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Céline Gervais-Francelle (Traducteur)
EAN : 9782757821367
570 pages
Points (20/01/2011)
3.92/5   32 notes
Résumé :
Mon témoignage devant le monde, publié pour la première fois en France en 1948 et introuvable aujourd'hui, est l'œuvre magistrale d'un des grands témoins du siècle, Jan Karski (1914-2000). Ce résistant polonais fut le premier à témoigner de l'extermination des Juifs dans les territoires polonais occupés par les nazis. Mobilisé en septembre 1939, le catholique Karski est fait prisonnier par les Soviétiques, puis remis aux mains des Allemands. En novembre 1939, il réu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« Quand la guerre s'est achevée, j'ai appris que ni les gouvernements, ni les leaders, ni les savants, ni les écrivains n'avaient su ce qu'il était arrivé aux Juifs. Ils étaient surpris. le meurtre de six millions d'êtres innocents était un secret. « Un terrifiant secret » comme l'a appelé Laqueur. Ce jour là, je suis devenu juif. Comme la famille de ma femme, présente ici dans cette salle ….Je suis devenu un juif chrétien. Un catholique pratiquant. Et bien que je ne sois pas un hérétique, je professe que l'humanité a commis un second péché originel : sur ordre ou par négligence, par ignorance auto-imposée ou par insensibilité, par égoïsme ou par hypocrisie ou encore par froid calcul.
Ce péché hantera l'humanité jusqu'à la fin du monde. Ce péché me hante. Et je veux qu'il en soit ainsi. »

Propos tenus par Jan Karski invité à la Conférence internationale des libérateurs des camps de concentration organisée par Elie Wiesel et le Conseil américain du Mémorial de l'Holocauste.

Jan Karski, de son vrai nom Jan Kozelewski, né le 24 juin 1914 à Lodz et décédé le 13 juillet 2000 à Washington, a rempli les fonctions de messager au sein de l'Armia Krajowa, c'est-à-dire l'armée intérieure. Il a été un émissaire de la Résistance polonaise auprès du gouvernement polonais en exil d'abord à Angers, puis à Londres, de 1940 à septembre 1943. A ce titre, ses missions l'ont amené à vivre et à voyager dans la clandestinité et la lectrice ou le lecteur avec lui. Très isolé par mesure de sécurité, vivant sous différents pseudonymes, il a été une source précise de l'information auprès du réseau et du gouvernement polonais en exil. Torturé par la Gestapo dont il en a gardé les stigmates, sauvé par la Résistance, il est ainsi resté sept mois « au vert » avant de reprendre la guerre de l'ombre.

Ce témoignage m'a passionnée tant ce livre est prenant. le rythme du livre m'a captivée. Je ne sais qui a été la plume de Jan Karski, mais je lui reconnais un immense talent d'autant que je ne suis pas une initiée à ce sujet.

L'histoire de la Résistance polonaise est peu connue et peu évoquée. Ce pays qui a été à démembré entre l'Allemagne et l'Union soviétique, a toujours dû lutter contre les envahisseurs et le dépeçage qui s'en suivait voire sa disparition. Ce qui a donné, à ce peuple, un attachement profond à son identité au prix de son sacrifice. C'est ce que révèle cette période : la Pologne n'a pas eu de « quisling » « traduction : collabo ». le peuple n'a fait qu'UN derrière la Résistance dont les mécanismes m'ont stupéfiée tant l'organisation était remarquable comme ce gouvernement clandestin siégeant à Varsovie mais restant fidèle au gouvernement exilé d'abord en France puis en Angleterre. Les réseaux possédaient des ramifications étendues. Ce fut une lutte à mort pour la survie de ce peuple affamé par l'occupant. le principe de la responsabilité collective fut appliqué dès le début, c'est-à-dire, la vente ou achat de pain blanc ou la vente ou achat de viande au marché noir était passible de la peine de mort, sans parler de l'aide éventuelle aux juifs. Hans Franck aurait peut-être eu l'intention d'exterminer aussi le peuple polonais.

