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EAN : 9782211208260
525 pages
L'Ecole des loisirs (30/11/2012)
4.14/5   1160 notes
Résumé :
La vie n'est pas facile pour Pip. Orphelin, élevé à la dure, comment pourrait-il échapper à sa triste condition de garçon de la campagne, voué à devenir forgeron ?

Reçu chez l'étrange, vieille et riche mademoiselle Havisham, il fait la connaissance de sa fille adoptive, la ravissante Estella. Depuis qu'elle a été abandonnée le jour de ses noces, le temps semble s'être arrêté dans la maison de la vieille femme. Elle ne vit plus que pour se venger des h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (122) Voir plus Ajouter une critique
4,14

sur 1160 notes
Je me rappelle fort bien les efforts répétés d'un de mes amis de fac pour m'éduquer moindrement l'oreille à la culture reggae. Je me souviens en particulier d'un des titres des Gladiators où le tempo et la majorité des instruments marquaient une légère pause pour laisser ressortir la phrase que scandait le chanteur : « A good friend is better than pocket money ! » lequel Pocket Money était également le titre de la chanson.
Telle pourrait être la devise de l'ouvrage qui nous occupe aujourd'hui : Un bon ami vaut mieux que de grandes espérances.
J'ai trouvé ce roman réellement remarquable car combinant à la fois une construction romanesque et une efficacité de narration, essentielles dans l'établissement de toute bonne recette de roman réussi. Mais également, ce qui est plus rare, une révélation claire tant de la pensée que de la philosophie de vie de l'auteur et qui, elles aussi, sont très intéressantes.
Charles Dickens nous invite à réfléchir sur la destinée. Les deux personnages centraux du roman ont l'un et l'autre été placés à un moment de leur existence sous l'influence d'un protecteur. D'extraction humble et populaire, ces deux personnages se voient promis à la fortune financière et à l'élévation sociale.
Ce faisant, les deux personnages en question ne sont pas impliqués, ou fort peu, dans le projet de leur protecteur. Dit autrement, on décide à leur place de leur avenir et de ce qui sera bien ou pas pour eux.
Pour alléchantes que puissent être les « grandes espérances », conduisent-elles les bénéficiaires à s'épanouir et à tendre vers le bonheur tel qu'on pourrait être enclin à le penser ?
Outre ces deux personnages, un jeune garçon surnommé Pip et une jeune fille prénommée Estella, l'auteur nous dresse une série de portraits de personnages secondaires tous plus intéressants les uns que les autres.
Parmi ceux-là, trois figures masculines semblent ressortir en constituant pour Dickens l'archétype de l'exemple à suivre. Tout d'abord Joe, le forgeron qui a accompagné Pip dans toute son enfance. Ensuite Wemmick, le clerc d'un avocat en charge des intérêts de Pip et enfin Herbert, compagnon sensiblement du même âge que Pip et qui lui sert de guide dans la vie londonienne.
Ces trois personnages mènent une vie humble, ont des rêves modestes et accessibles et savent se montrer judicieux dans le choix de leurs épouses. Raisonnables, la tête sur les épaules, pas intéressées par l'argent et accessoirement belles mais ce n'est jamais la priorité, les qualités humaines devant constituer l'essentiel de la dot.
Seul Joe semble avoir commis une petite erreur en s'appariant dans sa jeunesse à une femme dont la principale qualité était sa beauté physique.
Parallèlement, une kyrielle de personnages intéressés fourmillent autour de ces trois figures et sont copieusement égratignées par l'auteur.
Une autre figure est à distinguer, celle de l'avocat Jaggers, qui symbolise selon moi l'ambition mais pas la cupidité. Dickens le présente comme quelqu'un d'éminemment compétent dans son domaine, respecté et/ou redouté (l'un entraînant probablement l'autre) qui est l'exemple type de la réussite professionnelle, mais qui a une vie privée aussi aride que les comptes-rendus d'audience et qui ne saurait donc être un parangon d'être accompli.
Pip, quant à lui, bien qu'intimement persuadé qu'il commette une profonde erreur n'arrive pas à se défaire de l'amour qu'il porte à une jeune fille remarquablement belle et dont la beauté, semble la principale qualité.
Nous cheminons dans ce parcours initiatique du jeune Pip tel que pourrait le faire un Candide qui, volant de déroute en déconvenue, apprend à aimer sa Cunégonde pour ce qu'elle est intrinsèquement et plus nécessairement pour sa beauté, élément qui était déterminant pourtant au départ.
L'auteur s'appesantit également sur le tragique destin du protecteur, quel qu'il soit, qui s'expose à être déçu de l'évolution du protégé, qui ne répond pas toujours exactement aux espérances qui étaient fondées sur lui. On pourrait rajouter qu'il en va de même pour le protégé qui espérait certainement un protecteur tout autre. En ce sens, il y a probablement quelque chose de l'ordre de la relation parents/enfants qu'essaie de nous faire percevoir Charles Dickens. Ô vous, chers parents, de par les siècles et de par le monde, vous avez toujours fondé des espoirs sur votre descendance. Tous ces beaux héritages, toutes ces belles situations, tous ces beaux mariages, toutes ces belles écoles, tous ces beaux métiers, vous vous souvenez ? Est-ce que vos soins attentifs et attendris prendront part dans l'éventuel bonheur ou malheur de votre enfant ? Vous sera-t-il reconnaissant d'avoir choisi pour lui l'orientation de sa vie ? Répondra-t-il à vos attentes les plus profondes ? À quoi vous exposez-vous en agissant de la sorte ?
C'est donc un magistral édifice que nous a construit Charles Dickens, que je vous conseille tant pour l'humour qu'il ne manque jamais de distiller à droite à gauche dans ses pages, que pour le plaisir de se laisser embarquer dans la narration, que pour sa portée philosophique, psychologique et sociologique. Au fil du roman, il nous fait l'éloge des gens simples qui savent avoir des ambitions raisonnables, qui mettent en oeuvre quelques principes comme la fidélité en amitié ou la droiture morale et qui comptent sur leur propre travail pour se créer un petit paradis, tout petit, à leur image, mais bien à eux.
En manière de conclusion je vous dirais : Ô vous tous qui avez de grandes espérances ; souvenez-vous du message de Dickens et des Gladiators réunis : a good friend is better than pocket money. (Qu'on pourrait transcrire grossièrement en français doctrinal sous la forme : « un ami véritable vaut plus que tout l'argent du monde. » et en langage reggae comme quelque chose du genre : « Yeah man ! à Babylone, avoir un bon pote c'est peut être pas le zion, mais c'est quand même mieux que d'avoir seulement son pèze à qui parler. »)
Mais comme toujours, pour les traductions hautement fidèles comme pour le reste, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.

