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EAN : 9782266338912
352 pages
Pocket (11/01/2024)
3.93/5   57 notes
Résumé :
« Après les avoir redoutées, ce sont désormais les périodes qu’il préfère, les grandes marées, il les attend, quand on ne peut plus circuler à pied et que l’eau pénètre partout. »

Le niveau de la mer est monté. La Rochelle, régulièrement submergée et sous contrôle de l’armée, s’est vidée de la plupart de ses habitants. Janvier Bonnefoi y vit dans la solitude, remontant en barque les rues noyées et ressassant la dispute qui l’a forcé, un an plus tôt, à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà. Nous y sommes. Remarquez, nous y sommes déjà n'est-ce pas ? Mais, là, avec Charlotte Doror, nous y sommes vraiment. le curseur est poussé plus loin, le retour en arrière est désormais impossible, ce qui nous pend au nez et nous est conté régulièrement ad nauseum se produit ostensiblement. Je parle du réchauffement climatique.

Les eaux ont monté à tel point qu'une ville comme La Rochelle est submergée. Lors des grandes marées seuls les étages des immeubles émergent ainsi que les phares si emblématiques de cette belle ville charentaise, notamment le phare rouge du Bout du monde, réplique du phare issue du roman éponyme de Jules Verne. La Rochelle est vidée de presque tous ses habitants, seuls de pauvres hères, notamment les vieillards, les malades, les plus démunis, celles et ceux ne pouvant pas se déplacer, sont restés et vivent au gré des marées dans des odeurs de moisissures, de salpêtre, d'humidité crasse. L'armée a pris le contrôle de la ville, les militaires côtoient les conscrits, ces personnes pacifistes qui se sont portées volontaires pour aider, apporter un peu d'éducation aux enfants, acheminer les vivres et les médicaments en barque aux impotents. Janvier est de ceux-là. Dans la plus extrême solitude, il aide donc, remontant en barque les rues noyées et ressassant la dispute avec son frère qui l'a poussé à quitter la ferme familiale en Lozère et à venir ici. Il aurait dû reprendre la ferme familiale pourtant. Au lieu de vivre reclus sur les eaux, il devait vivre reclus au milieu des brebis. de cette retraite en milieu quasi apocalyptique émerge une curieuse douceur humide, une étrange beauté de fin du monde, un charme suranné de palais vénitien dans le silence suspendu d'une ville endormie, capitonnée…

« Pendant les grandes marées, quand il s'endort le soir, il ressent encore en fermant les yeux le poids de son corps sur la barque, le glissement léger, le sillon éphémère laissé derrière lui, sur lequel il se retourne de temps en temps, le bruit des objets flottants, le plastique surtout, qui cogne sur la barque, celui des rames qui s'enfoncent dans l'eau brune. Des bruits doux, assourdis par l'eau mais qui résonnent délicatement, épurés, dans le silence alentour, comme les cloches d'une église en pleine campagne ».

Le jour où la ville, gangrenée par un virus, un variant d'Ebola sans doute, est évacuée manu militari, Janvier décide de rentrer chez lui malgré l'obligation de rester confiné dans un immense gymnase. Des centaines de kilomètres le séparent de sa mère et de son frère, distance qu'il va parcourir à pied et en vélo, en fuyard, sur les chemins de Charente et de Corrèze, des centaines de kilomètres enfin hors de l'eau où les tempêtes, les nombreux incendies, l'afflux de réfugiés climatiques, le repli identitaire et les attentats écologistes, les coupures d'électricité, le manque d'essence, les rationnements, la désinformation le disputent à la volonté fantasmée des gens de poursuivre une vie normale, volontairement inconscients ou délibérément aveugles face à l'extrême gravité de la situation. Des centaines de kilomètres où les conséquences du réchauffement climatique le disputent à la douceur du Cantal où la vie semble immuable, inchangée, où quelques traces de neige éternelle sont porteuses d'espoir. Une France aux distances soudainement distendues, où le littoral inondé, les épidémies consécutives, sont racontés dans le reste du pays avec la même distance que l'on prend pour évoquer les drames des pays lointains, « les tragédies des pays exotiques ou des civilisations anciennes ».

