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EAN : 9782266122214
384 pages
Pocket (22/02/2002)
  Existe en édition audio
4.25/5   2111 notes
Résumé :
De la guerre, le petit Martin connaîtra tout : les privations, les humiliations, la peur durant le temps passé au ghetto de Varsovie, l'horreur absolue des camps nazis à Treblinka, la fureur de vivre quand il s'en échappera caché sous un camion, l'abattement et aussi le suprême courage quand il apprendra qu'il a perdu tous les siens...
Et puisqu'il faut bien vivre, il s'engagera ensuite dans l'Armée rouge, puis partira aux Etats-Unis... Enfin la paix reviendr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (140) Voir plus Ajouter une critique
4,25

sur 2111 notes
Il est de ces livres qui restent comme tatoués à vie dans une vie.
Le jour de mes 11 ans, mon oncle m'offre mon premier gros livre d'adulte. Il s'agit d'"au nom de tous les miens". A l'époque, j'étais insouciante, centrée sur ma vie de collégienne avec ses soucis futiles et sans importance. Je ne connaissais absolument rien, ni de la guerre, ni de la Shoah. J'étais vierge du malheur et de l'histoire.
Je l'ai dévoré ce livre. Et quand je l'ai refermé, j'ai pleuré. Pour la première fois, j'ai pleuré sur un livre. Je n'arrivais pas à croire que tout cela ait VRAIMENT existé. Je ne pouvais même le concevoir et l'imaginer. Après cela, ma vie a pris une dimension bien plus étendue et universelle. Je me suis intéressée au passé, de ma famille puis de mon pays, puis du monde.
A l'époque, mon contexte familial n'étais pas facile. Je lisais dans le lit de mes parents car c'était un lieu rassurant et le seul lieu disponible. En lisant, je relativisais mes malheurs, et je me souviens avoir pensé que comparé à Martin, rien n'avait d'importance et que cela m'a aidé à traverser les épreuves familiales.
Je ne pourrais donc pas vous parler ni du style, ni du livre, juste vous dire qu'il y eu pour moi un avant et un après "au nom de tous les miens". Et que je ne serais pas celle que je suis, sans ce livre.
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Je viens de lire en ligne que Monsieur Martin Grey vient de mourir, rendons hommage à ce grand homme. Je vous souhaite bon voyage dans l'infini Monsieur Grey.
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Je reprends mon souffle. J'ai lu cet ouvrage d'une traite, en apnée. Mes mâchoires sont crispées, mes muscles endoloris, mes yeux brouillés.
Je ne jugerai pas l'oeuvre, d'autres l'ont fait avant moi avec beaucoup de justesse et de sensibilité. Je livrerai juste quelques réflexions, quelques émotions.

Martin GRAY raconte sa survie dans cette Pologne occupée, où les juifs voient des murs ceindre leurs quartiers pour en faire des ghettos, où des camps se préparent à leurs entreprises funestes.
Martin organise sa survie, du Ghetto de Varsovie au camp d'extermination de Treblinka, il observe. Il s'échappe à plusieurs reprises de la nasse, pour y revenir, quitte un camp pour en rejoindre un autre, s'imprègne de l'horreur pour en témoigner un jour, au nom de tous les siens.
Martin est mû par un amour infini, celui de la vie, un amour inconditionnel qui maintiendra la mort dans son ombre, alors que celle-ci s'acharne sur les siens.

L'homme a produit l'impensable, l'innommable, il a produit ce génocide ,quitté l'humanité pour embrasser le néant. Il garde en mémoire sa capacité à produire le pire.
Mais l'homme oublie, spécule, réinvente l'histoire. Assoiffés de pouvoir, certains encensent la haine pour mieux attirer leurs proies. Combien de génocide depuis le Ghetto de Varsovie, Cambodge, Rwanda, Tibet, Kurdistan, Soudan … L'homme oublie, on gaze en Syrie.
Alors ne nous leurrons pas, nos sociétés sont en danger, le pire est à nos portes.
L'Europe est en proie à une montée des partis populistes, nos démocraties sont bousculées, notre humanité trébuche, des migrants errent en méditerranée.
Je n'ai pas le naturel de l'apologie du pire, j'ai une foi inébranlable en l'être humain, je reste éveillé, vigilant et ne veux rien lâcher.

Merci monsieur GRAY pour votre témoignage, votre humanité et votre amour de la vie. Je n'oublierai pas.