P. S. : la traduction de Charles Bernard-Derosne revue par Jean-Pierre Naugrette pour le Livre de Poche est excellente, certaines autres semblent de plus piètre aloi.
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Oh comme il va me marquer pour longtemps, ce très beau, ce très grand «De Grandes espérances» de Charles Dickens.

Les personnages, d'abord, sont multiples et c'est incroyable de découvrir que tous, absolument tous, ont un rôle primordial dans l'histoire. S'il y en a un qui nous semble bien banal et de peu d'importance à priori, on découvre quelques chapitres plus tard qu'il est un pilier de l'histoire. Ça, c'est vraiment quelque chose que j'apprécie, et que, je dois l'admettre, je retrouve dans peu de livre.
Pour ma part, s'il fallait mettre en lumière l'un d'entre eux, et l'élire comme personnage favori - en excluant le narrateur, Pip, qui est devenu comme mon frère et qui, s'il devait entrer dans la compétition, relèguerait d'emblée bien derrière lui tous les autres - je dois avouer que je n'ai pas su résister au charme du tendre et fidèle Joe, « le meilleur ami du monde » de Pip avec lequel « il s'amuse royalement », et personne n'a su le détrôner - même si je dois reconnaître qu'Herbert est adorable et attachant, lui aussi. Ce qui est frappant avec ce trio de personnages, c'est leur humilité et les valeurs (notamment celles d'amitié) qui les lient les uns aux autres, et qui nous éblouissent… Et l'on comprend que l'amitié c'est tellement moins superficiel, tellement plus grand que ce que l'on s'imagine…
L'intrigue est pour moi parfaite, tant au niveau de la narration que d'un point de vue romanesque. Outre le fait que la lecture soit (sur)prenante et fluide – un vrai plaisir-, les réflexions, notamment sur la destinée - qu'elle soit modelée par le hasard d'une rencontre, imaginée et contrôlée par autrui, l'auteur nous montre qu'elle nous échappe et nous échappera toujours quoi que l'on fasse – sont absolument et divinement exquises.
L'écriture poétique de Dickens est un délice absolu, il manie l'humour et le tragique à merveille. L'auteur nous propose d'ailleurs deux fins, ce qui est assez original également.

Pour conclure, j'aimerai juste dire que l'idée la plus forte du livre – et celle que j'en garderai incontestablement – est celle de la désillusion, mais pas du désespoir. D'ailleurs, même si tout ne se termine pas comme on l'aurait présagé et que beaucoup d'espérances ne se sont pas transformés en faits, le livre s'achève tout de même sur des espoirs, des nouveaux. Et puis, après tout, toute la beauté d'une espérance, n'est-ce pas qu'elle le reste éternellement ?

