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Stanley Hoffmann (Préfacier, etc.)
EAN : 9782253130864
150 pages
Le Livre de Poche (04/05/2005)
3.18/5   11 notes
Résumé :

Au deuxième anniversaire du 11 septembre, au cœur d’une agitation médiatique signant des temps toujours troublés, une réflexion nécessaire. Terrorisme, islamisme, sécurité internationale : loin de l’anti-américaniste primaire, adversaire de tous les sectarismes, Todorov nous invite d’une façon claire et pédagogique, en huit courts et denses chapitres, à revoir notre façon de r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Publié en 2003, le livre revient sur le "désordre mondial" occasionné par l'intervention américaine en Irak. Il se compose de trois chapitres qui forment un pamphlet contre la politique impérialiste des Etats-Unis, de deux chapitres qui questionnent les rapports entre la force et le droit et font l'"éloge du pluralisme" et enfin, de trois chapitres qui sont une ode au projet européen et en propose un approfondissement.
La valeur du discours est plus que mitigée : le formalisme qu'emploie le philosophe à identifier les raisons véritables de la guerre et les entorses formelles à l'éthique libérale et à la démocratie par les Etats-Unis dans la première partie sont en effet très exactement démenties dans la troisième...

En effet, Tzvetan Todorov fait l'"éloge du pluralisme", de la nécessité du respect des souverainetés nationales, de l'échange et du dialogue dans un monde multipolaire qui doivent remplacer les politiques impérialistes. La démonstration étant brillante, on est convaincu. Puis, paradoxalement, il propose une "puissance tranquille", l'union européenne, qu'il présente sans appliquer aucune des recommandations qu'il a précédemment présentées. Il décide de son propre chef des frontières de cette Europe et, encore plus paradoxal, de son homogénéité : une armée, un président, une langue. Pour ce faire, il reprend pour cette Europe l'idée du "noyau dur" - qui revient incessamment depuis que Wolfgang Schaüble et Karl Lamers l'on proposé en 1994 - sous la forme de trois cercles concentriques, où il décrète péremptoirement d'en exclure les pays du Maghreb et la Russie, mais d'y inclure la Biélorussie et l'Ukraine. La raison invoquée pour exclure les pays du Maghreb est édifiante : "pris ensemble, ils représentent une masse trop importante", écrit-il après avoir, quelques pages plus tôt, cité Jürgen Habermas : "la reconnaissance des différences - la reconnaissance mutuelle de l'autre dans son altérité"... La reconnaissance mutuelle de l'autre dans son altérité aboutit donc à considérer comme un seul un groupe de plusieurs nations... sic, sic, sic, resic et re-re-sic...
En outre, l'idée d'un "noyau dur" est une conception de l'esprit qui permet de visualiser simplement une organisation complexe, mais qui n'a aucune réalité, ni juridique ni politique. Qui déciderait que tel pays intègre pour l'éternité tel ou tel noyau ? Ce serait former un nouvel Etat et, sauf à nier la démocratie, il n'y a que les peuples qui peuvent en décider.
De plus, cette idée de "noyau dur" est déjà mise en oeuvre, à un degré qui n'atteint pas évidemment celui de la formation d'un nouvel Etat : la zone euro, qui existait en 2003, en est une matérialisation. Et par ailleurs, les traités européens, loin d'empêcher les rapprochements des Etats, les favorisent fortement (aujourd'hui article 20 TUE). Si aucun accord n'est passé entre les Etats, c'est que le problème se situe sur un autre niveau que la seule "idée" ou la seule "volonté".
Enfin, on aurait aimé que l'auteur nous détaille la manière dont les instances européennes décideraient d'engager cette armée européenne (le philosophe a bien noté la scission au sein même de l'Europe concernant l'Irak : peut-on en rester à l'idée que décider de nommer un président européen qui aurait des pouvoirs coercitifs soient une solution satisfaisante après avoir chanté la démocratie et les dialogue entre les peuples ?), comment l'Etat major de cette armée européenne s'organiserait (faut-il restructurer l'armée chaque fois qu'un Etat rejoint l'Union... ou la quitte - on aurait aimé là aussi une opinion de l'auteur qui, ironie de l'histoire, mais son impasse n'est pas pardonnable, car il en soulevait la question sans y répondre, souhaitait confier les commandes de cette armée aux britanniques...).
Mais ces péroraisons sont inutiles, il suffit de noter que dans son projet européen, l'auteur ne mentionne pas une seule fois les populations ; ce qui démontre l'illusion de la deuxième partie de son discours, qui n'applique en rien les préceptes qu'il avait si bien su dénoncer dans les trois premiers chapitres.