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Lorsque Martin Gray, qui vient de s'évader du camp d'extermination de Treblinka, rencontre ses coreligionnaires dans un village voisin et tente de les convaincre de s'enfuir, argumentant des horreurs qu'il avait vécues. Ils ne le croient pas.

"Ils ne pouvaient pas me croire parce qu'il était impossible d'imaginer Treblinka."

Comment le croire en effet ? Leur incrédulité leur vaudra de subir ce à quoi Martin Gray tentait de les préserver. La mienne d'incrédulité, lecteur d'un temps décalé, averti de cette page de déshonneur de l'histoire de l'humanité, me vaut de rester médusé devant ce que j'ai lu. Parmi les innombrables et innommables atrocités qu'auraient vécues Martin Gray : étrangler des enfants, sortis miraculeusement vivants de la chambre à gaz, pour les préserver d'être ensevelis vivants dans les fosses que creusait inlassablement l'excavatrice !

On n'ose imaginer que ce fait puisse faire partie de la part de fiction ajoutée au récit par Max Gallo à une réalité déjà insoutenable. Faudrait-il en rajouter à l'horreur pour convaincre que l'effet serait inverse.

Pareille ignominie révélée ne pouvait être que "le cauchemar d'un fou" aux yeux de qui ne l'avait pas vécue, dit-il lui-même. le cauchemar se perpétuait donc devant l'impossibilité de convaincre, de savoir des hommes, des femmes et des enfants se destiner à Treblinka du seul fait de cette incapacité à l'envisager.

Et qui d'ailleurs pour survivre à pareil traitement ? Un homme jeune. Il n'a pas vingt ans. Un homme que le sort préserve pour faire revivre par le témoignage et la perpétuation ses êtres chers engloutis par la déferlante de la haine. Mais c'est un autre cauchemar que le sort lui réserve. le cauchemar du bonheur foulé aux pieds. L'incendie du Tanneron qui le privera une seconde fois de l'amour des siens dans la fournaise. Sans doute celle de l'inconséquence cette fois. Celle de l'acharnement du sort en tout cas.

Martin Gray est mort en 2016. Quelle que soit la part de fiction de son ouvrage rédigé par Max Gallo, une chose est certaine, il se savait attendu dans l'au-delà par ceux dont les tragédies l'avaient privé de leur amour terrestre. Ils n'étaient que des précurseurs pour un monde que tout-un-chacun espère dépourvu de haine.
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Il y a de ces ouvrages qui ne laissent pas indemne.
Des ouvrages qui ne peuvent laisser indifférent.
Celui-là en fait partie.

On pourrait dire que c'est un témoignage de la Seconde guerre mondiale parmi tant d'autres.
Après tout, toutes les biographies/autobiographies sur cet évènement sont terribles et méritent d'être lues…
M'enfin en tout cas, me concernant, je ne regrette pas d'avoir découvert le récit de Martin Gray.

J'ai appris l'existence de controverses sur cet ouvrage juste avant de commencer ma lecture. Cela m'a un petit peu refroidie sur le moment car j'avais envie de lire une « vraie » autobiographie/biographie sans éléments de fiction/romancés, maiiiis malgré les remises en question quant à la véracité de certains faits relatés, il n'empêche que je voulais lire ce témoignage depuis un long moment. Je ne me rappelle même plus depuis combien de temps il trainait dans ma PAL…

Au nom de tous les miens est construit de manière assez classique, c'est-à-dire avec une approche chronologique.
Tout commence à Varsovie, où Martin Gray voit, à dix-sept ans, se former le ghetto de Varsovie en 1940. Décidant de risquer sa vie chaque jour, il franchit les murs plusieurs fois dans la même journée afin de rapporter de la nourriture dans le ghetto. J'ai de suite été frappée par ce courage, cette résistance physique et mentale et cette rage de vivre. Tout cela me semble inimaginable. Mais bon, en même temps… si on ne m'avait pas raconté ce qu'il s'était passé durant cette période, jamais je n'aurais pu l'imaginer de moi-même… Alors bon. Étant donné le contexte, quand il s'agit de risquer sa vie ou attendre que la mort vienne nous chercher, peut-être le premier choix paraissait être le plus cohérent…

Le ghetto de Varsovie, c'est environ un tiers de l'ouvrage, pendant lequel, tout d'abord, le narrateur raconte comment il arrive à survivre avec l'aide de camarades. Par la suite, cela devient bien plus difficile. L'étau se resserre. Les rafles commencent en 1942 et se multiplient afin de déporter la population vers Treblinka.