Incontestablement un livre que vous devez laisser vous éblouir et vous submerger.
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Ce livre est à la hauteur de toutes mes espérances, et même au-delà. Je ne sais comment débuter cette critique sur un roman qui me marquera à jamais...Mais commençons par l'histoire, Philip Pirrip, qui s'est attribué le prénom de Pip vit une existence modeste auprès de sa soeur Mme Gargery et de l'époux de celle-ci, Joe. Toutefois, le jeune garçon mène une vie malheureuse, sans cesse battu par sa soeur qui "l'élève à la cuiller" ; seul Joe l'aime comme son propre fils et le défend tant bien que mal...Pip est également maltraité par les amis de sa soeur, tels M.Pumblechook, M.et Mme Hubble et M.Wopsle. le début du roman, à savoir, le premier chapitre, le met en scène alors qu'il se promène au cimetière et se fait interpeller par un forçat dont on ignore le nom mais qui sera déterminant dans le reste de l'existence de Pip...

Au fil du récit, Pip grandit, fait de nouvelles rencontres avec Mlle Havisham et Estella à Satis House, ce même lieu qui verra pour la première fois les espérances de Philip.

L'intrigue même de l'histoire débute au moment où Pip, destiné à reprendre la forge de Joe, est l'objet d'un évènement singulier : un héritage qui changera sa vie, ses habitudes, ses relations et surtout ses sentiments...

Tant de personnages plus ou moins importants se croisent que je ne peux pas tous les citer ! J'aimerai particulièrement évoquer Herbert, "le pâle jeune gentleman", personnage au grand coeur, dévoué et fidèle à Pip ; M.Jaggers et M.Wemmick, si sérieux mais tellement attentionnés ; Abel Magwitch, LE personnage incontournable de ce roman ; Biddy, cette jeune femme amie de Pip, qui fournit à Joe l'aide nécessaire pour apprendre à lire et écrire...La majorité des protagonistes auxquels je me suis attachée sont entrés dans ma vie comme si je les connaissais réellement et les rencontrais à longueur de journée !
Et, pour ne rien oublier concernant les personnages, un point sur Pip : jeune homme qui est pour moi, le plus méritant, le plus touchant, le plus modeste, et le plus généreux des narrateurs masculins que j'ai suivis...Proche de la perfection...

Charles Dickens est un auteur que je viens de découvrir, à travers "De Grandes Espérances", et je dois dire que je ne suis pas prête de le laisser tomber ! Son écriture est la plus fluide que j'ai jamais lue, avec un style si envoûtant pour ne pas dire délicieux, et dont chaque mot est un petit plaisir que l'on dévore patiemment...Un brillant écrivain que je considère comme l'un de mes préférés. Il décrit si bien la misère humaine et les sentiments incontestablement généreux des plus pauvres, cet écrivain engagé au coeur d'or !

Ainsi, je ne peux que conseiller ce roman à tout lecteur avide de lecture, qui n'a pas encore vécu d'expérience saisissante, et qui veut découvrir une oeuvre majeure de la littérature. Lisez- le si ce n'est déjà fait ! Ou plutôt, dévorez-le !
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Le jeune Pip a perdu toute sa famille : ses parents et ses cinq frères et soeurs.
Nous faisons connaissance avec lui au cimetière sur la tombe de tout ce petit monde.
Un forçat échappé d'une bateau prison des marais de la Tamise le force à lui apporter de la nourriture.
De retour chez sa soeur acariâtre chez qui il habite, il vole de la nourriture pour l' apporter à cet homme.
Joe Gargery, son beau-frère, exerce le métier de forgeron. C'est un homme bon pour Joe et pour tous. Plus tard, Pip deviendra forgeron lui aussi.
Pip se rend chez Miss Havisham pour jouer avec Estrella.
Un jour, on lui annonce qu'il a hérité. Il part habiter à Londres avec l'ordre de ne pas dilapider son argent.
D'où vient-il cet argent ? Je pense au forçat qui dès le départ m'évoquait Jean Valjean mais...mystère !
Il revient au village et se rend compte que cette Miss Havisham lui veut du mal, torture son coeur avec Estrella.
Heureusement que j'ai suivi le roman en feuilleton sur France Culture lors de mes tâches ménagères et en lecture en parallèle.
Je dois avouer que la lecture est plus agréable que l'audition qui est toujours réussie dans ces feuilletons mais cette fois, elle est un peu anarchique.
N'empêche, je n'aurais pas su lire le pavé entier en livre car il a été écrit d'une très belle plume mais avec la lenteur du siècle de Dickens, le 19ème, un peu éloigné du nôtre.
La préface donne des indications très intéressantes sur la vie de l'auteur et les notes en fin de livre apportent des suppléments bien nécessaires sur la vie à cette époque comme les bateaux-prisons par exemple.
Une lecture bien intéressante dont j'avais beaucoup entendu parler, complétée par la version audio bien nécessaire pour varier le plaisir de la découverte.
Une personnage bien humain que ce Pip.
Entre parenthèses, il m'a fallu le temps pour arriver au bout, je crois que je l'ai commencé à la fin du mois d'août.

