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EAN : 9782258083974
468 pages
Presses de la Cité (07/10/2010)
4.09/5   41 notes
Résumé :

Dans le Cap-Sizun, entre Douarnenez et la pointe du Raz, les destins croisés de quatre filles de marin, tout au long du XXe siècle.

Des petites filles éblouies par la figure du père, col-bleu de la Royale, héros des Dardanelles et rescapé de torpillages en mer Egée, quoi de plus légitime ? Devenues grandes, elles rêvent fatalement d'épouser un marin...

Telles sont les quatre sœurs Gwenan : Joséphine, l'aventurière au cœur ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Je repousse l'écriture de cette note de lecture depuis presque deux mois maintenant, mais les semaines qui passent ne la rendront pas plus facile à écrire. Non que ce livre soit difficile à lire, au contraire, c'est un charmant roman régionaliste. Agréablement écrit de bout en bout, suivant la vie sans grandes péripéties des quatre soeurs Gwenan, filles de Joseph, qui a fait sa carrière dans la Marine Nationale au début du XXème siècle, et qui toutes, d'une manière ou d'une autre, lieront leur vie à d'autres matelots de la Royale.
Prenant le parti original d'évoquer la Marine Nationale par le biais des femmes de marin, ce livre semblé écrit pour moi. J'ai retrouvé mon Grand-père dans la figure de Joseph Gwenan, même s'ils n'étaient pas de la même génération, même si ce ne sont pas les mêmes guerres qu'ils ont vues du pont de leurs bateaux, de ces bateaux où on salue tout ce qui bouge et on peint tout le reste (ben oui, de la peinture anti-rouille, le sel marin ne pardonne pas sur le gris terne de ces bateaux). Tous deux s'engagent pour les mêmes raisons, pas par souci patriotique, mais parce que Brest n'est pas loin. Rien de glorieux dans ces destins, même si Joseph restera toute sa vie le héros des Dardanelles (où il se retrouve plus par hasard qu'autre chose, il ne s'est pas fait marin pour faire la guerre, aussi paradoxal que cela puisse paraître) juste des hommes qui, un peu consentants, un peu forcés, se sont retrouvés dans des coins de la planète dont ils avaient au mieux entendu parler sur les bancs de l'école et au coeur d'évènements qu'ils n'avaient pas prévus.
J'ai aimé ce livre. Pour ses qualités d'abord, car les romans régionalistes me semblent parfois un peu faiblards, celui-ci se tient de bout en bout, sans avoir recours aux poncifs du genre (les belles histoires d'amour, les clichés touristiques, et j'en passe). Tout ici est évoqué en finesse, sans forcer le trait, et l'histoire colle au plus près des vies rangées qui sont le lot de la plupart d'entre nous, avec ses scandales qui en sont à peine, ses tristesses banales mais pas pour autant plus faciles à surmonter, ses joies simples, ses petites folies qui se remarquent à peine. J'ai aimé ce livre aussi parce que j'y ai vu mon Grand-Père, qui venait tout juste de nous quitter, parce que j'ai acheté ce livre le lendemain de son enterrement, et que j'ai commencé à le lire dans l'avion qui m'emportait encore une fois bien loin de la mer, trop loin de lui. Ecrire cette note de lecture, c'est tourner encore un peu plus la dernière page de ce joli petit livre qui représente toute une part de mon enfance, et c'est pour cela que je ne l'ai pas écrite plus tôt. C'est une page tournée, un autre fil qui se rompt et qui rapproche un peu plus tous ces souvenirs de l'oubli. Alors peut-être lirai-je ce livre à nouveau, et je rêverai à nouveau aux voyages qui ne sont pas dans ce livre mais que le marin de mon enfance à moi me racontait comme çà, en passant, en mangeant une salade de haricots verts.
J'ai aimé ce livre pour des raisons très personnelles donc, et je m'excuse un peu d'avoir parlé plus de moi que de ce livre dans cette note, mais c'est un livre que l'on peut aimer pour lui-même aussi. J'ai l'impression, avec cette première lecture d'Hervé Jaouen d'avoir trouvé l'auteur régional que je cherchais depuis un petit moment, et je ne manquerai pas de lire d'autres livres de lui. Beaucoup ont des titres qui me donnent envie de les ouvrir sans même lire la quatrième de couverture, des titres simples qui fleurent bon la terre pauvre des Monts d'Arrée ou les algues de la laisse de mer.
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Troisième volet de la fresque familiale bretonne magistralement écrite par Hervé Jaouen, nous découvrons ici des nouveaux personnages: Joseph et Donatien, demi-frères de Mamm Gwenan, qui était elle-même mère de Jabel gozh, l'héroïne du premier volet "les filles de Roz-Kelenn".
Joseph et son frère Donatien sont tous deux enfants de l'Assistance Publique, leur mère biologique ayant défailli à ses devoirs de mère.
Joseph va devenir marin de "la Royale" et faire la guerre de 1914, il va vivre la célèbre bataille des Dardanelles en 1915. Après la guerre, il aura des enfants, quatre filles: Joséphine, Germaine, Yvonne et Marie-Morgane.
Toutes les quatre seront attirées par des marins, certaines seront plus heureuses que d'autres dans leur vie sentimentale.
Donatien, lui, va mener sa carrière à la force du poignet.
Ayant survécu à la guerre après avoir intégré la "Coloniale", il réussit en tant qu'entrepreneur et fait un beau mariage inespéré avec une aristocrate pharmacienne.
Le roman est attachant, c'est l'occasion de découvrir ou redécouvrir la région du Finistère qui apparaît ici au travers de plusieurs communes.
C'est un roman qui met en valeur l'Armor, la Bretagne de la mer, les précédents tomes étant dédiés plutôt à l'Argoat, la Bretagne de l'Intérieur.
Le récit garde son rythme tout au long du livre, je l'ai lu en une journée sans pouvoir m'en détacher.
C'est l'occasion aussi de vivre la vie des marins de "la Royale" et de suivre le parcours de certains navires célèbres comme la "Jeanne d'Arc".
Un beau récit très bien documenté. Je vais maintenant attaquer le dernier volet de la série...Dernier point: les dialogues sont vraiment savoureux, et valent le détour...
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" femmes de marin, femmes de chagrin " Proverbe breton

