En mai 1968, Chrétien, un journaliste, assiste à des affrontements meurtriers au cours des manifestations soulevées par les étudiants. Son directeur refuse de passer les images à l'antenne. Ecoeuré par l'ingérence politique, car à cette époque la présidence avait un droit de regard sur les informations diffusées, Chrétien démissionne et part à l'autre bout du monde, sur un coup de tête, en Polynésie française. Lorsqu'il cherche un pilote pour le déposer sur l'île de Tureia, on le prend pour un fou, car l'île est réputée abriter une peuplade anthropophage. Qu'à cela ne tienne, Chrétien compte bien aller au bout de son projet. L'arrivée sur l'île est plutôt hostile, mais il parvient à se faire accepter par la tribu et surtout par le chef Arakino, avec qui il nouera une sincère relation d'amitié. Il en oubliera son identité et deviendra Upo. le lecteur apprend avec lui certaines coutûmes tahitiennes, telles que le fa'mu, qui consiste à adopter ou échanger des enfants. Coûtume qui lui apportera deux fils. Bientôt, il se sent tahitien et non plus un popa'a, un blanc. Pourtant un autre popa'a habite l'île, Moto Guzzi, un coureur de nuit, chargé de veiller aux relations entre Tureia et la presqu'île de Taravo : une zone militaire occupée par des légionnaires.
C'est là que le destin de Upo va prendre une dimension héroïque. Il va comprendre ce qui se passe sur cette zone militaire, comprendre aussi qu'on achète le silence du peuple de Tureia. Et il consacrera sa vie à rendre sa dignité à ce peuple, assisté par ses deux jeunes fils, aussi rusés que lui. On assiste ainsi à la métamorphose d'un homme, pour qui tous les moyens sont bons. le roman s'accélère vraiment à ce moment là. Au départ le récit est intrigant, car on se demande si Chrétien va finir rôti à la broche. Puis on se demande ce qu'il va bien pouvoir faire sur cette île. Et plus l'histoire avance plus on approche du thriller, avec un suspense bien maintenu et des ficelles si fines qu'on ne voit pas venir les pages suivantes. L'intelligence d'Upo et la façon dont il va manipuler des personnes influentes à Papeete sont bluffantes, il n'y a pas de négociations, discussions... que la peur. Une peur latente, entretenue par des méthodes dignes des plus grands mafieux, car Upo sait appuyer sur les points sensibles. Tout ceci pour le bien de l'île, et dans le but de dévoiler au monde le secret qu'il a découvert concernant des expériences sur les effets de la radioactivité, au grand dam des services secrets français.
En tant que journaliste,
Pascal Martin sait de quoi il parle lorsqu'il évoque les effets néfastes des essais nucléaires en Polynésie française. Son propre père fut employé dans le Centre d'énergie atomique et a déclaré un cancer. Intéressé par le sujet, il s'est rendu auprès des populations locales pour qu'elles témoignent des conditions de travail et des effets que les essais ont eu sur leur santé.
le seigneur des atolls continue sur la lancée et nous permet de saisir le mépris des autorités françaises à l'égard des populations soumises au danger de la radioactivité. Mais bien plus qu'un roman documentaire, c'est un récit au rythme soutenu, passionnant, car il se passe énormément de choses, qu'on ne peut exposer plus afin de préserver le plaisir de se laisser entraîner dans cette aventure, portée par le charisme de Upo. On ressort de cette lecture fasciné par ce personnage qui démontre avec grandeur qu'à coeur vaillant, rien d'impossible.
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