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EAN : 9782382921043
352 pages
Bouquins (25/11/2021)
3.75/5   70 notes
Résumé :
Après l’immense succès remporté par le premier volume, la suite très attendue des Mémoires de Catherine Nay. Elle couvre les années 1995-2017, de l’élection de Jacques Chirac à celle d’Emmanuel Macron. Près de trente ans de vie politique et journalistique, mais aussi personnelle, racontés avec le même sens du trait, de la formule incisive, la même intensité romanesque qui font de Catherine Nay une observatrice et une narratrice hors pair, souvent mordante et toujour... >Voir plus
Que lire après Souvenirs, souvenirs, tome 2 : Tu le sais bien, le temps passeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Un fort beau témoignage - car ce n'est ni un livre d'histoire ni un pur travail de journaliste - de Catherine Nay, témoignage d'une époque qu'elle a vécue, comme journaliste et comme femme.

De Chirac à Hollande, tous les présidents, et quelques seconds couteaux ou familiers, passent la revue.

Chirac, homme qui cultivait les paradoxes: chaleureux et bon vivant, mais aussi ambiteux, tenace et têtu. D'une culture rare - expert en civilisations asiatiques et africaines - il aimait à se profiler en auvergnat pur jus. Son ménage était un noeud gordien de tensions qui n'éclataient (presque) pas au grand jour : le plébéien avait épousé une dame de la noblesse " de lapin", disait-il. L'homme d'action inébranlable avait le coeur brisé par le malheur de sa fille anorexique. Alors, simple distinction entre l'homme public et l'homme privé ? Non, à mon sens Jacques Chirac était un homme à dimensions multiples, qu'il gérait sans doute séparément. Quelqu'un d'une complexité ordonnée.

Après la fameuse dissolution, Jospin en premier ministre. Crispé, braqué sur la ligne médiane de sa "majorité plurielle", aimable dans la vie privée mais incapable de montrer la moindre chaleur en tant que politique.

L'Ultramarin en passant, la sortie de la marginalité, les racolages de bonimenteur, puis le " détail de la seconde guerre mondiale" et le "four crématoire", la chute ...

Séguin, plombé par son éternel spleen existentiel, dû à ce père biologique qui ne l'aura jamais reconnu. Doué mais sans colonne vertébrale, en fin de compte un énorme gâchis.

Le phénomène Sarkozy. Là aussi un père biologique qui a plaqué, mais une réaction inverse : on prend la vie d'assaut, on attaque tout de suite - ils vont voir ce qu'ils vont voir ! On brûle les étapes, on conquiert, on leur rentre dans le lard. Comme si l'on voulait montrer sa valeur à son père absent - espérant qu'il rentre ? - et impressionner sa "mère" - pour qu'elle reste ? Dans le rôle de la femme à impressionner : Cecilia, celle dont on se fait le champion. le soir ou Sarko est élu, son père, fugeur comme toujours, commente " j'aurais préféré que mon fils soit président des Etats-Unis". Et Cécilia le quitte. La dynamique s'éffondre. Il s'en remettra, grâce à Carla. Mais quel crash ! Un homme doué, surexcité, et si fragile.

Hollande. Une version lessivée de Jospin? J'en ai bien l'impression. A part le bouquin qui aura causé sa perte, laissera t-il une trace ?

Ces politiques sont des hommes. Ils ont leurs forces, leurs fragilités. Comme nous, ils sont obligés d'assumer, de gérer leur caractère, leur passé. Ce ne sont ni des ectoplasmes ni des robots. Oui, souvent ils font preuve d'une ambition démesurée ( pourquoi ? voilà la question intéressante) et d'une immense estime de soi au détriment de leurs concurrents. Giscard croyait que Chirac était un technocrate plutôt idiot, Chirac le lui rendait bien, et il estimait - au début - que Balladur n'aurait jamais d'ambitions présidentielles. Sarkozy traitait Dominique de Villepin d'amateur et refusait de voir en lui un concurrent. Seguin disait qu'il n'y avait eu que deux types intelligents, lui et De Gaulle. Quand à de Villepin, il allait les niquer tous. Un aveuglement extrêment dangeureux. Et parfois - comme Chirac et peut-être Mitterand - ils ne savent pas s'arrêter à temps.

