Puy. La Peste Noire ravage tout, comme partout ailleurs en Occident. Beaucoup de morts. Idéal pour un meurtrier qui veut camoufler son crime. Un notaire est mort. Quelques années plus tard, le capitaine Dalmas Bouthéac reçoit d'étranges correspondances. Quelqu'un lui raconte les circonstances nébuleuses de cette mort. Il y aura donc enquête. J'ai beaucoup aimé l'époque, très bien décrite par la plume de l'auteur. le roman, très court, est efficace, et ne se perd pas dans des mots inutiles. Les personnages m'ont plu, l'ambiance également. Un beau polar historique comme je les aime, bien campé dans son époque, avec juste ce qu'il faut de mystère, de description des us et coutumes… Bref, une très agréable lecture.
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1348 : la Peste Noire sévit dans la ville du Puy, comme dans tout l'Occident… Peu en réchappent, et « camoufler » le meurtre d'un clerc de notaire semble si facile… Pourtant, quelques années plus tard, un corbeau évoque, dans des billets destinés au capitaine Dalmas Bouthéac, le caractère étrange du décès, contraignant ce dernier à enquêter sur ce « cold case »…
C'est un roman court, dans lequel j'ai eu un peu de mal à entrer, du fait d'un rythme un peu trop lent au début. Mais finalement, je me suis prise au jeu, et l'ai lu d'une traite. L'intrigue gagne en intensité au fur et à mesure de la lecture. Ce polar historique s'insère ensuite dans un contexte très intéressant, celui des épidémies de peste médiévales, amenant une atmosphère de suspicion systématique, qui donne le ton ; il traite également de thèmes très actuels, tels que la recherche du profit, le rejet de la différence. J'ai donc refermé le livre avec un sentiment très positif, regrettant presque qu'il ne contienne pas 50 ou 100 pages de plus…
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les corps de toutes les tailles étaient alignés les uns contre les autres, sur un maigre lit de paille, à même le sol de l’église. La lumière dansante d’un unique cierge se reflétait sur le ruban de la gardienne, sur les linceuls cousus à longs points, tissus de lin, de chanvre et parfois même de jute, dont dépassaient occasionnellement un pied ou une touffe de cheveux. Le bourdon retentit douze fois. Un instant plus tard, la porte du clocher claqua et les pas du sonneur s’éloignèrent. L’église retomba dans le silence.
L’odeur de l’encens, luttant avec celle de la décomposition rendait l’atmosphère à peine respirable et la veilleuse remonta une fois de plus son chaperon sur le nez.
Au discret grincement de la porte latérale, elle se leva d’un bond. Un homme, le visage ombré par un large chapeau noir, referma derrière lui. La jeune femme avança à sa rencontre, naviguant entre les corps, enjambant ici un nourrisson aux yeux figés langé serré, là une gamine dont la tresse s’échappait d’un drap sale. L’homme n’avait pas bougé, jambes légèrement écartées, poings sur les hanches, expression indéchiffrable.
— Lequel est-ce ? interrogea-t-il.
La veilleuse désigna l’un des cadavres du doigt.
L’homme s’agenouilla, tira de sa ceinture un couteau de table et défit la couture.
— Hé ! protesta-t-elle.
— Je veux en être certain.
La femme recula, avec un petit claquement de langue. L’homme trancha les coutures du linceul à hauteur de la tête. Des cheveux clairs emmêlés dans des brins de paille émergèrent, puis des yeux grands ouverts sur des pupilles dilatées et un visage souillé d’une croûte de divers fluides à présent secs.
L’homme grimaça.
— Il n’a pas été lavé ?
— Il n’y a pas assez d’eau dans tout le Doleson pour laver les morts de chaque jour. Bien heureux qu’on puisse encore les enterrer.
L’homme regarda le visage figé un moment, semblant se remémorer quelque ancien souvenir, et il relâcha enfin une respiration longtemps retenue.
— Ils ont dit la peste ?
La fille désigna tous les cadavres qui les entouraient.
— Comme les autres. Même s’ils en trouvaient un avec un couteau dans le ventre, ils diraient encore que c’est la peste.
— Et ça pourrait même être vrai.
L’homme recouvrit le visage du mort et se redressa. Il fouilla dans son aumônière et en tira un sachet de la taille d’un poing d’enfant.
— Ton prix. Mais tu sais ce qui arrivera si tu parles.
— La peste ?
Le sourire de l’homme s’étira, menaçant.
— La peste.
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-Mareta, quelqu'un répand des rumeurs sur la mort de votre mari.
-Et...En quoi est-ce nouveau ? dit-elle doucement. Je suis veuve et je ne me suis pas remariée. Avec tout ce qu'on raconte sur moi, on pourrait écrire un livre, et un in-folio avec ça.
-Ce ne sont pas juste des histoires, Mareta. Ce sont des dénonciations. Des maléfices aussi.
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Video de Laetitia Bourgeois (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laetitia Bourgeois
Salon du Livre médiéval de Bayeux - Laetitia Bourgeois .A l'occasion du Salon du Livre médiéval de Bayeux qui s'est déroulé les 6 et 7 juillet 2013, Laetitia Bourgeois vous présente son ouvrage "Les assiégés du mont Anis" aux éditions 10-18. http://www.mollat.com/livres/bourgeois-laetitia-les-assieges-mont-anis-9782264061218.html Notes de Musique : Brigitte Lesne - Qui Loiaument Sert S amie (Motet)
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