Challenge pavés 2019
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Voilà une bien jolie leçon de vie que ces « Grandes espérances », ancrée dans de solides et revigorantes valeurs humaines, et nimbée d'une désuétude délicieuse, à des années lumière du cynisme ambiant qui tend à taxer de naïveté toute production faisant appel à de bons sentiments.
Point de mièvrerie pourtant dans cette trépidante histoire, dont la verve, l'humour et l'ironie toute en subtilité de Dickens permettent de faire de notions telles que la générosité, l'amitié et le bonheur simple l'alpha et l'omega d'un parcours initiatique plaisant pour l'âme, d'un caractère intemporel et riche d'enseignements.

Grâce à une galerie de personnages magnifiquement incarnés et dont chacun jouera pour le héros sa partition dans la symphonie des ambitions humaines, c'est en effet une boucle d'apprentissage que Dickens fait vivre au tout jeune Pip (un gamin auquel il presque impossible de ne pas s'attacher au début du roman tant il est craquant) en l'emmenant sur le chemin de ses « grandes espérances », celles où l'on place ses rêves d'amour comme d'élévation sociale. Cette boucle le ramènera des années plus tard, après moultes aventures et révélations dans le Londres du début du 19ème siècle dont l'auteur offre une peinture saisissante, à son point de départ, plus riche d'un capital humain qu'il aura malgré tout tâché tout au long de ses aventures de faire fructifier.

Je ne connaissais pas Dickens à qui je prêtai a priori des histoires très sociales, nécessairement miséreuses voire misérabilistes: j'en ai été pour mes frais et c'est tant mieux ! C'est beaucoup plus fin, beaucoup plus drôle, et le plaisir de découvrir une oeuvre qui se trouve au centre exact de mon champ de valeurs m'a mis d'humeur primesautière.


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critiques presse (3)
Marianne_
19 septembre 2022
Peu après sa parution sous forme de feuilleton (à Londres, en 1860-1861), « De grandes espérances » fit l’objet d’une traduction française hâtive et sans rigueur – qui fit pourtant référence pendant des décennies. L’éditeur Tristram publie une version en français entièrement revue.
Lire la critique sur le site : Marianne_
LeSoir
05 septembre 2022
Jean-Jacques Greif donne une nouvelle traduction du chef-d’œuvre de l’écrivain anglais. Charles Dickens n’a jamais été aussi jeune.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaLibreBelgique
23 juillet 2014
Un parcours d’apprentissage qui interroge le statut de gentleman.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (190) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait onze ans et était orpheline comme moi. Je trouvais ce qu'il y avait de plus remarquable en elle, c'étaient ses extrémités ; ses cheveux n'étaient jamais peignés, ses mains jamais lavées ni ses jolis orteils qui dépassaient de ses escarpins usés et déchirés.
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Je mis mes mains dans mes poches. Un morceau de papier plié, qui se trouvait dans l'une d'elles, attira mon attention. Je l'ouvris, et je vis que c'était le programme de théâtre que j'avais reçu de Joe, et qui annonçait le célèbre amateur de province. [...] Nous résolûmes à la hâte de nous rendre au théâtre. [...]
Plusieurs petites circonstances curieuses transpiraient à mesure que l'action se déroulait. {N. B. : il s'agit d'une représentation d'Hamlet.} Le défunt roi paraissait non seulement avoir été atteint d'un rhume au moment de sa mort, mais l'avoir emporté avec lui dans la tombe, et l'avoir rapporté en sortant. Le fantôme royal portait aussi, enroulé autour de son sceptre, un fantomatique manuscrit qu'il avait l'air de consulter de temps en temps, et cela avec un air d'anxiété et une tendance à perdre l'endroit où il en était resté qui dénotaient son état de mortalité. [...] La reine de Danemark, dame fort bien en chair, bien qu'historiquement dotée, à n'en pas douter, d'une voix métallique, fut considérée par le public comme ayant trop de cuivre sur sa personne. Son menton se réunissait à son diadème par une large bande de ce métal (comme si elle fût atteinte d'un somptueux mal de dents), sa taille était ceinte d'une autre bande, et chacun de ses bras également, de sorte qu'on l'appelait ouvertement " la grosse caisse ". [...] Tous ces incidents s'accumulaient sur mon infortuné compatriote avec un effet plaisant. Toutes les fois que ce prince indécis avait à faire une question ou à éclairer un doute, le public l'y aidait. Comme par exemple, à la question " s'il était plus noble à l'esprit de souffrir ", quelques-uns crièrent : " Oui ! " Quelques-uns : " Non ! " Et d'autres, penchant pour les deux opinions, dirent : " Allez, à pile ou face ! " [...]
Nous avions fait au commencement quelques timides efforts pour applaudir Mr Wopsle, mais avec trop d'insuccès pour persister. Nous étions donc restés tranquilles.

