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Albine Novarino-Pothier (Préfacier, etc.)
EAN : 9782258053526
1142 pages
Omnibus (01/02/2000)
4/5   70 notes
Résumé :
" Sans doute aurai-je rêvé au monde du pain noir toute ma vie, dit Georges-Emmanuel Clancier.
Ou plutôt ce monde n'aura cessé de nourrir mes rêves : ceux du jour comme ceux de la nuit. Les souvenirs de sa lointaine, misérable et poétique enfance, ma grand-mère me les contait à l'âge où l'on écoute, peureux et ravi, " Cendrillon " ou " Peau d'âne ". A l'âge d'homme, les souvenirs des souvenirs sont revenus à ma mémoire, avec la force patiente, têtue, irrépress... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
C'est un roman qui a sans doute vieilli: pas un brin de cynisme, ni de second degré, dans cette saga que Georges-Emmanuel Clancier explique avoir écrit en hommage à sa grand-mère, « par crainte de voir disparaître cette vieille femme que, depuis toujours, je vénérais. Je fus envahi par l'irrépressible désir de sauver, du moins dans un livre, l'écho, le reflet, l'exemple de sa vie comme de celle de ses proches et, autour d'eux, de tout un peuple dont le chaos de l'Histoire menaçait d'effacer à jamais la mémoire. C'était une réaction viscérale, un élan de tout mon être. »
Je dis qu'il a vieilli, mais déjà à l'époque, dans les années 50, Raymond Queneau, éditeur chez Gallimard, bien qu'étant ami avec Clancier, refusa le roman, jugeant qu'il contenait "trop de campagne". Défendu par Louis Aragon, il parut chez Robert Laffont, sans obtenir un grand succès avant l'adaptation qu'en fit Serge Moati pour la télé, en 1974.
J'ai pourtant trouvé que c'était plutôt sympa à lire, même si l'écriture ne m'a pas complètement emballée. On sent bien la tendresse de l'auteur pour le personnage principal inspirée par sa grand-mère, et pour sa famille de paysans et ouvriers du Limousin dont il raconte l'histoire de 1870 à la Seconde Guerre mondiale. L'écriture est simple, ne fait pas preuve d'une créativité littéraire folle, mais elle dénonce avec sincérité les injustices sociales, raconte les révoltes, les manifs musclées- et que je te renverse un tram pour faire une barricade, et que je te défonce la porte de la prison pour libérer les camarades grévistes emprisonnés…

La dimension sociale du livre et les relations fraternelles, chaleureuses, des personnages, le rendent assez attachant, même si la façon de raconter l'histoire manque sans doute un peu de surprise, de piquant. On sent trop Clancier prisonnier de son désir de rendre hommage à sa grand-mère, ce qui lui interdit toute fantaisie littéraire - je comprends que Queneau n'ait pas trop apprécié.
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LE PAIN NOIR
L'histoire d'une famille de paysan, les Charron, qui après une période heureuse, un riche propriétaire va leur rendre la vie difficile voire misérable. Sous les yeux de Catherine, leur vie quotidienne devient difficile au point d'être obligé de placer les enfants à droite et à gauche pour qu'ils travaillent et ne soient plus une bouche à nourrir. La vie des fermiers de l'époque (1871), la descente aux enfers de la famille Charron le handicap de Francet (mais qui a des doigts magiques pour sculpter le bois), la naissance de Clotilde, puis d'Antoinette, la mort d'Aubin puis celle de leur mère, Marie et surtout le quotidien vu par Catherine (ses différents employeurs, ses amis dont Auréilien, son rêve de rencontrer et d'être amie avec la belle et riche Emilienne).

