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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 73 sur 103
EAN : 9782253142409
192 pages
Le Livre de Poche (15/10/2003)
  Existe en édition audio
3.81/5   140 notes
Résumé :
Maigret bâilla, poussa les papiers vers le bout du bureau. - Signez ça, les enfants, et vous pourrez aller vous coucher. Les enfants étaient probablement les trois gaillards les plus durs à cuire qui fussent passés par la P J. depuis un an. Lun deux, celui quon appelait Dédé, avait laspect dun gorille, et le plus fluet, qui avait un œil au beurre noir, aurait pu gagner sa vie comme lutteur forain. Janvier leur passait les papiers, une plume, et, maintenant quils ven... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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Après avoir vu le film Maigret de Patrice Leconte, avec Depardieu dans le rôle du commissaire, j'ai ressenti le besoin de lire le roman dont il s'est inspiré, c'est à dire Maigret et la jeune morte.

Leconte nous propose un film très réussi portant essentiellement sur les méthodes d'investigation de Maigret laissant une part importante à la reconstitution de la psychologie des victimes, de leur environnement et du mobile de leur assassin.

Leconte a pris des risques en gommant de l'histoire de Simenon tout ce qui ne pouvait être transcris au cinéma sans perdre le spectateur.

Il a gommé la mère de Louise, retirée à Monaco où elle passe son temps à jouer à la roulette du casino pour gagner sa matérielle, comme elle l'avoue à l'inspecteur Féret de Nice.

Il a gommé la guerre que se livre à distance Lognon, l'inspecteur Malgracieux et Maigret qui dresse de lui un portrait sans concession :
« Techniquement, il n'avait commis aucune faute, et aucun cours de police n'apprend à se mettre dans la peau d'une jeune fille élevée à Nice, par une mère à moitié folle. »

Il a gommé aussi l'histoire de Mme Irène la couturière :
« - Quand a-t-elle été condamnée la dernière fois ?
Il y a quatre ans ou cinq ans. Elle a d'abord été danseuse, puis sous-maîtresse dans une maison au temps où celles-ci existaient encore. »

Il n'a retenu que l'atmosphère de la société française des années 1950, restitué de façon admirable, le mariage de Jeanine Arménieu, plein de magnificence, la lumière sombre qui émane du personnage de Louise, la duplicité des personnages qui l'entourent et en font une victime désignée.

Il a retenu essentiellement la figure de Jules Maigret que Depardieu incarne à merveille en mettant au service de l'histoire son visage volontiers torturé et son cerveau hanté par la victime :
«  C'était curieux d'ailleurs. Car, ce n'était pas à l'assassin qu'il avait pensé, mais à la victime, c'était sur celle-ci seule que l'enquête avait porté. Maintenant enfin qu'on la connaissait un peu mieux, il allait être possible de se demander qui l'avait tuée. »

Le roman, comme le film d'ailleurs, est construit autour de la capacité de Maigret à retracer le parcours de la victime :
« Il la voyait entrer au Maxim's comme il la voyait, un mois plus tôt se faufiler , au Roméo, parmi les invités de la noce »
« Maintenant, encore, tout en parlant, il l'imaginait cachée sous le lit, chez Mlle Poré, puis plus tard, se disputant avec Jeanine Arménieu dans leur logement de la rue Ponthieu. Il la suivait dans son logement de la rue d'Aboukir et devant la boutique du boulevard Magenta où elle travaillait en plein vent. »
Maigret est tellement dans son enquête qu'il en rêve la nuit :
«  Il pensait toujours à Louise Laboine et aux autres personnages qui avaient surgi les uns après les autres, sortant de l'anonymat pour lui faire une sorte de cortège. La seule différence avec tout à l'heure, c'est que ces personnages devenaient flous et grotesques, qu'à la fin ils s'embrouillaient, jouant un rôle qui n'était pas le leur. (…) Maigret se crut en train de jouer aux échecs (…) prenait la reine pour le roi, les fous pour les cavaliers et ne savait plus où il avait placé ses tours (…) »

Enfin, il parvient à reconstituer le puzzle :
« Les vides, maintenant, étaient presque tous remplis. Il devenait possible de reconstituer l'histoire de la jeune fille depuis le moment où elle avait quitté sa mère, à Nice, jusqu'à la nuit où elle avait retrouvé Jeanine au Roméo. »

Une des enquêtes de Maigret les plus abouties dans laquelle il est aussi question de conflits des générations, de difficultés des jeunes femmes à faire leur place dans la société sans passer par la case « homme », des tentatives de rébellion de Louise Laboine contre ceux et celles qui acceptent les règles du jeu.
« Quand elle était embauchée comme vendeuse quelque part, il lui arrivait toujours une mésaventure. Ou c'était le patron, ou un chef de rayon qui essayait de coucher avec elle.
Au lieu de leur faire comprendre adroitement que ce n'était pas son genre, elle montait sur ses grands chevaux, les giflait, ou s'en allait en claquant les portes. Une fois il y a eu des vols dans l'établissement et c'est elle qu'on a soupçonnée, alors qu'elle était sûrement innocente. »

Son seul tort a été de croiser des personnes convaincues que dans la société il y a des loups et des agneaux et que pour ne pas être un agneau, il vaut mieux être un loup.

