Emprunté à la médiathèque dimanche 2 avril 2023
Un concentré d'émotions dans un contexte historique ignomineux !
L'immense plaisir de trouver à ma bibliothèque le dernier texte de cette journaliste-auteure...que j'avais noté à sa parution. Je me suis empressée de l'emprunter...suivant avec grande attention les publications d'Ariane Bois dont j'apprécie et le style et les sujets choisis...Thématiques nous interpellant toujours, mêlant la petite histoire des personnes et la Grande Histoire qui les meurtrit trop fréquemment.
Nous voici plongés dans les camps français de rétention et d'enfermement pendant la seconde Guerre mondiale et la montée du nazisme...Texte qui se situe plus spécifiquement dans celui des "Miles", dans le sud de la France...
J'ai lu ce récit romancé, quasiment, d'une traite, m'étant aussitôt attachée à nos deux protagonistes principaux :
Leonard Stein, jeune caricaturiste de presse, juif allemand, réfugié à l'été 1940 sur la Côte d'Azur, lorsqu'il est pris et expédié dans ce camp d'internement des " Milles"...
C'est dans ce lieu d'enfer que Leo rencontrera Margot Keller, volontaire d'un réseau marseillais de " sauvetage "; cette dernière se dévoue à l'infini, pour soulager, protéger comme elle peut , femmes, enfants réfugiés de tous pays...et bien sûr, les Juifs, en première ligne !!
Avec Leo, dont elle tombe éperdument amoureuse, ils vont s'aider et tenter de sauver le maximum d'enfants juifs , de la déportation...Deux Justes parmi tant d'autres !
Autre effarement: celui de retrouver parmi les captifs , un grand nombre d'artistes; parmi ceux-ci,
Max Ernst que Leo admire tout spécialement....Mais d'autres sont là....et au milieu de l'Enfer et de l'Innommable, il y a l'Art, le déploiement de création qui aident à " rester debout ", à ne pas désespérer totalement !
On sent très, très fort l'attachement intense de l'auteure à son sujet, aux personnages, à ce lieu ignomineux des " Milles" où elle retournera....je me permets de transcrire un extrait d'Ariane Bois, accompagnant, in-fine, la bibliographie...et montrant, si besoin était, l'émotion perdurante de l'écrivain vis à vis de ce lieu de tragédie, rendu possible par la soumission d'une trop grande partie de la
population !
"Sous le soleil de Provence, au son des cigales, à l'ombre de l'oubli, dix mille hommes furent internés dans un bâtiment austère de brique rouge, dont mille neuf cent trente-sept furent déportés.
Le camp des Milles est le seul grand camp français d'internement et de déportation encore intact.
Je l'ai découvert avant sa rénovation et son ouverture au public en 2012, grâce à
Alain Chouraqui, qui a oeuvré toute sa vie pour faire connaître l'histoire de ce lieu unique. Munie d'une lampe torche, j'ai plongé dans le noir absolu d'une usine à l'abandon, où résonnaient encore les cris des internés. J'ai admiré les oeuvres d'art, les graffitis, la fresque murale. La poussière rouge envahissait tout. L'ensemble m'a bouleversée, tout comme la détermination de mon guide à faire découvrir ce lieu, à l'inscrire dans une connaissance plus large des fanatismes et des génocides. le camp évoque la souffrance, mais aussi la création, la solidarité, et le courage de quelques uns.
J'ai écrit d'autres romans, mais les Milles ne m'ont jamais vraiment quittée. Un jour, j'ai décidé d'y retourner. (....)"
Un livre aussi éprouvant qu'exceptionnel et
malheureusement nécessaire, pour que les mots sauvent tous ces d'hommes, ces femmes,ces enfants
d'un autre crime inacceptable : L'OUBLI !