C'est donc avec beaucoup de déception que l'on achève la lecture d'un essai si bien entamé. On reste convaincu de la pertinence de son argumentaire à dénoncer des "politiques-puissances", mais on se basera sur d'autres lectures pour y trouver des solutions. Sa lecture se justifie pour les trois ou cinq premiers chapitres seulement, sauf à qui veut la preuve que, comme l'écrit l'auteur, "on n'apprend jamais des erreurs des autres".
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Ce livre de Todorov est paru en 2003 est certaines de ses analyses se sont depuis avérées caduques . Il a toujours raison concernant la motivation de " L'impérialisme américain " de vouloir à tout prix déclarer la guerre à L'Irak , mais je suis moins d'accord avec son analyse concernant la " résolution " de la guerre en Ex-Yougoslavie .
Todorov trouve à L'Europe une communauté de valeurs : Rationalité , justice , démocratie , liberté individuelle , laïcité et tolérance qu'il analyse longuement et sans naïveté , mais je déplore , puisqu'il dit que nous devons la plupart d'entre elles à la Grèce ancienne , que l'on aida ou qu'on laissa faire à la disparition de ces valeurs non seulement dans la Grèce actuelle , mais partout ailleurs . Todorov croit à la possible transformation de l'Europe en une communauté ayant des valeurs bien supérieures à celles des Etats-Unis , seulement il s'avère que le politique ne dirige vraiment ni les uns ni l'autre , c'est la finance ( le capitalisme ) qui s'empare petit à petit de tous les leviers de commande et pille les états ( privatisation de l'armée , des télécommunications et autres services publics , évasions fiscale incontrôlables etc .... ) . L'unique objectif affiché est dénommé " croissance " et la majorité martèle qu'aucune autre voie n'est possible . L'éthique devient une valeur très secondaire et permet de mettre en place des procédés ignobles . Les valeurs que trouve l'auteur à l'Europe sont en danger si l'on se penche sur la tendance de la plupart de ses états à glisser vers celles de l'extrême- droite , une babéliote souligne à juste titre que dans la pratique " démocratie " se contacte en " démocrature " .
Une autre erreur de Todorov due aux années qui passent est de considérer la Turquie comme un état laïque , si il est clair qu'elle ne l'est plus , une autre babéliote m'apprend que bien avant Erdogan on contrôlait la circoncision musulmane de chaque futur militaire .
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Comme toujours, Tzvetan Todorov, nous propose un petit livre très dense en réflexions et analyses. En voici quelques exemples :

D'abord, il nous détaille les nombreuses raisons possibles de la guerre en Irak par les Etats-Unis, autres que celles qui nous sont officiellement présentées.

Puis l'auteur analyse les fragiles rapports d'équilibre qui existent entre démocratie, idée voire idéal pour ne pas dire idéologie. le tout chapeauté par des puissances militaires, qu'il faut savoir maîtriser.
En effet, lors d'un conflit entre Etats, pour amener un pays à la raison : mieux vaut passer par la négociation, voire l'enlisement momentané d'une situation, plutôt que d'avoir recours à la force armée, certes, plus rapide et plus « efficace », mais conduisant, dramatiquement, souvent à la souffrance des populations.

Pour Tzvetan Todorov l'intervention militaire doit servir essentiellement dans le cas de la légitime défense. Quant au droit d'ingérence, lui, ne peut intervenir à l'encontre de la souveraineté nationale d'un autre pays, uniquement dans le cas d'un risque avéré de : génocide (exemple récent de la tragédie du Rwanda en 1994).

Une autre notion complémentaire est que : le droit doit prévaloir sur la force. Mais il est plus facile d'appliquer cette « méthode » dans son propre pays, qu'entre pays, car souvent (page 84) :

« Les Etats privilégient l'intérêt particulier au détriment de l'intérêt général ».

Par conséquent, le désarmement restera certainement éternellement une chimère, car même si la négociation est évidemment toujours préférable à la guerre, il est nécessaire de pouvoir se défendre contre tous les : terroristes, les fanatiques…

Bref, comme d'habitude, des sujets passionnants traités brillamment, de manières simple et concise.