Un grand Maigret. Relu avec toujours autant de plaisir.
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Un petit polar vintage avec une enquête à l 'ancienne. Ici pas de brigade de policiers sur équipés, pas d' experts en technologie de pointe...
Une jeune fille est retrouvée assassinée, une nuit, à Paris. Maigret s'occupe de l'enquête. Il va essayer de retrouver l'identité de la jeune morte, son adresse, sa profession, ses fréquentations, sa famille... Il va retisser la vie si courte de la victime, découverte gisant sur le pavé parisien en robe de soirée de location. On est immergé dans le Paris des années cinquante. On suit le pas lent et les réflexions de Maigret qui tisse sa toile autour de la victime. On retrouve le Paris de l 'époque , les téléphones en bakélite, l' ambiance et les mentalités de l'après guerre. L'époque où on n'était pas pendu à son portable, l'époque où on lisait le journal papier au petit déjeuner, où on écoutait les feuilletons à la radio le soir après dîner avec un petit digestif. Une autre époque quoi !
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Simenon est et restera pour moi une valeur sûre. Ici pas de sensationnel, pas de sang, pas de tueur en série, pas de profiler mais le Commissaire Maigret, naturellement au fait de la psychologie humaine ! Egal à lui-même, il affronte les criminels avec calme et détermination et parvient à trouver la vérité. Simenon ne nous offre pas l'évasion seulement la vie et la lutte contre le crime ordinaire et c'est du pur bonheur.
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C'est mon premier Simenon ! Eh oui ! Je n'avais jamais essayé de lire cet auteur et ma soeur a failli s'étouffer quand je le lui ai dit. Elle m'en a offert 4 d'un coup pour mon anniversaire, aussi ai-je commencé par celui-ci, étant donné qu'il vient d'être adapté au cinéma avec Gérard Depardieu dans le rôle titre.

Je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai été emballée par cette intrigue mais l'histoire de cette jeune fille seule, incapable de garder un travail, un logement et une amie et qui, au moment où enfin la chance lui sourit, meurt assassinée, m'a touchée. Comme est touché Maigret qui résout l'affaire entre deux Pernods, en déambulant dans un Paris disparu. Ce roman dégage une atmosphère un peu désuète mais cela change des romans policiers actuels, dégoulinant de sang et de cruauté.

Challenge Multi-défis 2022

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ISBN : 9782253142409

C'est l'un des romans qui met en scène Lognon, celui que toute la Police parisienne a surnommé à l'unanimité "l'Inspecteur Malgracieux." Excellent flic mais ayant une tendance très nette à se percevoir comme la victime du Destin et encore plus de ses collègues, Lognon court après une promotion qui ne viendra jamais. Il se passe toujours quelque chose qui enraie le processus. Très souvent aussi - trop souvent à son gré - Lognon voit Maigret débouler dans "son" enquête et c'est d'ailleurs le cas dans ce roman puisque la jeune morte dont il est question est retrouvée place Vintimille, au beau milieu du "territoire" de l'Inspecteur Malgracieux.

Côte à côte spirituellement si ce n'est physiquement, Maigret et Lognon vont mener l'enquête et la résoudre, chacun à sa façon. Entre deux cogitations intenses, l'un n'a qu'à décrocher son téléphone pour disposer de tous les services qu'il désire. L'autre n'aime rien autant que se martyriser une fois de plus en traquant le coupable inconnu dans le Paris des années cinquante, à pied le plus souvent (et l'on ne vous raconte pas les étages montés et redescendus) et, parfois, en métro. Chaque ticket, chaque dépense se traduit par une "fiche" que Lognon, administratif dans l'âme, traîne avec lui durant toute l'enquête afin de bien faire comprendre à Maigret - qu'il n'apprécie pas - que lui, tout Inspecteur Malgracieux qu'il est, va vraiment "au charbon", et dans les circonstances les plus difficiles qui plus est.

La force du récit tient autant au style irremplaçable de Simenon qu'à l'opposition qui préside aux rapports entre les deux personnages principaux. le style, tout lecteur de Simenon le connaît bien : ces phrases concises, soigneusement aplaties et rabotées, qui n'ont pas l'air de dire grand chose lorsqu'on les prend une par une mais qui, rassemblées, plantent le décor, allument les projecteurs, installent les personnages et enfin animent l'ensemble d'une façon si naturelle que le lecteur en reste paralysé d'émerveillement. Quelle puissance dans l'analyse psychologique, dans ces recoupements de petits faits qui ne paient pas de mine, de petites phrases rapportées par des témoins plus ou moins bien intentionnés, de gestes quotidiens accomplis dans la colère, la routine et la lenteur ...