Ce qui m'a le plus impressionnée, c'est le chapitre consacré aux femmes agents de liaison. Elles étaient très exposées, constamment en danger, constamment surveillées par la résistance au cas où si elles étaient arrêtées par la Gestapo, deux ou trois heures après tous ceux qui étaient en contact avec elle, avaient déjà changé de nom et d'adresse. La vie moyenne d'une femme agent de liaison ne dépassait pas quelques mois et elles en étaient conscientes.

Jan Karski, pseudo « Witold » rédigeait des rapports sur l'état de la Pologne, sur la population, destinés à parvenir au gouvernement en exil sous forme de microfilms.

C'est ainsi que Jan Karski a eu la possibilité, aidé par deux juifs polonais, un bundiste et un sioniste, de pénétrer dans le ghetto de Varsovie. le récit qu'il en fait est très éprouvant, voire insoutenable, comme son infiltration dans un camp de concentration identifié comme celui de Izbica Lubelska par l'historien Joseph Marszalek. Cet homme n'était pas préparé à découvrir ces atrocités et c'est au péril de sa vie et de sa santé mentale qu'il s'est risqué à découvrir l'histoire sordide du XXème siècle. Il voulait témoigner, alerter, afin que l'humanité intervienne pour arrêter l'extermination d'enfants, de femmes et d'hommes innocents dans des conditions qui nous dépassent tous et qu'il nous est impossible de qualifier tant les mots nous font défaut et pourtant, ils ont été nombreux à prêter main forte aux nazis.

Lorsqu'il a présenté ces rapports à Roosevelt et à Eden comme à des personnalités juives en exil ou américaines, il n'y a eu qu'incrédulité et déni. Il en est de même du rapport de Witold Pilecki, chef de la Résistance polonaise, enfermé dans le camp de concentration d'Auschwitz pendant deux ans et demi, d'où il s'échappera en 1943. Ces deux témoignages recevront le même accueil en 1942 et 1943 pourquoi ?

Je voulais juste faire une petite digression. J'ai été surprise de découvrir que Raphaël Lemkin, inventeur du terme « génocide », très profondément marqué, dans les années vingt, par l'assassinat du peuple arménien, et Jan Karski avaient été dans la même université de droit à Lviv comme Hersch Lauterpacht, inventeur des termes « crime contre l'humanité ». Cette Université doit recéler d'excellents professeurs. (Voir le livre Retour à Lemberg de Philippe Sands).

Jan Karski a reçu le titre de « Juste parmi les Nations » et plusieurs statues lui ont été érigées à Lodz, Tel Aviv, New York….

Ce livre est particulièrement intéressant pour celles et ceux qui s'intéressent à ce sujet et je tenais tout particulièrement à remercier notre ami Jean-Pierre alias Kiélosa pour ses nombreux conseils de lecture.

NB : Je suis restée strictement dans le cadre d'un billet sur le témoignage de Karski et n'ai pas voulu m'en écarter pour aller sur le terrain de l'antisémitisme.
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L'homme est un animal politique, donc tout ce qui est humain est politique, il n'y a pas à sortir de là. - "Ah, mais moi, je peux très bien lire (un témoignage, un roman, un journal, etc.) en valeur absolue, pour le plaisir (le "plaisir", ce mot qui légitimerait qu'on refuse de réfléchir)" Non, ça n'existe pas, ça, l'art pour l'art, ou alors c'est très mauvais. Quand on embrasse une oeuvre, il faut accepter aussi l'auteur avec sa culture, son système, sa mauvaise foi... et finalement, c'est précisément ça qui est intéressant dans la lecture: l'AUTRE sous le papier.

Lire Karski est très intéressant. C'est le témoignage d'une époque, et dans ce témoignage tous les événements se réfractent. Par exemple, Karski ne doit d'avoir eu la vie sauve qu'à la collaboration des Communistes et des Nazis. Destiné au massacre de Katyn, il demande à être remis à l'armée de Hitler, et c'est grâce à cette collusion diplomatique qu'en fin de compte il a pu finir, un jour, professeur de relations internationales à Washington... Je ne sais pas si l'obscénité assez insoutenable du tampon de couverture "Par le témoin du film Shoah" dans le genre "Vu à la télé" est très digne, mais ça me rappelle justement que Karski avait déclaré s'être senti trahi par les découpages de ses propos dans le film susmentionné.