Confer également, d'autres ouvrages tous aussi passionnants de Tzvetan Todorov :
Mémoire du mal, Tentation du bien : enquête sur le siècle ;
Les Abus de la mémoire ;
La Peur des barbares : Au-delà du choc des civilisations ;
L'Esprit des Lumières ;
Face à l'extrême.
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Peu de textes consacrés aux événements internationaux récents , à la guerre contre l'Irak et à ses implications , aux impératifs européens face au néo-impérialisme américain m'ont paru aussi profonds ,aussi percutants que cette incursion d'un des très grands intellectuels de notre temps dans le domaine des relations internationales . Tzvetan Todorov , cet homme de la renaissance
( ou des Lumières )qui a éclairé tant de sujets ( de la linguistique au totalitarisme , de l'histoire intellectuelle à la philosophie et à l'anthropologie ) , avec une force de pénétration et de concentration exceptionnelle , nous donne ici une leçon exemplaire . il nous explique ce que devrait être la politique étrangère d'une démocratie libérale dans monde actuel ; il nous met en garde contre les tentations de la toute-puissance et du recours privilégié à la force ; il plaide pour le pluralisme et contre le messianisme - contre les leurres de l'exportation de la démocratie . Il le fait dans un langage digne de Montesquieu et de Tocqueville , au fil d'une pensée qui rejoint l'idée de Camus , pour qui les moyens employés sont aussi importants que les buts affichés . Il nous alerte contre le danger d'une puissance non contrôlée à l'intérieur et non contenue à l'extérieur , et ce livre de ce fait à une critique de la nouvelle stratégie mondiale des Etats-Unis bien plus convaincante que les imprécations et préjugés courants .
Extrait de la préface de Stanley Hoffmann .
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Le projet qui consiste à déclarer la guerre à tous les tyrans et à toutes les injustices est à mettre en question non seulement parce qu'il est impossible à réaliser ( la tâche est surhumaine ) ni parce qu'il imposerait un état de guerre permanent et contribuerait donc a renforcer toutes les armées et toutes les polices du monde ( singulier effet du combat pour la liberté ) . Vassili Grossman , analyste remarquable du totalitarisme du XX eme siècle , constatait : " Là où se lève l'aube du bien , des enfants et des vieillards périssent , le sang coule " . Pourquoi faut-il renoncer à imposer le Bien par la force ? Parce que les risques sont trop grands qu'il en sorte plus de souffrances que de joies : la fin noble ne justifie pas les moyens ignobles .
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"Dans un monde où la menace est asymétrique, où le faible défie le fort, la capacité de convaincre, la faculté de faire évoluer les esprits comptent autant que le nombre de divisions militaires."

D de Villepin, discours à l'ONU (19/03/03)
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Dans mon enfance [en Bulgarie], au-delà des avantages matériels l'"Europe" jouissait d'un prestige que nous avions du mal à analyser mais dont nous n'étions par moins convaincus.
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Les idées et les sentiments, en apparence impuissants, peuvent renverser les empires.
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Videos de Tzvetan Todorov (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tzvetan Todorov
Avec Stoyan Atanassov & André Comte-Sponville Rencontre animée par Catherine Portevin
Tzvetan Todorov, né en 1939 à Sofia, arrivé à Paris au début des années 1960, a vécu la plus grande partie de sa vie en France et écrit son oeuvre en français. Mais il se voyait toujours comme un « homme dépaysé ». Cette expérience a nourri son intérêt pour le dialogue entre les cultures et sa vigilance à l'encontre de toutes les tentations totalitaires. Quelle part bulgare avait-il gardé en lui, quelles relations entretenait-il avec son pays natal ? Comment aujourd'hui ses livres sont-ils lus et perçus en Bulgarie ? Pour évoquer les passages de Todorov entre Sofia et Paris, sont réunis pour la première fois ses amis et spécialistes de son oeuvre, des deux côtés de la frontière qui fut naguère rideau de fer : Stoyan Atanassov, Professeur de littérature romane à l'Université de Sofia et traducteur en bulgare de l'oeuvre de Todorov et André Comte-Sponville, philosophe, grand lecteur et ami de Todorov, préfacier de son livre posthume Lire et Vivre (Robert Laffont/Versillio, 2018). Une édition augmentée de son fameux Dictionnaire philosophique est paru en 2021 aux PUF.

À lire – Tzvetan Todorov, Lire et Vivre, Robert Laffont / Versilio, 2018 – Tzvetan Todorov, Devoirs et délices. Une vie de passeur, Entretiens avec Catherine Portevin, le Seuil, 2002, rééd. Points 2006.
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