Pas un seul instant, on n'entend directement la voix de la jeune morte et pourtant, on finit par tout savoir de son enfance chaotique, de sa timidité malmenée, de ses rêves écornés et du coup de chance manqué qui la mène droit dans les bras de la Mort. Maigret scrute, se concentre, s'incarne pour ainsi dire dans sa victime. En parallèle, Lognon fait exactement la même chose, à sa manière étriquée, malheureuse mais redoutablement professionnelle. Si tous deux s'attachent aux maigres faits dont ils disposent, tous deux osent aussi franchir le pas de l'intuition, de ce flair de limier-né qui les fait, peu à peu, dérouler devant eux les péripéties sordides d'une piste absolument froide.

Quant à l'opposition Maigret-Lognon, elle permet au roman de respirer en lui apportant un humour bienvenu qui fait sourire et même rire. On n'a pas grande difficulté à s'imaginer, réunis à la P. J., dans le même bureau, tournant l'un autour de l'autre avec le même embarras et la même suspicion, un Maigret tout en masse et en rondeurs, son éternelle pipe à la bouche, surveillant pour un temps son ton bourru afin de ne pas froisser la fierté d'écorché-vif de l'Inspecteur Malgracieux, et un Lognon maigre, déplumé, enrhumé, dont chaque éternuement est un reproche, dont chaque "fiche" justificative se veut un rappel des dures conditions de travail qu'on lui impose et qui guette éperdument le mot de trop - ou le mot de moins - qui prouvera de manière irréfutable, aux yeux de l'univers tout entier, que Maigret a une dent personnelle (et injustifiable) à son encontre.

Simenon touche ici, comme si souvent dans son oeuvre, classique ou policière, à la perfection. Il raconte avec simplicité, il émeut avec pudeur, il conclut avec un fatalisme amer. L'un de ses meilleurs livres, qui se lit d'une traite. ;o)
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critiques presse (1)
RadioFranceInternationale
09 septembre 2022
Patrice Leconte adapte pour la deuxième fois un roman de Georges Simenon après Monsieur Hire. Et c'est Gérard Depardieu qui joue le rôle du célèbre commissaire. Un Maigret vieillissant dans un Paris des années 1950.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... - Louise Laboine a répondu à votre annonce ?

- Elle m'a téléphoné pour me demander le prix. Je le lui ai dit. Elle a voulu savoir si je ne pouvais pas faire un peu moins cher et je lui ai conseillé de venir me voir.

- Vous avez consenti une réduction ?

- Oui.

- Pourquoi ?

- Parce que je m'y laisse toujours prendre.

- A quoi ?

- Quand elles viennent se présenter, elles ont l'air très comme il faut, sont pleines d'humilité, de prévenance. Je lui ai demandé si elle sortait beaucoup le soir et elle m'a répondu que non.

- Vous savez où elle travaillait ?

- Dans un bureau, paraît-il, mais j'ignore lequel. Ce n'est qu'après quelques jours que j'ai compris quel genre de fille c'était.

- Quel genre ?

- Une fille renfermée qui, quand elle avait décidé de ne rien dire ... [...]
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Il en était de Louise Laboine comme des plaques photographiques qu’on trempe dans le révélateur. Deux jours avant, elle n’existait pas pour eux. Puis elle avait été une silhouette bleue, un profil sur le pavé mouillé de la place Vintimille, un corps blanc sur le marbre de l’Institut Médico-Légal. Maintenant, elle avait un nom ; et une image commençait à se dessiner, qui restait encore schématique.
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[...] ... L'idée ne vint pas à Maigret que le 2ème Quartier était le secteur de Lognon, celui que ses collègues surnommaient l'inspecteur Malgracieux. Y aurait-il pensé, cela n'aurait pas fait de différence, car Lognon n'était pas nécessairement en service de nuit au poste de la rue La Rochefoucauld.

Les rues étaient désertes, mouillées, avec de fines gouttes qui mettaient une auréole aux becs de gaz, et de rares silhouettes qui rasaient les murs. Au coin de la rue Montmartre et des Grands Boulevards, un café était encore ouvert et, plus loin, ils aperçurent les enseignes lumineuses de deux ou trois boîtes de nuit, des taxis qui attendaient le long des trottoirs.

A deux pas de la place Blanche, la place Vintimille était comme un îlot paisible. Un car de la police stationnait. Près de la grille du square minuscule, quatre ou cinq hommes se tenaient debout autour d'une forme claire étendue sur le sol.

Tout de suite, Maigret reconnut la silhouette courte et maigre de Lognon. L'inspecteur Malgracieux s'était détaché du groupe pour voir qui arrivait et, de son côté, il reconnaissait Maigret et Janvier.

- "Catastrophe !" grommela le commissaire.

Car Lognon, évidemment, allait encore l'accuser de l'avoir fait exprès. ... [...]
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Voyez-vous, ces petites-là, quand elles arrivent à Paris et se sentent perdues au milieu des millions de gens, ou bien ça bluffe, ça crâne, ça parle haut, ou bien ça se renferme sur soi-même.
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Toutes ces images-là se mêlaient ,encore confuses,et quelque chose finirait bien par sortir.Il y en avait une ,surtout ,dont il ne parvenait pas à se débarrasser ,celle d'un corps nu sous un violent éclairage électrique , avec la silhouette du Docteur paul , en blouse blanche , qui enfilait ses gants de caoutchouc.
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« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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