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EAN : 9782259197205
360 pages
Plon (16/10/2007)
2.84/5   22 notes
Résumé :
On m'a souvent reproché de ne pas écrire de " vrais romans ", autrement dit des livres qui pourraient se lire comme on regarde un film.
En voici un, mais il s'agit de mon existence réelle : souvenirs, situations, portraits. J'ai connu nombre de célébrités littéraires, philosophiques ou politiques de mon temps. Les voici, peintes de l'intérieur. Quant à mon aventure personnelle, plutôt singulière, et le plus souvent recouverte d'un flot épais de malentendus, i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Nous sommes en présence d'un esprit libre dont les certitudes parfois dérangent. Nous survolons cinquante années d'observations artistiques, littéraires et politiques. Nous plongeons aussi dans ce XVIIIè trop souvent, à tort, résumé à un siècle de libertinage. Nous regardons et écoutons (mieux car l'amour qu'il leur porte nous y incite) peintres et musiciens. Ah! Bach! Mozart ! au point de lire : "Gracq "Deux ou trois fois compassé. Et puis une remarque : "Je n'aime pas Mozart". Bonsoir". Il passe son chemin, inutile de s'attarder.

Nous découvrons quelques réflexions et portraits d'autres écrivains et philosophes, nous pénétrons par la porte Sollers dans un univers clos qu'il nous livre sans pitié.

Nous l'accompagnons, homme lucide, intelligence éblouissante et écrasante, ego marqué, coup publicitaire indirect ou volontaire (citations de ses oeuvres - inutile d'aller plus loin, lisez-les - débuts de plusieurs romans - cela nous donnera-t-il vraiment l'envie de lire?), légèretés qui adoucissent l'âpreté d'une écriture complexe qu'il nous faut décoder - le Monde Sollers - quelques phrases venin qui nous font sursauter - et souvent nous approuvons sa lucidité et souvent nous nous demandons : pourquoi ce mépris?, des passions qui nous touchent - Mozart,Rimbaud, Baudelaire, Lautréamont, Nietzsche, Venise, Europe..., une humanité que l'on entrevoit -Ah! Mais il est comme tout homme - les femmes bien-aimées dont il parle avec réserve, le fils qu'il évoque pudiquement...

Livre étrange, kaléidoscope que l'on tourne et retourne : certaines images plaisent, d'autres heurtent mais n'est-ce pas cela Sollers? ("de Sollus et ars : tout à fait industrieux, habile, adroit, ingénieux "- tout est dit). On est pris dans le tourbillon des mots, on aime, on déteste, on court, on peine, on râle, on rejette...En arrive-t-on au point du mépris de l'intelligentsia qui le poursuit? Non parce que , je le cite "on n'a rien compris, mais on a, de ce fait, beaucoup mieux compris que ceux qui ont mal compris". Bref on tente d'expliquer, d'excuser. C'est le temps qui dira ce qu'il reste en nous de cette lecture. Lire? Ne pas lire? A chacun sa liberté.

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Les mémoires de cet écrivain-philosophe nous apprennent beaucoup de choses sur les "people" qui ont croisé sa route, et nous parle très peu de philosophie... Déception, c'est l'inverse qui m'aurait plu !
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Si on m'avait dit un jour que je lirais du Sollers... Philippe Sollers. Il faut dire que la réputation qui précédait l'homme et ses prestations médiatiques n'avaient jusqu'à présent pas...


Si vous voulez en savoir plus, c'est là : http://lirevoirentendre.blogspot.com/2008/02/un-vrai-roman-mmoires-de-philippe.html
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Un panorama des personnalités littéraires surtout, qui se sont succédé au 20ème siècle. Toute une époque défile sous nos yeux, la vie de l'auteur aussi, beaucoup de réflexions ou analyses intéressantes que l'on soit d'accord ou non, le sens de la formule, mais que tout cela est lassant, notamment au dernier tiers du livre. Pire, l'auto satisfaction permanente de Philippe Sollers rend l'ensemble quelque peu insupportable
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il y a une femme qui a été tellement décriée que je ne résiste pas au plaisir de faire son éloge : Isabelle Rimbaud.
Elle n’a rien compris, mais elle a, de ce fait, beaucoup mieux compris que ceux qui ont mal compris.
L’aventure de Rimbaud n’est pas « littéraire », elle n’est pas non plus celle « d’un mystique à l’état sauvage » (Claudel [26]) qu’il faudrait domesti­quer, elle n’est en rien l’annonce d’une révolu­tion sociale (Breton), au contraire. Rimbaud n’est ni un dévot en devenir, ni un trotskiste virtuel.

