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Histoire du déclin et de la chute ... tome 1 sur 2

François Guizot (Traducteur)Michel Baridon (Préfacier, etc.)
EAN : 9782221012529
1187 pages
Robert Laffont (01/11/1983)
4.43/5   21 notes
Résumé :
« C'est à Rome, le 15 octobre 1764, alors que je méditais dans les ruines du Capitole et que les moines chantaient vêpres, pieds nus dans le Temple de Jupiter, que l'idée d'écrire l'histoire du déclin et de la chute de la Ville éternelle se fit jour en moi pour la première fois. » C'est par cette simple mais célèbre phrase que Gibbon relate dans ses Mémoires les instants d'inspiration qui devaient décider de sa vie d'historien. Son grand thème, c'est en effet Rome, ... >Voir plus
Que lire après Histoire du déclin et de la chute de l'empire romain, Tome 1 : Rome de 96 à 582Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Par ou commencer? ''The Decline and Fall'' (tome 1, donc le présent volume) est un monument, que dis-je, c'est même la ''Bible'' de cette période de l'empire Romain, depuis les débuts du règne des Antonins, qui marque alors l'apogée de l'empire, jusqu'à sa chute définitive (du moins pour la partie occidentale) universellement admise en 476. La suite et fin de l'empire d'orient, connu plus tard sous le nom d'empire byzantin, sera traité dans le second tome. Pour résumer très brièvement ces 1200 pages, Gibbon va parler de l'histoire politique de l'empire, de l'arrivée et de la montée en puissance du christianisme ainsi que de l'histoire des nombreux peuples ''barbares'' qui ont eu affaire à l'empire, ou à qui l'empire a eu affaire.

J'ai lu de nombreux livres qui traitaient de l'histoire de Rome, mais aucun de ces livres ne dépassait la période des Antonins. Cette longue période m'était complètement inconnue, en dehors de quelques évènements majeurs, et je suis très content d'avoir à présent comblé ce vide. Bien sûr ce que j'ai retenu reste une impression globale, les 1200 pages d'une écriture minuscule sur deux colonnes par page et très annotées contiennent un nombre d'informations tellement important qu'il m'est impossible de me souvenir des détails que j'ai lu. Mais peu importe, l'impression est là, ma connaissance n'en n'est pas moins approfondie et je suis très fier d'avoir fini ce premier tome. La réputation de ce livre ne s'est pas démentie en ce qui me concerne, et je ne peux que le conseiller pour ceux qui s'intéressent à cette partie de l'histoire, d'autant que comme je l'ai mentionné plus haut, Gibbon ne se concentre pas uniquement sur la région de Rome et de ses provinces, mais également sur de nombreux autres peuples et parties du monde.

Alors pourquoi quatre étoiles et non cinq? Et bien il y a tout de même certains points négatifs. Il faut avant tout savoir que ce livre a été écrit dans la deuxième moitié du 18ème siècle, donc certaines informations sont obsolètes et dépassées par des découvertes et révisions historiques plus modernes. de plus, et c'est ce qui m'a le plus dérangé, Gibbon montre un certain dédain sinon un profond mépris pour les peules et civilisations autres que romaines ou éventuellement grecques. Ce livre est donc empreint de remarques que nous qualifierions aujourd'hui de racistes, étroites d'esprit, et, son thème récurrent favori, profondément antisémites. Il serait pourtant dommage de passer à coté de ce monument de l'histoire, je maintiens donc mon fort conseil de lire ce livre, mais tout en gardant son esprit critique en éveil. Pour finir sur les points négatifs, les notes (très nombreuses) en bas de pages sont de Gibbon lui-même. Elles sont souvent assez inutiles et donc coupent le rythme de lecture pour pas grand chose sinon rien. J'aurais de plus préféré avoir des notes de l'éditeur, du traducteur ou je ne sais qui, bref des notes plus modernes qui n'hésiteraient pas à reprendre certains points invalidés depuis l'écriture de ce livre. Bien sûr supprimer les notes de Gibbon aurait été comme supprimer une partie du livre, ce qui est malgré tout impensable, et un ajout de notes plus modernes aurait apporté beaucoup trop de lourdeur à la lecture. Ce dernier point négatif est donc sujet à caution.

