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Michel Bretman (Autre)Marcel Brion (Autre)
EAN : 9782264003966
294 pages
10-18 (01/11/1981)
3.71/5   61 notes
Résumé :
Comme l'indique Marcel Brion dans sa préface, les lecteurs du "Désert des Tartares" reconnaîtront dans "Bàrnabo des Montagnes" l'idée dominante qui supporte toute l'oeuvre de Buzzati : il ne convient pas de distinguer entre l'histoire et le mythe, la réalité et la chimère car tout, peut-être, est fiction et l'essentiel est de vivre (puisqu'on a commencé), même fictivement. Ainsi, après avoir été exclu du corps d'élite des gardes forestiers, Bàrnabo remontera-t-il ve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a en effet, dans Barnabo des montagnes, les prémices et le ferment de l'universel Désert des Tartares.
Buzzati ressent déjà le temps, la mort et la destinée dans ce premier roman déjà quasi-magistral. Buzzati hypnotise déjà son lecteur avec son personnage-titre habité par la montagne... Cette montagne qui constitue sa raison de vivre avec ce que cela comporte de honte, de renoncement et de retour.
Il y a, dans la très belle fin du roman, cette douce raison (fatalité?) qui inspire au héros un geste d'une rare noblesse. À quoi bon la vengeance, si celle-ci vient gâter une plénitude retrouvée?
Barnabo des montagnes, premier roman de Dino Buzzati, a de quoi rendre heureux tous lecteur babéliote ou non.
Et, c'est bon.
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1933, un pauvre coin de montagne et son parfum d'éternités endormies sous les sommets orangés s'effaçant dans le soir....

Selon Marcel BRION, « "Bàrnabo des montagnes" est un récit âpre et nu, qui garde la simplicité des mythes grecs, leur austérité farouche et leur prophétique gravité. »

Si proche, au fond, des lumières sourdes issues de "La grande peur dans la montagne" [1926], "Farinet ou la Fausse Monnaie" [1932], "Derborence" [1934] ou encore de "Si le soleil ne revenait pas" [1938] de C.F. RAMUZ...

Très court roman "d'ambiance" ‒ vivant, lent, tragique et magique. Magnifiquement traduit en français par Michel Breitman pour les éditions Robert Laffont.

Il y a l'odeur du poêle et des brindilles encore humides qu'on enflamme ‒ juste avant l'aurore dans le refuge des gardes forestiers ‒ , la fumée qui fait tousser, l'odeur du Pin sylvestre ou du Laricio, l'odeur entêtante de la sente humide : elle est celle du sentier que foulera le lieutenant Grange lorsqu'il rejoint Mona dans le très romantique "Un balcon en forêt" [1958] de l'ami Julien GRACQ.

Les chaussures défoncées et humides du garde-chasse au matin : ne sont-elles pas celles que peignit le bon Vincent VAN GOGH ? Le cri du coq de bruyère qui, soudain, nous saisit l'âme.

L'âme des lieux, "la couleur tombée du ciel" (celle d'une oeuvre de LOVECRAFT) : l'âme des vallées perdues.

Redécouvrons ou découvrons très vite ce "Bàrnabo des montagnes", premier chef d'oeuvre de l'aède animiste que fut le "Milanais montagnard" Dino BUZZATI, dès 1933...