L'écriture de Catherine Nay me plait tellement que je vais rajouter sa biographie de Chirac à ma liste, peu-être aussi celle de Sarkozy.

Bonne lecture !



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Je ne pensais pas me retrouver avec autant de plaisir dans la période d'avant "celzeceux".
C'est le second livre de souvenirs de C.Nay, et si le premier contenait peut-être plus d'informations politiques, celui ci est plus personnel , elle parle de sa famille, ses amis et son mari, A.Chalandon décédé en 2020. Les dernières pages retranscrites et écrites par celui-ci relatives aux actes qu'un Honnête homme peut être amener à commettre pendant une guerre sont magnifiques.
Sinon c'est toujours avec une curiosité voire plaisir coupables que l'on se rappelle que dans les hautes sphères de l'Etat les soucis conjugaux, les égos froissés, les trahisons peuvent ou pourraient mener un pays à la catastrophe.
C.Nay a autant d'élégance dans sa tenue que dans son écriture. En bonne journaliste elle repère des détails ou des conversations et sait les présenter avec ce qu'il faut d'acidité vacharde pour faire sourire ses lecteurs. Elle a quelques détestations particulièrement savoureuses. le livre s'arrête aux prémices du sacre D E.Macron.
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Catherine Nay est l'une des plus grandes journalistes politiques contemporaines. Depuis son entrée à L'Express dans les années 60, elle a côtoyé tous les régimes et tous les hommes qui ont compté.
Ses ouvrages dépassent le niveau de la plupart des livres de journalistes politiques tant par ses qualités d'écriture et de narration (ils se lisent comme des romans que par leurs qualités d'analyse et la richesse informatique de leur contenu, qui permet de penser qu'ils constitueront une source importante pour l'écriture de l'histoire de la cinquième République.
Et, ce qui ne gâte rien, elle est née à Périgueux.
Le présent ouvrage couvre la période allant de l'élection de Mitterand aux prémices de celle d'Emmanuel Macron. On attend impatiemment le volume suivant.
Comme d'habitude, on sent bien que le coeur de Catherine penche à droite (;aux deux sens du terme puisqu'elle a été depuis près de cinquante ans la compagne d'Albin Chalandon, gaulliste de la première heure, résistant authentique et ministre de Georges Pompidou et de Jacques Chirac. Mais elle conserve son objectivité et il n'y a ni propagande ni dénigrement systématique.
Ses portraits sont toujours savoureux et instructifs, souvent affectueux et féroces lorsqu'il est impossible de faire autrement.
Pour que ce commentaire ne tourne pas à la politique, je parlerai seulement des hommes politiques qu'elle aime : Seguin le tout premier, puis Chirac, et enfin dans une moindre mesure Sarkozy. Il y en a d'autres qu'elle aime moins, et beaucoup encore qu'elle n'aime pas beaucoup.
Lisez ce livre, c'est intéressant dans le contexte politique actuel, sans vouloir ni pouvoir interférer avec les présidentielles puisque nous nous arrêtons en 2017.
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Avec notamment Michèle Cotta et Alain Duhamel, Catherine Nay fait partie des journalistes politiques « de connivence ». Ayant débuté à la fin des années soixante, ils ont eu le temps de cultiver des liens de proximité, sinon amicaux, avec les femmes et les hommes qui font historiquement partie du paysage politique. Chez Alain Duhamel, ces relations prennent la forme d'une bienveillance systémique qui confine à la guimauve. Chez Catherine Nay, c'est à la fois plus drôle, plus piquant et plus touchant. le premier tome de ces Souvenirs m'a intéressé. le second tome - dont elle renvoie le titre à une observation de son mari et non à la chanson de Julien Clerc - m'a captivé : il concerne une période où la journaliste a « fait son trou » : elle est devenue une familière des Chirac et reçoit les confidences de Séguin, Valls, Cambadélis, Raffarin… Bref, elle est proche du coeur du réacteur.
