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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 89 sur 103
EAN : 9782253142355
186 pages
Le Livre de Poche (18/04/2001)
3.41/5   88 notes
Résumé :
Il était midi et quart quand Maigret franchit la voûte toujours fraîche, le portail flanqué de deux agents en uniforme qui se tenaient tout contre le mur pour jouir d'un peu d'ombre. Il les salua de la main, resta un moment immobile, indécis, à regarder vers la cour, puis vers la place Dauphine, puis vers la cour à nouveau.
Dans le couloir, là-haut, ensuite dans l'escalier poussiéreux, il s'était arrêté deux ou trois fois, faisant mine de rallumer sa pipe, av... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai mis cinq jours pour lire ce Maigret de seulement 186 pages. Pourquoi ?
Parce qu'un Maigret ça se savoure, ça se déguste
C'est pas du canard c'est du poulet, n'empêche

C'est une récréation après deux heures de Sciences Physiques
C'est une balade sur la plage après le départ des touristes
C'est un bon petit plat arrosé d'un bon petit vin en terrasse
C'est "La première gorgée de bière" de Delerm

Ça sent la pluie grise de Paris
Ça sent le pavé cent fois martelé
Ça sent l'air vicié de la Seine
Ça sent l'humain, l'humain moyen

Celui qui se lève tôt pour gagner moins
Celui qui tue pour quelques sous
Celui qui effraie, qui triche et qui ment
Celui qui traverse la rue pour... s'asseoir sur un banc

C'est du garanti sans déception
Ça sent le quotidien, le banal,
Celui qui est tout simplement bon

Merci M. Simenon
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Une belle échappée dans l'univers de Maigret. Un patron de cabarets de Montmartre est déposé dans une ruelle trois jours après avoir été étranglé. Notre Maigret commence par éliminer les évidences. Ce n'est pas la manière de tuer du milieu. Et cet avocat, qui l'intrigue ? Un avocat ne peut tuer son client. Bon pour s'évader.
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D'emblée, le titre m'avait beaucoup intriguée. S'il est volontiers bougon et grognon, il est rare que Maigret pique une gueulante. Il a d'ailleurs raison : moins on en pique, plus celles qu'on tonne produisent leur petit effet. Je me demandais donc à quoi pensait exactement Simenon en nous parlant de "colère." On ne commence à comprendre qu'au chapitre sept - les "Maigret" comptent en général huit chapitres, plus rarement neuf - mais là, pour comprendre, on comprend !

Bon, alors, retour sur l'histoire : Emile Boulay, surnommé avec un vague mépris "l'Epicier" par le monde nocturne de Montmartre, disparaît une nuit, alors qu'il repartait dans l'une de ses innombrables tournées de vérification entre ses différentes boîtes de nuit. Il en possédait quatre dans le même coin, du côté de Pigalle et de la rue Blanche, et une cinquième, plus proche des Champs, dont il avait confié la gérance à son beau-frère, Antonio. C'est d'ailleurs celui-ci qui, inquiet de l'escamotage du mari de sa soeur, en parle à Lucas. Celui-ci, apercevant Maigret, qui rôde au même moment à la Brasserie Dauphine en se demandant si, oui ou non, il va prendre un apéritif (son ami, le Dr Pardon, lui a prescrit l'abstinence pour un temps), évoque à son tour l'affaire devant le commissaire.

Au début, pour Maigret, c'est du banal. Probablement un règlement de comptes. Mais Antonio n'est pas d'accord : Boulay n'avait pas d'ennemis et il n'avait pas de maîtresse. Ce qu'il aimait par dessus tout, c'était sa petite vie de famille, avec sa femme, Marina et leurs deux jeunes enfants, sa belle-soeur, Ada, encore célibataire, et même la belle-mère, venue tout droit de son Italie natale. C'est d'ailleurs ce mode de vie petit-bourgeois qui l'avait fait surnommer "l'Epicier" par les propriétaires plus flamboyants de night-clubs de même type. Au demeurant, à peine Maigret commence-t-il à se renseigner une fois le corps retrouvé - Boulay a été étranglé et son cadavre, conservé quelque part pendant trois jours, avant d'être déposé sur un trottoir - que les membres de ce milieu particulier ouvrent des yeux ronds et secouent la tête, avec, pour une fois, une franchise déconcertante. Etranglé, en plus ... Les truands n'étranglent pas : ils règlent leurs comptes au revolver, comme les Corses qui étaient "montés" liquider Mazotti, quelques jours avant la mort de Boulay.

Sur ce point, Maigret, l'intégralité de ses inspecteurs et donc ces messieurs du milieu sont tous d'accord : le coupable n'appartient pas à la pègre. Ou alors, c'est un vrai cave, un débutant miteux ... Mais à quel mobile aurait-il pu obéir ? ... Et puis, non, ça ne tient pas debout ... Et le fait d'avoir conservé le corps pendant trois jours, au mois d'août, à Paris ... Vrai, ça n'a pas de sens !