Il précède avec grâce "Le secret du Bosco Vecchio" [1935], autre joyau trop méconnu, et "Le désert des Tartares" [1940], oeuvre minérale et inaltérable.
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Bàrnabo des montagnes est le premier roman de Dino Buzzati.
On y trouve des thèmes qui seront davantage développés dans le Désert des Tartares, écrit une quinzaine d'années plus tard : l'attente et la quête du sens de la vie.
Bàrnabo des montagnes est une oeuvre de jeunesse, mais le talent de Dino Buzzati s'y déploie déjà.
Le décor est sobre : une montagne austère qui contribue à engendrer l'angoisse sourde présente tout au long de l'histoire.
Avec les gardes forestiers, on guette le moindre bruit, le moindre animal, le moindre soupçon de changement dans cet environnement minéral.
Le récit est lent mais intense, traversé par une tension permanente.
Bàrnabo attend.
Il attend mais il a peur.
Il a peur mais il espère.
L'attente peut paraître vaine, mais c'est elle qui donne son sens à la vie de Bàrnabo ; l'attente finit par constituer l'essence même de sa vie.
Bàrnabo des montagnes est un texte court qui ne doit pas être négligé dans l'oeuvre de l'auteur et vu comme un simple brouillon du Désert des Tartares : il mérite vraiment d'être lu pour lui-même.
Sur la quatrième de couverture, il est indiqué que Marcel Brion a qualifié ce roman de "récit âpre et nu, qui garde la simplicité des mythes grecs, leur austérité farouche et leur prophétique gravité".
Beau compliment, non ?
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Relecture d'un petit roman que j'avais aimé et dont je baisse la note aujourd'hui. Prose de l'auteur sur l'attente, le temps qui passe trop vite, trop lentement ou qui n'a aucune importance. Bàrnabo est jeune garde, avec d'autres, dans une maison forestière pour surveiller la poudrière à flanc de montagne. Des brigands rôdent et leur chef a été tué. le cours de sa vie monotone va changer quand il va secourir une corneille. le désert des Tartares sera écrit longtemps après et plus abouti.
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Une minuscule boîte à livres sur la place d'un petit village où je me suis garé pour faire une balade sur les chemins bocagers.
Maigre choix, mais un Buzzati s'y cache entre deux inconnus. Une édition de 1959, nous sommes presque du même âge, je ne peux résister à emprunter cet ouvrage.
« Barnabo des montagnes », suivi de « Le secret du Bosco Vecchio », aussitôt d'autres mots me reviennent à l'esprit.
Barnabo, ça sonne comme Bargabot, une des suites du Pascalet de « L'enfant et la rivière » d'Henri Bosco.
Bosco, sacrée coïncidence, est-ce que l'écrivain provençal connaissait le secret du Vecchio, ruisseau italien, pays cher à ses origines ?
« Barnabo des montagnes », ça me fait aussi penser à « Gaspard des montagnes », le conte d'Henri Pourrat.
Deux Henri de la même époque, celle également de Dino Buzzati. Les conteurs du Sud montagnard, Luberon, Livradois, Dolomites, lieux envoûtants propices à des découvertes magiques.
Il ne m'en faut pas plus pour délaisser ma lecture actuelle, qui parle aussi de bois - « Lorsque le dernier arbre... » - pour partir en Italie avec le premier roman de l'auteur du désert des Tartares.
J'ai choisi de commencer par « Le secret du Bosco Vecchio », pour rester dans l'ambiance forestière.

Le monde de Buzzati est kafkaïen, plein de détours, carrefour d'espace et de temps, mais aussi intimité avec les choses de la nature.
Car les hommes, des villes surtout, sont méchants à l'égard des éléments. Ils gardent envers eux ce mélange de timidité et de brutalité qui est , au fond, le signe de la peur.
Peur de l'invisible, de l'insolite, de ce qui se cache dans les coins obscurs. Et le surnaturel n'est qu'une autre manière qu'a la nature de se manifester.

Cette histoire est une féerie cocasse, une fable, faite d'émerveillement et d'enchantement.
Les vents ont des noms humains, parlent et obéissent aux hommes qui ont acquis pouvoir sur eux. Une pie récite, avant de mourir, un poème grave et solennel.
Ce récit débouche en plein mystère. Ses éléments burlesques dégagent une intense beauté. On croirait revenir aux origines du monde, où il existait un langage commun aux hommes et aux choses.
Mais le temps dévore les éléments naturels de la même manière que les hommes, les forêts et les vents meurent de vieillesse.
Et le Bosco Vecchio, merveilleuse forêt magique où depuis des siècles on n'avait pas touché à un arbre, est tributaire d'un héritier aux goûts limités qui ferait volontiers tailler de larges coupes si la peur ne le retenait.
Ce citadin ignorant soumet à ses volontés, par la violence et par la ruse, les génies des vents et des arbres. Ce qui montre à quel point la nature peut être faible et désarmée lorsqu'elle est menacée par la méchanceté et la sottise des hommes.
« A quoi me sert la forêt alors ? Tous ces arbres ne me seraient plus d'aucun rapport ? M'en savoir propriétaire serait l'unique satisfaction ? »

Ce texte a presque un siècle, à une époque où on ne parlait pas encore d'écologie, mais il est terriblement d'actualité.

Je garderai de cette lecture le côté fable, qui permet de savoir encore comprendre le langage des arbres, des oiseaux, des fleurs et des vents, et la grande leçon qu'ils donnent. 






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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Voici le texte de la "quatrième de couverture" des deux premiers romans du grand Dino BUZZATI : "Bàrnabo des montagnes" ["Bàrnabo delle montagne", 1933] et "Le secret du Bosco Vecchio" [" Il segreto del bosco vecchio" , 1935], si heureusement réunis dans cette toute récente édition de poche en langue française (2013) :

" La surprise et l'envoûtement. Voilà les deux ressorts des récits de Dino Buzzati pour traiter les thèmes qui lui sont chers, tels que la fuite du temps, la fatalité du destin, l'absurde condition humaine. Ils sont tous énoncés dès "Bàrnabo des montagnes", son premier livre, et s'y déploient déjà avec génie, faisant plus que jamais écho à cette terrible et angoissante question : quel est le sens de notre vie ?

La quête de Bàrnabo est la quête de ce sens, ce fondement vital : affecté parmi des gardes forestiers pour veiller sur un dépôt d'explosifs, il est contraint à la fuite après une attaque de contrebandiers et est démis de ses fonctions. Des années plus tard, quittant une vie établie et confortable, il retourne dans les montagnes et regagne son poste. La poudrière a été déplacée, les gardes forestiers renvoyés dans la plaine, mais l'essentiel n'est pas là. Dans son appartenance irréductible à ce lieu, Bàrnabo célèbre un culte, une religion qui prête enfin un sens à sa vie.