Un jour, peut-être, nous aurons la possibilité de lire, comme sur Karski, un livre sur Gabriel Péri, ignoblement récupéré par le PCF après la Libération comme "prototype du grand résistant"... alors que c'est justement le PCF qui, trouvant son anti-nazisme inacceptable en phase de négociation fraternelle avec l'Occupant, l'avait vendu à la Gestapo (voir lien infra)... Karski, Péri, et bien d'autres, témoignent de ce que fut réellement l'URSS dans la Seconde Guerre mondiale.
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Ce livre est un témoignage, témoignage d'un homme, témoignage d'une nation. Jan Karsky écrivit ce texte en 1944, avant la fin de la guerre et avec l'autorisation du gouvernement polonais. Il y raconte son histoire, celle d'un jeune qui du jour au lendemain se trouva plongé, comme tant d'autres, en pleine guerre. La Pologne laissée seule face à l'Allemagne ne put résister longtemps, Jan Karsky, en fuite, s'engagea dans la résistance et devint émissaire entre le gouvernement polonais en exil et les réseaux opérant sur le territoire.
Du rôle de la Pologne pendant la seconde guerre mondiale, je ne connaissais pas grand-chose, le ghetto de Varsovie, le camp de concentration d'Auschwitz Birkenau, rien sur le quotidien des polonais, les mouvements de résistances. Cette lacune est maintenant comblée.
Jan Karsky nous raconte son quotidien, la clandestinité, ses compagnons d'armes, l'état d'esprit du peuple pendant cette occupation. Il est précis, livrant sa vision de cette guerre et cette foi incommensurable en sa patrie et aux sacrifices à lui apporter.
Au-delà de son rôle dans la résistance, il fut également un témoin, celui de l'extermination du peuple juif. Les pages relatant ce qu'il a vu dans des ghettos et des camps sont difficiles à lire. Il agit en émissaire afin d'alerter les gouvernements alliés du sort réservé aux juifs.
Livre intéressant à plus d'un titre, on ressort de cette lecture ébranlé et avec, pour ma part, l'envie de découvrir ce pays tant malmené par l'histoire.
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Si l'on m'avait interrogé sur le rôle de la Pologne durant la seconde guerre mondiale, et cela avant que je lise le témoignage de Jan Karski, j' aurai sans doute prononcé les noms de Auschwitz,Gross-Rosen,Majdanek ,Płaszów,Stutthof,Varsovie,Belzec,,Chelmno,Sobibor,Treblinka,Łódź.
J'ai lu le témoignage de Jan Karski et ces noms, je les prononcerai encore.
Mais je vous dirai aussi la résistance polonaise, la survivance durant ces années de nuit et de brouillard d'un état clandestin.
Je vous dirai la force d'une nation qui n'a pas eu à connaître l'infamie de la collaboration.
Ce livre , publié en 1944, est bien évident essentiel.
En 1943, à Washington, il fut le premier témoignage auprès des nations, de l'indicible.
Jan Karski fut reconnu Juste parmi les nations en 1982.

Astrid SHRIQUI GARAIN
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Il me reste de la lecture de ce livre une impression de courage. Au milieu de toutes les catastrophes qui ont assaillies les Polonais¨: trahison des alliés, sauvagerie des allemands, cynisme des russes... ils ont tenus et jamais capitulé.

Si à chaque coin de rue en Pologne, il existe un Jan karski, il n'est pas étonnant que ce pays, malgré l'acharnement de la Prusse, de l'Autriche et de le Russie à le détruire, existe toujours.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Page 145 - Chapitre A l'Hôpital

Le cinquième jour, l'inertie au lit me devint intolérable. Lorsque la religieuse qui m'avait mis le thermomètre dans la bouche le premier jour se présenta, je la suppliai de m'apporter un journal. Elle me fit de gros yeux mais finalement y consentit. Elle alla dans le couloir demander la permission au garde. Il grommela son autorisation et elle revint avec un journal slovaque. Le titre, en énormes lettres noires, me fit l'effet d'une bombe qui exploserait dans ma tête "LA FRANCE A CAPITULE".

