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Marianne Véron (Traducteur)
EAN : 9782264033116
364 pages
10-18 (07/05/2003)
4.02/5   231 notes
Résumé :
Hospitalisée dans un coma profond, Alice se souvient : de l'amour fou avec John, un journaliste, fils d'un juif intégriste qui l'a renié ; de l'étrange enfant, puis de l'adolescente fragile et rebelle qu'elle a été ; de l'affection de sa grand-mère Elspeth et des heurts avec sa mère, Ann, beauté froide et énigmatique. Et tandis que toute la famille guette le moindre signe d'espoir, la genèse du drame affleure.
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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"Le jour où elle allait essayer de se tuer, elle s'aperçût que l'hiver revenait. Elle était couchée en chien de fusil : elle avait poussé un soupir et la chaleur de son haleine avait projeté de la buée dans l'air froid de la chambre. Elle expulsa une fois encore l'air de ses poumons et observa. Une vois, deux fois. Puis elle rejeta violemment les couvertures et se leva. Alice détestait l'hiver. »

Alice est désespérée et une ultime découverte dans une gare à Edimbourg va la faire définitivement sombrer. C'est à travers quelques bribes de ses souvenirs que son histoire se dessine : son adolescence, libre, en compagnie de ses 2 soeurs, la sévérité de sa mère, sa grand-mère adorée, sa passion pour John et sa difficulté à (sur)vivre à son départ.
Le récit, poignant, est narré par petites touches, avec justesse et délicatesse. Et comme toujours avec cette autrice, les portraits de femme sont percutants et la plume douce et virevoltante. Quelle joie de savoir qu'il me reste encore quelques titres à découvrir dans sa bibliographie ! Je les garde précieusement pour les jours de grande disette 😉
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J'ai découvert Maggie O'Farrell avec L'étrange disparition d'Esmée Lennox et Cette main qui a pris la mienne et dès que j'en ai l'occasion je continue à découvrir ses romans, toujours orientés sur les liens familiaux, les secrets, les non-dits et l'amour.

Un corps immobile, plongé dans le coma on pourrait penser qu'il a peu à nous dire …. Et pourtant derrière ces yeux clos Alice est là, elle sent, elle pense et se raconte. le prologue sert d'amorce : son dernier jour, ses dernières rencontres et l'accident et d'ailleurs s'agit-il d'un accident ou a-t-elle voulu mettre fin à ses jours…..

Comme à son habitude l'auteure ne prend pas de détours pour nous plonger dans l'histoire : une femme, Alice, retrouve ses soeurs à Londres, elle s'éclipse quelques minutes et revient pour annoncer qu'elle repart à Edimbourg et puis il y a l'accident. Dès les premières phrases on entre dans l'histoire, à la manière d'une photographie prise sur le vif, le corps et les pensées sont là, les sensations aussi….

"Le jour où elle allait essayer de se tuer, elle s'aperçût que l'hiver revenait. Elle était couchée en chien de fusil : elle avait poussé un soupir et la chaleur de son haleine avait projeté de la buée dans l'air froid de la chambre. Elle expulsa une fois encore l'air de ses poumons et observa. Une vois, deux fois. Puis elle rejeta violemment les couvertures et se leva. Alice détestait l'hiver. (incipit du prologue p 11)"

Comment ne pas trouver habile la construction de ce récit en offrant la possibilité à celle qui n'est présente que par un corps de lui donner la parole, elle dont l'esprit demeuré en éveil, écoute, observe, se souvient. On se sait rien du ressenti des personnes dans cet état et pourquoi pas finalement imaginer qu'ils parcourent un chemin intérieur accompagné par ceux qui les entourent.

En y mêlant les voix d'Ann, sa mère, avec qui elle a des relations assez conflictuelles mais aussi Elspeth, sa grand-mère paternelle, récemment décédée mais dont elle était très proche, l'auteure en fait un récit choral très féminin où les différents points de vue s'affrontent, s'entrechoquent, chacune détenant certaines clés. D'autres femmes, d'autres ressentis, d'autres époques, d'autres vies…..

Certes Maggie O'Farrell alterne les narratrices mais aussi les époques et c'est tout un ballet qui se met en place pour démêler les fils de la vie d'Alice, de son amour fou pour John, un juif qui va choisir de couper les liens avec son père intégriste pour l'amour d'Alice, mais aussi des zones d'ombre de sa mère qui pourraient expliquer bien des comportements.

L'auteure aborde de nombreux thèmes : les liens familiaux, les non-dits et secrets (ce qui ajoute bien sûr du piquant), le deuil, l'intolérance, l'amour mais aussi les questionnements quand un proche est plongé dans le coma, nous entend-il ou est-il, quelle décision prendre à son sujet….

J'aime l'écriture fluide de cette auteure, je n'ai eu aucun mal à me situer par rapport aux différentes narratrices et temporalités grâce aux subtils détails que Maggie O'Farrell instillent pour identifier la voix et pourtant elle n'hésite pas à sauter de l'une à l'autre, de nombreuses fois, parfois par de très courtes interventions, mais qui éclairent sur le passé de chacune, levant peu à peu le voile.