Verlaine a mal compris, Mallarmé a mal compris, Claudel, pourtant foudroyé, a mal compris, les surréalistes ont mal compris, et les « poètes » comprennent plus mal encore. Ils ont tous de très bonnes raisons d’en vouloir à Isabelle, témoin capital de la fin de Rimbaud à Marseille. C’est, au fond, un problème d’inceste et de sœur.

Verlaine, « vierge folle », puis hypocrite « Loyola » ; Mallarmé disant que Rimbaud, « s’étant opéré vivant de la poésie », avait des « mains de blanchisseuse » [27] ; Claudel coincé par sa propre sœur en route pour la folie ; Breton obsédé par les dégâts de la conversion de Clau­del, etc., tout le monde, entre misère sexuelle et rumination « littéraire », passe à côté d ’une expérience unique, percée au-delà du dire, le dire n’étant pas une obligation.

Isabelle comprend mieux, à cause, précisé­ment, de ses limites « religieuses ». Son frère est un saint, mais de quelle nature ? En tout cas, il faut le défendre contre les potins sexuels et la manie « littéraire ». C’est beaucoup plus, tout à fait autre chose, mais quoi ?
On se moque d’Isabelle, mais les filles Rim­baud (voir le journal de Vitalie à Londres dont personne ne s’était soucié avant que je le mette en perspective dans Studio) sont la noblesse même. Leurs préjugés sont moins importants que la perception, constamment et organiquement juste, qu’elles ont de leur frère. Beaucoup plus juste, en tout cas, que celle, homosexuelle (explicite ou refoulée) , des contemporains et des successeurs .
Exemple, lettre d’Isabelle, en août 1895 :
« Ce serait une erreur de croire que l’auteur d’Une saison en enfer a jamais pu se plier à la vul­garité de la vie du commun des mortels. »
Parfait.
L’année suivante (réaction à un article de journal) :
« Pourquoi insister sur des misères démesurément simplifiées ? » En effet.
Et puis :
« Croyez-vous qu’on le méprisait tant que cela ? N’y avait-il pas, dans ces dédains apparents, une forte dose d’envie, la crainte de succès pré­sumables pour l’avenir, et le désir de les enrayer d’avance ? »
On ne saurait mieux dire. Et encore :
« Il possédait l’anglais à fond, et le parlait aussi purement que le plus parfait gentleman. »
Rimbaud gentleman ? Stupeur des vieux amis de province, Delahaye, Verlaine, avec leur argot pénible et merdique. Jugement, en tout cas, qui rejoint les descriptions de l’autre sœur, Vitalie, à Londres, en 1874.

Il faut voir comment Rimbaud, après sa mort (1891), est traité par les journalistes et les écho­tiers français de l’époque : polisson, vagabond, communard, escroc, racoleur, carliste, propre à rien, ivrogne, fou, bandit, etc.

De nos jours, hagiographie et légende, ce qui est la façon renversée de passer à côté du sujet.
Isabelle, d’emblée, pointe l’essentiel :
« Je crois que la poésie faisait partie de la nature même d’Arthur Rimbaud ; que, jusqu’à sa mort et à tous les moments de sa vie, le sens poétique ne l’a pas abandonné un instant. » (Je souligne.)
Et aussi :
« On peut sans crainte faire entrer, dans les révélations de ses derniers jours, extases, miracles, surnaturel et merveilleux, on restera toujours en dessous de la vérité. »
Isabelle parle ici avec ses mots de paysanne ignorante et dévote, elle vient, en réalité, de faire la connaissance de son frère en le veillant et en l’écoutant beaucoup. Sous la pression de l’opium qu’on lui donne comme calmant, il improvise pendant des heures, musique qu’elle dira, plus tard, retrouver dans les Illumina­tions. Tout naturellement, elle range cette expérience dans le seul registre symbolique qu’elle connaisse : la dévotion catholique, et la foi ou les visions qui y sont associées.