Martin Gray finit par arriver lui-même dans le camp. Il y décrit l'horreur du quotidien, les scènes insoutenables, les morts, les suicides, et, pour lui, la volonté de survivre et de s'enfuir.

Son récit se poursuit à travers sa fuite, sa rencontre avec des gens qui l'aident - ou non - à obtenir un travail quand on veut bien de lui, en échange de nourriture et d'un endroit pour dormir.
Il évoque aussi ses tentatives d'aller à la rencontre de personnes, de juifs, pour leur parler de la réalité et de l'horreur de Treblinka ; et des juifs qui ne veulent pas l'écouter…
C'est vrai qu'à cette époque, le monde n'était pas prêt à faire face à la réalité de ce qu'il se passait. Je suppose que cela a du être insupportable de vivre en ayant vécu l'inhumain avec tout autour de nous ces gens qui ne veulent rien entendre… Et en même temps, comment leur en vouloir ?…

La force d'esprit de Martin Gray m'a semblé irréaliste à de nombreuses reprises. J'avais souvent cette impression qu'il était « héroïsé » et cela pouvait avoir tendance à me sortir de ma lecture. Après, c'est sûrement de par mon caractère et mon incapacité à pouvoir m'identifier à un personnage pareil que j'ai eu ce ressenti…

Le narrateur s'enfuit encore, survit, retourne à Varsovie. C'est à ce moment-là qu'il nous conte le soulèvement du ghetto, cette révolte armée de 1943.
Par la suite, Martin Gray rejoint ce qu'il appelle les partisans. Un groupe qui cherche à résister, se venger. Tuer. de la violence, encore, encore, encore.
Il intègre la NKVD, au sein de laquelle il finit la guerre. On le charge de traquer des collaborateurs, mais bien qu'il soit animé d'une envie de se venger pendant un moment, il a rapidement le sentiment de faire partie des bourreaux.

La troisième partie représente son départ pour une nouvelle vie. Il part à New-York, rejoint sa grand-mère et commence à faire des affaires pour faire fortune. Il ne se pose pas une seconde, finit par faire de nombreux allers-retours entre New-York et l'Europe. Pendant une partie de ma lecture, je n'ai pas du tout réussi à me sentir proche de lui car je ne comprenais pas ses agissements et je ne le voyais pratiquement jamais s'effondrer. Et puis j'ai fini par me demander si ce qu'il entreprenait n'était justement pas un moyen pour éviter de s'effondrer, combler un vide, faire taire ses pensées intérieures et ces images qui le hantent… On ne s'y attarde pas beaucoup, mais il m'a semblé qu'à un bref moment on a justement un entraperçu de ses sentiments teintés de désespoir...

Plus tard, il rencontre Dina. Cette partie de sa vie constitue alors la quatrième partie de l'ouvrage. le début semble être tout ce qu'il y a de plus utopique… je prévoyais la chute à venir, sans avoir envie d'y arriver.

La fin (la cinquième partie) était déjà annoncée dans la quatrième de couverture. Pourtant, ce fut une claque.

J'ignore si c'est l'ouvrage biographique sur la Seconde guerre mondiale qui me marquera le plus, mais il n'y a aucun doute sur le fait qu'il s'agisse d'un témoignage méritant pleinement sa place et la renommée qu'il a eue. Quant aux controverses sur la véracité de ses jours à Treblinka, je me dis que si Martin Gray ne les a pas vécu, alors cela reste toujours ce qu'ont vécu d'autres…
La seule chose qui m'a manquée est, je pense, ma proximité avec le narrateur. Comme je le disais ci-dessus, je pense que c'est dû à la façon dont il a été présenté. Sa force d'esprit ne peut que forcer l'admiration, mais elle m'a paru souvent peu réaliste et j'ai trop eu cette impression « d'héroïsation ». Peut-être parce que je suis ce genre de personne qui n'aurait jamais pu réaliser de tels exploits… Toujours est-il que j'ai ressenti tout du long une certaine distance avec le narrateur. (Sauf à certains moments et notamment concernant la fin, qui m'a pas mal impacté…) Certes il a vécu des choses si inhumaines que cela semble inconcevable sans l'avoir vécu, pourtant, j'ai eu davantage cette impression avec Martin Gray que pour d'autres narrateurs qui avaient aussi pourtant vécu des choses que je ne comprendrai jamais. Comme quoi…