Comme presque toujours avec Simenon, le récit est si bien ficelé, si bien présenté et amené que le lecteur se laisse facilement emporter dans l'aventure. Très vite, lui aussi cesse de suspecter la pègre, si dédaigneuse des méthodes employées en l'affaire et même assez vexée à l'idée qu'on puisse imaginer qu'un des siens ait pu descendre si bas . Alors, bien sûr, on fouille un peu la vie privée de Boulay. Mais Maigret, Lapointe, Lucas et Torrence ont beau faire, là encore, tout tombe à l'eau : la "petite Italie" recréée pour son bonheur par le tenancier de boîtes de nuit est aussi idyllique que le soutenait dès le début un Antonio qui, on le vérifie aussi, se comporte de manière tout à fait réglo dans sa gérance.

En fait, on a le cadavre, on a des témoins qui l'ont vu encore qu'il était vivant et sortait du "Lotus" pour se rendre dans une autre de ses boîtes mais à part ça, même l'autopsie n'a pas donné grand chose. Ce n'est plus une enquête, c'est un casse-tête. Un petit coup d'oeil également sur les livres de comptes, cela va de soi : mais tout est en règle, là aussi. Boulay, et la chose était notoire, avait une sainte horreur de tout ce qui pouvait lui faire une mauvaise publicité quelconque. Déjà, qu'il ait été convoqué - comme tant d'autres - en tant que témoin pour la mort de Mazotti, ça l'avait tout révolutionné . Bien qu'il sût que la maréchaussée ne le suspectait en rien d'avoir trempé dans l'assassinat . La routine, c'est tout. Il y en a dans les boîtes de nuit, il y en a chez les flics, c'est ainsi : il faut bien que la discipline règne.

Maigret apprend tout de même que Boulay confiait ses déclarations d'impôts et sa comptabilité à un avocat qui plaidait parfois au pénal, Jean-Charles Gaillard. Un type réglo, lui aussi ... Mais certaines lueurs s'allument dans le regard du greffier qui relève pour Lucas les affaires plaidées par Gaillard. Et puis, il y a ce fonctionnaire des Impôts, que Maigret joint là encore par routine, et qui, après une certaine réserve, n'en finit plus de soutenir au commissaire qu'un jour, il coincera l'avocat. Pour l'instant, on ne peut rien prouver - et Dieu sait si le malheureux fonctionnaire a essayé, attrapant des migraines à vérifier et revérifier les déclarations établies par Gaillard. Mais rien : aucun détail bizarre, aucune erreur, tout respire l'honnêteté - avec, par derrière, et les Impôts ont en général le nez hyper-fin en la matière , une très légère odeur de pourriture ...

Seulement voilà : pas plus qu'un truand digne de ce nom n'étrangle celui avec qui il a des comptes à régler, un avocat - un avocat qui a pignon sur rue et une excellente réputation - ne songerait à tuer l'un de ses clients. D'autant que les "clients" de Gaillard le payaient gros. On ne tue pas la poule aux oeufs d'or ...

Revoilà Maigret à la case départ mais, à l'exemple de l'employé des Impôts, lui aussi a flairé quelque chose ... Et ce quelque chose, quand il en découvrira la nature, provoquera en lui une colère épouvantable, à tel point que, dans le bureau des inspecteurs voisin du sien, tout le monde se figera en entendant son poing massif s'abattre sur son bureau.

Un Maigret tout simplement passionnant, qui nous montre, sous un angle relativement normal et routinier, le milieu des boîtes de nuit bien gérées - c'est-à-dire sans drogue ni trafics pouvant provoquer la fermeture et attirer la honte sur des hommes comme Emile Boulay. Que ceux-ci ne soient pas légion dans le métier, c'est possible : mais il en existe et eux aussi ont leurs règles. Avec "La Colère de Maigret", on découvre le monde toujours un peu défraîchi, un peu trop clinquant, des bars d'entraîneuses et des clubs de strip-tease mais sans son côté glauque et désespéré, plutôt comme un théâtre à vocation à la fois commerciale et artistique - un théâtre admirablement géré. Boulay trichait peut-être - peut-être - sur ses déclarations d'impôts mais il ne se livrait à aucun trafic dangereux. C'était ... oui, cet ancien maître d'hôtel de la Transat avait une réelle mentalité d'épicier. Sans mystère, sans ombre, plate, sans surprise.