« Ses pas font comme une musique qui s'accorde avec le rythme de son souffle et celui de son coeur. Depuis longtemps, il n'avait pas entendu le bruit de son pas, seul, sur une route. Plus d'un an. Son pas chez lui, oui, mais c'était alors le paquet qui grinçait. C'était un pas d'intérieur, un pas domestique. Son pas dans La Rochelle, oui, mais le sol humide et poisseux engourdissait tous les sons. C'était un pas inaudible. Et là, régulier, résonnant, talonnant : c'est une marche ».

Dans une ferme du Cantal il fait la connaissance d'Adèle, frêle et mystérieuse femme qui lui offre le gite et le couvert en échange de son aide. Partagé entre l'appel du voyage vers sa terre natale et les promesses ambivalentes que dessine ce nouveau foyer, Janvier est bientôt rattrapé par d'encombrants compagnons d'infortune avec lesquels il doit surmonter ses instincts premiers, il doit composer, s'ouvrir et changer de points de vue. Alors que le monde est en train de s'écrouler, Janvier tente de se construire par lui-même, loin de sa famille et de ce frère dominant, en prenant des décisions et en écoutant son coeur. En faisant confiance. J'ai aimé cette ambivalence, cet antagonisme de la vie qui éclot en prenant son temps, en plein marasme. Cet entrelacement du temps long de la vie campagnarde selon les rythmes des saisons, de la vie des bêtes et des gens, à l'urgence extrême qui se joue par ailleurs pour sauver l'Humanité.


Le style est particulier. Les phrases sont courtes, nerveuses tout en étant poétiques sans fioriture et sans pathos pour autant. Un style direct qui sied bien à ce road movie, ce roman initiatique dans lequel le retour entravé fait irrésistiblement penser à l'Odyssée d'Homère. Ce livre est troublant car son côté dystopique semble si proche, si réel, si peu dystopique précisément. C'est la réalité dans une dizaine d'années, une vingtaine d'années, si le réchauffement climatique continue sur sa lancée. C'est troublant. Très troublant. Pas un livre post-apocalyptique mais bien « un apo »… Un apo où sauver sa peau permet de faire peau neuve…Et en même temps, le livre comporte une réelle beauté venant atténuer son côté effrayant. Une lecture que j'oserais qualifier de nécessaire.

Tout au long de ma lecture, l'évocation des grandes marées a fait remonter en moi la chanson de Bernard Lavilliers. Comme une envie de poser un extrait de cette chanson qui date et qui résonne étrangement tant les conséquences du réchauffement climatique ont un impact politique :

« Les rues n'ont plus de recoins, plus d'angles morts
Ça facilite les rapports de force
Il n'y a plus d'amoureux, plus de bancs publics
Nous sommes éternellement bronzés
Notre vocabulaire est réduit à 50 mots
Nous branchons nos sexes dans le secteur
Et nos spermatozoïdes sont calibrés et placés dans des banques
Ils servent de monnaie d'échange aux eunuques qui nous gouvernent
Notre société d'abondance fait merveille, il n'y a plus qu'une classe
Quoiqu'en y réfléchissant bien il y en ait une autre
Mais il est déconseillé de réfléchir
Nous ne faisons plus jamais l'amour, sauf de temps en temps
Avec les gardiens qui nous surveillent
Le mien est frigide
C'est la grande marée, la grande marée, la grande marée
La grande marée, la grande marée, la grande marée »


Merci à @Domm33 pour m'avoir donnée envie de découvrir ce premier roman de Charlotte Doror que je ne suis pas prête d'oublier !
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Le roman commence à La Rochelle où nous découvrons Janvier parcourant les rues inondées de la ville sur une barque.

Après un différend avec son frère, il quitte sa ferme familiale de Lozère, s'inscrit comme conscrit civil et part donc à La Rochelle où une grande partie de la population a dû partir suite à la montée des eaux, situation que l'on retrouve sur toutes les côtes.
Restent quelques personnes qui n'avaient nulle part où aller, pour la plupart, ou trop âgés pour quitter leur maison.
Janvier remplit la mission d'instituteur. Il doit passer pointer une fois par semaine auprès de fonctionnaires qui ne sont pas autorisés à donner des nouvelles de l'extérieur. En même temps, il fait le point sur la situation sanitaire de son école.
Il se lie d'amitié avec Wladimir, un vieil homme, persuadé que certains restent pour profiter des avantages de loyer, de nourriture et de services gratuits octroyés pendant cet état de crise et les garderont quand tout sera revenu à la normale. Situation dont profite d'ailleurs Wladimir. "Des familles, pas tellement, pas plus que celles qui sont recensées, mais des hommes seuls, des paumés, des migrants, de tout en somme. Et parmi eux, des types prêts à lui dégotter et à lui vendre n'importe quoi."