Ici, tout le monde se cabre : Breton est indi­gné de retrouver là l’opium du peuple et l’obs­curantisme religieux ; Claudel s’enflamme puis se méfie (il a été « séminalement » influencé par les Illuminations, mais enfin, ça va comme ça, et, plus tard, quand on lui reparlera de Rimbaud, il répondra qu’une messe suffit pour sa mémoire). La légende de la falsification et de la récupéra­tion « catholique » par une sœur abusive est en route, et inutile de dire que si les dévots anticlé­ricaux se déchaînent, les « catholiques », dans leur ensemble, s’en foutent royalement.
En somme, c’est le contraire de l’affaire Nietzsche, même si le parallèle est tentant. Isa­belle, Camille, Élisabeth ? Trois sœurs, en tout cas, sur la chose.
Claudel, après son ordination manquée, veut faire vendre du Claudel, et ce sera le théâtre, avec, comme expiation, une interminable, et souvent très belle, lecture de la Bible en latin. Mais enfin, bon, plutôt Isabelle : après tout, elle était là, et Rimbaud est mort dans ses bras, scel­lant, dans son langage à elle, un fabuleux mariage d’au-delà. Je ne la sens pas inventer, les heures qu’elle a vécues sont ici bouleversantes et intenses. Au Harar, dit-elle, « il illuminait splen­didement la salle de réunion et organisait des concerts, musique et chants abyssins ».
Histoire génétique de sœur, et pas d’« âme­ sœur ».
Extrême jalousie et consternation, en revanche, chez les « frères » imaginaires.

Comme on sait, Rimbaud n’a jamais coupé les ponts avec sa famille, comme il l’a fait avec le milieu « littéraire ». On connaît son programme de retour : avoir le plus d’argent possible, se marier, avoir un fils qui devienne ingénieur, etc., décisions qui font encore se révulser la bien­-pensance poétique. Moins remarquée est son invocation finale et constante sur son lit d’ago­nie : al-Kârim ! al-Kârim !, un des noms de Dieu signifiant l’« abondant », le « riche », le « munifi­cent », le « généreux ». Mais c’est aussi, en alchi­mie arabe, le nom de la Pierre philosophale.
Comme le disent souvent au lecteur les traités de cette dimension, pour conclure un passage important : Comprends !
Je ne fais que prendre au sérieux l’alchimie du verbe.

Philippe Sollers, Un vrai roman. Mémoires, Folio 4874, p. 373-378).
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Je viens d’écrire le mot "sermon", et je dois faire aussitôt une exception pour ceux de Maître Eckhart, qui ne sont jamais loin de moi depuis longtemps. Quand mon père est mort, en 1970, devant la lourde misère expéditive de l’enterrement catholique, j’ai pris l’initiative, au cimetière, de monter sur le tas de terre, au bord de la fosse, et de lire un passage d’Eckhart, devant une famille pétrifiée de stupéfaction, et qui, par la suite, ne fera aucun commentaire. Je lui dois bien ça, à ce père discret, généreux, musical, pudique. C’est certainement l’acte le plus étrange que j’aie jamais accompli. Ce sermon s’appelle : « Il est dans l’âme un château fort où même le regard du Dieu en Trois Personnes ne peut pénétrer ».