Pour finir, je vais me permettre un conseil (un peu pédant peut-être) pour ceux qui souhaitent découvrir l'histoire de Rome de ses début à sa chute. Mon conseil donc est de débuter, pour respecter l'ordre chronologique, avec le livre ''Histoire Romaine'' de Theodor Mommsen (tome 1. le tome 2 est semble t-il un tableau détaillé des provinces de l'empire, pas la continuité historique du tome 1. Je ne l'ai pas lu.), qui couvre l'histoire de Rome depuis l'immigration des hommes dans la péninsule italienne jusqu'aux guerres civiles entre Marius et Sylla. Bien sûr on pourrait commencer par un historien comme Tite Live, mais bien qu'étant une référence absolue, Tite Live a un peu trop tendance à confondre histoire et légende, ce qui n'est absolument pas le cas de Mommsen. Pour ce qui est de la période des guerres civiles et donc de la chute de la république, je pense que certaines vies de Plutarque pourraient aisément combler cette époque (Marius, Sylla, César, Pompée, Brutus, Marc-Antoine). Pour les débuts de l'empire, Tacite est une évidence (''Annales'', ''Histoires'') puis l'on peut enchainer avec Gibbon. Il s'agit bien sur d'une liste non exhaustive à laquelle on pourrait ajouter de nombreux autres auteurs, mais ces quelques livres que je viens de citer correspondent déjà à un volume de lecture très important, et suffisant à mon sens pour un (très bon) début.

Je fais une pause de trois ou quatre livres, (besoin d'aérer un peu mon esprit) et je poursuis avec le tome 2 qui couvrira donc l'histoire de l'empire romain d'orient (Byzance) de 455 à sa chute en 1453. J'ai hâte de l'entamer, mais petit pause quand même.
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Le livre d'histoire le plus célèbre en langue anglaise a son propre mythe fondateur célèbre :
C'est à Rome, le 15 octobre 1764, alors que je méditais au milieu des ruines du Capitole, tandis que les frères pieds nus chantaient les vêpres dans le temple de Jupiter, que l'idée d'écrire d'abord le déclin et la chute de la Ville a germé dans mon esprit.

Edward Gibbon a presque certainement inventé ce souvenir fantaisiste, mais l'érudition qui a contribué à son déclin et sa chute se tient toujours, telle une ruine romaine intemporelle : majestueuse, élégante et même sublime. 

Objet d'admiration, l'histoire de Gibbon déroule son récit de l'apogée de l'empire romain à la chute de Byzance.
Gibbon était peut-être un historien amateur (sa vie était autrement consacrée à gèrer la richesse considérable de sa famille et à servir dans la milice), mais son érudition est stupéfiante. Il était courant dans l'Angleterre du XVIIIe siècle de se référer à Virgile, Ovide ou Plutarque. Gibbon fait allusion à des passages de Strabon, Salluste, Sénèque, Macrobe et Longinus, parmi beaucoup d'autres.
Il y a cette érudition, certes mais aussi et davantage encore son style, dont les dévots ultérieurs incluent Winston Churchill et les plus grands poètes anglais. J'ai toujours eu l'habitude, écrivait Gibbon, de couler un long paragraphe dans un seul moule, de l'essayer par mon oreille, de le déposer dans ma mémoire, puis de suspendre l'action de la plume jusqu'à ce que j'aie donné le dernier poli à mon travail.

Declin et chute est une cathédrale de mots et d'opinions: sonore, impressionnante et sombre, avec des coins étranges et inattendus d'esprit et d'ironie, dissimulés dans des notes de bas de page bien judicieuses. 
Par exemple, au chapitre VII sur Gordien, il écrit :
Vingt-deux concubines reconnues et une bibliothèque de 62 000 volumes attestent la variété de ses penchants, et d'après les productions qu'il a laissées derrière lui, il apparaît que les premières comme les secondes ont été conçues pour l'usage plutôt que pour l'ostentation.”
Sa note de bas de page * fournit une coda pleine d'esprit : « Par chacune de ses concubines, le jeune Gordien a laissé trois ou quatre enfants. Ses productions littéraires n'étaient nullement méprisables.

Il était aussi heureux de moquer son immense entreprise : L'histoire n'est, en effet, guère plus que le registre des crimes, des folies et des malheurs de l'humanité. 

Gibbon aimait aussi assaisonner son récit d'apartés concis. Ainsi: La conversation enrichit la compréhension, mais la solitude est l'école du génie."

Deux mois après la première publication du premier volume de ce classique colossal, Gibbon se vantait auprès de sa belle-mère de la réception de son ouvrage : Il a été très bien reçu, par des hommes de lettres, des hommes du monde, et même par de belles dames à plumes.

