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EAN : 9782234063730
213 pages
Stock (27/01/2010)
3.64/5   11 notes
Résumé :

Après tant d'années de progrès, on nous dit aujourd'hui que les femmes seraient d'une tout autre nature que les hommes, qu'elles penseraient autrement, qu'elles sentiraient différemment, parce qu'elles portent des enfants. Regrettable régression sur le chemin de l'égalité. Résistons à la tentation de Pénélope qui défaisait au soir ce que chaque jour elle avait tissé! Il n'y a pas de guerre d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Envie de lire des pages intelligentes sur le féminisme. Exhaussée.
La thèse de cet essai, c'est que le recul de la condition des femmes (et du discours féministe dans les dernières années) est dû à un retour de la représentation différentialiste de la femme (liée à une "nature", une "essence" voire à la biologie) : Tota mulier in utero (p. 21).
Une fois la condition féminine remise en perspective historique, la question se pose en termes philosophiques sur l'opposition entre liberté et identité (de très belles pages sur la manière dont celle-ci s'est hypertrophiée au détriment de celle-là). Autre conséquence, le rétrécissement (et relative dévalorisation, j'ajoute) des espaces du "neutre", pendant que les gender studies semblent se fourvoyer sur le flottement, l'indétermination sexuelle et autres sexualités "queer", difficilement défendables et surtout ramenant vers le biologique.
Pars construens : revenir à la maxime de Simone de Beauvoir : "On ne naît pas femme, on le devient", et à Françoise Héritier selon laquelle le fondement de la domination masculine réside dans "la volonté de contrôle de la reproduction de la part de ceux qui ne disposent pas de ce pouvoir si particulier" (cit. p. 124).
Je suis en désaccord avec l'auteure sur la question de la prostitution (qu'elle réprimande sans songer à la voir pénalisée) : sa démarche est religieuse bien qu'elle le refuse. Elle parle de "la dimension sacrée du corps" (p. 180), et finit par avouer que "la discussion sur la prostitution est sans fin, aussi vaine que celle qui met parfois aux prises un croyant et un athée [...]" (p. 185)

Le style est celui que l'on connaît de cette auteure, avec cependant une argumentation plus systématique et rigoureuse que dans d'autres ouvrages moins bien réussis.

PS : Autre point de désaccord avec l'auteure : sa répréhension du voile des femmes musulmanes. Elle a, dans son chapitre "Jeunes filles encapuchonnées", un discours d'une désolante superficialité, où s'alignent les plus faciles stéréotypes (style "Ni putes ni soumises", mouvement loué au passage, p. 96) aux relents d'islamophobie. le plus drôle, c'est qu'elle tombe en contradiction dans son argumentation même :
"Pour se donner une chance de comprendre comment le genre nous conditionne, il faut tenir compte de la variété des situations sociales et penser les femmes non comme un groupe indistinct de victimes mais comme incluses dans la société." (p. 97)
Variété de situations sociales donc, justement...
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Essai sur la condition féminine, l'égalité des sexes, les différences entre hommes et femmes, les rapports hommes-femmes, le désir. Naît-on femme ou le devient-on ?

En 36 chapitres pour autant de thématiques, Belinda Canonne poursuit la réflexion de Simone de Beauvoir dans « le deuxième sexe ».
L'oeuvre de Belinda Canonne, féministe, essayiste, romancière, est centrée sur l'amour, le désir, la rencontre. Elle défend un regard émerveillé sur le monde. Elle réfléchit, tente de faire évoluer les mentalités, comme Eva Illouz, Olivia Gazalé, Marcella Iacub, Vrirginie Despentes, et bien d'autres. Des femmes qui cherchent à donner du sens.

" Mais je suis convaincue que le désir est l'expérience la plus forte de l'existence, qu'il constitue le moment le plus intense du sentiment d'exister. Ne réfléchissez pas à ce que je viens d'écrire, souvenez-vous…"

Voir en "Citations" d'autres extraits.


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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
1. Le désir
Dans le désir, je sais déjà tout et je ne sais rien : rencontre d’un Autre. Autrui est à la fois comme moi et très différent de moi. Si je maîtrise le pas du tango, chaque nouveau danseur est pourtant une surprise, demande un ajustement. Dans l’amour, pire encore, j’ai l’impression de devoir tout réinventer.
Jouir, verbe intransitif. Et donc ce n’est pas le plus délicieux. Plus délicieux le transitif. Je désire lui. Je le désire. Je ne désire pas dans le vague, ne suis pas juste en état de désir : je désire cet autre-là et par ce désir le rencontre.

