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EAN : 9782266242363
432 pages
Pocket (03/07/2014)
3.66/5   67 notes
Résumé :
Début XIXe, sud de la Géorgie. Pour la jeune Cean et son époux Lonzo, le quotidien c’est la vie difficile des pionniers d’Amérique, à la manière de La petite maison dans la prairie. Récolte, travail de la terre, commerce, artisanat : par petites touches, on suit à travers des personnages attachants une existence de labeur rythmée par les saisons, les joies, l’adversité aussi... La vie de toute une communauté solidaire qui façonna hier la nation que l’on connaît aujo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Etats Unis, début du XIXe : la vie des paysans de la cambrousse au fin fond de la Georgie: labeur, autarcie, entraide, avec juste quelques incursions vers la cote atlantique pour faire du troc.

Isolés à 150 km des zones peuplées, les paysans triment sur une terre à la fois sauvage et généreuse, contraints à un labeur quotidien immense et des conditions climatiques incertaines. Savoir-faire ancestral, superstitions et croyance apeurée en Dieu sont le ciment d'une société en vase clos qui doit composer en son sein avec les jalousies, les rancoeurs, les pulsions d'amour, de colère ou d'envie. La condition des femmes y est particulièrement éprouvante par des grossesses à répétition et un travail harassant.

Très descriptif, les chapitres prennent le temps de créer une ambiance et les mots donnent à voir un pays immense, une nature à la fois rude et nourricière. Quasiment aucun dialogue, tout se raconte, s'explique, les saisons passent, les années défilent, voyant les familles s'agrandir et les anciens disparaitre.
Cette chronique est donc loin d'être une bluette campagnarde: ici, on souffre, on sue, on pleure, on enterre des enfants, on serre les dents, on craint le Seigneur et on avance comme des bêtes de somme.

Relations familiales frustres, familles taiseuses: le rêve américain est encore loin pour des familles plus proches des premiers colons, indifférentes aux querelles sociales sur les questions d'esclavage ou de sécession. La guerre qui couve saura néanmoins rattraper ces Pauvres Blancs à leur corps défendant.

Publié en 1934, Caroline Miller mérite bien le Pulitzer pour ce remarquable témoignage historique de la vie quotidienne des petits propriétaires sans esclaves.
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Vous connaissez « Autant en emporte le vent », de Margaret Mitchell ? Ce roman se passe dans le Sud profond des Etats-Unis, aux alentours de la guerre de Sécession. En fait, il a été écrit peu après « Les saisons et les jours » qui a connu un succès exemplaire à son époque (1934).
Encore une femme-auteure, encore le Sud, encore le 19e siècle.

Mais la comparaison s'arrête là. Car si Margaret Mitchell décrit le monde des nantis, des Blancs riches ayant une multitude d'esclaves, ici c'est le contraire : dans la famille Carver (dont on va détailler tous les membres, en particulier la fille, Cean), ils doivent tous travailler dur pour s'implanter de façon durable dans cette Géorgie pas très hospitalière, où les serpents grouillent, où les années de sécheresse anéantissent jusqu'au plus petit brin d'herbe, où les incendies sont meurtriers, où il n'y a pas âme humaine à dix kilomètres à la ronde.
Les femmes accouchent seules, avec l'aide de leur mari ou de leur mère/soeur/belle-soeur. Elles ont une tripotée d'enfants pendus à leurs basques, leur mari étant parti aux champs ou à la Côte, à plus d'une centaine de kilomètres, pour vendre leurs récoltes et les objets qu'ils ont fabriqués. Et puis la mort rôde et emporte beaucoup d'enfants…

Bref, c'est un monde âpre que dépeint Caroline Miller, à coups de descriptions très fréquentes et détaillées. A vrai dire, si les romans historiques m'intéressent énormément, j'ai été rebutée par ces descriptions : le travail à la ferme, les alentours de la ferme, les pièces de la maison… A la longue, je passais même des pages tellement ça me semblait fastidieux.
Et pourtant, je reconnais que je suis sortie de cet univers avec davantage de connaissances sur la vie de ces Blancs pauvres, pour lesquels les esclaves noirs sont de parfaits inconnus.

J'ai suivi aussi avec sollicitude le trajet de la pauvre Cean, qui a tant et tant d'enfants et qui en perd aussi quelques-uns avec un désespoir immense, mais qui garde un caractère d'acier. Quelle femme !