Chapitre XXXI.
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Je ne savais que lui répondre ni comment la consoler. Qu'elle eut fait une chose répréhensible en prenant une enfant impressionnable pour la former dans le moule où son furieux ressentiment, son amour dédaigné et son orgueil blessé trouvaient une vengeance : je le savais parfaitement ; mais qu'en repoussant la lumière du soleil, elle avait repoussé infiniment plus ; que, dans la retraite où elle s'était confinée, elle s'était privée de mille influences naturelles et salutaires ; que son esprit, macérant dans la solitude, fût devenu affecté comme le sont et doivent l'être et le seront tous les esprits qui renversent l'ordre indiqué par leur Créateur : je le savais parfaitement aussi. Et pouvais-je la regarder sans compassion, en voyant son châtiment dans la ruine qu'elle était, dans sa profonde incapacité de vivre sur cette terre où elle était placée, dans la vanité de la douleur qui était devenue chez elle une monomanie, comme la vanité de la pénitence, la vanité du remords, la vanité de l'indignité et tant d'autres monstrueuses vanités qui ont été malédictions en ce monde ?
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Je vais te dire, reprit-elle avec le même murmure précipité et passionné, ce qu'est le vrai amour. C'est la dévotion aveugle, l'humiliation sans réserve, la soumission absolue, la confiance et la foi en dépit de soi-même et du monde entier, l'abandon de son coeur et de son âme tout entiers au bourreau - voilà comment j'ai aimé!
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Nous commencions tous à voir en Mr Wopsle un expert en subterfuges.
- Eh bien ! y êtes-vous ?
- Voici, dit Mr Wopsle.
- Bien. Suivez maintenant le passage et dites-moi s'il annonce expressément que le prisonnier a dit que ses conseils légaux lui ont fermement conseillé de réserver sa défense. Allons ! y a-t-il cela ?
- Ce ne sont pas là les mots exacts, répondit Mr Wopsle.
- Pas les mots exacts ! répéta l'inconnu avec amertume ; mais est-ce bien la même substance ?
- Oui , dit Mr Wopsle.
- Oui ! répéta l'étranger en promenant son regard sur la compagnie et tenant sa main tendue vers le témoin Wopsle ; et maintenant je vous demande ce que vous pensez de la conscience d'un homme qui, ayant ce passage sous les yeux, peut s'endormir tranquillement après avoir déclaré coupable un de ses semblables, sans même l'avoir entendu ?
Nous nous mîmes tous à soupçonner que Mr Wopsle n'était pas du tout l'homme que nous avions pensé jusque-là, et que la vérité sur son compte commençait à se faire jour.
- Et souvenez-vous que ce même homme, continua l'étranger en dirigeant un doigt menaçant vers Mr Wopsle, que ce même homme pourrait être appelé à siéger comme juré dans ce même procès, et que, après s'être engagé si avant, il pourrait retourner au sein de sa famille et poser sa tête sur son oreiller, après avoir juré solennellement qu'il jugerait en toute bonne foi et impartialité l'affaire opposant le Roi, notre Souverain Maître, et le prisonnier amené à la barre, et de rendre un verdict impartial fondé sur les faits... Que Dieu lui vienne en aide !
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"Une des plus grandes auteures américaine actuelle qui revient avec un chef d'oeuvre ! Une transposition de David Copperfield dans les Appalaches digne de Charles Dickens ! " - Jean-Edgar Casel.
Demon Copperhead réimagine le roman de Dickens dans une Amérique rurale moderne confrontée à la pauvreté et à la crise des opioïdes ... le roman de Kingsolver vous emporte avec autant de force que l'original.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/on-m-appelle-demon-copperhead.html
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