À la différence de certains de ses collègues, Catherine Nay ne nous inflige pas ses idées politiques. du reste ses convictions peuvent varier - tout au plus trouvera-t-on dans son livre une critique argumentée des trente-cinq heures, mesure désastreuse qui contribua largement à la désindustrialisation de notre pays. Elle se contente d'observer.
Elle observe sans complaisance ni animosité la faiblesse croissante de Jacques Chirac, le caractère lunatique de Bernadette, les maladresses de Juppé, le sectarisme de Jospin, la mesquinerie de Martine Aubry, l'arrogance et la grossièreté de Villepin, le ridicule de Hollande. L'énergie de Sarkozy la fascine, ainsi que son incompréhensible capacité à multiplier les dérapages. Elle dresse un tableau peu amène du comportement fluctuant de l'inconstante Cécilia son ex-épouse, qui lui fit subir un enfer entre 2005 et 2007.
Elle s'autorise également à évoquer avec un chagrin pudique le décès de ses proches, parents, amis. Son livre s'achève sur la disparition de son mari Albin Chalandon, dont elle a partagé la vie pendant cinquante ans. Albin qui fut rongé des années durant par le tragique souvenir d'un acte terrible qu'il fut contraint de commettre en 1945 au maquis de la forêt d'Orléans.
C'est un livre passionnant et émouvant.
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Dans ce second tome de ses Souvenirs, souvenirs, Catherine Nay nous conte la période allant de 1995 à 2017. La période traitée est à la fois plus courte que dans le tome précédent, qui s'étalait sur près de 50 ans, et moins riche aussi. En contrepartie, l'autrice livre un récit beaucoup plus personnel et dévoile davantage sa vie privée.
Lorsqu'elle a débuté, Catherine Nay travaillait pour une presse encore peu développée et tenue par des personnages hauts en couleur. Avec les années 90, au sortir de quatorze ans de socialisme où elle avait moins ses entrées, on assiste à une explosion de l'offre journalistique. le métier change. Là où le journaliste décryptait, désormais il commente. Avec l'arrivée de Jacques Chirac, c'est un clan qui prend le pouvoir. Catherine Nay le connaît, le côtoie, et recueille beaucoup de confidences. Avec Nicolas Sarkozy ensuite, elle explique sa certaines admiration pour un homme dont elle évoque ses démêlés privés et ses combats professionnels. Des exposés un peu long à mon goût mais on ne peut que comprendre son appétence pour le personnage (elle lui a consacré le livre L'impétueux : Tourments, tourmentes, crises et tempêtes, paru chez Grasset en 2012). Un chapitre est aussi consacré au sulfureux clan le Pen. Sur les cinq années de présidence Hollande, les anecdotes sont maigres. Quant à la présidence Macron, elle n'en dit rien puisqu'elle y arrête son récit. Elle préfère partager avec ses lecteurs, dans un ultime chapitre, le décès d'Albin Chalendon, le 29 juillet 2020 à l'âge de 100 ans.
Dans ce second tome, la plume est toujours mordante et acérée. le style journalistique concis est présent. En quelques mots, on a une description d'un personnage ou d'un trait de caractère. C'est vivant et diablement bien écrit. C'est passionnant et captivant. L'intérêt de tels ouvrages est de nous livrer une part du mystère, de soulever pour nous un pan du rideau. Nous pouvons davantage connaître celles et ceux qui nous dirigent.
Un livre utile, un témoignage précieux. Pour avoir lu récemment Passé composé d'Anne Sinclair, je trouve qu'ils apportent, chacun à leur façon, un éclairage sur notre époque.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Le plus cocasse était le récit de leur soirée. "Jacques Chirac a une passion pour les westerns. Nous avons dû voir vingt fois les sept Samouraïs. Quand il m'annonce : "écoutez, ce soir, il y a un très bon film avec John Wayne.", je comprends tout de suite... Encore un western qu'on a déjà dû regarder quarante fois !

