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EAN : 9782266222426
696 pages
Pocket (10/04/2014)
3.81/5   89 notes
Résumé :
Lorsque Michael arrive à Durham, en Caroline du Nord, pour accompagner son père mourant, il ne connaît que très peu de choses de la ville. C’est pourtant le berceau de sa famille, ses parents y ont vécu jusqu’à ce qu’il vienne au monde, avant de s’installer au Texas. Et c’est là que Michael va faire une étrange découverte, relative à sa naissance. Ce n’est que l’un des nombreux secrets et non-dits familiaux, et tous semblent liés à la destruction, à la fin des année... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Très bon roman qui m'a fait découvrir une autre facette du racisme ordinaire à l'encontre des Noirs des USA. Ou comment sous prétexte de rénovation urbaine comment casser, détruire un quartier qui vit, fonctionne, tourne, mais où n'habitent que les Noirs....
Vraiment une découverte pour moi. J'ai aimé en découvrir les rouages. C'est d'un cynisme absolu !
Alors pourquoi 3 étoiles et demie ? Pour la fin un peu trop "too much" pour moi.... vraiment "trop".... Trop irréaliste, trop incongrue.... La fin m'a un peu déçue.... Elle m'a échappée et a dévalorisé le roman à mon goût.

Challenge pavés 2020
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Tandis que son père est mourant, Michael, auteur de bandes dessinées, ressent l'urgence d'élucider ce que sa famille lui cache, notamment autour de sa propre naissance. Il se rend en Caroline du Nord, auprès de personnes qui ont connu son grand-père maternel - décédé deux ans plus tôt - et se renseigne sur les proches de son père, à l'époque où il était ingénieur autoroutier. La quête identitaire se révélera très longue et riche en surprises, souvent sordides.

Le premier tiers de l'ouvrage m'a semblé interminable. L'auteur prend le temps de planter le décor, de nous sensibiliser à la politique urbaniste des années 1960 aux Etats-Unis, qui visait à chasser les Noirs des quartiers convoités par les Blancs - noeuds de communication stratégiques pour l'économie en plein essor.

Moins de manichéisme qu'on peut le craindre au début : l'alternance des personnages et des époques est très habile, elle parvient à nous rendre presque attachants, au fil de la lecture, des acteurs de ces drames perçus comme odieux via les premiers témoignages.

Excellent complément à 'La couleur des sentiments', ce récit montre la persistance de la ségrégation raciale dans les années 60-70 dans les Etats du Sud, le jeu inégal entre les Noirs, prêts à se battre pour les droits les plus élémentaires (posséder une maison, un commerce...), et les Blancs au pouvoir, qui pouvaient tout anéantir impunément avec quelques connaissances bien placées... La situation reste à ce jour difficile car, comme le rappelle l'auteur : "Le Ku Klux Klan n'est qu'un des nombreux groupes prônant la suprématie de la race blanche à être [encore] actifs dans le sud des Etats-Unis." (p. 592)

Bouleversant et révoltant. A lire si L Histoire des Etats-Unis vous intéresse... et si les pavés ne vous effraient pas.
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Voilà un roman qui m'aura permis de terminer l'année 2011 sur une lecture particulièrement passionnante. L'auteur ne vous dira sans doute pas grand-chose, sauf à être un lecteur de Science Fiction, car Lewis Shiner est d'abord un écrivain de ce genre littéraire. Mais son incursion dans le roman noir est plutôt une réussite, et pour une première, c'est une agréable surprise.

Ancien ouvrier du bâtiment, ancien dessinateur de BD, musicien et donc écrivain, on retrouve dans son roman « Les péchés de nos pères » certains des ingrédients qui ont fondé sa propre existence.

Ce livre est donc son premier roman noir. Et noir, il l'est profondément puisqu'il plonge le lecteur dans les affres d'une des pages les plus sombres de l'histoire américaine, celle de la ségrégation raciale et de la soumission des noirs américains à la suprématie blanche.

Le père de Michaël se meurt, rongé par un cancer qui chaque jour l'éteint un peu plus. Cela fait des années qu'il n'est pas revenu dans cette ville de Durham qui l'a vu grandir et où sa famille a toujours vécu. Travaillant dans la bande dessinée, il est parti construire sa réussite et bâtir sa vie bien loin de cette ville où plongent ses racines familiales.

Michaël revient donc près de son père avec qui il a tant de mal à communiquer. Mais les derniers souffles de la vie d'un homme peuvent parfois soulever des poussières sombres, accumulées sur les souvenirs d'une existence et mettre à jours des choses qu'on aurait souhaitées qu'elles ne remontent jamais à la surface.

Dès son arrivé l'atmosphère est pesante. Michaël devine que son père à des choses à lui dire, qu'un secret l'empêche de partir en paix. Mais celui-ci reste malgré tout fermé ou évasif. Alors Michael va chercher, près des siens, de ses parents qu'il n'a pas revus depuis des siècles, des anciens collègues de son père, à attraper ce fil de l'histoire qui lui échappe.

