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EAN : 9782264035806
125 pages
10-18 (07/10/2004)
3.75/5   85 notes
Résumé :
Georges Bataille écrit Les Larmes d'Éros en 1959. L'ouvrage paraît en 1961. Bataille a plus de soixante ans, il vieillit, il est malade. Il se lance pourtant dans une œuvre pleine de santé jubilatoire, ces Larmes d'Éros, une histoire de la peinture sous le patronage d'Éros et de Thanatos, l'amour et la mort, liés depuis les temps originels, depuis les peintures rupestres jusqu'aux introspections surréalistes. Bataill... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Avant l'essai, des lettres de Bataille nous sont données à lire : un Bataille dépressif, pour lequel cet essai est fondamental.
Relativement court, mais très (trop ?) dense, ce texte cherche à mettre en lumière "la petite mort".

"Le sens de ce livre est, en un premier pas, d'ouvrir la conscience à l'identité de la "petite mort" et d'une mort définitive. de la volupté, du délire de la mort sans limites."

Plusieurs figures sont analysées dans cet essai : Bataille part de la naissance d'éros et nous emmène jusqu'aux Surréalistes. Entre les deux, une multitude de notions s'enchaînent sans que le lecteur ne parvienne toujours à s'y retrouver... Ainsi, il est question de la Conscience de la mort, de la mort et du "diable", viennent ensuite les hommes préhistoriques et les cavernes peintes. Plus tard, le Travail et le jeu sont analysés, puis La Fin, c'est-à-dire de l'Antiquité à nos jours où Dionysos intervient et revient avec l'idée de transgression et de fête (entre les deux, Bataille analyse notamment le travail, l'esclavage et la prostitution...).
Et cela n'est pas tout : l'auteur convoque Sade, Goya, Delacroix et quelques autres grandes figures... en moins de 70 pages (!) ... pour toujours montrer et chercher à démontrer ce lien fort et indéfectible, pour Bataille, entre l'érotisme et la mort.
Y parvient-il ? L'analyse plus profonde de certains thèmes abordés aurait-elle été plus décisive et convaincante que cette "série" de figures parfois effleurées ?

"Cette vérité, sans doute, n'a pas cessé de s'affirmer. Pourtant, si elle s'affirme, elle ne cesse pas d'être dérobée. Tel est le propre à la fois de la mort et de l'érotisme. L'une et l'autre en effet se dérobent : ils se dérobent dans l'instant même où ils se révèlent...
Nous ne pouvions imaginer contradiction plus obscure, mieux faite pour assurer le désordre des pensées."



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Que dire de plus que les critiques qui précèdent à propos de ce dernier opus d'un George Bataille vieillissant ? Art, érotisme, violence et mort, ce cocktail fondateur de sa pensée ne devait-il pas avoir un goût un peu plus amer pour cet écrivain philosophe qui voyait sa fin venir ?
A-t-il, quand le moment est venu, pu éprouver cette vérité de "la mort qui se dérobe au moment où elle se révèle" ? A-t-il, lui le premier, lui seul, démêlé cette "contradiction obscure" sans pourtant pouvoir - et pour cause - nous la partager ?
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Il s'agit d'un court essai philosophique qui tente de faire le lien entre l'érotisme et la mort, en s'appuyant sur l'art de la préhistoire jusqu'au maniérisme (à peu près). C'était intéressant, parce qu'assez facile à lire. Je ne suis pas une grande fan de philo, j'ai souvent l'impression que ça tourne autour du pot pour finir par conclure que le ciel est bleu, mais je pense que cette impression est due au fait qu'inconsciemment (ou non), on a intégré la plupart de ces concepts dans nos sociétés occidentales sans forcément savoir que quelqu'un avant nous avait lui aussi était capable de "penser". Dans le cas de cet essai, certaines choses m'ont paru évidentes, d'autres un peu désuètes, notamment le rapport à l'érotisme aujourd'hui, qui n'a pas grand chose à voir avec celui des années 60 (date de parution de ce livre, le dernier signé de Bataille juste avant "Ma mère", publié à titre posthume). Aujourd'hui on est plutôt bombardé par le sexe à longueur de journée, on a un rapport beaucoup plus décomplexé au sexe sans l'idée de procréation derrière, alors forcément, une partie de l'analyse de Bataille tombe un peu à plat. Ça reste toutefois une bonne idée de le lire, d'autant que j'ai commencé "Ma mère" et qu'on y retrouve ce qu'il a tenté de développer dans "Les larmes d'Éros". Par contre, c'est vraiment dommage de ne pas avoir de support image. L'histoire de l'art, ça va, je tiens à peu près la route, donc j'avais une idée assez précise des tableaux ou artistes cités, mais ç'aurait été un vrai bonus d'avoir un beau livre dans les mains avec toutes les images, afin d'appréhender plus facilement son approche.
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Un livre complexe qui ne m'aura pas apporté grand chose ! Heureusement que la lecture en est rapide.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Personne n'imagine un monde où la passion brillante cesserait décidément de nous troubler...Personne, d'autre part, n'envisage la possibilité d'une vie que jamais plus le calcul ne lierait.
La civilisation entière, la possibilité de la vie humaine, dépend de la prévision raisonnée des moyens d'assurer la vie. Mais cette vie- cette vie civilisée - que nous avons la charge d'assurer, ne peut être réduite à ces moyens, qui la rendent possible. Au-delà des moyens calculés nous cherchons la fin - ou les fins - de ces moyens.
Il est banal de se donner pour fin ce qui n'est clairement qu'un moyen. La recherche de la richesse - tantôt de la richesse d'individus égoïstes, parfois de la richesse commune - n'est évidemment qu'un moyen. Le travail n'est qu'un moyen..
La réponse au désir érotique - ainsi qu'au désir, peut-être plus humain (moins physique), de la poésie, et de l'extase (mais de l'érotisme à la poésie, ou de l'érotisme à l'extase, la différence est-elle décidément saisissable ?) - la réponse au désir érotique, au contraire, est une fin.
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Un moment n'a de sens que par rapport à l'ensemble des moments. Nous ne sommes chaque fois que des fragments dépourvus de sens si nous ne les rapportons à d'autres fragments. Comment pourrions-nous renvoyer à l'ensemble achevé ?
Tout ce que je puis faire, à l'instant, est d'ajouter une vue nouvelle, et s'il est possible, la vue finale, à toutes celles que j'ai proposées.
Je m'enfoncerai dans un ensemble dont la cohésion pourra m’apparaître à la fin...
Le principe de ce mouvement est l’impossibilité de la conscience claire à qui seule la conscience immédiate est donnée.
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Le christianisme fut, en un sens, favorable au monde du travail. Il valorisa le travail, aux dépens de la jouissance. Sans doute, il fit du paradis le royaume de la satisfaction immédiate - en même temps qu'éternelle... Mais il en fit pour commencer le dernier résultat d'un effort.

