Comment dire à quel point j'aime Babelio ? J'ai pu découvrir tellement d'ouvrages grâce à Babelio, grâce à vos critiques à tous... Une nouvelle fois, dans le cadre d'une masse critique, j'ai eu la chance de découvrir une petite pépite qui permettra à tous de réfléchir.
Ceux qui lisent mes critiques depuis un petit moment savent que je lis beaucoup de récits biographiques, de récits qui peuvent heurter la sensibilité etc. Nous sommes dans ce type de récit avec @
Elle le quitte, il la tue. Vous n'êtes guère surpris j'imagine, en vue du titre choisi. Et pourtant, la mort en question a été d'une rare violence. Rare ? Pas autant que j'aurai pu le croire et je me suis réellement sentie ignorante quand j'ai lu les chiffres que l'auteure donne et explique...
C'est d'ailleurs la très grande force de ce récit : ce n'est pas un simple récit, il a été décortiqué pour faire comprendre ce qui n'allait pas, ce qui aurait pu être mieux fait et comment l'État pourrait, devrait agir. Sur beaucoup de choses la France semble être à la traîne et je me rends compte aujourd'hui que les féminicides (tiens, un mot que ne connait pas le correcteur d'orthographe du téléphone, j'ai dû l'ajouter au dictionnaire) fait parti de ces sujets qui sont laissés de côté bien que mis en avant. Je remercie l'auteure de son engagement ainsi que l'ensemble des associations qui militent pour faire bouger les lignes. Je n'imagine pas à quel point cela doit être difficile, frustrant de se battre avec autant d'acharnement pour finalement obtenir de petites actions de la part de l'État. Mais, sans vous et sans votre courage rien n'aurait changé alors merci.
J'ai fait des études supérieures en histoire de l'art médiéval. Dans ma thèse, j'ai travaillé sur la sémantique historique pour éviter d'appliquer des termes contemporains à une époque qui ne les entendaient pas ainsi. Ce livre m'a prouvé, à nouveau, l'importance du choix du vocabulaire par le biais de l'exemple du "crime passionnel". Je rejoins l'auteure qui refuse d'entendre ces termes. Cela laisse supposer que l'amour pourrait être une excuse à ce genre de comportement qui n'en mérite aucune. Alors, merci de m'avoir fait réfléchir sur ce type de terminologie que je n'emploierai plus désormais.
Le livre est édifiant et les annexes sont également très utiles. Les signaux faibles sont difficilement repérables mais d'avoir cette trame m'a permis de prendre conscience que j'ai été dans une relation qui commençait à sombrer dans la violence (le violentomètre). Une amie avait essayé de me l'expliquer sans que je le comprenne à l'époque. Puis, j'ai dit stop et divorcé à temps. Mais, j'ai ressenti une peur importante pour ma vie durant le divorce (nombreux messages d'où un changement de téléphone, puis de mails et la sensation, parfois vérifiée, d'être suivie)... On me disait que je devais me calmer... Finalement, peut-être que j'avais raison. Mais, tout ça, j'en ai parlé en thérapie et ça a été libérateur. J'ai apprécié que l'auteure se confie sur l'importance d'avoir un suivi psychologique car cela reste assez tabou et pourtant si essentiel.
Je vais confier ce livre à ma soeur, à ma mère puis à mes amies et collègues de travail. J'ai la chance d'avoir lu ce livre et je veux que d'autres en profitent car prendre conscience de tout ce qu'il contient permettra peut-être de détecter, d'insister, de parler, de questionner davantage... C'est une arme supplémentaire pour le combat contre la violence faite aux femmes.
Néanmoins, je voudrais simplement revenir sur quelques choses qui me chagrine un peu et qui m'a embêté dès la préface. Je ne nie pas le fait que les violences faites aux femmes sont majoritaires, doivent être punies plus sévèrement pour enfin cesser d'être banalisées. Toutefois, je pense qu'un homme qui serait battu par sa femme ressentira les mêmes difficultés... Ce récit met en avant le fait que la parole des victimes féminines est souvent remise en question (quelle honte d'ailleurs)... Mais, celle d'un homme qui irait porter plainte contre sa femme ?... L'égalité entre les femmes et les hommes devraient passer par ce type de réflexion : la violence est intolérable que ce soit contre un homme ou une femme. Il faut que les moeurs changent de manière profonde et sur tous les plans pour que les choses avancent. Parce que dans tous les cas, la violence est un acte de sauvagerie que ce soit à l'encontre d'un homme ou d'une femme.