J'ai voyagé entre Ecosse et Angleterre, au rythme d'un récit très féminin, sensuel parfois mais toujours très délicat. Maggie O'Farrell maîtrise totalement son récit, faisant d'Alice malgré le silence dans lequel elle est plongée, une voix passionnée, fougueuse, explorant les sentiments qui la parcourent, remontant le fil du temps pour trouver la paix.

Maggie O'Farrell à travers les thèmes récurrents de la famille, du deuil, des secrets le plus souvent autour d'un personnage féminin, réussit la performance de me captiver à chaque fois, le même univers mais toujours une nouvelle histoire, en faisant la part belle aux sentiments et émotions. C'est une écriture vive, descriptive mais sans lourdeur, avec une construction maîtrisée et quelques effets page-turner qui vous pousse à continuer toujours un peu plus la lecture.

Maggie O'Farrell avec ce premier roman explorait ce qui allait devenir son univers littéraire : les liens familiaux, l'amour et le deuil, situant ses actions entre les deux pays qui lui sont chers : l'Angleterre et l'Ecosse mais avec la fougue de ses origines irlandaises.

Même si l'Etrange disparition d'Esmée Lennox reste mon roman préféré pour l'instant, j'ai passé un délicieux moment de lecture avec cette auteure à la plume délicate et dont je n'ai pas encore lu le dernier roman I am, I am qui a remporté un joli succès récemment.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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"Qu'est-on censé faire de tout l'amour qu'on éprouve pour quelqu'un s'il n'est plus là ? Qu'advient-il de tout cet amour qui reste ? Doit-on le refouler ? L'ignorer ? Ou le donner à quelqu'un d'autre ?" p.296....

C'est dans un coma profond, qu' Alice se pose ce genre de questions.....
Elle revoit par bribes sa vie...
Mais la douleur de la perte de son amour lui est toujours aussi effroyable, même dans le plus comateux des brouillards....
Son corps est inerte, mais son esprit bouillonne.... Elle entend la sonorité de quelques voix, perçoit des présences, mais aussitôt, son cerveau l'entraîne dans le labyrinthe de ses souvenirs....

Alice a deux sœurs, Kirsty l'aînée, et Beth la petite dernière, aussi blondes aux yeux bleus qu'elle, Alice, est brune aux yeux noirs.. Ce qui à toujours perturbé sa mère, Ann, superbe anglaise, blonde aux yeux bleus, d'un teint de porcelaine mais au caractère très trempé.... Ann a épousé Ben, d'origine d'Ecosse, sans amour...

Alice a un caractère bien trempé, elle aussi... Elle se heurtera dès l'enfance à cette mère qui ne la comprends pas, et qui semble si loin d'elle ; mais elle éprouve un amour sans fin pour sa grand-mère Elspeth, la mère de Ben, chez laquelle tout le monde habite ou plutôt cohabite....

Alice mène sa vie, comme elle l'entend, avec les excès qui vont avec.... Elle finira par rencontrer un journaliste littéraire, John.
Le père de John est un Juif ardent, très à cheval sur le respect des traditions hébraïques. Hors de question, pour lui, que son fils épouse une goy....

John prouvera l'amour qu'il porte à Alice, en tournant le dos aux volontés de son père, qui aura pour conséquence son reniement....

Alice connaît enfin le bonheur auprès de John jusqu'à ce maudit jour, où un drame arriva....

Alice, tel un miroir brisé, ne peut plus se regarder en face, sans y voir sa vie en morceaux....

Elle se décide, dans un dernier élan, de rendre visite à ses deux sœurs à Edinbourg ; quand, à la gare elle voit une chose qui la brise encore plus... Elle s'enfuit, elle reprend le train pour Londres, et retrouve Lucifer son chat....
Et en sortant lui chercher des croquettes, elle est renversée par une voiture.....

Sa vie est en miettes.

En conclusion, je citerais un passage (pages 304-305) où Alice "hésite" entre l'au-delà et un retour vers son passé, et où...
"En sortant des toilettes, Beth se faufile entre les tables de la cafétéria de l'hôpital où sont assis ses parents et s'affale sur une chaise en face d'eux. Ils ont fini par dîner là. La salle est vide, à l'exception de la femme au tablier vert derrière le comptoir et de deux médecins qui conversent à voix basse par-dessus un plateau de nourriture à laquelle ils ne touchent ni l'un ni l'autre. Son père prend la théière en inox cabossé et lui verse une tasse de thé...
(...)
Beth boit une gorgée de thé. Il a un goût râpeux, il est trop infusé."

La fin est d'une grande dignité, et Maggie O' Farrell conclue avec une grande pudeur cette histoire....

On a l'impression de voir "Alice au Pays des merveilles", mais de l'autre côté du miroir....