Comme quelqu'un qui buterait sur une racine qui effleurerait le sol, Michaël va finalement trébucher sur les siennes en apprenant qu'il n'est pas né l'année où il est censé l'avoir été. En les mettant progressivement à jour, il découvrira des secrets vieux de plusieurs décennies, qui l'emprisonneront dans la toile d'une histoire qui le dépassera, et dont pourtant il portera la trace dans sa chair et dans son âme.

Mais à remonter le cours de ses origines familiales, Michaël devra emprunter bien des méandres. Car ce jeu de piste tortueux va le conduire à un cadavre, enseveli dans les replis de l'histoire de cette cité noire à la pointe de la lutte pour les droits civiques dans l'Amérique de l'après guerre.

Ce cadavre c'est celui de Barret Howard, un activiste noir de l'époque, dont on avait fini par croire qu'il était soudainement parti pour le Mexique. Et Michaël de déchirer ce voile de silence qui enserrait la mémoire de son père dans un carcan de culpabilité venimeuse.

La mise à nue de la vérité va alors porter un éclairage cru sur l'histoire familiale qui s'inscrit au burin dans celle de ce quartier de Durham, Hayti, et qui embrasse celle de cette époque marquée de soumission et de luttes émancipatrices.

Lewis Shiner nous livre une fresque qui court sur près d'une quarantaine d'années. le lecteur suit des tranches de vie des différents personnages.

De Michaël bien sûr, qui à partir de la recherche d'un secret va finalement se lancer dans la quête de sa propre identité. de son père Robert de 1960 à 1970, jeune architecte prometteur, qui côté blanc, face émergée, se consacre à la conception de cette autoroute qui va dévaster le coeur de Durham, et côté noir, face cachée, qui se passionne pour la musique afro-américaine, découvre le vaudou, et se délivre dans un abandon de soi et une ivresse des sens. de sa mère Ruth enfin, issue d'une famille aisée, dont le père, un des plus gros notables de la région, dirige d'une main de fer ses affaires et orchestre la vie des siens.

Shiner arrive chaque fois à plonger son lecteur dans l'ambiance de l'époque. Truffée d'anecdotes, de petites scènes qui s'agrègent à la trame générale de l'histoire, il finit par dépeindre la réalité de cette société d'après guerre, violente, raciste et discriminatoire, shooté au développement économique. Une société où une seule goutte de sang africain dans les veines fait de vous un noir, alors qu'une goutte de sang européen ne fait pas de vous un blanc.

Mais sa véritable force, c'est de montrer que la haine se transmet comme un bien de famille, que ce que la société dominante lâche d'une main, elle le reprend d'une autre. Quand elle reflux comme une marée en laissant enfin accessible des droits civiques aux noirs, elle revient plus forte sur la vague du développement économique en emportant tout sur son passage, à l'image de cette autoroute qui dévaste et met à mort le quartier d'Hayti, où de ces multinationales qui vampirisent des terrains où s'entassent les plus pauvres, pour assurer leur propre expansion.

Ce roman est aussi une ode à la culture noire, de ces hommes soumis enfin debout et rebelles, qui ont su faire naitre dans leurs chants et de leurs danses, la petite flamme de l'espoir et de la liberté. Un roman d'où émane une certaine forme de mélancolie, non pas de cette époque révolue dans ce qu'elle avait de plus honteux, mais de cette contre culture comme un rempart au désespoir.

Enfin, c'est aussi une magnifique histoire d'amour, une pièce du puzzle dont Michaël ressentait l'absence, la clé dont il avait besoin pour ouvrir la porte de son passé. Un passé, qui oblige les enfants à assumer les péchés de leurs pères.

Bel exercice que ce premier roman noir qui mêle, ségrégationnisme, lutte pour les droits civiques, meurtre, groupes d'activistes, amour, musique et violence sociale.