Mais la situation reviendra t-elle normale ? L'évacuation menace les rares habitants.

Les températures ont monté, l'eau des océans envahit les terres, les ouragans se font plus nombreux, les incendies aussi et les premiers cas de contamination arrivent. Il faut donc évacuer toute la population côtière. Un virus, certainement un variant d'Ebola commence à décimer la population.

L'armée évacue.

A partir de là, l'aventure de Janvier commence et j'avoue que, moi qui ne lis pas beaucoup de dystopies, j'ai vraiment adoré ce roman.
Certainement parce que les situations rencontrées sont très proches, voire identiques à celles que nous vivons déjà. Celles qui relèvent de la science fiction sont tellement crédibles et semblent tellement proches dans le temps que l'on ne peut que s'identifier et prendre en compte le message écologique fort distillé par Charlotte Dordor.

Janvier décide de rentrer chez lui en Lozère, il n'a pas d'autre choix de toute façon. Recherché par l'armée, il passe par les chemins et les bois, évitant si possible les grandes voies de circulation.
J'ai beaucoup aimé les descriptions de paysages et de régions traversées qui ne sont pas encore trop impactées par le réchauffement climatique. J'ai reconnu des endroits par lesquels je passe lors de mes vacances, ce livre reste proche de nous.

Sur sa route de retour, Janvier fait des rencontres qui lui offriront d'autres perspectives de vie.

Dans ce roman à l'écriture agréable, l'auteure nous brosse le tableau de la France du futur.

Face au dérèglement climatique, les mouvements écologistes sont parfois tombés dans l'extrême faisant des actions pas forcément utiles au message qu'ils veulent faire passer. le gouvernement, extrémiste lui aussi, est soutenu par une grande partie de la population, qui voit dans le contrôle de l'armée une protection contre les violences perpétrées.

Les migrants, chassés de leurs pays aussi par la montée des eaux, se retrouvent sur les routes de France. La méfiance envers les voisins et les étrangers jalonne ce livre.

Mais au centre de la France, loin côtes submergées, les habitants sont encore plein d'espoir et croient que la vie va revenir comme avant, malgré les rationnements qu'ils subissent pour le moment. L'auteure dénonce l'inconscience des populations face à une réalité bien présente .

Beaucoup de thèmes sont évoqués dans ce premier roman de Charlotte Dordor. Elle nous livre un message fort à prendre au sérieux, nous ne sommes vraiment pas loin de la situation qu'elle nous présente. le fait qu'il n'y ait pas de démesure dans l'histoire ni de pathos en fait un roman très crédible.

A mettre entre toutes les mains et toutes les consciences ;)

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Julliiard pour l'envoi de ce livre lors de la Masse critique de janvier.

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La Rochelle est sous l'eau. A chaque marée, l'intrusion se fait plus sévère, menaçant les bâtiments. La ville est sous le contrôle de l'armée. Lorsque l'évacuation est décidée, Janvier se fait déserteur, abandonnant sa mission de conscrit civil pour rejoindre la ferme familiale en Lozère, qu'il avait quittée un an plus tôt, à la suite d'une dispute.

S'en suit un road trip, dont le décor contraste avec l'ambiance apocalyptique des villes côtières : la vie semble se dérouler sans trop de dérangement, alors que la plus grande partie du pays regarde avec un sentiment détaché le drame qui ne les concerne pas directement.