Et voici le passage (je laisse imaginer la scène) :

« Je l’ai déjà dit : il est dans l’âme une puissance qui n’est liée ni au temps, ni à la chair, qui émane de l’esprit, reste dans l’esprit et est absolument spirituelle. Dans cette puissance, Dieu se trouve totalement : il y fleurit et verdoie toute la joie et tout l’honneur qu’Il porte en lui-même. Cette joie est si profonde, d’une grandeur si inconcevable, que nul ne saurait l’exprimer pleinement avec des mots. Car le Père éternel engendre sans cesse dans cette puissance son Fils éternel, en sorte que celle puissance collabore à l’engendrement du Fils et s’engendre elle-même en tant qu’il engendre ce Fils, dans la puissance unique du Père. Et si un homme possédait tout un Royaume et tous les biens de ce monde et qu’il les abandonne par pur amour de Dieu pour devenir l’homme le plus pauvre qui ait jamais vécu sur terre ; que Dieu lui envoie ensuite autant à souffrir qu’aucun homme ait jamais souffert ; que cet homme endure tout cela jusqu’à sa mort, et que Dieu lui accorde alors, ne serait-ce qu’un instant, de contempler d’un seul coup comment il est lui-même dans cette puissance spirituelle, cet homme éprouverait une joie telle que toutes les souffrances et toutes les privations lui paraîtraient encore trop peu de chose. Bien plus, si Dieu ne lui accordait jamais dans la suite le royaume du ciel, il aurait néanmoins été trop largement récompensé de tout ce qu’il aurait jamais souffert ; car Dieu est dans cette puissance comme dans l’éternel instant présent. » [46]
On voit bien ce que le sulfureux Eckhart veut dire : Dieu fleurit « sans pourquoi », comme néant créateur et illuminateur. Sans le savoir ni oser l’imaginer, pauvre mort, tu auras toujours été libre et sans pourquoi . Et maintenant, cimetière, énorme silence sans glas.

Je revois le tas de terre, l’assemblée, le cercueil, la fosse. Puissance de l’éternel instant présent : c’est la formule.

Père et fils : question ouverte. Mon père, agnostique, m’a transmis un doute radical sur les activités humaines (violence, guerre, travail, affaires, procréation). Ma mère, plus avisée, a fait semblant, avec humour et de façon très anti-cléricale, d’avoir de la religion (catholique). Au moment de la naissance de mon fils, j’ai choisi son prénom, David, en pensant aux psaumes bibliques (j’ai entendu pas mal de conneries malveillantes à ce sujet), et la question s’est posée : transmettre ou pas ? Et transmettre quoi ? Doit-on interrompre une mémoire ? De quel droit ? Julia, avec de très bonnes raisons psychanalytiques, se déclare volontiers athée. Pas moi. Croyant, alors ? Non, à l’écoute.
J’ai donc décidé de faire baptiser mon fils, et de lui faire visiter ensuite la plupart des églises de Paris, en lui expliquant les prières et les rites. Les lieux les plus parlants auront été Notre-Dame et sa forêt de cierges, la très étrange église de Saint-Germain-l’Auxerrois, le cloître secret de Port-Royal, la perle du Val-de-Grâce. Tout enfant, il chuchotait « Au nom du Père, du Fils et du sain d’esprit ». Souvent, le soir, nous avons récité rapidement ensemble, à voix basse, un Notre-Père. Comme tout le monde (ou plutôt comme moi), il a fait sa « première communion » et sa « communion solennelle ». Un dieu clandestin et discret nous protège, du haut du ciel, de façon respirable et palpable. Pas de communauté : une voie.

En somme, vous avez toujours plus ou moins mêlé le transcendantal, la mystique, la poésie, la pensée, l’amour, l’érotisme, l’ironie, la Révolution ? Mais oui, et c’est justement ça, la Révolution.
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1