On s'installe devant le téléviseur, il me jette des petits coups d'œil en coulisses pour voir si je suis : "Regardez, Bernadette, c'est John Wayne... "

- "oui, Jacques, c'est John Wayne. "

il se passionne aussi pour le sport. Quand je le vois suivre devant des matchs de tennis qui durent des heures : "Enfin Jacques, vous n'avez jamais tenu une raquette de tennis de votre vie !"

Ça ne lui fait pas plaisir. "Mais bichette, regardez cette joueuse magnifique... Un vrai sportif en fauteuil.

Et je ne vous parle pas du sumo, il fait enregistrer toutes les compétitions et le soir on se passe des combats de sumos !"


.
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Il n'était pas besoin d'avoir fait Sciences Po pour en déduire qu'une solution s'imposait: changer de Premier ministre. Une éventualité qui braquait le président. L'idée le révulsait... Non, c'était non ! Il ne voulait pas se séparer de Juppé, car il n'avait personne d'autre que lui en magasin.

Alors, que faire ? Un remaniemant ? On venait d'en faire un ! Un référendum ? Trop dangeureux ! Ces solutions ayant été écartées, il n'en restait qu'une : la dissolution. En quelques mois, Jacques Chirac, son secrétaire général Dominique de Villepin, Alain Juppé et son directeur de cabinet, le diplomate Maurice Gourdault-Montaigne, le quattuor qui gouvernait en réalité la France, s'étaient autopersuadés que ce serait la seule façon de créer les condition d'un nouveau départ, de s'offrir un grand bol d'air jusqu'à la fin du septennat. Des quatre, Dominique de Villepin était le plus convaincu, exalté par ce coup fumant, cette idée de génie. On allait convoquer l'histoire avec un grand H. La dissolution était sa campagne napoléonienne... La seule vraie raison de dissoudre, c'était donc de garder Juppé, parce que Jacques Chirac le voulait.

( p. 71)
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Avant le 10 mai, Jospin était un homme à la mode au PS. Un an plus tôt, on l'avait admiré lors de son débat aux Dossiers de l'écran face à Georges Marchais. Mitterand lui avait dit: " vous êtes le seul à pouvoir le mettre par terre." ... Il était arrivé avec de sacrés biscuits en poche . Le clou de la soirée était ce dialogue :

Marchais : Au Parti socialiste, vous n'avez pas un seul ouvrier.

Jospin : Moi, aujourd'huii, j'ai donné des cours. Vous, Georges Marchais, ca fait trente ans que vous n'avez pas été en usine.

Marchais en était resté coi plusieures secondes, ce qui pourtant n'était pas son genre... On découvrait un puncheur qui avait du répondant.

(p.85).
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(Bernadette Chirac concernant son mari)

Jacques Chirac a une passion pour les westerns.Nous avons du voir vingt fois les sept samourais...Il se passionne aussi pour le sport..Un vrai sportif en fauteuil !...Et je ne vous parle pas du sumo, Il faut enregistrer toutes les competitions et le soir on se passe des combats de sumo ! Il connait le palmares des lutteurs sur le bout des doigts, de meme qu'il peut vous reciter, a l'endroit et a l'envers, les dynasties japonaises, chinoises ou coreennes...

(P.217( ( desole pour les accents- je suis en vacances et mon telephone a decide qu' Il ne les aime pas).
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Jean-Pierre Chevènement [ministre du gouvernement de gauche de Lionel Jospin] dénonçait l'inefficacité des juges pour enfants...

Face à cette nouvelle délinquance, il demandait la suspension du versement des allocations familiales pour les enfants délinquants et leur placement en dehors de leur milieu de vie.

Madame Guigou [ministre de la justice] s'était insurgée contre une politique qui donnait la priorité à la répression.

Pour avoir qualifié de sauvageons des jeunes qui faisaient régner la terreur dans le quartier, le ministre de l'Intérieur déclenchait une incroyable levée de boucliers. Libération sonnait l'hallali contre ce droitier de Chevènement... Lionel Jospin se gardait bien de trancher le débat entre les deux ministres ...

Pour moi, l'absence de Jean-Pierre Chevènement [entre la vie et la mort] était un événement politique pas du tout anodin.
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Videos de Catherine Nay (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Catherine Nay
Catherine Nay vous présente son ouvrage "Secrets de vie" aux éditions Bouquins. Entretien avec Stéphane Place.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2944748/catherine-nay-secrets-de-vies
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement.
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