LA FABRIQUE DU ROI
Pour faire face à la naissance des petites, il est envisagé de les placer à l'orphelinat. Cathie s'y oppose et décide de les éléver. Elle se fait embaucher comme domestique chez les Desjarriges où elle finit par se lier avec Emilienne. Mais cette amitié dérange les autres employées, jalouses, et décide de démissionner. Elle se fait alors engagée à la fabrique de porcelaine où travaille déjà Aurélien, secrètement amoureux de Cathie. La soeur d'Aurélien, Julie, a un emploi pénible dans les carrières de kaolin. Cathie, se trouvant embauchée dans un salon de couture grâce à son amie Amélie, lui cède sa place. Francet (qui s'est mis à l'accordéon et qui anime les bals) recommence à marcher et son doigté particulier lui permet d'entrer également dans la fabrique. le père Charron, quant à lui, travaille sur l'aménagement d'une ligne de chemin de fer. Lors de la soirée de noces d'Emilienne, Cathie rencontre Xavier Desjarriges qui doit quitter le pays et lui cède. Elle se retrouve enceinte. Face à la honte d'une grossesse sans père, toute la famille et ses amis lui viennent en aide. Une machine à coudre est achetée pour travailler à domicile afin de taire cette grossesse. L'enfant, un garçon, vient au monde. Aurélien s'engage dans l'armée : Cathie refuse son amour et son offre de mariage.
Ce volet est plus tourné vers l'usine de porcelaine où tout le monde souhaite y rentrer. Toujours approchée est la différence entre la haute bourgeoisie locale et le bas peuple au travers de la vie quotidienne de Cathie tant de par ses différents emplois que par sa maison et sa famille.

LES DRAPEAUX DE LA VILLE
Cet enfant est appelé Frédéric. Francet a avec Julie une petite fille Marianne, que Frédéric prend sous sa coupe. Mais il est difficile de taire cette naisance et les ragots courrent. Suite aux problèmes de grève, de crise, de misère, toute la famille décide de partir pour Limoges. Cathie vient en aide à un pauvre gosse que ses parents délaissent. Elle l'apprivoise mais ses parents sont arrêtés pour vol et le gamin se retrouve au pensionnat au grand désespoir de Cathie qui n'arrive pas à avoir d'enfants avec Aurélien. Les enfants grandissent. Frédéric devient de plus en plus indépendant et renfermé, hostile à Aurélien. Les syndicalistes s'infiltrent dans la famille : Clotilde se marie avec l'un d'eux. Un autre ami syndicaliste décide d'apprendre à lire et à écrire à Cathie. Mais voyant qu'elle s'éprend de cet homme, arrête tout. Aurélien sombre dans l'alcool.
Cela traîne en longueurs avec les histoires politiques et syndicalistes de l'époque sans amener un intérêt même par les yeux et les oreilles de Cathie.

LA DERNIERE SAISON
Les grèves continuent notamment pour une histoire de droit de cuissage. Puis survient la guerre 14-18 dans laquelle Frédéric se plonge sans voir son fils Pierre grandir. Cathie et Aurélien l'élève comme leur fils. Après la guerre chacun vit sa vie mais jamais trop loin les uns des autres. Pierre est un garçon éveillé qui préfère rester chez sa grand-mère. Il lui apprend même à lire. Aurélien souffre du coeur et en meurt à 53 ans. Cathie, pour ne pas trop penser à son mari s'occupe de la maisonnée de son fils en travaillant dure toute la journée. La deuxième guerre mondiale est passée. Pierre est mariée et a deux enfants. Un dimanche, il décide d'emmener sa grand-mère à la Noailles pour réveiller de vieux souvenirs. Il lui offre un cadeau : un roman intitulé le Pain Noir. Il l'a écrit en écoutant sa grand-mère durant trente années.
Dernière partie un peu longue où l'on redémarre avec les grèves. Puis bond avant de 15 ans qui nous amène à la guerre. Puis ensuite à l'après guerre puis encore un après la seconde guerre sans rien savoir de leur vie durant toutes ces années à part que tout le monde vieilli, se maire et à des enfants.
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J'ai adoré ce roman dont l'action se passe au XIXème siècle. On y découvre la vie rude des paysans de France. Ici c'est le Limousin mais je suis convaincue que ça aurait pu se passer dans le Périgord, en Bretagne, en Lorraine..... Chacun peut être touché par la vie de cette jeune femme et de sa famille.
Il me semble qu'on ne sort pas indemne d'une telle lecture. J'en garde un merveilleux souvenir et une fois le livre refermé, il m'a fallu un peu de temps pour en reprendre un autre. Tous ces auteurs tels que G.E.Clancier, Claude Michelet, Jean Anglade, Christian signol, M.P. Armand nous replonge dans un passé pas si lointain où la vie ne souriait guère aux gens de la terre. Ce roman m'a énormément touchée et je souhaite vraiment le faire découvrir à ceux qui aiment les romans de terroir.
