Après des années de vache maigre, le scénariste
David Armitage voit enfin le bout du tunnel.
L'un de ses scénarii est acheté par la télévision et David devient du jour au lendemain la nouvelle coqueluche du tout Hollywood.
Riche, admiré, encensé, il peut enfin vivre sur un grand pied comme il l'a toujours rêvé.
Mais la gloire est bien souvent éphémère et les revers de fortune sont durs à L.A...
Subitement accusé de plagiat, David voit tous ses "amis" se détourner de lui.
Une ignoble machination a été ourdie contre lui mais malheureusement personne ne semble prêt à croire en sa parole.
L'argent si chèrement acquis s'évapore, tout comme sa notoriété nouvelle et la vie de rêve qu'il commençait à peine à mener. Il ne lui reste rien.
Ruiné, accablé, acculé, méprisé, ce n'est qu'au prix d'une totale remise en question que David pourra parvenir à remonter la pente…
Douglas Kennedy, c'est l'américain préféré des européens ! Depuis «
L'homme qui voulait vivre sa vie », «
Les désarrois de Ned Allen » - tous deux adaptés au cinéma - ou « Les charmes secrets de la vie conjugale », l'écrivain anglo-saxon n'a cessé de susciter l'engouement des lecteurs. Une revanche pour ce new-yorkais boudé dans son propre pays, les Etats-Unis n'ayant jamais été prêts à apprécier le non-conformisme de l'auteur ainsi que ses opinions et ses engagements politiques.
Mais pour nous autres, lecteurs français,
Douglas Kennedy équivaut à la quasi-assurance d'un moment de lecture agréable, sans chis-chis ni prise de tête.
Lorsqu'on commence un livre de
Douglas Kennedy, on se dit qu'on va monter dans un train à grande vitesse dont le rythme et le suspense vont nous donner le tournis et nous entraîner dans une histoire haletante menée tambour battant.
Une mécanique bien huilée, une écriture nerveuse, une intrigue efficace, un style incisif et tranchant…c'est un peu tout cela l'univers de
Douglas Kennedy, s'intégrant de surcroît à une sensation de vitesse, à un emballement jouant sur les nerfs et causant un empressement de lecture assez ahurissant, comme dans «
Piège nuptial ».
Pour arriver à ce résultat, l'auteur, malin, à une recette magique que l'on retrouve pratiquement dans la trame de tous ses romans : le don unique de précipiter ses héros dans une spirale infernale en s'employant à décrire le moment où, dans une vie stable, tout bascule.
L'ingéniosité de l'auteur vient de la façon de camper essentiellement des personnages proches du lecteur et auxquels il peut aisément s'identifier. Ceux sont généralement des personnes de la middle-class, souvent en pleine crise existentielle ou relationnelle ; des individus pris au piège de la vie domestique, derrière laquelle se tapie l'ombre du cauchemar…
Partant de situations de la vie quotidienne, banale, commune, sage, propre à chacun de nous, l'auteur parsème alors ses petits cailloux de suspense et de doute, petits rouages défectueux venant enrayer la grande roue d'une existence ordonnée.
Et une fois que le lecteur s'est identifié au héros et qu'il éprouve de l'empathie pour ses problèmes, vlan !
Douglas Kennedy intègre par surprise à ce scénario bien huilé, des éléments violents qui vont tous nous déstabiliser, héros comme lecteurs. Lu dans un magazine, l'auteur définit cette stratégie d'écriture par l'expression « claquer le lecteur ».
Et c'est vrai que nous sommes claqués, bouleversés, malmenés, tellement est grand le contraste entre la situation de départ du héros et ce qu'il va désormais devoir endurer !
Une véritable descente aux enfers attend le personnage principal, une chute vertigineuse doublée d'inquiétude, d'angoisse et de peur, à l'instar du scénariste
David Armitage, pris dans les pièges du monde impitoyable et corrompu du cinéma d'Hollywood et des mirages de Los Angeles.
Un monde où les milliardaires mégalomanes sont dépourvus de tous scrupules et jouent votre tête comme les Dieux des tragédies antiques, un univers d'hypocrisie et de mensonges où seuls comptent l'argent et la réussite sociale, et que l'auteur dépeint avec un humour empreint d'une ironie féroce doublée d'une fraîcheur espiègle.
L'occasion pour l'écrivain de railler ce qui caractérise notre société moderne et son mode de fonctionnement et de s'indigner de certains de nos comportements : la perte des idéaux, le sacrifice des rêves sur l'autel de l'argent ou de la célébrité, les actions mensongères, la duplicité, les artifices destinés à tromper, les dissimulations…
Mais paradoxalement, cette plongée dans l'abîme va confronter
David Armitage à ses choix, à ses dilemmes, à ses erreurs, et l'amener à réfléchir à sa propre vie, à ce qu'il en a fait et pourquoi il en est arrivé là. Une histoire dont il sortira peut-être grandi finalement…
« Touchant portrait d'un homme en proie aux incertitudes et aux caprices du destin », «
Rien ne va plus » est de ces romans pétillants et addictifs, qu'on lit dans un souffle, d'une seule traite, et qui offrent un savoureux moment de lecture.