C'est, en d'autres termes, une oeuvre d'intérêt universel, et d'influence intemporelle, incontestablement un magnifique classique de la littérature anglaise. 
Les adieux de Gibbon à son chef-d'oeuvre sont presque plus émouvants que son célèbre récit de sa genèse :
C'est le jour, ou plutôt la nuit du 27 juin 1787, entre 11h et 12h, que j'ai écrit les dernières lignes de la dernière page dans un pavillon de mon jardin... Je ne dissimulerai pas les premières émotions de joie sur le recouvrement de ma liberté, et peut-être l'établissement de ma renommée. Mais mon orgueil fut bientôt humilié, et une sobre mélancolie se répandit dans mon esprit à l'idée que j'avais pris un congé éternel d'une vieille et agréable compagne, et que, quelle que fût la date future de mon histoire, la vie de l'historien doit être courte et précaire.



Les notes de bas de page.
Gibbon écrivait ses notes en anglais, en latin et en grec,

les notes en anglais destinées à tous les lecteurs

les notes en latin pour ceux – moins nombreux – pour ceux qui pouvaient lire des remarques traitant de sujets plus frivoles

les notes en grec traitaient uniquement pour les happy few les aspects scabreux des écarts amoureux, on peut se référer aux notes savoureuses sur Theodora, avant qu'elle ne devienne l'épouse de Justinien...
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Réunies en deux volumes traduits dans un beau français du XIX°s, se trouvent une somme de science, une érudition vaste, une foule d'auteurs antiques connus ou non, qui rendent la lecture de ce volume très recommandable. La thèse de l'auteur, qu'il reprend aux polémistes anti-chrétiens de la fin de l'Antiquité, n'a guère de valeur historique (la conversion des Romains au christianisme aurait entraîné leur chute), et elle conduit ce grand savant à des outrances qu'on regrette, mais qui ne doivent pas empêcher de lire ce grand livre.
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C'est le chef d'oeuvre absolu en la matière. Livre de chevet de Winston Churchill, il éblouit toujours par la richesse de ses analyses et sa modernité. Les théories modernes sur l'effacement de l'empire romain, comme celles faisant intervenir des modifications du climat ou de grandes épidémies, paraissent en comparaison bien simplettes.
Je ne me lasse pas de relire ce livre.
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C'est la "bible" sur le sujet.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L'obéissance passive, qui plie sans résistance sous le joug de l'autorité et même de l'oppression, parut sans doute à un monarque absolu [Constantin] la plus utile et la plus estimable des vertus évangéliques... Les humbles chrétiens étaient envoyés dans le monde comme des brebis au milieu des loups ; et puisqu'il leur était défendu d'employer la violence, même pour la défense de leur religion, il leur était encore moins permis de répandre le sang humain pour la conservation de vains privilèges ou pour les misérables intérêts d'une vie transitoire... On a fait une comparaison odieuse de la conduite opposée à celle des premiers chrétiens qu'ont tenue les protestants de la France, de l'Allemagne et de l'Angleterre, quand ils ont défendu avec intrépidité leur liberté civile et religieuse. Peut-être, au lieu de reproches, devait-on quelques louanges à la supériorité d'esprit et de courage de nos ancêtres, pour avoir senti les premiers que la religion ne peut pas anéantir les droits inaliénables de la nature humaine.

pp. 535-536
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Marc Aurèle avait placé auprès de son fils les maîtres les plus habiles dans toutes les sciences. Leurs leçons inspiraient le dégoût, et étaient à peine écoutées, tandis que les Maures te les Parthes, qui enseignaient au jeune prince à lancer le javelot et à tirer de l'arc, trouvaient un élève appliqué, et qui bientôt égale ses plus habiles instituteurs dans la justesse du coup d'oeil et dans la dextérité de la main.
p.69
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ll paraît que le système théologique de Julien contenait les importants et sublimes principes de la religion naturelle. Mais la foi qui ne repose pas sur la révélation, manquant d'un ferme appui, le disciple de Platon retomba imprudemment dans les habitudes de la superstition vulgaire; et il semble avoir confondu dans la pratique, dans ses écrits et même dans ses idées, les notions populaires et les notions philosophiques de la Divinité.
p.637
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L'empereur Gratien était fort avancé dans sa marche vers les plaines d'Adrianople, lorsqu'il apprit, d'abord par le bruit public, et ensuite par le récit circonstancié de Victor et Richomer, que son collègue impatient avait perdu la bataille et la vie, et que les deux tiers de l'armée romaine avaient péri par le glaive des Goths victorieux.
p.783
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L'obéissance passive, qui plie sans résistance sous le joug de l'autorité et même de l'oppression, parut sans doute à un monarque absolu la plus utile et la plus estimable des vertus évangéliques.
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