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Pierre Demarty (Traducteur)
EAN : 9782749119953
192 pages
Le Cherche midi (21/04/2011)
3.27/5   121 notes
Résumé :
George, un ancien horloger, agonise parmi les siens, et tandis que s'égrènent ses dernières heures et que le monde lui échappe, les souvenirs affluent, de plus en plus vibrants, telles des pièces d'orfèvrerie menacées par le temps. Un père toujours en Vadrouille, hanté par la foudre et l'épilepsie, des objets chargés de sens et d'émotion, des instants de pure nature, des éclats qu'il convient de polir une dernière fois...

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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,27

sur 121 notes
Voici un récit surprenant, des plus déroutants, du moins au début de l'ouvrage....magnifiquement écrit, lent, poétique et émouvant.
Un homme va mourir d'insuffisance rénale au milieu de son salon entouré de ses enfants épuisés, de ses petits enfants,en proie à ses souvenirs de jeunesse, auprès d'un père, colporteur de son état, grand voyageur, imprévisible, bucolique, hanté surtout par des crises d'épilepsie et par la foudre!
Nous ,lecteurs, nous retrouvons comme par enchantement, spectateurs, en train de revivre, dans un désordre voulu,des fragments de leurs deux vies!
L'écriture est très riche, d'une originalité étonnante,où l'auteur ausculte mère nature et ses éléments, transcrit leur couleur ou leur mouvement grâce à de longues phrases somptueuses et interminables parfois!
"De hautes touffes de marisque et des fleurs sauvages poussaient le long de l'échine des routes de terre et caressaient le ventre de la carriole de Howard, des ours cueillaient des fruits à coups de patte dans les buissons sur les bas- côtés."
On se sent léger, détaché de tout, des exigences de la vie et de ses multiples responsabilités, l'auteur prend tout son temps, il oscille constamment entre des descriptions contemplatives de la nature et la violence plus ou moins incontrôlable d'une crise d'épilepsie ou les fulgurances de l'esprit dérivant en rêveries oniriques....sur la nature rugueuse du Maine et l'éphémère de la nature
Humaine....
Son texte lyrique et pastoral enchaine les tableaux, les objets chargés d'émotion et de sens, des instants purs polis une dernière fois lors des derniers instants de George, dans un dernier souffle : léger et élégant....
La chute de ce livre à l'écriture fabuleuse, réjouissante tant elle est sobre, force le respect.
Un roman incroyable, rare, intimiste,intense, une histoire tenue,une méditation éblouissante, des carreaux d'une mosaïque, tournoyant , tourbillonnant, retraçant un portrait à facettes multiples.....
Un récit humaniste fait de silences,de l'histoire d'une existence pendant les ultimes heures de la vie d'un homme!
Une ode au temps qui passe...
Étonnant!
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Singulière destinée que celle du premier roman de Paul Harding, d'abord rejeté partout et relégué au fond d'un tiroir avant d'être édité trois ans plus tard à quelques centaines d'exemplaires, repéré grâce au bouche-à-oreille et finalement récompensé contre toute attente par le prestigieux prix Pulitzer.


Que dire de ce texte bouleversant, sinon qu'il déroule dans une langue somptueuse les visions hallucinées d'un vieillard sur son lit de mort ? Il s'appelle George Washington Crosby et il est horloger. À mesure qu'il s'affaiblit et qu'on se presse autour de lui, il convoque les fantômes de son père et de son grand-père, tissant tant bien que mal son roman familial pour donner - sait-on jamais ? - un sens à sa vie. C'est un livre de mémoire et de transmission, un « livre de mon père » qui retrace dans le désordre trois générations d'Américains moyens frappés par une malédiction. Au coeur des Foudroyés se distinguent pourtant les pérégrinations du père de George, un vendeur itinérant aux faux airs de poète qui trimballe dans sa carriole ses babillages et ses babioles. Un homme impénétrable, fantasque et fragile à la fois, victime de fréquentes crises d'épilepsie qui le pousseront à s'exiler pendant de longues années. Un père en pointillé dont le fils agonisant s'efforce de raviver les errances, les rêveries et les fulgurances à travers les paysages éblouissants de la Nouvelle-Angleterre.

« Où est mon père, pourquoi ne puis-je mettre fin à tout ce mouvement et observer les vastes agencements et trouver grâce aux contours et aux couleurs et aux qualités de la lumière où est mon père... »

Un début de roman assez difficile dans lequel tout parait " embrouillé ", mais rapidement on trouve enfin le fil d'une bien belle et triste histoire avec une magnifique écriture.
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George agonise. le cancer qui le ronge a atteint sa phase terminale. Entouré des siens, installé dans un lit médicalisé planté au milieu du salon, il vit ses dernières heures. George Washington Crosby est né à West Cove, dans le Maine, en 1915. En 1936, il a déménagé dans le Massachusetts et y a fondé sa famille. Ancien ingénieur, il a opéré une reconversion sur le tard dans le commerce et la réparation d'horloges. Avant de fermer les yeux une fois pour toutes, George laisse les souvenirs remonter à la surface. Il repense à son père, Howard, vendeur ambulant dans une carriole tirée par un âne. Un homme souffrant d'épilepsie qui faillit un jour lui trancher les doigts avec ses dents lors d'une terrible crise. Un homme qui, un soir en revenant de la « tournée quotidienne qui l'emmenait par les chemins de traverse vendre ses brosses et son savon aux matrones de l'arrière-pays, et apercevant sa famille dans la pénombre de la fenêtre de la cuisine, avait cravaché sa mule […] et poursuivi sa route à bord de sa carriole pour ne s'arrêter qu'une fois arrivé, anonyme, à Philadelphie. »

