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EAN : 9782379131325
Mon Poche (05/01/2023)
4.09/5   51 notes
Résumé :
En 1970, Madeleine quitte sa famille catholique bourgeoise pour étudier la littérature à la Sorbonne. Sa rencontre avec Catherine, une étudiante maoïste, va faire bifurquer son existence. Bientôt conviée à des réunions composées exclusivement de femmes, Madeleine découvre le combat pour l’égalité des sexes, avant de s’engager corps et âme au sein du tout récent MLF. Militante active du droit à l’avortement, elle réoriente ses études pour devenir sage-femme, mais pei... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà un roman dans l'air du temps par ses thématiques abordées ( homosexualité féminine, militantisme féministe ) mais qui le fait sans opportunisme tellement il respire la sincérité, porté par une sensibilité remarquable.

Deux personnages croisent leur voix à la première personne : Madeleine, aujourd'hui âgée, raconte ses années 1970, lorsqu'elle était étudiante sage-femme, qu'elle a rejoint le MLF, découvrant son homosexualité sans oser l'explorer pleinement, renonçant à l'amour de Jeanne et à la maternité. Et Mathilde, jeune femme des années 2010, qui elle assume son homosexualité et se confronte au désir d'enfant. Ce procédé classique alternant les chapitres est bien maitrisé, on passe d'une à l'autre avec à chaque fois envie de les retrouver ( plus particulièrement Madeleine ) sans ressentir la lourdeur d'une construction artificielle qui nous mènerait invariablement à comprendre ce qui unit ses deux femmes. Sans créer de faux suspense, Pauline Gonthier fait rejoindre avec subtilité ces deux vies, et c'est terriblement émouvant.

En fait tout est limpide dans ce roman, alors que tout aurait pu être pesant comme cela peut l'être lorsqu'un auteur veut à tout prix caser des informations contextuelles. le personnage de Madeleine rend un vibrant hommage aux premières militantes du MLF. Avec une pédagogie limpide qui ne confine jamais à un didactisme scolairement béat, c'est toute l'histoire de ce pan du féminisme qui est déroulée sous nos yeux, dans toute sa complexité, reconstituant les débats qui l'ont agité, les différents courants de pensée qui se sont affrontés ainsi que la diversité des pratiques militantes : féminisme révolutionnaire vs féminisme réformiste, la revue le Torchon brûle, les Gouines rouges, le droit à l'avortement, le manifeste des 343, l'émission de Ménie Grégoire, Françoise d'Eaubonne etc. La vulgate est réussi et c'est un plaisir de suivre Madeleine se frayer un chemin à travers ce contexte et ses propres contradictions.

Le personnage de Mathilde permet de prendre le pouls du féminisme contemporain, d'évoquer la question de l'homoparentalité et de la PMA, toujours avec beaucoup de pudeur et de douceur, tout en mesurant la longue marches des femmes vers l'égalité. le très beau titre est d'ailleurs emprunté à la féministe révolutionnaire Monique Wittig ( Les Guerillères ) et évoque la "fierté" des oiselles sauvages qui lorsqu'on les emprisonne, refusent de couver leurs oeufs, refusant de se reproduire tant qu'elles ne sont pas libres.

Mais au-delà du militantisme pertinent de ce roman, ce que je retiens ce sont ces beaux personnages, qui, même si leur façon d'aborder la liberté diverge, sont pleine de vie, de désir de vivre et d'aimer. Un très joli roman.
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Lorsqu'elle quitte sa province pour s'inscrire à la Sorbonne, Madeleine y rencontre bien autre chose qu'un savoir universitaire formaté. L'amitié qu'elle noue avec Catherine lui ouvre les yeux sur le militantisme politique et le féminisme revendiqué. On est en 1970, il faudra encore cinq ans pour que le droit à l'avortement soit voté, autant dire que les discours sont musclés.

C'est ainsi que Madeleine abandonnera ses projets d'études littéraires pour devenir sage-femme, directement sur le terrain pour un engagement sans concession. Ses aspirations amoureuses sont contraintes par son éducation, et restent au second plan.

Vingt ans plus tard, le désir parle et se libère et malgré sa relation avec Aurélien, la passion la conduit dans les bras d'Alix. Et avec cet amour qui la comble, le désir d'enfant vient semer le trouble dans le couple.