« Comme la Providence agit, c’est donc la rencontre, au moment de la publication d’Une curieuse solitude.
Déjeuner à la campagne, chez mon éditeur. Il veut un prix littéraire : il a donc invité un juré Goncourt et un juré Femina pour leur présenter son jeune auteur. Pour moi, tout ça, c’est la barbe. Mais le juré Femina, stupeur. C’est une femme de 45 ans, merveilleusement belle, et qui rit presque tout le temps, Dominique Rolin. Je l’ai aperçue une fois à la télévision, regardée chez Roger-la-frite, petit boui-boui populaire et pas cher de Montparnasse, lors de mes virées nocturnes. Impossible d’oublier cette première image : personne ne peut porter des pendants d’oreilles comme D. À l’espagnole, justement, bien qu’elle soit belge, ou plutôt hollandaise, ou plutôt juive polonaise, ou plutôt, tout simplement, une des plus belles femmes qui ait jamais existé.
Elle est assise à côté de moi, sur ma gauche. Je ne fais attention à rien d’autre. Corps de rêve, seins magnifiques, voix-mélodie, rire de gorge, humour. Elle paraît dix ans de moins (elle a dix ans de moins), elle sort d’un deuil très dur qu’elle décrit dans un de ses meilleurs livres, « le Lit », c’est donc une veuve sombre et joyeuse. Coup de foudre pour moi, légère commotion pour elle (elle manque de tomber dans un escalier). Mon destin est là, aucun doute. Même conviction, fondée, qu’avec Eugénie, sept ans plus tôt. Le surnom d’Eugénie dans ma mythologie personnelle : « l’Ange ». Celui de Dominique, immédiatement : « la Fée ». Tout y est : lumière intérieure, effet d’irradiation, sensualité, peau, bijoux, extraordinaire impression de confort et de repos que donne la beauté indifférente à elle-même (elle ne se trouve pas belle, évidemment). Il ne manque que la baguette magique, mais elle est là, invisible, l’étoile est là. Les citrouilles, autour de la table, ont disparu dans une gélatine de paroles vides. Elle va partir en riant dans un carrosse, mais je la retrouverai.
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Et je la retrouve. Il faut insister un peu : moi 22 ans, elle 45, est-ce bien raisonnable ? Pas du tout, c’est la raison même. En route pour la féerie qui dure, à l’écart. L’amour ne peut être que clandestin, c’est sa définition. Elle est d’accord, sauvage et discrète sous ses airs trompeurs de grande gentillesse, faite pour décourager les intrusions, la glu des confidences et des indiscrétions. Toute personne qui avoue un amour, ment. Banco ? Banco.
Je prends une voiture, je l’emmène tout de suite en Espagne, je sais où, l’hôtel Oriente à Barcelone, sur la Rambla de las Flores. Barcelone, la ville qui, à l’époque, ne dort jamais, ou sans cesse, ce qui revient au même. On se baigne dans les environs, on assiste à des corridas à la Monumental, dont l’une, inouïe de virtuosité et de grandeur, de Luis-Miguel Dominguin (les oreilles et la queue), on dîne au Caracoles, près de la Plaza Real (ses palmiers, ses arcades, son marchand de cigares). Mais attention : tous les matins, on monte à Montjuich, sur la colline surplombant la ville, et là, dans un petit café, à l’extérieur, presque seuls, on s’assied chacun à une table isolée, et on écrit. Végétation explosive, vue sur le port, grand silence partagé dans la séparation pure. On rentre, on mange des concombres frais, on boit de la sangria, on fait l’amour, on dort, on refait l’amour, on redort.
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3

Cette femme est stupéfiante, amusante, très déterminée. La nuit chaude, sur les Ramblas, est d’une gaieté folle, foule intarissable dont le flot faiblit à peine vers 5 heures du matin. Des fleurs partout, des femmes-fleurs partout, des prostituées fabuleuses au Cosmos, café vers le port. Dominique sait que je vais déraper de temps en temps vers là-bas, elle ferme les yeux, ne se plaint pas, ça fait partie de l’accord. Barcelone est mon université accélérée vitale. C’est là que Picasso a fait ses classes. Le quartier chaud s’appelle, comme par hasard, le « Barrio Chino », le quartier chinois.
Barcelone, Barcelone, pendant trois ans, chaque été. Grand hôtel pas trop cher, murs épais blanchis à la chaux, fraîcheur, sommeil, veille, sommeil éveillé, rêve éveillé. Et puis un jour, en partant, accident, pneu éclaté, voiture bousillée, pas une égratignure. On sort par le toit ouvrant dans un fossé, on s’embrasse. Il y a un village pas loin, et un café où je bois le meilleur cognac de mon existence. On s’aime ? On s’aime.
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Dialogue autour de l'oeuvre de Philippe Sollers (1936-2023). Pour lire des extraits et se procurer l'essai SOLLERS EN SPIRALE : https://laggg2020.wordpress.com/sollers-en-spirale/ 00:04:45 Début
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