Le christianisme est en un sens un trait d'union faisant du résultat à venir de l'effort - de l'effort, en premier, du monde ancien - le prélude d'un monde du travail.
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Mais à la fin, l'obscurité impénétrable est la vertu élémentaire d'une énigme. Si nous admettons ce principe paradoxal, cette énigme du puits, qui répond d'une manière si étrange, si parfaite, à l'énigme fondamentale, étant la plus lointaine, celle que l'humanité lointaine propose à l'humanité présente, étant la plus obscure en elle-même, pourrait être en même temps la plus chargée de Sens. N'est-elle pas lourde en effet du mystère initial qu'est à ses propres yeux la venue au monde, l'apparition initiale de l'homme ? Ne lie-t-elle pas en même temps ce mystère à l'érotisme et à la mort ?
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Par la violence du dépassement, je saisis, dans le désordre de mes rires et de mes sanglots, dans l'excès des transports qui me brisent, la similitude de l'horreur et d'une volupté qui m’excède, de la douleur finale et d'une insupportable joie !
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Videos de Georges Bataille (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Bataille
Yannick Haenel et son invitée, Linda Tuloup, lecture par Emmanuel Noblet.
Depuis plus de deux décennies, Yannick Haenel éclaire le paysage littéraire français de ses romans singuliers, où se concentrent les désirs multiples et où nous côtoyons, souvent avec jubilation, l'univers de personnages en quête d'absolu. Au cours de ce grand entretien, un format qui lui sied particulièrement, l'écrivain reviendra sur ses passions. La peinture d'abord (il a écrit sur le Caravage un essai inoubliable), mais aussi le théâtre (son Jan Karski a été adapté sur scène par Arthur Nauzyciel), la photographie (Linda Tuloup sera à ses côtés), l'histoire… On parlera aussi de littérature, de celle qui l'aide à vivre depuis toujours, d'écriture et de ce qu'en disait Marguerite Duras dont l'oeuvre l'intéresse de plus en plus, et de cinéma, vaste territoire fictionnel dont il s'est emparé dans Tiens ferme ta couronne, où son narrateur se met en tête d'adapter pour l'écran la vie de Hermann Melville, croisant tout à la fois Isabelle Huppert et Michaël Cimino…
Écrivain engagé, il a couvert pour Charlie Hebdo le procès des attentats de janvier 2015, en a fait un album avec les dessins de François Boucq, et continue de tenir des chroniques dans l'hebdomadaire. Son dernier roman, le Trésorier-payeur, nous entraîne à Béthune dans une succursale de la Banque de France, sur les traces d'un certain Georges Bataille, philosophe de formation et désormais banquier de son état, à la fois sage et complètement fou, qui revisite la notion de dépense et veut effacer la dette des plus démunis. Mais comment être anarchiste et travailler dans une banque ? Seuls l'amour et ses pulsions, le débordement et le transport des sens peuvent encore échapper à l'économie capitaliste et productiviste…
Une heure et demie en compagnie d'un écrivain passionnant, érudit et curieux de tout, pour voyager dans son oeuvre et découvrir les mondes invisibles qui la façonnent.
À lire (bibliographie sélective) — « le Trésorier-payeur », Gallimard, 2022. — Yannick Haenel, avec des illustrations de François Boucq, « Janvier 2015. le Procès », Les Échappés, 2021. — « Tiens ferme ta couronne, Gallimard, 2017 (prix Médicis 2017). — « Les Renards pâles, Gallimard, 2013. — « Jan Karski, Gallimard, 2009 (prix du roman Fnac 2009 et prix Interallié 2009) — « Cercle, Gallimard, 2007 (prix Décembre 2007 et prix Roger-Nimier 2008). — Linda Tuloup, avec un texte de Yannick Haenel, « Vénus. Où nous mènent les étreintes », Bergger, 2019.
Un grand entretien animé par Olivia Gesbert, avec des lectures par Emmanuel Noblet, et enregistré en public le 28 mai 2023 au conservatoire Pierre Barbizet, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023
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