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EAN : 9782264052575
216 pages
10-18 (01/09/2011)
3.68/5   22 notes
Résumé :

Bouleversant de sincérité et d'intensité, un essai sur l'impossibilité d'écrire. Entre autoportrait impitoyable et brillante mise en abyme, une oeuvre magnifique de dépouillement, un éblouissant jeu de miroirs entre l'écrivain et cet autre qui ne cesse de l'inventer. Il y a plus d'un an, Carlos Liscano a commencé un roman qu'il ne parvient pas à terminer. Incapable de créer une autre histoire, il corr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
“Écrire c'est être assis, immobile dans l'agitation infinie.”

J'aurais pu troquer cet aphorisme pour une centaine d'autres, tant L'écrivain et l'autre regorge de formules similaires. Et pour cause il s'agit d'un journal dans lequel l'auteur dissèque avec une extrême précision son rapport à l'écriture et à la vie.

Peut-être l'ignorez-vous mais Carlos Liscano est un écrivain uruguayen incontournable en Amérique du sud. Il a été torturé et emprisonné 13 ans par le régime militaire en place en raison de ses convictions politiques : il était membre des Tupamaros, un mouvement d'extrême gauche. C'est entre 4 murs qu'il a appris la mort de sa mère et le suicide de son père ; entre ses 4 murs également qu'il a commencé à mettre des mots sur son vécu. Il a depuis publié plusieurs écrits, tous ovationnés à l'international avant d'évoquer en 2010 son rapport à l'écrit et plus largement à la littérature et d'exposer l'intimité de ses pensées.

L'écrivain et l'autre n'est donc pas un essai sur l'écriture – bien que certains passages puissent y faire penser et supplantent au passage le flot de médiocrités qui pullulent en librairie – mais plutôt un regard introspectif sur la démarche de l'écrivain, une dissection du processus et également, en filigrane, de l'homme. Pourquoi écrit-on ? Pour reprendre le pouvoir nous dit-il. Pour échapper à la place que le monde nous assigne. Comme on respire. Comment écrire ? En écoutant “la rumeur des mots”. En suivant “le “flair pour les mots, pour les phrases, pour ce qui pourrait être le sujet d'un livre. Parce que ce flair s'éduque, se développe avec l'activité, mais il précède la décision d'écrire."

Carlos Liscano distingue l'homme qui peut se sustenter d'une vie ordinaire du personnage de l'écrivain – indispensable selon lui, prioritaire même – dit “l'inventé”. L'un veut vivre, trouver l'amour, avoir des enfants, l'autre veut écrire au risque de ne plus savoir faire qu'observer. Il les présente comme 2 pans antagonistes et tente d'analyser leur étrange cohabitation.

On suit le fil de ses pensées et de ses errances, à mi chemin entre le constat poétique et la détresse pudique. Un récit d'une sincérité désarmante, très clairvoyant, à mettre entre toutes les mains qui doutent.

•°•°•°• A lire tout particulièrement si :
- vous avez le syndrome de la page blanche ;
- vous avez un rapport compliqué à l'écriture ;
- vous vouez un culte à Cioran ;
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Carlos Liscano est un écrivain uruguayen qui a été torturé et a fait 13 ans de prison dans son pays pour avoir été un des "tupamaros", ces militants révolutionnaires dans les années 70. Il a commencé à écrire en prison puis il a continué de le faire en Suède, le pays où il a choisi d'émigrer à sa sortie de prison. Il a publié plusieurs romans et nouvelles. Lorsqu'il commence ce livre, une sorte de journal de bord de son activité d'écrivain, il est de retour à Montevideo, la capital de l'Uruguay et il raconte qu'il n'arrive plus à écrire. Peu à peu, Liscano nous dévoile les ressorts intimes de sa démarche d'écrivain. Il nous explique que l'écrivain est double : il y a d'une part ce personnage, "inventé", qui est l'écrivain, quelqu'un qui ne regarde pas le monde comme les autres, et d'autre part "l'autre" celui qui, un jour, a eu cette idée étrange d'inventer l'écrivain qu'il voulait devenir, et qui, lui, est "comme les autres" et qui rêve d'une vie "ordinaire", avec une famille à aimer, des amis avec qui sortir, etc. La cohabitation entre ces deux êtres est difficile. le livre oscille entre des anecdotes de sa vie d'autrefois (son enfance, la prison, la Suède) et des moments de sa vie très solitaire d'aujourd'hui. Je n'ai jamais lu un texte où l'écrivain se met aussi à nu et trouve des phrases aussi belles, aussi déchirantes pour nous dire sa quête de ce qu'on peut appeler la Littérature, en se refusant l'espoir d'égaler ses "maîtres" (qu'il ne cite pas mais on peut les deviner), tout en gardant celui de faire œuvre littéraire. Cela donne bien-sûr envie de lire d'autres livres de lui.
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critiques presse (1)
Telerama
19 octobre 2011
Lucide, [l'auteur] demeure un résistant qui veut comprendre et combattre, en gardant la foi dans la création.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Entre 1982 et 1984, en prison, mon activité principale était la réflexion sur l'écriture. Ce n'était pas une réflexion ordonnée, pas profonde non plus. Elle était aussi primitive que peut l'être la réflexion d'un individu sans formation, sans expérience intellectuelle, isolé. C'était vraiment une réflexion douloureuse. On dit que la souffrance permet aux petits artistes de ressembler aux grands, et il s'agissait peut-être de ça. Les petits souffrent autant, mais jamais ils ne seront grands. C'est une injustice flagrante. Pourtant la souffrance en général, et celle du petit écrivain en particulier, n'a jamais été la garantie de quoi que ce soit, et encore moins d'une bonne littérature. (p.149 / Belfond, 2010)
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Jusquà quand peut-on en permanence ne pas se prendre au sérieux ? parce que chaque matin on se réveille et on a besoin de forces pour se réinventer. Parce que l'ironie empêche de croire à ce en quoi on sent qu'on devrait croire, détruit tout ce qu'on tente d'ériger. Parce que, derrière l'ironie, il y a toujours quelqu'un qui cherche à croire en quelque chose. Parce que même si rien ne vaut la peine on a besoin de soi-même. Parce que je suis encore vivant. Parce que je ne suis pas encore décidé à mourir. (p.15)
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«Tout écrivain est une invention. Il y a un individu qui est un, et un jour il invente un écrivain dont il devient le serviteur; dès lors, il vit comme s’il était deux.»
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«Parce qu’écrire, c’est ça : partir sans savoir où on va arriver. Sans même savoir si on arrivera quelque part.»
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L'écriture naît du combat contre la vie et la mort, aux confins de la nécessité et de la liberté. (p.9)
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Videos de Carlos Liscano (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carlos Liscano
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=53065&motExact=0&motcle=&mode=AND
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Broché ISBN : 978-2-343-11164-3 ? mars 2017 ? 162 pages
+ Lire la suite
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