Le roman traite beaucoup de la mort, celle des parents, des maris, des enfants ; de la pauvreté, du travail, des relations familiales, de l'amour, du couple. La vie, quoi, celle qui s'écoule tout au long des saisons et des jours…
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Au début du 19° siècle, dans un coin isolé de la Géorgie, un couple de jeunes colons s'installe sur quelques arpents de terre avec un boeuf, une vache et des volailles. Aidés de la communauté paysanne locale et familiale, bravant les pires difficultés de la vie, ils créent les conditions d'une autarcie fragile et fondent un foyer riche de nombreux enfants. Bien sûr la vie ne sera pas toujours tendre pour cette famille confrontée aux aléas de la vie, aux caprices de la nature, et aux difficultés de vivre en couple dans une époque où se sent parfois coupable d'aimer.
Ce très beau texte de Caroline Miller récompensé par le prix Pulitzer 1934 permet de s'immerger complètement dans le milieu des colons américains du début du 19°siècle.La proximité avec la nature, les saisons et les animaux ; une vie uniquement consacrée au labeur et à la famille ; des valeurs morales construites sur une religion omniprésente : les parallèles avec notre histoire de la ruralité française s'imposent.
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Incroyable destin que celui de ce premier roman publié en 1933 et qui remporta le prix Pulitzer 1934. Rédigé par une Géorgienne totalement inconnue, Les saisons et les jours reçut un accueil enthousiaste, tant au niveau régional que national. A tel point que devant un tel succès, l'éditeur Harold Latham rechercha d'autres oeuvres « du Sud » afin de surfer sur la vague. C'est ainsi qu'il se décida à publier l'ouvrage de Margaret Mitchell qui allait devenir le prix Pulitzer suivant : Autant en emporte le vent. Ce dernier éclipsa rapidement Les saisons et les jours, qui restera quand même le best seller de l'année 1934 et qui a été réimprimé une quarantaine de fois depuis sa première édition. Grâce à la nouvelle collection « Vintage » de Belfond, il est maintenant disponible en France dans sa version intégrale et avec une nouvelle traduction (l'ouvrage a été publié dès 1938 sous le titre « Colons en Géorgie » mais dans une version abrégée et était depuis introuvable).

Contrairement à Autant en emporte le vent, Les saisons et les jours ne s'intéresse pas aux riches planteurs esclavagistes de la côte mais se focalise sur les fermiers blancs du Sud profond d'avant la guerre de sécession. Des familles trop pauvres pour posséder un esclave qui tentent juste de survivre dans un environnement difficile. Saga familiale centrée sur le personnage de Cean Smith, jeune fille mariée à l'adolescence que l'on suit pendant des dizaines d'années, le roman dresse le plus fidèlement possible le portrait d'une époque. Cean aura en tout 15 enfants et deux maris. Une femme remarquable, totalement accaparée par la vie domestique, épuisée par les grossesses à répétition et qui ne sera pas épargnée par les drames. Autour de Cean et de son clan, Caroline Miller évoque le plus scrupuleusement possible l'existence de ces pionniers marquée par la succession des saisons, des semailles, des récoltes, des naissances et des deuils. Un travail presque ethnologique transcendé par une écriture proche du naturalisme. Entre le roman régionaliste et le Nature Writing, Les saisons et les jours relate à travers Cean et les siens une vie quotidienne fruste et répétitive, sans véritable horizon.

Un texte fleuve qui, je l'avoue, ne m'a pas toujours emballé. Beaucoup de références religieuses (certes légitimes au 19ème siècle dans ces communautés isolées) plombent la fluidité de l'ensemble. Et puis à force de voir les personnages scier du bois, cuisiner des pains de maïs, traire les vaches, accoucher et récolter le coton, j'ai senti un petit relent de la petite maison dans la prairie assez désagréable. En plus réaliste et sans Nelly Olson, certes, mais quand même. Reste un beau portrait de femme, fière et lucide : « Maintenant, elle avait compris : ce monde avait été créé pour que les êtres humains y fassent leur devoir et prouvent qu'ils n'étaient pas des brutes. Il fallait qu'elle fasse son devoir, qu'elle donne la vie continûment, lave, s'occupe du bébé jusqu'à ce qu'il marche, puis en ait un autre. Pourtant, elle ne l'acceptait pas sans rechigner, même si elle se taisait et faisait son devoir. »

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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j'ai adoré ce livre, acheté un peu par hasard, et je l'ai lu d'un trait !
le récit est très simple et "quotidien" mais pourtant il nous touche, très américain ? non, très universel ! et sublime

nous suivons l'évolution d'un couple, Cean et Lonzo, Cean toute jeune encore quand ils se marient, et rapidement enceinte de leur premier enfant
l'amour que se porte le couple est très discret, très pudique, mais bien présent, et tant mieux car ils auront beaucoup de joies ensemble, de nombreux enfants, mais aussi de nombreuses peines et épreuves ...

