Immortalisée par Gene Tierney en 1944 dans le film d'
Otto Preminger,
Laura est un roman écrit en 1943 par
Vera Caspary, dont
François Guérif dit : «
Laura est un chef-d'oeuvre du roman policier psychologique, c'est-à-dire un roman qui privilégie le mystère de l'être plutôt que les intrigues ou les rebondissements ».
Qui a abattu
Laura Hunt - fascinante, mystérieuse, vénéneuse, objet de tous les fantasmes - dans son luxueux appartement new-yorkais, d'une décharge de chevrotine qui a détruit son si magnétique visage ? Pour résoudre le mystère de sa mort, le lieutenant Mark McPherson doit percer le mystère de sa vie. Mark est un policier qui n'a pas suivi d'études universitaires, il a été blessé à la guerre, et c'est au cours de ses 14 mois d'hôpital qu'il a, enfin, beaucoup lu. Cet homme qui a affronté une mitrailleuse, accablé par la splendeur de la Cinquième Avenue, a du mal à demander un cendrier lorsqu'il est chez
Laura. Pour la première fois dans sa carrière, il côtoie des citoyens dont les photos sont publiées dans les journaux chics. de nos jours, on parlerait de people, de VIP mais ce sont les mêmes. C'est dans l'appartement de
Laura, sous la forme d'un huis-clos, que se déroule la quasi-intégralité du roman. Vont s'y succéder ou s'y croiser pour y être entendus par Mark, Waldo Lydecker et Shelby Carpenter. le premier, vieux snob oisif amateur d'art a lancé
Laura dans le monde de la publicité en faisant décoller sa carrière. le second, veule, menteur, « bien-né » mais désargenté, est le fiancé de
Laura. Leur mariage a été retardé parce qu'il souhaite atteindre le même niveau de rémunération que l'élue de son coeur. En guest-stars, la tante et la bonne de
Laura font aussi quelques apparitions qui lient les personnages et les événements entre eux.
Ce qui frappe dans ce roman, c'est sa modernité. 1943 :
Laura est une jeune femme financièrement indépendante et sexuellement libre, qui ne se résigne pas à attendre le prince charmant qui la confinera pénélopement dans son château de princesse pour élever sa marmaille. L'écriture de
Vera Caspary est intemporelle, classique, puissante, éperdument féministe. Les échanges entre les protagonistes sont intellectuellement brillants et nourrissants, ambigus sont leurs liens. La construction en 5 parties, laissant chacun exprimer sa perception des faits est virtuose.