1er roman de Maggie O' Farrell, on y voit une très belle plume, même si il n'y a pas l'humour d'une Kate Atkinson.
Cela donne envie de lire d'autres livres de Maggie O'Farrell
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Elle est incroyable, cette Maggie O'Farrell : à chaque fois que je lis un de ses romans, je suis prise par cette ambiance, ce goût pour les histoires de famille toutes simples mais si compliquées à la fois, pour les personnages féminins à multiples facettes, pour les chapitres alternés, les va-et-vient dans le temps (mais pas difficiles à suivre pour autant !).
L'histoire d'Alice, qui est dans le coma suite à une tentative de suicide. Son histoire à elle, mais aussi de sa mère, Ann, de sa grand-mère, de son amour fou pour John, un juif empêché par sa religion. le talent et le charme du livre, c'est que nous savons que quelque chose de dramatique va se produire, que ce titre, "quand tu es parti", n'est pas volé... Et on attend, et quand le drame arrive, on reste sur le flanc, comme Alice...
Un excellent moment de lecture, sans ambition mais pur et prenant. J'aime vraiment cette auteure !
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J'ai commencé à lire ce livre lentement, un peu au rythme d'Alice que l'on sent profondément triste et désorientée au début, sans bien savoir pourquoi. Et puis dès les premières pages, elle se jette sous les voitures à un passage pour piétons londoniens et se retrouve dans le coma. Dès lors la narration va se placer tantôt du point de vue interne, dans les pensées d'Alice, ou plutôt ses ressentis depuis les limbes où elle s'est « réfugiée », tantôt de divers points de vue externes, dans d'incessants aller et retour entre l'enfance, l'adolescence, la vie étudiante puis adulte d'Alice, entre Londres et North Berwick (Ecosse), jusqu'à son « accident ».

Alice est « l'enfant du milieu » dans une famille de trois soeurs, fille d'un Ecossais discret et d'une Anglaise qui ne s'est jamais vraiment faite à la vie d'une petite ville de bord de mer. Toute la famille vit dans la maison de la grand-mère paternelle, Elspeth. On sent bien le lien particulier qui unit Alice et sa grand-mère et le lien tout aussi particulier (très conflictuel) qui unit Alice à sa mère Ann. Enfant et ado rebelle, la jeune fille peine pourtant à s'affirmer tout en s'échinant à garder le contrôle de sa vie. Et puis un jour c'est l'amour fou avec John, la certitude d'avoir trouvé l'homme de sa vie. Malgré la douleur de voir le père de John, juif très pieux, refuser cette relation et couper les ponts avec son fils.

La force de ce (premier) roman, c'est sa narration éclatée, c'est la maîtrise avec laquelle Maggie O'Farrell mène son récit en distillant les révélations au compte-goutte. C'est aussi sa profonde capacité d'empathie avec un personnage principal auquel je me suis de plus en plus attachée au fil des pages. C'est un roman sur la famille, sur l'amour, sur le deuil, le chagrin qu'on boit jusqu'à la lie. Mais il n'y a pas pour autant de pathos manipulant les émotions du lecteur – sans doute grâce à cette narration éclatée qui nous pousse à lire toujours plus pour savoir ce qui s'est passé dans cette famille, dans ce couple, ou ce qu'on espère voir venir). La fin imaginée par Maggie O'Farrell est très fine, je trouve.

Vous l'aurez compris, j'ai vraiment aimé cette lecture. Après Isabelle Monnin et Craig Johnson, Maggie O'Farrell est la troisième auteure que je découvre cette année après avoir laissé croupir plusieurs de ses romans dans ma PAL et c'est une troisième très belle surprise.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Qu'est-on censé faire de tout l'amour qu'on éprouve pour quelqu'un s'il n'est plus là Qu'advient-il de tout cet amour ? Doit-on le refouler ? L'ignorer ? Ou le donner à quelqu'un d'autre ?
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Je n'arrive pas encore à croire que tu sois parti. Avant, quand je me réveillais, je me demandais l'espace d'une seconde pourquoi j'avais ce poids de chagrin qui m'écrasait la poitrine et pourquoi mon oreiller était mouillé. J'oubliais parce que c'était trop absurde d'être sans toi. Trop absurde.
Mais tu es vraiment mort. Et sans aucune raison.
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Je n'avais jamais imaginé qu'on puisse penser à quelqu'un tout le temps, qu'on puisse avoir constamment quelqu'un en train de faire des bonds d'acrobate dans vos pensées. Tout le reste était une distraction mal venue entre moi et ce à quoi je voulais songer.
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Beau livre mélant les secrets de famille, le deuil, la difficile construction d'une jeune femme différente de sa mère et des ses soeurs. Comme souvent avec Maggie Farrel, la fin reste ouverte, parfois trop. Cela laisse parfois un peu sur notre faim. C'est le seul point négatif que je trouve à ce livre magnifique.
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Et il me parle. Et soudain on dirait l'instant d'avant le tonnerre : l'air autour de moi semble vibrer et s'assombrir, et je ne contrôle plus rien, je suis entraînée vers quelque chose, ou à travers quelque chose, par une petite fissure étroite, dirait-on, et l'espace d'un instant je me demande si c'est ça, si le moment est venu, si je meurs, si une partie de moi rit, se moquant de toutes ces conneries qu'on nous raconte sur les tunnels et la lumière, parce que ce n'est pas du tout l'effet que ça m'a fait, mais je ne ris pas vraiment beaucoup parce que je me concentre trop pour voir s'il va encore parler.
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