En chemin les rencontres sont loin d'être amicales. Janvier s'arrêtera quelques mois dans une ferme presque abandonnée, en compagnie d'une jeune femme fuyant elle aussi un passé récent. Pourtant peu à peu, les manifestations d'une crise majeure apparaissent, coupure d'électricité, rationnement…

Ce voyage au long cours entre la Charente et la Lozère, parcouru à pied ou à vélo est aussi un voyage intérieur, qui permet à Janvier de faire le point sur sa vie. Roman d'apprentissage également, pour une formation pas toujours aboutie, puisqu'il apprendra mal à se méfier et continuera à accorder sa confiance sans réfléchir.


Il manque une colonne vertébrale qui donnerait un axe fort pour soutenir le propos, qui semble parfois se perdre au gré des pérégrinations du personnage. Un éclairage plus précis du contexte aurait peut-être contribué à renforcer l'intérêt pour l'intrigue, qui reste très introspective.


L'écriture de ce premier roman est agréable et le roman se lit sans déplaisir.

368 pages Julliard 5 janvier 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Voici mon retour de lecture sur le retour de Janvier de Charlotte Dordor.
Le niveau de la mer est monté. La Rochelle, régulièrement submergée et sous contrôle de l'armée, s'est vidée de la plupart de ses habitants.
Janvier Bonnefoi y vit dans la solitude, remontant en barque les rues noyées et ressassant la dispute qui l'a forcé, un an plus tôt, à quitter la ferme familiale en Lozère.
Le jour où la ville est évacuée, Janvier décide de rentrer chez lui.
Par les chemins de Charente et de Corrèze, il traverse une France minée par les tempêtes, le repli identitaire et les attentats écologistes.
Il découvre stupéfait un pays persuadé de pouvoir encore vivre normalement.
Dans une ferme du Cantal, il fait la connaissance d'Adèle, une jeune femme énigmatique qui lui offre le gîte en échange de son aide.
Partagé entre l'appel du voyage vers sa terre natale et les promesses ambivalentes que dessine ce nouveau foyer, Janvier est bientôt rattrapé par d'encombrants compagnons d'infortune.
Le retour de Janvier est une dystopie qui se passe dans un futur.. proche.. peut-être.
Car en fait il n'est pas daté.
Mais c'est une possibilité comme une autre pour notre monde à cause du réchauffement climatique, de la montée des eaux, des hausses de la température..
Janvier est un homme qui vit à La Rochelle, totalement envahie par les eaux. L'écriture est parlante et comme je connais cette ville ; je n'ai eu aucun mal à imaginer ce que cela pouvait donner si une telle catastrophe arrivait. J'ai bien visualisé les différents endroits, ce qui a ajouté à ma stupéfaction. J'espère vraiment que cela n'arrivera jamais, il faut avouer que ça fait froid dans le dos.
J'ai eu un peu de mal à accrocher parfois avec la personnalité de Janvier mais vu que nous sommes sur une dystopie, où nous ne savons jamais ce qui est réservé aux personnages ; je vous avoue que cela ne m'a pas dérangé outre mesure.
Janvier est un homme complexe, j'ai apprécié de suivre son périple.
Il est intéressant de découvrir que, malgré un changement total de notre monde, beaucoup essayent de faire comme si tout était normal. C'est crédible, car après tout le changement fait parfois peur, même quand il est là.. et bien là !
Le retour de Janvier est un bon roman, avec de nombreux rebondissements. Aimant bien les dystopies, j'ai apprécié ma lecture.
Pas de coup de coeur mais un joli quatre étoiles :)