Mot à mot, car je ne connaissais pas suffisamment le slovaque pour comprendre chaque phrase du premier coup, je lus l'article qui détaillait ce titre. Je le lisais et le relisais comme si cette répétition pouvait modifier ce que j'avais pensé être un mensonge du lieutenant SS : le maréchal Pétain avait signé un armistice dans la forêt de Compiègne. Devant les allemands, l'armée française s'était complètement effondrée. Le vieux maréchal avait appelé ses compatriotes à une obéissance absolue. La collaboration……… L'Allemagne avait vaincu l'Europe occidentale. Il me fallut quelques minutes pour comprendre et réaliser les faits et je connus alors un véritable désespoir. Pendant des siècles, nous avions été liés à la France par des liens historiques et culturels. Et pour nous autres polonais, la France était une seconde patrie. Nous l'aimions de cet amour profond, irraisonné, dont nous aimions la Pologne. De plus, tout notre espoir de libérer la Pologne reposait sur la victoire de la France. Désormais je ne voyais plus aucune issue.

Puis je réalisais que l'article ne contenait aucune information sur le sort de la Grande-Bretagne. Je tournai les pages fiévreusement jusqu'à ce que je tombe sur le mot "Angleterre" et je lus alors : "L'Angleterre commet un suicide en poursuivant la résistance…." Je me mis alors à prier comme le faisaient tous les peuples libres, je suppose, en ces jours fatidiques, mais avec une passion connue seulement de ceux qui ont été vaincus. Je priai que soit donnée à Churchill la force de résister aux épreuves qu'il était en train d'affronter, je priai pour la résistance ferme et opiniâtre des combattants britanniques pour qu'ils n'admettent jamais la défaite, et je priai pour que le courage n'abandonne pas tous ceux qui n'avaient pas renoncé à la lutte. Tout le reste devenait secondaire devant ce fait capital : l'Angleterre ne s'était pas rendue, l'Angleterre résistait. Tout n'était pas perdu.
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Chapitre II - Prisonnier en Russie - Défaite de l'armée polonaise

Tous les cinq rangs, marchait un soldat soviétique armé d'une mitraillette. Le sort voulait que l'un d'entre eux se tint à un mètre de moi. Dès que j'ai tourné la tête pour mieux l'observer et apprécier mes chances, immédiatement il a saisi mon regard et m'a foudroyé du sien. Au même instant, quatre rangs devant moi, se produisit un léger mouvement. Mon cœur se mit à battre plus fort. Retenant mon souffle, j'observais ce qui se passait. L'homme qui marchait à l'extérieur du rang s'est glissé hors de l'alignement et a sauté dans la foule dans le dos du gardien.Celui-ci à continuer à marcher sans s'être aperçu de rien. Le gardien qui marchait à côté de moi n'a rien remarqué non plus parce qu'il observait attentivement "ses prisonniers". La foule* a immédiatement absorbé l'audacieux et la place vide fut aussitôt comblée par son voisin de droite. Tous les autres prisonniers se sont décalés d'une place et comme les rangs n'étaient pas très réguliers, , cette disparition fut ainsi camouflée.

Toute l'affaire n'avait duré qu'un bref instant. J'ai senti qu'un changement indéfinissable s'était produit dans l'attitude des prisonniers : un de leurs camarades venait de réussir à faire quelque chose de tout à fait différent et de bien plus sensé qu'eux tous jusqu'alors.

*foule polonaise
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Page 222 - Seconde moitié 1942

Les allemands publièrent un ordre interdisant tout mariage sans la permission des autorités. Dans presque tous les cas, cette autorisation était refusée, sous prétexte que le couple ne convenait pas au programme d'élévation du standard racial du peuple polonais. En complément à cet édit sans précédent, un autre décréta que tous les enfants "illégaux" pourraient être "confisqués" à leurs parents par les autorités et déportés dans des orphelinats du Reich.