7. Faire plutôt qu’être
Certains matins, je me suis levée en me demandant « A quoi bon vivre ? » Y a-t-il une nécessité et un sens à tout cela ? ». La question était à l’exacte mesure d’un fléchissement du désir vital : ces matins-là, à l’évidence, la dépression rôdait. Parce que les après-midi printanières, lorsque je suis dans mon jardin baignée de lumière, quand l’air est si doux que je ne sais plus si je suis dedans ou dehors tant ce dehors est protecteur, je n’interroge jamais le sens de la vie, il me paraît aller de soi. La joie correspond à la suspension de la question du sens au profit du déploiement exquis et silencieux du désir.
Il y a très peu de domaines dans lesquels il est plus intéressant d’être que de faire. Je veux dire que chaque fois qu’on peut dire « je fais » au lieu de « je suis », on y gagne. Exemple : l’un se torture quotidiennement en se demandant « suis-je ou ne suis-je pas peintre ? ». Alors qu’il est tellement plus reposant –efficace- de se dire « Je peins des tableaux » et, du coup, de le faire sans trop penser aux étiquettes de l’identité. Ce que je suis, ensuite, on verra bien. Plus tard, peut-être, de la somme de mes actes surgira un peu d’être. Sans attendre ce jour faste, d’emblée, l’élan de mon activité me donne le sentiment de ma liberté et provoque la suspension de la question vaine de l’identité.
Je ne sais pas exactement ce que c’est qu’être une femme, mais je suis sûre de vouloir faire de nombreuses choses (dont la plupart pourraient également être faites par des hommes, d’ailleurs), et mon seul souci est qu’on ne m’empêche pas, sous prétexte que je suis une femme, de les faire. En ce sens, la question de l’identité, passé l’adolescence, me paraît secondaire par rapport à celle de la liberté d’agir. C’est pourquoi je propose d’inverser les priorités et de rechercher toujours la liberté au lieu d’une insaisissable identité.
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Videos de Belinda Cannone (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Belinda Cannone
Une conversation présentée par Raphael Zagury-Orly Avec Isabelle Alfandary, auteure et professeure Belinda Cannone, auteure Serge Hefez, psychiatre
Le «un» n'est jamais le chiffre de la vie. Certes, il y a les organismes unicellulaires, bactéries, levures, plancton et autre protozoaires… Mais eux aussi on besoin de quelque chose d'autre, d'un milieu.. A la base de toute molécule organique, outre la durée temporelle et les sources d'énergie, se trouvent des multiplicités, des altérités, des combinaisons d'éléments, carbone, oxygène, hydrogène, eau, azote, dioxyde de carbone, diazote… Bien sûr, cela fait la vie sur Terre, la vie des vivants, mais ne dit rien sur la façon dont les êtres humains, eux, choisissent de la porter, cette vie, c'est-à-dire d'exister. de là aussi l'unicité est exclue: on vient au monde «plein des autres», le monde ne vient à l'enfant que par les autres, et il n'y tient que si d'autres d'abord le tiennent et tiennent à lui. Né d'une union qu'il n'a pas choisie, il lui appartiendra ensuite de s'unir volontairement à qui il voudra, par affinité, par intérêt même, par amitié, par amour, et de constituer des couples, des clans, des groupes, des familles, des communautés, des sociétés… Il se peut dès lors que des personnes, pour supporter le faix de la vie, choisissent de la porter à deux, de faire de leur cohabitation une convivance, et de leur existence une coexistence, le plus souvent solidifiée par le ciment de l'amour. La «vie à deux» devient dès lors une vie rêvée que les partages quotidiens rendent réelle. Mais est-ce si sûr? Combien coûte le sacrifice du «un», de la libre et insouciante existence solitaire, qui n'a de comptes à rendre à personne? Combien coûte le sacrifice du trois, ou du quatre, d'union plurielles où la diversité fait loi, où les plaisirs varient et s'égaient de ne point devoir s'abreuver à une seule source? Est-il possible qu'une «vie à deux», soudée par le plus bel amour, résiste aux soudaines envies d'autonomie, demeure imperméable aux petites disputes, aux grosses scènes de ménage, aux soupçons, aux jalousies, aux perfidies, aux humeurs insupportables, aux messages indus sur le portables, aux désirs d'être seule(e), de partir seul(e), de dormir seul(e)? On ne sait pas. On ne sait pas si la «vie à deux» est le paradis de l'amour ou l'enfer de la liberté.
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