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Je me suis laissée tentée après tant de critiques élogieuses mais la déception était au rendez-vous d'une histoire d'un ennui profond dans un monde sans grande imagination.
Côté positif, l'idée d'un road trip dans une France à l'agonie permet de brosser des tableaux et de nous faire découvrir des lieux connus mais méconnaissables.
Côté négatif, l'écriture qui aurait mérité un travail éditorial plus poussé (que de phrases mal structurées!) et les personnages, d'une platitude confondante.
Je n'ai pas du tout accroché malheureusement.
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critiques presse (3)
LeMonde
14 février 2023
Dans Le Retour de Janvier, le monde en question fait face à de violentes tempêtes et à la montée des eaux. Toute l’époque, pas très éloignée de la nôtre, où se ­déroule l’histoire est justement prise entre deux eaux : la catastrophe a-t-elle déjà eu lieu ou est-elle encore à venir ? Clair-obscur du désastre ou myopie de ceux qui y font face ?
Lire la critique sur le site : LeMonde
SudOuestPresse
19 janvier 2023
Avec ce premier roman de science-fiction, Charlotte Dordor signe l’odyssée intimiste d’un retour à soi, sur fond de crise climatique. Entre La Rochelle et la Lozère
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Culturebox
09 janvier 2023
L’histoire, qui se situe dans le futur, peut-être même dans un futur pas si lointain, est celle de Janvier Bonnefoi. Il a quitté la propriété familiale pour vivre à La Rochelle, ville prise par la montée des eaux. Là-bas il vit en solitaire, surveillant les grandes marées pour pouvoir se déplacer en barque et aller dispenser ses cours.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
À la lumière de sa torche, il attrape tout ce que peut contenir son sac à dos. Deux bouteilles d’eau, des biscuits. L’alcool de Wladimir lui tape sur le front quand il se baisse. Quelques vêtements, son téléphone. Machinalement, il saisit Belle du Seigneur, puis le repose. Il faut emporter le strict nécessaire. Dans la bibliothèque, il cherche quelques minutes. Dehors, les sirènes s’obstinent, implacables. Elles ne s’arrêteront plus. Il pense aux longs mois pendant lesquels il a amassé méticuleusement ce qu’il pouvait sauver de chefs-d’œuvre. Il faut encore sauver, mais plus vite, et moins. Pris d’un immense découragement, il se dirige vers la porte, fait demi-tour. Il ferme les yeux, pose ses mains sur une étagère au hasard. Le sort décidera. C’est Guerre et Paix. Il ne s’y résigne pas, le repose. Quel livre saurait contenir à lui seul tous ses désirs, tous ses besoins ? Ses yeux s’arrêtent sur un recueil de poèmes. Fureur et Mystère, de René Char. Pourquoi pas. Il y a au moins une promesse.
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Et puis un jour de grand sec, il avait poussé plus loin sa promenade habituelle au port, il était passé devant un haut bâtiment en verre dont les vitres du rez-de-chaussée avaient éclaté sous le poids de l’eau. C’était la médiathèque. Elle prenait toutes les inondations de plein fouet, même les plus faibles. Des milliers de morceaux de verre recouvraient le trottoir et le faisaient scintiller. Ils crissaient sous les pas de Janvier. Il pénétra par une fenêtre. Le spectacle était désolant. Il n’y avait plus une étagère debout ; des monceaux de papiers qui avaient dû être des livres pourrissaient sur le sol rongé. Par endroits, certains stagnaient dans des flaques tels des poissons morts, car le plancher se crevait. Au contraire, des centaines de pochettes de DVD affichaient une santé insolente. Le plastique triomphait dans son inutile pérennité.
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La barque glisse sur l’eau régulièrement, un train sur des rails. Depuis qu’il est là, son corps a eu le temps de s’accommoder à l’exercice, il a fait du muscle, dirait sa mère. Du muscle, mais pas seulement : le geste est fluide et assuré. Janvier maîtrise son embarcation, elle file à travers les rues silencieuses, on ne sent plus les coups de rame.
Après les avoir redoutées, ce sont désormais les périodes qu’il préfère, les grandes marées, il les attend, quand on ne peut plus circuler à pied et que l’eau pénètre partout. Alors on ne voit plus les murs décrépis, les objets qui jonchent le sol, les maisons qui menacent de s’effondrer, les trottoirs détruits. Inondée, la ville rutile, comme neuve.
(Incipit)
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Plus les incendies dévorent les forêts, plus les ouragans font rage et dévastent les édifices les moins solides, plus on se réfugie dans les illusions de la modernité. Après chaque tempête on arme son pavillon de béton supplémentaire et on ajoute la climatisation pour se prémunir de la prochaine canicule. On agit en aveugle sur les symptômes.
Commenter  J’apprécie          242
Il contemplait la montagne. La lumière rasante jetait son or sur les prés, à travers les frênes. Le silence et la chaleur figeaient l'air. Soudain, une note le déchira pour arriver droit au cœur de Janvier et continuer sa danse. Il reconnut les premières mesures d'une fugue de Bach, en mineur, qui lui revenait de loin.
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