Agathe observa une seconde de trop la cuisine de ses parents. Son œil noisette avait viré au noir. Elle balaya du regard la collection d'assiettes à motifs régionalistes, la toile cirée et son damier de poivrons verts et tomates bien rouges, le calendrier cadeau d'Agricadour, les Bambi en faux cristal, le vaisselier bourré de verres et d'assiettes, "pour les invités", dont on ne se servait jamais. C'était l'univers clos de son enfance, les repères de toute une vie. Elle avait fait ses devoirs sur la toile cirée, joué à compter les poivrons, rêvé aux prénoms de ses enfants sur le calendrier. Le rideau venait de tomber.
Témoignage de Frédéric Pons sur le général Bigeard.