Au coeur du roman, l'évolution du statut de la femme sur quelques décennies et les avancées en terme de droit à disposer de son corps. le combat reste d'actualité car la vigilance s'impose pour éviter la régression comme on peut le constater ici et là.

Premier roman militant qui met en lumière le féminisme à travers le parcours ordinaire d'une femme.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Pas de contrainte pour une oiselle.

Roman de notre temps.
Deux périodes : les années 1970 et 2010.
Lutte pour les droits de la femme et droit à l'IVG et plus récemment la procréation volontaire.
Comme l'indique la quatrième de couverture, deux temporalités, Madeleine en 1970 malgré son attirance pour une femme ne cédera pas à ce désir car la chape de plomb de son éducation l'en empêche. Quant à Mathilde, après maints questionnements, fera le nécessaire pour satisfaire ce désir de grossesse partagé avec Alix.

Je ne vous en raconte pas plus. A vous de découvrir ce roman bourré de force, de luttes.
Il m'a fait penser à ce merveilleux film : "la belle saison" avec Cécile de France et Izia Higelin.
Dans le roman quand Catherine et Mathilde militaient et manifestaient, c'est obligatoirement Cécile et Izia que je voyais courir et fuir en éclatant de rire en se tenant par la main. Ces passages étaient dans ma tête illustrés par les images du film. Et c'est une des raisons pour laquelle j'ai apprécié la lecture de cette histoire.

D'autant plus que Pauline Gonthier s'est fortement documentée. On y rencontre les actrices de ces luttes, Delphine Seyrig, Catherine Deneuve, Simone de Beauvoir, Françoise Sagan et d'autres.
C'est un roman bouillonnant qui nous remet en mémoire ces périodes durant lesquelles les femmes ont éprouvé ce besoin de disposer de leur corps sans contrainte.
Grâce à elles, nous en sommes arrivées à pouvoir disposer d'un compte bancaire, de pouvoir utiliser un moyen de contraception, de ne pas subir une grossesse non désirée.
Mais bon, je ne vous apprends rien.
Par contre, restons vigilantes...

Un grand merci à Virginie qui m'a adressé ce roman au moment des fêtes. Joli cadeau !
Et à Pauline Gonthier, bien sûr, pour cette belle histoire de luttes et d'amours.
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Âgée de soixante-sept ans, Madeleine a, toute sa vie, exercé le métier de sage-femme et n'a pas d'enfants. Elle revient sur l'année 1970, l'année de sa renaissance.


Octobre 1970, Madeleine est étudiante à La Sorbonne. Contrairement à ses deux soeurs, elle ne quitte pas le foyer familial pour un domicile conjugal. C'est son premier acte d'indépendance. le jour de la rentrée, elle rencontre Catherine. Militante féministe, cette dernière l'introduit dans un mouvement de libération des femmes. Madeleine abandonne ses études, puis devient sage-femme et lutte pour le droit à l'avortement.


Mars 2017. Mathilde, une journaliste, vit avec Adrien, quand elle rencontre Alix à une soirée. Les deux femmes se revoient et ont une aventure. Lorsque son compagnon l'apprend, Mathilde le quitte et parle de son nouvel amour à sa famille. En novembre 2018, son rédacteur en chef lui confie un reportage sur la violence faite aux femmes. Quant à Alix, elle exprime son désir d'enfant. Mathilde s'interroge sur son époque, en particulier sur les droits des femmes et sur ceux des couples homosexuels.


Le récit alterne entre les deux périodes et les deux héroïnes. Les histoires s'insèrent dans leur contexte : j'ai aimé que les aspects historiques et sociétaux soient développés. Peut-être parce que les combats étaient plus nombreux et que la lutte n'en était qu'à ses débuts, j'ai préféré la partie qui concerne Madeleine. J'ai trouvé le récit plus vivant et plus mouvementé. de plus, son objectif m'a semblé plus collectif que celui de Mathilde. Elle se bat pour les femmes, pour toutes les femmes. Son action est humaniste. Elle sait que, dans une société à domination masculine, elle risque des sanctions judiciaires. Sa perception du mouvement est sensible, lucide et complète. Elle relate les évènements, avec précision et exactitude : elle décrit, par exemple, les courants opposés au sein du mouvement. Même si je me suis attachée à Mathilde, son cheminement m'a paru plus personnel et de ce fait, moins exaltant que celui des années 1970.