Gageons que l'auteur renouvelle l'expérience, car il a visiblement toute sa place dans le roman noir !
Lien : http://passion-polar.over-bl..
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Évidemment c'est un livre honorable et hautement recommandable.
Mais quand même. Si l'on choisit d'écrire un roman plutôt qu'un essai, le minimum est justement d'insuffler du romanesque à son récit. C'est-à-dire de faire en sorte que l'on y croie, non parce que c'est vrai, mais parce que les personnages sont nos frères. Et là, ça coince.
Le début: le héros sent bien que sa famille lui cache des trucs. Et le lecteur comprend, lui, à des notations pas franchement fines (si j'osais, je dirais que c'est cousu de fil blanc) que le secret de famille a à voir avec le racisme
Changement de narrateur: le père se confesse. Récit intéressant mais sans ambiguïté, on se demande pourquoi il a autant attendu pour tout raconter.
Changement de narrateur : la mère se confesse. Ce qui pouvait encore être de l'ordre de l'hypothèse est désormais validé. On enfonce les portes ouvertes. le méchant est vraiment très méchant (Ce serait un truc à creuser: comme si "raciste" n'était pas en soi suffisamment abject, il faut rajouter deux ou trois tares au personnage pour bien enfoncer le clou).
Et comme l'auteur n'est pas fichu de sonder l'âme humaine, faute de donner chair, épaisseur et ambivalence à ses protagonistes, l'auteur fait du mystère avec ce qu'il peut: qui c'est l'assassin? Où elle est la bombe? Un coup de théâtre final nous rassure définitivement : le sous-texte sociologique n'est qu'un prétexte, on est dans un bon vieux polar classique avec ses codes et ses facilités.
Hautement recommandable donc mais décevant.
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Thriller époustouflant sur la ségrégation raciale aux États-Unis et hommage éclatant à la culture noire américaine.

Pionnier et vétéran du cyberpunk dans les années 80, avec les remarquables "En des cités désertes" ou "Frontera", explorateur impressionnant de la création musicale rock dans "Slam" ou "Fugues", Lewis Shiner démontre avec ce roman de 2008 (publié en français fin 2011) que l'on peut écrire des thrillers réellement sérieux et passionnants sans recourir à l'artillerie usuelle des "complots" toujours hélas davantage frelatée (avec d'heureuses exceptions telles ceux d'Antoine Bello).

Michael, dessinateur de BD de Dallas (Texas), se rend au chevet de son père, ingénieur de BTP retraité, en phase terminale d'un cancer des poumons à Durham (Caroline du Nord). En quelques jours, il va élucider le mystère de sa naissance, qui le hantait depuis toujours - et opérer un exceptionnel retour sur l'époque de cette naissance, à savoir la fin des années 60 et le début des années 70, lorsque la ségrégation raciale et les lois scélérates des états du Sud américain étaient enfin ébranlées, et que les organisations racistes, avec leur pouvoir économique et corrupteur, menaient un très efficace combat retardateur sur ces sujets (la loi de Virginie interdisant le mariage interracial ne sera abolie, il faut s'en souvenir, qu'en 1967 - arrêt Loving vs. Virginia - et l'Alabama et la Caroline du Sud ne modifieront leurs constitutions sur ce sujet qu'en 1998 et 2000...).

"En août, à Miami, Nixon a conclu un arrangement avec Strom Thurmond. Thurmond lui offre les électeurs blancs du Sud, et Nixon laisse tomber l'intégration des Noirs.
- Ce n'est pas possible. Nixon est un escroc et un raté. le monde entier le sait. Il ne peut pas être élu.
- Vous avez vu King et Kennedy se faire descendre, les flics de Miami et de Chicago péter les plombs sans même se faire taper sur les doigts, les soldats noirs revenir chaque jour dans des cercueils d'Asie du Sud-Est, et vous me dites que Nixon ne peut pas être élu ? L'été de l'amour est terminé, mon vieux. C'était un accident. Un contretemps. L'homme blanc s'est laissé distraire, il a desserré la vis un moment, mais maintenant il va la resserrer."

Passionnant de bout en bout, riche en rebondissements d'une construction très sobre, ce roman rappelle avec force, si besoin en était, que certains combats ne sont jamais vraiment terminés...
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Les gens très riches ont tendance à croire qu'ils possèdent les gens comme ils possèdent leurs aciéries et leurs puits de pétrole. Amasser une fortune et la conserver demande une certaine froideur. Il faut considérer que les sentiments des autres sont moins importants que les siens.
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Prises ensemble, les trois autoroutes représentaient des millions de tonnes de béton qui changeraient le visage du Triangle, de toute la Caroline du Nord, et permettraient à Durham de sortir de son coma en créant des emplois et de la richesse et en ranimant ce vieux rêve américain. Car, en dépit des discours de Barett Howard, c'était toujours un rêve auquel croyait Robert, un rêve où les emplois et l'argent n'étaient pas des fins en soi, mais les matières premières de la liberté.
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Les récits sont une épée à double tranchant. Ils remplissent le même genre de fonction que celle qu'avaient les chamans dans la société, ils expliquent, ils guérissent, ils préservent. Mais en même temps ils déforment et simplifient. Ils sont toujours une sorte de mensonge.
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Pourquoi une seule goutte de sang africain faisait-elle de vous un Noir, alors qu'une seule goutte de sang européen ne faisait pas de vous un Blanc ? (...) Son pénis était-il plus long, était-il plus apte à jouer au football, possédait-il un plus grand sens du rythme ? Et si tout cela n'était que fantasme ? (p. 351-352)
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C'avait jadis été une ferme victorienne classique avec une véranda tout autour et des pignons au premier étage, jusqu'à ce qu'une personne plus ambitieuse que talentueuse ne décide de l'agrandir.
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