Hervé Jaouen est un auteur breton qui a décidé de raconter en 3 tomes l'histoire fictive d'une famille bretonne du début du 20 ème siècle jusqu'aux années 1980.

"Les soeurs Gwenan" est le 3ème tome de cette saga (mais peut-être lu indépendamment des deux premiers livres). L'histoire se déroule dans le Finistère dans le Cap Sizun.

Joséphine, Yvonne, Germaine et Marie-Morgane les quatre filles, de Jos ancien marin de la Royale ayant survécu à la 1er guerre mondiale, décident, à leur façon, de suivre l'exemple paternel en devant femmes de marin.

Les personnages sont attachants et le lecteur est embarqué par cette histoire familiale. le petit plus tient aux expressions et tournures bretonne décimées dans le livre qui permettent de découvrir un dialecte et une culture intéressante.


Belle histoire qui rend hommage aux gens de la mer et à ceux qui y sont attachés.

Roman plaisant mais qui rappelle trop dans sa construction le roman " Eux autres de Goarem treuz" du même auteur à mon sens.



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J'ai bien aimé le roman même si je n'ai pas été "embarquée" dans l'histoire comme cela peut m'arriver lorsqu'un personnage me touche particulièrement. D'un bout à l'autre, on reste spectateur du quotidien de cette famille bretonne que l'on suit tout au long du XXème siècle, assistant à l'évolution de cette famille de marins et à la transformation de toute la société française.