D'où l'aspect encore plus stupide et, oui, ignominieux de son décès. ;o)
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Emile Boulay, un petit bonhomme insignifiant....Après avoir travaillé sur les paquebots de la Compagnie Générale Transatlantique, il a acheté un cabaret, puis deux, puis trois, puis...Des endroits bien tenus, comptes en ordre, impôts régulièrement payés....Le milieu, par mépris, le surnomme l"épicier"...Si on ajoute qu'il aime sa femme et ne bouscule pas ses employées féminines...
Alors pourquoi a-t-il disparu en faisant, comme chaque nuit, sa tournée entre ses cabarets ? Pourquoi le retrouve-t-on mort, étranglé, deux jours après dans une rue de Paris ?
Maigret ne comprend pas, ses adjoints non plus. Dans le milieu on n'étrangle pas ! On ne garde pas non plus un cadavre chez soi pendant deux jours. On utilise une arme à feu et on laisse le corps sur le trottoir, là où il est tombé !
Maigret enquête, interroge sa famille, ses employés, se met dans ses pas pour aller, comme il le faisait le soir, d'un endroit à un autre pour vérifier qu'on ne manquait de rien, que les numéros se succédaient sans problème...Pourquoi Boulay s'est-t-il arrêté sur son trajet habituel ? Qui lui en voulait assez pour le tuer ?
Quand Maigret le comprend il est pris d'une immense colère ! Il était bien loin d'imaginer ce qu'il allait trouver !
Encore une promenade dans Montmartre...Ce que j'aime bien avec Simenon c'est qu'il ne nous étouffe pas avec des descriptions. Un ou deux détails, on imagine le personnage, la rue....On peut terminer un livre et ignorer la couleur des yeux de l'assassin, de la victime, mais on a vécu avec eux pendant plus de deux cents pages et on a l'impression qu'on sait tout d'eux...
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Le commissaire Maigret toujours sur le pied de guerre, surtout quand on retrouve en pleine rue, trois jours après son assassinat, Emile Boulay un cabaretier en plein Paris étranglé.
Méthode peu habituelle pour les gros bras du milieu, ok pour flinguer, pour larder, mais étranglé n'est pas dans les pratiques de ces messieurs.
Et puis la victime ne correspond pas au cliché du patron de boîte.
Il vit en famille, gère en bon père de famille ses trois cabarets, il n'a pas de maîtresse, pas de vices.
Les autres patrons l'appellent " l'épicier " c'est dire.
Maigret a beau chercher, il y a quelque chose qui cloche dans cette histoire.
Difficile de tromper plus longtemps le locataire du 36, il va remonter le fil jusqu'au principal suspect ténor du barreau mais surtout maître chanteur acculé qui finira par là où il a fauté.
En outre Obsédé par quelques images qui lui viennent des éléments fournis par l'enquête, Maigret laisse éclater sa colère à la fin du récit, en apprenant qu'on a abusé de son nom pour le mêler à une escroquerie
Enfin un bon polar classique
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Le Palais de Justice était à peu près vide, avec des courants d'air dans les vastes couloirs, et, quand il poussa la porte du greffe, il ne trouva personne. C'était curieux. N'importe qui aurait pu entrer, fouiller dans les classeurs verts qui garnissaient les murs jusqu'au plafond. N'importe qui, aussi, pouvait aller décrocher une robe dans le vestiaire des avocats, sinon s'asseoir dans le fauteuil d'un président de cour.
- Le Jardin des Plantes est mieux gardé... grommela-t-il.
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Chavanon ne se montrait guère enthousiaste. Maigret s'y attendait. Dans presque toutes les professions, il existe un esprit de corps. On peut parler librement les uns des autres, entre soi, mais on apprécie peu une intrusion étrangère. A plus forte raison quand il s'agit de la police !

(NDL : Maigret interroge à titre personnel un avocat (Chavanon) sur l'un de ses collègues.)
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[...] ... [Maigret] avait horreur de ne pas comprendre. Cela devenait une affaire personnelle. Il en revenait toujours aux mêmes images : Emile Boulay, en complet bleu, sur le seuil du Lotus, rentrant dans le cabaret, téléphonant, n'obtenant pas la communication, tournant en rond, téléphonant encore, puis encore, sous le regard indifférent de la demoiselle du vestiaire.

Ada était rentrée chez elle. Antonio s'occupait des premiers clients, rue de Berri. Dans les quatre cabarets, les barmen rangeaient leurs verres, leurs bouteilles, les musiciens essayaient leurs instruments, les filles se harnachaient dans des loges sordides avant de prendre leur place devant les guéridons.

Boulay parlait enfin à son correspondant, mais il ne partait pas tout de suite. Le rendez-vous n'était donc pas immédiat. On lui avait fixé une heure déterminée.

Il attendait de nouveau devant la porte, tirait plusieurs fois sa montre de sa poche et, tout à coup, se dirigeait vers le bas de la rue Pigalle ...

Il avait dîné à huit heures. D'après le médecin-légiste, il était mort quatre ou cinq heures plus tard, c'est-à-dire entre minuit et une heure du matin.

Au moment où il quittait le Lotus, il était onze heures et demie.

Il lui restait entre une demi-heure et une heure et demie à vivre. ... [...]
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Maigret ne suivait pas de plan établi. Il n'avait aucune idée. Il était un peu comme un chien de chasse qui va et vient en reniflant. Et cela ne lui déplaisait pas, au fond, de retrouver l'air de ce Montmartre-là, qu'il n'avait pas respiré depuis des années.
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Il y a des avocats qu’on voit rarement au Palais et qui n’en ont pas moins une clientèle importante… Ce sont ceux-là qui gagnent le plus d’argent… Ils sont avocats-conseils de grosses sociétés… Ils connaissent à fond les lois sur les sociétés et leurs moindres subtilités…
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