Pénible, voila comment je qualifierais mon entrée dans ce roman couronné aux États-Unis par le prix Pulitzer 2010. La narration est totalement décousue, oscillant entre le présent, le passé et des considérations ultra techniques sur l'horlogerie. Une sorte de maelstrom indigeste et sans grand intérêt. Et puis, alors que j'étais sur le point d'abandonner, le miracle s'est produit. A la page 70, au début de la seconde partie, l'histoire se focalise sur la jeunesse de George, et plus particulièrement sur les événements qui ont poussé son père à fuir le foyer. L'écriture devient fluide, limpide, et l'on découvre la rudesse de la vie dans l'Amérique profonde des années vingt. Cinquante pages lumineuses qui justifient à elles seules la lecture du roman.

Paul Harding prend son temps. Il oscille avec talent entre les descriptions contemplatives de la nature, la violence incontrôlable d'une crise d'épilepsie ou encore les fulgurances de l'esprit en perdition d'un mourant. Son texte, à la fois pastoral et lyrique, enchaîne les tableaux comme autant d'images miniatures ciselées avec une précision d'orfèvre.

Un roman inégal mais qui mérite d'être lu pour peu que l'on aime la littérature, loin de tout effet de mode et d'une quelconque recherche d'action ou de divertissement à tout prix. .


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Je commencerai par saluer le traducteur qui a réussi le tour de force de traduire une écriture d'une telle richesse ! Paul Harding traduit ses impressions par des mots qui courent sur le papier, il ausculte la nature et les éléments et transcrit leur couleur et leur mouvement par des phrases somptueuses et parfois interminables.
C'est un roman totalement atypique qui commence, alors que George, le chef de famille, est en train de mourir d'insuffisance rénale dans son salon, entouré par ses enfants et petits-enfants, en proie à des instantanés de ses souvenirs et des hallucinations... Etrange et un peu abscons au début ...
Mais au fur et à mesure, George convoque ses souvenirs d'enfance auprès d'un père colporteur, imprévisible et bucolique, régulièrement frappé par des crises d'épilepsie et régulièrement aussi foudroyé par le spectacle de la nature dans sa splendeur... et le récit prend un tour très différent et passionnant.
Que restera-t-il de nous après notre mort, c'est la question qui taraude George et ponctue régulièrement ses réflexions.
Un livre étrange et beau, une rivière à l'écriture sublime par laquelle il faut se laisser emporter...
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Objectivement, j'ai toute les raisons d'apprécier ce livre. Publié initialement à 3 500 exemplaires chez Bellevue Literary Press, un petit éditeur américain, il a reçu en 2010 le prix Pulitzer. Très bien écrit, et admirablement traduit par Pierre Demarty, le récit débute dans le salon de George Washington Crosby. Alors que ce dernier est allongé, agonisant, sur son lit médicalisé de location, il se remémore sa vie, celle de son père, celle de son grand-père. Entre folie épileptique, ambiance américaine du début du XXème siècle, mécanismes d'horloges à réparer, vie de famille quelque peu oppressante, et retour à la réalité ultra-moderne, Paul Harding ne cesse de nous transporter d'un temps à l'autre, d'un lieu à l'autre, jusqu'à nous perdre souvent. Les vies des trois hommes s'entremêlent, se ressemblent, divergent en fonction des choix de chacun. Et moi, je m'y perd complètement. Je raccroche le fil de l'histoire au gré du texte, qui au-delà du récit, surprend par sa beauté sombre ou la description crue donnée par des yeux d'enfant. L'auteur alterne avec brio les courts dialogues ou les silences d'un dîner familial et les longues phrases littéraires.

La lecture et le rythme du texte sont un vrai délice. Malheureusement pour moi, je n'ai pas su entrer dans le roman, je n'ai pas su comprendre les différentes étapes et époques et retracer tous les liens entre les vies des trois hommes. Ce livre nécessite très certainement une deuxième lecture pour mieux en mesurer toute la richesse. Et je ne manquerai pas, si l'occasion se présente, de lire Enon le deuxième roman de cet auteur, qui tout aussi déstabilisant qu'il soit, n'en vaut pas moins le détour !