J'ai beaucoup aimé ce roman sur le militantisme pour les droits des femmes, qui rend hommage à celles et ceux qui se sont battus pour faire évoluer les lois.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Ce roman m'a ramenée dans les années 70, à l'époque du MLF, des Groupes Femmes, des manifs sauvages, des chants criés le poing levé, des slogans pleins d'humour...Madeleine donne sa voix à ces temps des premières luttes de ce MLF tout neuf, pour le droit à l'avortement en particulier, parmi d'autres revendications féministes, et elle fait écho à la jeune voix de Mathilde, qui elle, 50 après, lutte pour le droit à la PMA pour les lesbiennes. Un demi-siècle sépare ces deux histoires racontées à la première personne, et c'est à la fois peu et beaucoup. Beaucoup parce qu'il semble qu'aujourd'hui peu de jeunes femmes connaissent cette période et les noms féminins et féministes qui l'ont marquée, parce que certains acquis paraissent impossibles à remettre en cause, parce qu'il y a eu de vrais changements que l'on ne peut nier ; peu parce qu'on retrouve dans les récits des deux femmes, à un demi-siècle de distance, des questions identiques, des peurs jumelles, des hésitations qui se ressemblent. Evidemment ce texte m'a conquise grâce à la nostalgie qu'il a réveillée en moi pour ces moments qui m'ont en partie forgée, mais aussi grâce à l'habileté de l'autrice pour construire sa narration, avec son père comme facteur commun aux deux confessions, et pour en faire un roman aussi intime que politique. Un roman réussi qui en plus offre une synthèse intelligente des luttes féministes passées et présentes.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Marissa pose peu de questions et parle beaucoup, des connards qui ne comprennent pas la non-mixité du cortège de tête et s'insurgent contre les festivals réservés aux femmes racisées sans rien remarquer d'étrange sur les photos des comités exécutifs du CAC 40, des connasses qui donnent des leçons d'écologie parce qu'elles achètent leurs pâtes en vrac, portent des Veja et votent Europe écologie mais postent tous les dimanches des photos d'avocado toasts et tous les deux mois celles d'un week-end EVJF dans une nouvelle capitale d'Europe, des traders qui quittent la France pour payer moins d'impôts puis reviennent quand leurs gamins ont l'âge d'aller à l'école en claironnant qu'ils se sentent citoyens du monde, des gens de gauche qui dorment mal en pensant à leur optimisation fiscale, des gens de droite qui concluent par « quand on veut, on peut », et de sa mère qui lui fait la morale parce qu'elle ne vote plus mais qui n'a jamais lu un seul programme politique et ne vote socialiste que par inertie, parce qu'elle avait vingt ans en 1981.
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Mettre au monde un nouvel être me semblait absurde alors que certains déjà nés et abandonnés désespéraient de solitude. Un jour, en m'entendant, ma mère s'était amusée de ma déclaration : C'est pourtant magnifique, ma chérie, de porter un bébé ! J'avais dû lui demander pourquoi et son « Il faut le vivre pour le comprendre… » n'avait pas suffi à étancher ma soif d'arguments.
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Jeanne pense que les liens entre lesbianisme et féminisme ne sont pas suffisamment discutés dans nos groupes de parole alors qu'ils sont, à ses yeux, essentiels à l'émancipation des femmes. Les lesbiennes sont « l'avant-garde révolutionnaire du mouvement » ; le lesbianisme, un engagement politique qui dépasse l'intime, permet de se soustraire de façon radicale à l'ordre érotique « patriarcal-capitaliste » et à « l'injonction procréatrice ».
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Parfois, elle rapporte des disques à la maison, des Stooges ou des New York Dolls. Quand elle est de bonne humeur, elle allume le tourne-disque, monte le volume au maximum, à en faire trembler les quatre murs de papier qui nous entourent, et se laisse griser par la saturation des guitares. Je me dis alors que sa colère est infiniment supérieure à la mienne. Elle répond : « C'est certain, on ne fera pas la révolution en écoutant les Bee Gees, Mado ! »
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À cet instant, alors que j'atteins les hautes grilles en fer forgé du parc Monceau, j'hésite à crier « je suis lesbienne », pour voir la tête des retraités du VIIIe. Je me ravise : ça m'ennuierait pas mal qu'ils décident, eux, de faire de moi une lesbienne. Une lesbienne pour de vrai.
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