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EAN : 9782253124900
158 pages
Le Livre de Poche (14/03/2008)
3.92/5   18 notes
Résumé :

Même la giboulée de mars qui tombait depuis une heure était savoureuse, car elle donnait à l'atelier une couleur plus intime. On retrouvait les toits de Paris que la pluie laquait d'un noir bleuâtre et le ciel était d'un gris qui gardait une certaine luminosité.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce roman, qui vous occupera le temps d'une soirée, n'est certes pas le meilleur de Simenon.
L'intrigue (existe-t-elle vraiment ?) ne résiste pas longtemps à notre perspicacité. Le plaisir du lecteur se trouve ailleurs.
Dans la dextérité de l'auteur à conduire le récit avec si peu d'artifice.
Dans ces moments de bravoure, au détour d'une page, pour camper un personnage souvent secondaire, comme pour nous rappeler qu'il tient bien la barre et nous conduira au port sans heurts.
Simenon s'amuse . Est-ce à l'encontre du futur traducteur, de miss Anastasie... ou de la pudibonderie bourgeoise de l'époque ?
Il se réapproprie même la fameuse phrase de René Magritte : ceci n'est pas une pipe.
Comprendra qui pourra. (1)

(1) la citation vous éclairera sans doute ...
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Parmi les 117 romans « durs » de Georges Simenon, également nommés « romans de l'homme » ou « romans de la destinée », Les innocents occupe la dernière place chronologique. A ce titre, il a un parfum historique ; l'auteur a daté la fin de sa rédaction à Epalinges le 11 octobre 1971, jour où il annonce la fin de sa carrière de romancier.


C'est l'histoire de Georges Célerin, artisan orfèvre-joaillier dans un atelier créé avec son ami Brassier. Célerin est l'artiste, il dessine des bijoux dont la modernité et l'audace connaissent un succès croissant, et Brassier assure leur diffusion. Les associés ont des vies différentes : Brassier exhibe et disperse sa réussite à tous vents, voitures rouges de sport, villa arrogante avec swimming-pool, épouse-trophée experte en soins de son corps et magazines féminins. Célerin quant à lui, est un humble qui n'oublie pas ses origines modestes et se contente d'avoir accompli un pas social en avant. Il a épousé Annette, une assistante sociale qu'il aime plus que tout, plus que leurs deux enfants. Il est un bon mari, du moins le croit-il. Pour lui, être éternellement reconnaissant à Annette de l'avoir accepté suffit, il n'éprouve pas le besoin de lui prouver, de lui dire. C'est acquis.


Oui mais... La mort accidentelle d'Annette remet toute la vie de Georges en question. Que faisait sa femme dans un quartier hors de son secteur professionnel ? Et d'ailleurs, pourquoi, alors qu'il gagnait très bien sa vie, s'était-elle accrochée aux visites journalières de vieux, de pauvres, de malades, de centaines d'inconnus qui la privaient de connaître ses propres enfants ? Georges Célerin découvre 20 ans d'une vie conjugale en trompe-l'oeil, passés aux côtés d'une inconnue prise à tort pour une petite personne toute simple qui ne pensait qu'à se dévouer. Il remet en perspective des signes avant-coureurs, des mots qui au moment où ils ont été prononcés ne l'ont pas heurté, mais rétrospectivement, post-mortem, leur sens s'alourdit : « Vous êtes un brave garçon et je vous aime beaucoup. Nous serons toujours de bons camarades », ou encore « Je vois tant de misère que je ne suis pas difficile » lui avait-elle dit. A quoi avait-il jamais servi ? Sans lui, Annette aurait-elle pu vivre sans mentir ?