Lien : https://synchroniciteetseren..
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critiques presse (3)
Telerama
25 avril 2012
Ce récit fragmenté est un grand roman familial et mélancolique, une méditation éblouissante sur le temps qui passe et les hommes « foudroyés » par les surprises de l'existence et la beauté de la nature.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
18 avril 2012
Malgré la mort qui rôde, ce n'est pas un office des ténèbres qu'il entonne, c'est un hymne à la vie, une ode à la mémoire, cette machine à remonter le temps dont George, ancien réparateur d'horloges, fait tourner les rouages avec une infinie délicatesse. Superbe.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeSoir
30 juin 2011
Les foudroyés est plein d’une imagination galopante qui échappe puis qu’on rattrape comme on se rétablit sur une barre. Elle est placée très haut, cette barre.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Achetez ce pendentif, sortez-le des replis de votre robe et glissez-le dans le creux de votre main, et regardez la livide lumière du feu s’y miroiter, tard le soir, tandis que vous attendez que le toit cède ou que votre volonté se brise et que la couche de gel devienne si épaisse que vous ne puissiez plus la casser à coup de hache, debout sur le lac gelé à minuit, chaussée des bottes de votre mari, le fracas sec de la hache sur la glace si infime sous le tournoiement des étoiles glaciales, le sourd couvercle des cieux, que votre mari ne risque pas même de se retourner dans son sommeil dans la cabane de l’autre côté de la glace et d’accourir, alerté par le bruit, à moitié mort de froid, vêtu d’un simple caleçon long, pour vous empêcher de percer un trou dans la glace et d’y glisser comme dans une veine bleue, de glisser jusque dans les ténèbres vaseuses du fond du lac, où vous ne verriez rien, où vous ne sentiriez rien, à part peut-être la présence de quelque poisson somnolent s’ébrouant dans le brouillard, votre plongeon alourdi par la robe en laine et les grosses bottes l’ayant dérangé en sa léthargie hivernale peuplée de songes des mers anciennes.
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Quatre-vingt-quatre heures avant de mourir, George pensa : Parce qu’ils sont comme les carreaux disjoints d’une mosaïque, tout juste assez espacés pour pouvoir changer de place, même si ce n’est que quelques-uns à la fois et en un seul endroit, de sorte qu’on n’a pas l’impression que ce sont eux qui bougent mais l’espace vide entre eux, et cet espace vide est l’espace qui manque, les quelques derniers morceaux de verre coloré, et quand ces morceaux seront en place, ils feront apparaître l’ultime tableau, l’ultime agencement. Mais ces morceaux, lisses, brillants, laqués, sont les plaques sombres de ma mort, en gris et noir, et délavées, exsangues, et, jusqu’à ce qu’ils se mettent en place, tout le reste continuera de se déplacer. Et ainsi cette fin dans la confusion, où le moment où tout s’arrêtera me demeure à jamais inconnu, et ce déplacement est cet espace même, est cela même qui reste à advenir, et qu’il appartiendra à d’autres de voir comblé où que ce soit dans le cadre au bout du compte quand les derniers morceaux se seront mis en place et que les autres s’arrêteront, et ainsi apparaîtra le motif fixe, l’agencement définitif, mais pas même ça, parce que cette finitude définitive sera elle-même un fragment de déroulement, un petit tas de morceaux nacrés qui pour l’essentiel resteront solidaires mais se déplaceront au sein d’un autre ensemble et auxquels se mélangeront d’une infinité de façons les souvenirs d’autres que moi, de sorte que je demeurerai un agrégat d’impressions poreux et ouvert à de possibles combinaisons avec tous les autres fragments vitreux flottant ici et là dans le cadre des autres, parce qu’il y a toujours cet espace libre réservé pour le reste de leur propre existence, et aux yeux de mes arrière-petits-enfants, où l’espace l’emporte encore sur les morceaux fixés, je ne serai que le brumeux alliage d’une théorie de rumeurs, et aux yeux de leurs arrière-petits enfants je ne serai qu’une teinte dans la composition de quelque obscure couleur (…)
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Les poils de ma nuque se hérissaient, du haut de l'échine au sommet du crâne, comme si elle était traversée par un courant, et quand ce courant sautait du haut de ma tête et si j'étais le dos tourné aux arbres, je sentais le vrai vent venir me caresser le bas de la nuque et s'insinuer dans mes cheveux, dans l'eau, dans l'herbe, et enchevêtrer les hirondelles à sa voix chorale faisant vibrer toutes les tristesses ancestrales et innommables au fond de nos gorges, là où la voix s'enrouait et se brisait sur la portée de vieilles chansons oubliées.
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tes matins froids sont remplis du chagrin qui te vient à l'idée quoique nous y soyons peu à notre aise, ce monde est tout ce que nous avons, qu'il nous appartient mais qu'il est plein de discorde, et qu'ainsi nous ne possédons jamais rien d'autre qu'un peu de discorde; et pourtant, c'est toujours mieux que rien, n'est-ce pas ?
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Il dormit dans l'herbe au pied de la carriole. La lune se leva et dessina un arc au-dessus de sa silhouette endormie. La nuit donna sa représentation tandis qu'il rêvait de chambres vides et de couloirs désertés. Une maigre meute de loups descendit des collines. Ils encerclèrent sa carriole, reniflèrent, puis s'éloignèrent à pas furtifs. Il s'éveilla juste avant l'aube et crut apercevoir des lueurs dans les arbres, mais une légère brise s'éleva dans l'herbe, gagna les arbres et en chassa la lumière; alors il referma les yeux;
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