Mais bon ! Tout ceci n'est que pur ressenti personnel. Il est indéniable, et je pèse mes mots, que cet ouvrage mérite d'être lu.
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Citations et extraits (121) Voir plus Ajouter une citation
C'est vrai, je suis devenu égoïste, c'est vrai je peux voir un mourant et passer près de lui sans m'arrêter. Parce que j'ai compris que pour le venger il me faut vivre, à tout prix. Et pour vivre, il faut que j'apprenne à ne pas m'arrêter, que je sache le regarder mourir.
Mon égoïsme c'est ce qu'ils m'ont laissé comme arme, je m'en suis saisi, contre eux. Au nom de tous les miens.
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C'est surtout le soir que je suis ainsi ,avec la haine de ma vie ,cette vie qui m'est restée .
"..... ............."
Le 2 octobre la veille de l'incendie ,ils couraient vers moi lançant leur cartable par-dessus leur tête........
J'ai pris une photo ce jour-là. Elle est là, devant moi .Le lendemain,il n'y avait plus rien de ma vie : ma femme et mes enfants etaient morts ; au- dessus du Tanneron s'effilochait une fumée noire. Je n'avais pas vu de flammes si hautes depuis le temp où brûlait le ghetto de Varsovie.
Alors aussi j'étais resté seul: de ma vie ,alors aussi,il n'y avait plus rien,que moi vivant.
J'étais sorti des champs de ruines,j'étais sorti des égouts , j'étais sorti de Treblinka et tous les miens avaient disparus .Mais j'avais vingt ans,une arme au poing ,le forêts de Pologne etaient profondes et ma haine comme un ressort me poussait jour après jour à vivre pour tuer.
Puis pour moi,après la solitude,semblait venu le temps de la paix: ma femme , mes enfants.
Et oui cet incendie ,le Tanneron en flammes,le crépitement du feu ,cette odeur et la chaleur comme à Varsovie.Et on m'a tout repris,tout ce qu'on avait semblé me donner: ma femme,mes enfants ,ma vie. Une deuxième fois il ne reste que moi vivant.
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‎Toute la journée, j’ai marché dans le ghetto. Des enfants fouillent dans les poubelles, une femme son bébé mort dans les bras mendie ; un couple élégant, l’homme superbe, bras croisés, la femme maquillée, chantent au milieu de la chaussée. Là on vend des livres par paniers entiers, ici un homme est allongé sans connaissance : sans doute le froid et la faim. Tout va mal : la mort est partout.
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Qui me rendra leur vie ? Qui me rendra la vie ? Je ne me suis pas tué, je parle, je mange, j’agis. J’ai traversé le temps où l’envie de mourir était ma seule amie. J’ai traversé le temps où la seule question était « Pourquoi, pourquoi moi ? Pourquoi deux fois les miens, n’avais-je pas assez payé mon tribut aux hommes, au destin ? Pourquoi ? »
Je parle : je dis le récit de ma vie pour comprendre cet enchaînement de folie, de hasards, ces malheurs m’écrasant.
Et je suis vivant, et je mange, et j’agis. J’ai voulu savoir, je viens d’un monde, ma préhistoire, qui m’a habitué à regarder la mort telle qu’elle est. Je n’écoute même pas ceux qui me disent : ils n’ont pas souffert. Je sais qu’ils ont atrocement souffert, quittant la voiture, s’enfuyant devant les flammes, Dina arrachant les talons de ses souliers pour mieux courir, enveloppant ses enfants agrippés à elle, gagnant quelques mètres sur la fournaise. Et tous d’un seul coup abattus par le feu.
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Les soldats ont forcés les SS à entrer dans le bus [...]
Ce n'étaient que des bêtes. Mais quand un soldat a versé de l'essence sur l'autobus, quand le feu bleu et jaune a jailli, que les hommes se sont mis à hurler poussant contre les tôles, que les soldats brusquement silencieux regardaient ces hommes mourir, j'ai bondi, je me suis mis à gesticuler, secouant les uns après les autres ces jeunes Russes fascinés, sentant qu'ils étaient en train d'être contaminés eux aussi par la guerre, qu'ils allaient devenir des bêtes aux visages d'homme comme ces SS.
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Vidéo de Martin Gray
Martin GRAY au Camp de Rivesaltes
>Histoire de l'Europe depuis 1918>Histoire militaire 2de guerre>Résistance (Deuxième guerre mondiale : 1939-1945) (41)
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