Certains des grands thèmes chers à Georges Simenon sont au centre de ce roman noir et émouvant : l'amour non réciproque, la vie conjugale anémiante, le mensonge, l'adultère, la trahison, le remords... Lorsqu'il m'arrive, trop rarement, de lire l'un de ses romans « durs », parfois je fixe mon regard sur quasi n'importe lequel de ses paragraphes, le relis jusqu'à l'usure de ma rétine, en me disant : « Mais comment cela est-il possible ? « Où est le truc ? » Comment avec des phrases brèves d'une telle apparente simplicité, dans un style qui frôle l'abstraction, l'auteur crée-t-il une atmosphère, fait-il revivre une époque, dessine-t-il un décor ; comment déterre-t-il une vérité humaine qui ramène la psychologie à un exercice basique, inutile ? Simenon n'explique pas, ne justifie pas, n'excuse pas, ne rit ni ne pleure ; Simenon observe ses personnages ordinaires poussés dans leurs retranchements les plus intimes à la suite d'évènements fortuits, dépouillés des apparences, mis à nu, réduits à leur plus simple expression.

Du travail d'orfèvre !
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N°388– Janvier 2010.
LES INNOCENTSSimenon (1971).

C'est une histoire simple que nous offre ici Simenon.
Georges Celerin a un bon métier, il est orfèvre à Paris et sa notoriété est grande. Il est associé avec un de ses amis, Jean Paul Brassier, marié avec Eveline, frivole et superficielle... L'affaire marche bien et avec les ouvriers de l'atelier l'ambiance est conviviale.

Georges a rencontré par hasard Annette, une assistante sociale assez réservée et pas vraiment belle et l'a épousée. Ensemble ils ont eu deux enfants, Jean-Jacques et Marlène, forcément différents. Georges est béatement et égoïstement heureux, les enfants grandissent sans que leurs parents s'en aperçoivent, le temps passe et les affaires sont florissantes. Malgré une certaine aisance financière, Annette qui vit son métier comme un sacerdoce, a tenu à garder son emploi, mais leur vie conjugale semble terne et un peu en marge. En fait chacun à son centre d'intérêt et s'en accommode. Après tout, cela peut paraître banal!

La vie aurait pu continuer à s'écouler, simple et tranquille, sans souci important, avec des projets en commun, le départ des enfants, mais là aussi, c'est le sens de la vie! Pourtant, par hasard, la mort frappe Annette, écrasée par un camion dans une rue de Paris. Tout bascule d'un coup pour ceux qui restent. Georges reste seul avec Nathalie, la domestique de toujours qui fait maintenant partie de la famille. Il est tenté de se laisser aller, pense au suicide, à l'alcool, mais pourtant l'avenir se dessine autrement et d'une manière favorable pour lui et son associé... Il faut bien que la vie reprenne et ses enfants ont encore besoin de lui!

Il se met à penser qu'il a vécu vingt ans à côté de sa femme sans peut-être avoir pu la rendre heureuse. Son emploi d'assistante sociale n'était peut-être qu'une échappatoire? Cette prise de conscience soudaine lui donne à penser que tous les deux, malgré leur bonne volonté et à cause de leur métier, sont peut-être passés à côté de leurs propres enfants qu'ils n'ont pas pris le temps de voir grandir! Maintenant ils vont quitter la maison et le vide laissé par Annette va s'accentuer encore par leur départ à eux...

Le hasard veut que Georges s'intéresse aux circonstances du décès de son épouse. Elle a été accidentée dans un quartier qui n'était pas le sien, dans un secteur où, d'ordinaire, elle n'exerçait pas ses fonctions et les témoins pensent qu'elle a délibérément cherché la mort, qu'elle sortait d'une maison inconnue... Il en conçoit des doutes et, vérifications faites, il obtient la preuve que que son épouse le trompe avec son associé, et ce depuis dix huit ans. Ce n'est pas une simple passade, mais une liaison durable faite de mensonges, d'hypocrisies et il doit bien admettre qu'il n'a rien vu, rien deviné de la trahison d'Annette, occupé à sa seule réussite, son seul bonheur, même si celui-ci était peut-être un peu convenu! Même Nathalie, dont la situation n'a pas échappé à son regard de femme, n'a rien osé dire. Comment l'aurait-elle pu?
Découvrir que son épouse l'a trompé pendant si longtemps, s'est moquée de lui, de sa famille, de ses enfants avec un de ses amis est inacceptable, d'autant que celui-ci, sans enfant dans son ménage, peut parfaitement être le père de Jean-Jacques et de Marlène. Cette révélation posthume, si elle peut faire naître dans l'esprit de Georges une culpabilité éventuelle, n'en établit pas moins une certitude «  Annette est morte deux fois !».