Ainsi, lorsque par suite du premier décret, les villageois commencèrent à contracter des mariages secrets, le second décret entra en jeu. Les enfants de ces infortunés parents leur étaient invariablement arrachés. Souvent les mères tentaient d'emmener leurs bébés dans un autre village où elles pourraient se cacher. Cela réussissait rarement. la Gestapo utilisait toutes ses ressources pour retrouver la mère et emportait le bébé comme s'il était un chiot. Des milliers d'enfants polonais sont ainsi irrémédiablement perdus pour leurs parents. Personne ne sait exactement ce qui leur est arrivé.
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Je me souvins d'une rumeur qui avait cours deux ou trois jours auparavant, selon laquelle le gouvernement avait voulu ordonner la mobilisation générale, devant la menace allemande, et en avait été empêché, par les mises en garde des représentants de la France et de l'Angleterre. Il ne fallait pas « provoquer » Hitler. A cette époque, l'Europe croyait encore à l'apaisement et à la réconciliation. L'autorisation de mobiliser « secrètement » fut finalement accordée à contrecœur au gouvernement polonais, au vu des préparatifs, d'attaque effectués presque ouvertement par les Allemands (4)

[p. 36]

Note : (4) Par ses fonctions au ministère polonais des Affaire étrangères, c'est aux meilleures sources et non à de simples « rumeurs » que l'auteur puisait alors son information sur les pressions exercées sur Varsovie, plus particulièrement par l'ambassadeur de France Léon Noël, pour que soit rapporté cet ordre secret de mobilisation du 23 août 1939. Il concernait l'aviation, la défense aérienne et ordonnait la mise en alerte de combat, dans six circonscriptions, de 18 divisions, 7 brigades de cavalerie et 2 divisions et demie de réserve. La signature, le 25 août, du traité d'assistance mutuelle par lequel Londres renforçait sa garantie à la Pologne fit avorter – on le sait aujourd'hui – les manœuvres du ministre Georges Bonnet pour « annuler » le traité de 1921 liant la France à la Pologne. Cependant, Paris et Londres, cherchèrent encore à « sauver la paix à tout prix » par des solutions successives proposées à une négociation directe entre Berlin et Varsovie sur Dantzig et son « corridor ». Le 29 août, dans l'après-midi, informé que la Pologne se voyait contrainte d'ordonner la mobilisation générale, l'ambassadeur Léon Noël, en accord avec son collègue britannique, demanda aussitôt que la décision fût retardée « d'un temps suffisant pour ne pas faire ainsi le jeu de la politique hitlérienne » et que le mot « mobilisation » fût évité : il s'acharna à obtenir gain de cause après du ministre des Affaires étrangères Jozef Beck. La Pologne perdit ainsi vingt-quatre heures. Le 30 août, le président Moscicki déclara officiellement la mobilisation générale. On s'étonne donc de lire, dans la somme du grand Jean-Baptiste Duroselle, La Politique étrangère de la France. L'abîme 1939-1945 (Paris Seuil, 1990, p. 25) au paragraphe « Peu-on sauver la Pologne ? » cette assertion : « Par suite des illusions du colonel Jozef Beck, la mobilisation générale n'avait commencé que le 30 août. De formidables bombardements la désorganisèrent complètement ».

12 - [Points n° P2543, p. 500]
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... pendant la seconde moitié de l'année 1942, les Allemands publièrent un ordre interdisant tout mariage sans la permission des autorités. Dans presque tous les cas, cette autorisation était refusée, sous prétexte que le couple ne convenait pas au programme d'élévation du standard racial du peuple polonais. En complément à cet édit sans précédent, un autre décréta que tous les enfants « illégaux » pourraient être « confisqués » à leurs parents par les autorités et déportés dans des orphelinats du Reich.