Rassemblés dans cette édition, "Bàrnabo des montagnes" et "Le Secret du Bosco Vecchio", fable sur la perte de l'enfance, illustrent la fragilité de nos certitudes matérielles et philosophiques lorsqu'elles sont inévitablement confrontées à l'absurde. "
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Le colonel demeura assis, dans l'attente du jour nouveau et, pour la première fois de sa vie, il connut vraiment les rumeurs de la forêt. Cette nuit-là, il y en eut quinze que Procolo nota l'une après l'autre :

1) grondements sourds qui semblaient par instant sortir de la terre, comme si quelque séisme se préparait ;

2) bruissements de feuilles

3) grincement des branches ployant sous le vent ;

4) rumeurs des feuilles sèches sur le sol ;

5) bruit de branches mortes, de feuilles et d'épines tombant à terre ;

6) voix lointaine d'une eau vive ;

7) bruit d'un grand oiseau s'enolant de temps en temps avec un grand fracas d'ailes (peut-être un coq de bruyère) ;

8) rumeurs de quelques mammifères (écureuils ou fouines, renards ou lièvres) traversant la forêt ;

9) passage d'insectes sur les arbres ;

10) à de longs intervalles : bourdonnement d'un gros moustique ;

11) bruissement, vraisemblablement d'une couleuvre ;

12) hululement d'une chouette ;

13) doux chant des grillons ;

14) hurlements et plaintes d'un lointain animal inconnu, sans doute assailli par des loups ou des hiboux ;

15) mystérieux jappements.

[Dino BUZZATI, "Il segreto del Bosco Vecchio", 1935 (Le secret du Bosco Vecchio), chapitre XX - in "Dino Buzzati : Romans et nouvelles", Intégrale Tome I, page 122, traduction de Michel Breitman]

[Contexte de l'extrait : complice du vent Matteo, le vieux colonel Sebastiano Procolo vient d'essayer de perdre son jeune neveu Benvenuto dans le Bosco Vecchio. Par malheur, lui-même ne retrouve pas son chemin et doit passer la nuit dans la forêt... ]
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L'histoire de Del Colle a fait le tour de toutes les vallées. « Il y a des bandits sur les montagnes ! » crie la rumeur publique. « Qu'attend-on pour leur donner la chasse, pour les faire prisonniers ? » [...] Aussitôt certains décrochent leur fusil du mur, le nettoient, achètent des cartouches. Une tache allongée demeure sur le papier peint, à l'endroit où le fusil était accroché. Et pourtant, la dernière fois qu'on l'avait utilisé, n'était-ce pas à peine hier ? Le canon s'est déjà rouillé à l'intérieur. À peine hier, et tout lentement la tache s'est inscrite sur le mur. C'est ainsi que le temps passe.
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Bàrnabo recherche maintenant avec angoisse, avec un désir désespéré, tout ce qui peut lui rappeler ce temps passé, tout ce qui lui reste des grands sommets. Il s'est pris d'affection même pour sa blessure au pouce, car ce sont les rochers qui la lui ont faite. Il contemple l'entaille qui s'est déjà refermée. Quel dommage que ce signe doive disparaître si tôt ! Il cherche à en écarter les bords, tire la peau, fait perler de nouveau quelques gouttes de sang. Il se retrouve comme il était deux jours auparavant, sous les grands rochers de la cime de la Poudrière. En recomposant sa douleur, il lui semble qu'il revient en arrière, qu'il rattrape le temps, qu'il demeure celui-là qu'il était : Bàrnabo vainqueur, revenant du sommet mystérieux.
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Au petit matin, la maison est déjà emplie de bruits. Est-ce qu'il va faire beau ? On ne comprend toujours pas pourquoi ce grand brouillard qui tient toute la montagne commence seulement à se dissiper.

Molo, Durante, Montani et Fornioi sont sur le départ. Les autres reposent encore bien au chaud, et perçoivent seulement des bruits des bruits, des voix dans la cuisine. Ceux qui doivent partir se préparent sans doute le café. Ils s'affairent puis c'est de nouveau le silence. Juste à l'instant du départ, les voix montent et les grosses chaussures crissent sur le seuil. Quelques mots encore, confus. Les voix s'éloignent en direction de la forêt, avec le bruit des pas alourdis.

[Dino BUZZATI, "Bàrnabo delle montagne", 1933 (Bàrnabo des Montagnes), chapitre VI - "Dino Buzzati - Romans et nouvelles", Intégrale, Tome I, page 27, traduction de Michel Breitman]

[Contexte : Dans la maison des gardes forestiers de San Nicola, au coeur de la vallée delle Grave, on s'éveille... ]
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« le désert des Tartares » de Dino Buzzati est publié en poche chez Pavillons Robert Laffont.
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