Face à cela, Georges se coupe du monde, laisse les choses aller à vau-l'eau pour finalement se séparer de cette associé volage qui lui part de son côté.

Au-delà de l'histoire racontée, c'est un rappel que nous sommes mortels, que la Camarde peut frapper au hasard quand nous nous y attendons le moins, que « rien n'est jamais acquis à l'homme », que le bonheur est fragile, que la confiance est un leurre, qu'on est toujours seul...

©Hervé GAUTIER – Janvier 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Simenon est devenu pour moi un auteur refuge. Je m'y lance en confiance car je sais que son style est d'une justesse très très rare. Les Innocents, c'est un roman court mais qui pourtant, contient tout ce qu'il faut. Il ne manque rien, tout se tient, rien n'est superflu. Un style impeccable.

Je sais que je me répète avec Simenon mais il faut le dire, ses oeuvres ne vieillissent pas. J'ignore si cela était volontaire de sa part ou non mais il n'utilise que peu de fois des éléments amenés à être dépassé. Il va à l'essentiel. c'est tout juste si j'ai l'impression de comportements surannés.

Il ne faut donc pas se fier à la longueur de Les Innocents, d'autres auteurs avec les même éléments feraient un roman plus long.

Dans ce roman, Simenon nous livre une histoire forte, d'hommes et de femmes, une histoire d'amour. Les faux semblants, les mensonges, le quotidien fond une oeuvre romanesque très juste, sans exagération. En cela, Simenon parvient à faire du réalisme mêlé à un romanesque efficace.
La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/les-inn..
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C'est le 1er livre que je lis de cet auteur pourtant si connu! J'ai bien aimé le style simple du récit , l'analyse psychologique des personnages qui nous amène au dénouement de l'intrigue, bien menée. On sent néanmoins qu'il s'agit d'un récit qui date un peu, mais le tout est de se plonger dans cette époque. à découvrir car l'intrigue est vraiment satisfaisante.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Comme si c'était un rite, il alla chercher la bouteille de calvados dans le buffet et en remplit quatre verres.
- ça, c'est la Justine, grommela-t-il en la désignant.
Quand elle a perdu son mari, elle ne savait où aller et je lui ai donné un lit dans la maison...
Justine ressemblait à un corbeau et n'osait pas ouvrir la bouche.
- Alors, à notre bonne santé à tous ...
Il vida son verre d'un trait. Annette eut un haut-le-coeur car l'alcool pesait au moins soixante-cinq degrés. C'était le vieux qui le faisait quand passait l'alambic.
- Elle trouve ça fort, hein ? On voit bien que c'est une mauviette de la ville...
- Elle est de la campagne aussi.
- Quelle campagne ?
-Dans le Nivernais...
- Si tu crois que je sais où sont tous ces pays-là...
Il la regardait des pieds à la tête comme il aurait regardé une vache à la foire et son regard s'arrêta sur le ventre de la jeune.
- Pas encore de petit dans le tiroir ?
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Il avait créé un clip pour sa femme, une chose très simple, car elle n'aimait pas les bijoux. C'était une feuille de chêne avec un gland, mais tout était dans la façon.

Annette fumait la cigarette. Elle le faisait nerveusement, en la retirant sans cesse de la bouche, puis elle écrasait le mégot dans le cendrier.
- Est-ce que tu fumes chez les gens que tu vas visiter ? lui avait-il demandé une fois assez naïvement.
Elle sourcilla. Dieu sait quelle arrière-pensée elle vit dans la question.
- Je leur porte des cigarettes, répliqua-t-elle assez sèchement.
Ou encore du tabac pour la pipe...
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Jean-Jacques lui avait conseillé de se remarier, comme si d'être un veuf était une chose honteuse. Et s'il avait envie de rester veuf ?
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- Pour sa part, elle ne m'aimait pas autant. Elle était ma femme... Elle m'aimait comme une femme doit aimer son mari. Pas davantage...
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Sait-on quand on est heureux ?
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Quel grand écrivain est l'auteur de près de 200 romans, l'inventeur de 8 000 personnages, et surtout, par quel livre pénétrer dans ce palais colossal ?
« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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