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Nous parlons ici du premier livre de cette quadrilogie. G.E.Lancier nous a quittés en 2018, plus que centenaire. Originaire du Limousin, il évoque ici la misère des campagnes, les métayers exploités, l'innocence des enfants de ces familles simples, honnêtes et généreuses, qui se résignent à leur malheureuse condition, et qui luttent, à armes inégales, contre l'adversité et les malheurs.
Les parents ne savent pas lire, on n'envoie pas les filles à l'école, et si l'on est malade, plutôt que d'appeler le médecin, on compte sur un rebouteux incapable et cynique, et sur des prières adressées à Saint Exupère….. Telle était donc la vie, dans les campagnes de France, dans les années 1870.
Le roman décrit cela au travers des yeux d'une enfant, toute jeune au début et adolescente à la fin. Avec une fraîcheur et une naïveté déconcertantes, elle va nous accompagner pour nous présenter la vie de cette famille: le pain quotidien ne se paye qu'avec le labeur du jour, le lendemain est incertain. On est à la merci des filous et des puissants, et le propriétaire peut briser le contrat de métayage sur un simple mouvement d'humeur. Les naissances se succèdent, et l'on doit envoyer les "grands" dès l'âge de huit ans faire office de serviteurs chez les riches, car on ne peut pas nourrir toutes les bouches à la maison.
La langue de G.E.Clancier est parfaite, extrêmement poétique, chargé d'un vocabulaire riche et daté, que l'on découvre et dont on scrute le sens avec un grand plaisir. Par exemple, les jours de fête, on fait des "dorées", sorte de galettes grillées, semble-t'il, odorantes et succulentes….
Ces romans champêtres parlent de la France, et ils parlent surtout de la condition humaine. le parallèle entre les souffrances des pauvres, leur indéfectible résignation, leur bonté et leurs qualités humaines naturelles n'appartient pas seulement au passé. La misère n'a plus tout à fait la même figure, (aujourd'hui, les enfants vont tous à l'école, on appelle le médecin si cela est nécessaire, …), mais elle persiste encore ici, ou là. le pain n'est plus forcément noir, mais il y a encore du noir.
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La vie de la petite Catherine est tellement difficile, son histoire si triste, et ce roman tellement touchant qu'il fait partie de ceux qu'on ne peut pas oublier. Dans le Limousin du 19ème siècle, la vie d'une famille de métayers, les Charron. Une famille nombreuse qui mène une vie de misère à cause de sa condition et de sa pauvreté.
Un roman magnifique, inoubliable !
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critiques presse (2)
LeFigaro
22 septembre 2011
L'incroyable est que ce roman n'a pas pris une seule ride : ni sur le fond ni sur la forme. […] C'est à cela que l'on reconnaît une grande œuvre : elle reste toujours d'actualité.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
03 août 2011
Georges-Emmanuel Clancier plonge avec une certaine mélancolie dans le XIXe siècle, avec en toile de fond la guerre contre les Prussiens et la misère quotidienne des paysans. Le Pain noir n'est pas un roman régionaliste, mais un hommage à un pays perdu, un témoignage social, une oeuvre poétique qui n'a pas pris une ride.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le père posa ses mains sur la table. Tous le regardaient. Machinalement il lissa ses moustaches sur son poignet puis, pour répondre à l'interrogation muette des yeux, il fouilla dans la poche de son pantalon, en sortit cinq pièces de bronze qu'il laissa tomber une à une sur la table. L'une des pièces se mit à rouler, Catherine l'arrêta et la remit au père avec respect.
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Si elle pouvait devenir infirme comme lui, cette nuit même, ou bien redevenir petite, toute petite, comme Clotilde. Ils seraient bien obligés alors de la garder.
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Ma pauvre femme, disait-elle à la métayère, avec un air de profonde commisération, ma pauvre femme, je vous plains de garder une telle toison. Si encore vous étiez une dame, vous auriez des servantes pour vous aider à vous peigner, mais avec tous vos travaux, ah ! oui, vraiment je vous plains.
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Souvent, Catherine avait pu entendre les parents évoquer les calamités dont, à les en croire, la vie du paysan était sans cesse menacée.
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Un livre que j'ai beaucoup aimé, je l'ai lu plusieurs fois quand j’étais ado...
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« le pain noir », de Georges-Emmanuel Clancier, c'est à lire en poche chez J'ai lu.
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