Une enfant de la Dass, Anna, devenue fermière se bat contre son voisin, Salaun qui veut se lancer dans l'élevage intensif de porcs sur la bonne terre d'un village breton.
Il s'agit d'abord du parcours chaotique d'Anna jusqu'à son mariage avec Youenn qui tient une ferme avec son vieux père Loeiz avec qui Anna se trouve de suite en sympathie. Dans la famille de Youenn se trouve aussi son jeune frère Ronan, globe-trotter intellectuel et sa soeur Margrite mariée à un assureur, ayant des soucis de travail, d'argent et d'éducation. Il y aura un peu plus tard, la fille de Youenn et Anna, Gwenola.
Il s'agit donc d'une histoire de lutte, celles des petits contre les gros, des gens de peu contre les grand propriétaires, un fond écologique sur la menace du lisier qui détruit les terres, des envolées lyriques sur la nature éternelle, des drames de la vie, la perte d'êtres chers dans un camp comme dans l'autre.
Que tout cela fut ennuyeux à lire ! J'avoue avoir plusieurs fois été tenté de laisser tomber mais finalement je voulais savoir comment l'auteur s'en sortirait et j'aimais ce qu'il avait écrit auparavant mais j'avais 20 ans à l'époque.
Ici, ce sont clichés sur clichés jusqu'au nom du « méchant » Salaun, manichéisme, les pauvres sont toujours bons et les riches cupides et irrécupérables. Les voyageurs et bourlingueurs comme Ronan sont mystérieux et les filles en tombent bien sûr toutes amoureuses. J'ai repensé à l'histoire d'Abel et
Caïn. Abel, le pâtre qui fait tout bien et le vilain
Caïn, le sédentaire qui fait tout mal de sorte que j'ai dû relire le poème de
Baudelaire qui inverse les rôles et cela m'a mené au « mystère » de
Lord Byron, «
Caïn ». C'est déjà ça.
Et puis il y a ce fameux Guillaume, chevalier de l'exploitation propre et bio, beau parleur et charmeur, militant convaincant et convaincu, à tel point qu'Anna, comme une gourde…N'en disons pas plus parce qu'on risque de tomber de haut.
On peut comprendre que Jaouen défende les terres de Bretagne contre l'invasion des exploitants sans scrupules mais ses personnages manquent de corps. On sent en plus qu'il était pressé de finir comme si c'était une oeuvre de commande. On lit d'ailleurs sur le quatrième de couverture que « ce livre vous est offert par votre libraire et ne peut être vendu ». C'est déjà ça aussi, on n'a payé !
Finalement, on cherche une ouverture pour sauver un peu Salaun qui est tout même fortement éprouvé et je l'ai quand même trouvée dans cette phrase assez juste qui parle de lui et des autres :
« - Avec des salauds dans mon genre on est tranquille. Salopard dehors, salopard dedans, de la racine des cheveux au bout des doigts de pied, aucune faille, aucune fissure, rien que de la carne. Tandis qu'avec les beaux parleurs…Beaucoup d'entre eux ne sont pas clairs. Des arlequins. La figure barbouillée d'idéaux mais du fumier bien mûr à l'intérieur. A côté de la politique, le lisier de porc c'est du caca d'ange, il sent la rose. Un conseil, bouche-toi le nez et attends-toi à des surprises. »