et puis, dans leur quotidien paysan, certes ils ont de nombreux enfants mais surtout des filles ... moins utiles pour les travaux agricoles les plus durs
le père, Lonzo, ne se plaint pas, aime sincèrement sa femme et ses filles, et travaille dur lui aussi

malgré leur vie très simple, ils essaient de profiter des petits bonheurs éphémères : pour lui, avoir fait de bonnes affaires à la ville, où il a amené plein d'affaires, de récoltes et d'animaux dans une carriole, et acheter quelques bijoux et pièces d'or ou d'argent à sa femme ...
pour elle, se réunir avec ses filles et avec les autres femmes pour broder d'immenses couvertures en patchwork le soir à la veillée ...
constater que malgré les coups durs, leur maison est bien tenue, ils ont toujours des réserves de fruits, de récoltes, et même du linge de table fin, de jolis couverts et assiettes, un début de raffinement dans leur vie paysanne

pour elle, enchaîner les grossesses, ce n'est pas toujours un plaisir mais parfois une fatalité, cependant elle semble de mieux en mieux accepter son extraordinaire fertilité et sa très nombreuse famille ... comme un arbre qui porterait de nombreux fruits, comme si ses enfants étaient un prolongement d'elle-même
enfin, Cean verra grandir la majorité de ses enfants, et le temps semble s'écouler de plus en plus vite, au fur et à mesure des grossesses et des enfants
comme une métaphore de la vie qui file, vite, trop vite

la vie des Blancs d'Amérique du Nord, encore des pionniers finalement, des simples et rudes paysans, n'avait pas été souvent décrite avant ce livre
il répare donc cette injustice
ce livre aura ouvert la voie à d'autres livres sur les Américains, dont le très célèbre Autant en emporte le vent
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critiques presse (3)
Lhumanite
22 avril 2013
Les Saisons et les Jours de Caroline Miller, prix Pulitzer 1934, s’attache à l’existence d’une famille sur plusieurs générations. Au fil des nuits et des levers de soleil, des solstices et des équinoxes, elle vivra des bonheurs et des drames, des mises au monde et des deuils.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Lhumanite
08 avril 2013
Ce roman,pour la première fois entièrement traduit en français, retrace l’épopée de pionniers dans le sud des États-Unis. Une poésie du quotidien alliée à la tragédie commune des hommes.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
LeMonde
14 janvier 2013
En dépit de l'excellente postface d'Elizabeth Fox-Genovese, ce gros roman naturaliste n'a pas la force des écrits de Flannery O'Connor, Carson McCullers ou Eudora Welty
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Seen disait que le cœur d'une mère se gonflait tout comme son ventre se gonflait quand elle portait un enfant... Mais le cœur, lui, ne se débarrassait jamais de son fardeau ; il s'étirait, s'étirait à chaque nouvel enfant, toujours gonflé, tendre et douloureux. Et comme les bébés devenaient des hommes grands aux robustes épaules et des femmes aux larges hanches, il devait pouvoir s'étirer encore avant d'éclater. Si un enfant mourait, sa mère continuait à porter ce poids mort ; si son enfant adulte s'attirait des ennuis, sa mère les ajoutait à sa charge et essayait de les porter à sa place comme elle avait porté le poids de l'enfant avant sa naissance, bien longtemps auparavant, pour le protéger du froid, du soleil, du chagrin. Seen disait que c'était pour ça que les mères se battaient pour ne pas mourir, même quand elles étaient vieilles et usées.
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Débattre des droits d'un justiciable avait un côté enthousiasmant ; les jeunes présents dans l'assistance auraient bien voulu devenir avocats pour plaider brillamment au lieu de marcher en plein soleil derrière une charrue le long des sillons de maïs pour gagner leur croûte. Si vous étiez avocat, d'autres suaient pour vous assurer viande, farine et sirop, et vous, habillé en dandy, vous balanciez une canne avec désinvolture.
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Lonzo abattit de toutes ses forces la hache sur son front tacheté. Le veau s'affaissa sur les genoux et beugla ; Lonzo mit fin à ses cris en lui tranchant la gorge avec un couteau de boucher. Le sang jaillit. Si on ne tranche pas la gorge, le sang coule à l'intérieur. Cean ne pleura pas ; elle ne voulait pas laisser couler les larmes ; comme le veau assommé, elle saignait à l'intérieur.
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Les hommes parlaient de l'Afrique, un pays où les gens étaient aussi noirs que des sangliers ; on les amenait en bateau et on les vendait. Mais Jake n'en achèterait pas quand il serait un homme, même s'il avait la poche pleine de pièces d'or. Quelqu'un affirmait qu'une cargaison de ces gens-là puait autant que de la charogne et, par temps calme, ça sentait plus mauvais qu'un troupeau de vaches qu'on aurait abattues et laissées pourrir sur place. Qu'est-ce qui les rendait noirs ? Qu'est-ce qui les faisait puer ?
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A la mi-novembre, une pleine lune d'un blanc de givre - la lune glaciale des Peaux-Rouges - apparut au-dessus de la maison de Cean. Elle luisait autant que de l'argenterie bien frottée, blanche comme le givre qui couvrait en quantité les bois silencieux, les herbes affaissées et les cônes tombés des pins, ainsi que les aiguilles brunes luisantes, doux tapis moelleux pour de petites pattes poilues craintives.
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