L'histoire est beaucoup moins sombre que dans "Ceux de Ker-Askol" qui racontait l'histoire d'une autre branche de la famille. Contrairement aux personnages du premier roman, Les Soeurs Gwenan et leurs proches ne subissent pas les événements mais choisissent leur voie, même si c'est parfois modestement, raisonnablement. On ne s'inquiète jamais vraiment pour eux : même lorsqu'ils sont confrontés aux aléas de la vie ou aux vicissitudes de l'Histoire, ils restent unis, optimistes et le bonheur n'est jamais loin pour eux.

On retrouve le style rugueux et direct d'Hervé Jaouen qui n'hésite pas à se moquer, le plus souvent gentiment, de ses personnages. Cela donne un récit très vivant, facile à lire malgré les mots de breton qui émaillent le récit.

Un bon moment de lecture donc, même si ce livre n'est pas mon favori de l'auteur...
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L'auteur a su me retenir dans cette chronique familiale au fil des époques. Pas de drames, pas de rebondissements extraordinaires, juste des vies bien racontées.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Ils appartenaient à la marine en blanc, qui ne quitte pas le navire, et non pas à la marine en kaki, qui descend se battre à terre. On les imaginait vêtus de leur bel uniforme immaculé, à bord d'un aviso invulnérable, remontant des fleuves jaunes sous des ciels flamboyants, et peut-être un matelot chantait-il, accompagné par la douce musique de l'eau sur la coque, "La chanson de ma vie", écrite au début du siècle par Jos ar Saoz, un gars d'Ergué-Gabéric engagé dans la Royale.
Yaouank c'hoazh me oa kuitaet va bro gozh
Breizh-Izel,
Evit mont da c'hounez ma bouede-barzh ar broioù pell.
Da Saïgon en Indochin digentañ e oan bet,
Goude oan deuet d'an Afrik da vro an Arabed.
"Jeune encore, j'ai quitté mon vieux pays de Basse-Bretagne. Pour gagner mon pain dans de lointaines contrées. D'abord j'ai été à Saïgon, en Indochine. Et ensuite je suis allé en Afrique, au pays des Arabes."
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Dans les campagnes, en ce temps-là, à son mal de vivre on n'accolait pas encore le mot "dépression". On n'allait pas chez le médecin parce qu'on n'avait plus envie de sourire. On savait qu'à Quimper il y avait des neuropsychiatres, mais on pensait qu'il fallait être fou pour aller les voir, qu'ils enfermaient les gens chez Boum, l'asile d'aliénés de Quimper.
Pour guérir, les femmes se tuaient au travail et les hommes sombraient dans la boisson.
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Seuls les riches – « les riches » : ceux qui ne meurent pas de faim, et non pas ceux qui disposent de magots cachés à l’intérieur de belles maisons impossibles à imaginer – pouvaient se payer le luxe de s’intéresser à leur généalogie, soit pour se flatter d’y trouver des célébrités, soit pour se vanter d’avoir donné une si belle branche, la leur, celle de la réussite, à partir d’un tronc pourri.
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Il apparaîtrait que le fiancé de Marie-Morgane portait les sabords - le galon or barré de bleu des aspirants de marine - et qu'il allait démarrer sa troisième et dernière année de formation , l'école d'application, à bord de la Jeanne d'Arc, dont l'appareillage pour la fameuse croisière autour du monde noierait le quai de Brest sous les pleurs des épouses et fiancées abandonnées.
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La Jeanne d'Arc appareilla de Brest le 22 janvier 1948 et les plus passionnés par la croisière du croiseur-école furent ceux de Trezaraden. Jos se gaussa un chouïa de ce bâtiment:
- La Jeanne a eu le coup de pot de se trouver aux Antilles en juin 40 et d'y moisir jusqu'en juillet 43. Après, elle a participé au débarquement en Corse et en Provence, mais bon, malgré ses quatre tourelles doubles de 155 et ses pièces de 75, ça reste quand même un salon navigant, fait pour recevoir les grosses têtes locales à chaque escale, consuls et ambassadeurs, ministres et présidents de la République.
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Vidéo de Hervé Jaouen
Hervé Jaouen lit un extrait de son livre Connemara Queen.
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