Ainsi, lorsque par suite du premier décret, les villageois, commencèrent à contracter des mariages secrets, le second décret entre en jeu. Les enfants de ces infortunés parents leur étaient invariablement arrachés. Souvent les mères tentaient d'emmener leurs bébés dans un autre village où elles pourraient se cacher. Cela réussissait rarement. La Gestapo utilisait toutes ses ressources pour retrouver la mère et emportait le bébé comme s'il était un chiot. Des milliers d'enfants polonais sont ainsi irrémédiablement perdus pour leurs parents. Personne ne sait exactement ce qui leur est arrivé.

[Points n° P2543, p. 343]

Note : D'après l'historien polonais Czeslaw Madajczyk, 150.000 à 200.000 enfants polonais furent enlevés et déportés dans le Reich, toute trace d'eux étant irrémédiablement perdue. L'action de nettoyage ethnique entamée le 28 juin 1942 et qui s'est poursuivie jusqu'à l'été 1943, opération la plus citée, entraîna le sort tragique des 30.000 enfants de la région de Zamosc, déportés en camps de concentration.

1596 - [p. 543]
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Vidéo de Jan Karski
Yannick Haenel et son invitée, Linda Tuloup, lecture par Emmanuel Noblet.
Depuis plus de deux décennies, Yannick Haenel éclaire le paysage littéraire français de ses romans singuliers, où se concentrent les désirs multiples et où nous côtoyons, souvent avec jubilation, l'univers de personnages en quête d'absolu. Au cours de ce grand entretien, un format qui lui sied particulièrement, l'écrivain reviendra sur ses passions. La peinture d'abord (il a écrit sur le Caravage un essai inoubliable), mais aussi le théâtre (son Jan Karski a été adapté sur scène par Arthur Nauzyciel), la photographie (Linda Tuloup sera à ses côtés), l'histoire… On parlera aussi de littérature, de celle qui l'aide à vivre depuis toujours, d'écriture et de ce qu'en disait Marguerite Duras dont l'oeuvre l'intéresse de plus en plus, et de cinéma, vaste territoire fictionnel dont il s'est emparé dans Tiens ferme ta couronne, où son narrateur se met en tête d'adapter pour l'écran la vie de Hermann Melville, croisant tout à la fois Isabelle Huppert et Michaël Cimino…
Écrivain engagé, il a couvert pour Charlie Hebdo le procès des attentats de janvier 2015, en a fait un album avec les dessins de François Boucq, et continue de tenir des chroniques dans l'hebdomadaire. Son dernier roman, le Trésorier-payeur, nous entraîne à Béthune dans une succursale de la Banque de France, sur les traces d'un certain Georges Bataille, philosophe de formation et désormais banquier de son état, à la fois sage et complètement fou, qui revisite la notion de dépense et veut effacer la dette des plus démunis. Mais comment être anarchiste et travailler dans une banque ? Seuls l'amour et ses pulsions, le débordement et le transport des sens peuvent encore échapper à l'économie capitaliste et productiviste…
Une heure et demie en compagnie d'un écrivain passionnant, érudit et curieux de tout, pour voyager dans son oeuvre et découvrir les mondes invisibles qui la façonnent.
À lire (bibliographie sélective) — « le Trésorier-payeur », Gallimard, 2022. — Yannick Haenel, avec des illustrations de François Boucq, « Janvier 2015. le Procès », Les Échappés, 2021. — « Tiens ferme ta couronne, Gallimard, 2017 (prix Médicis 2017). — « Les Renards pâles, Gallimard, 2013. — « Jan Karski, Gallimard, 2009 (prix du roman Fnac 2009 et prix Interallié 2009) — « Cercle, Gallimard, 2007 (prix Décembre 2007 et prix Roger-Nimier 2008). — Linda Tuloup, avec un texte de Yannick Haenel, « Vénus. Où nous mènent les étreintes », Bergger, 2019.
Un grand entretien animé par Olivia Gesbert, avec des lectures par Emmanuel Noblet, et enregistré en public le 28 mai 2023 au conservatoire Pierre Barbizet, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023
+ Lire la suite
>Histoire générale de l'Europe>Histoire de l'Europe depuis 1918>Seconde guerre mondiale: 1939-1945 (252)
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