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EAN : 9782266004053
Pocket (09/09/1998)
3.89/5   57 notes
Résumé :
Jean Lartéguy met en scène un groupe d'officiers qui, sous l'action des événements, se sont éloignés de l'armée traditionnelle pour devenir des révolutionnaires, certains même des aventuriers. «Rééduqués» dans un camp Vietminh après Dien-Bien-Phu, ils ne redeviennent pas, au sortir de captivité, les hommes qu'ils étaient auparavant. Ce sont des étrangers qui débarquent à Marseille en novembre 1955, ni leurs femmes, ni leurs amis, ni leurs chefs ne les reconnaissent.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Engagé volontaire en 1942 chez les Commandos d'Afrique, dans les Forces Françaises libres, Jean LARTEGUY, fut Lieutenant en Corée puis correspondant de guerre distingué par le prix Albert Londres en 1955.

« Les Centurions » romance sous les traits du Colonel RASPEGUY, la vie du Général BIGEARD et de ses compagnons parachutistes qui, prisonniers du Vietminh après Dien Bien Phu, découvrent le système d'endoctrinement communiste puis appliquent en Algérie, contre le FLN, des méthodes non conventionnelles qui leur permettent, mais à quel prix, de gagner « la bataille d'Alger ». Basé sur la primauté du renseignement, la dimension idéologique et psychologique l'emporte sur l'aspect strictement militaire des opérations.

Exaltant les valeurs du sacrifice, de la fraternité, RASPEGUY et ses officiers prennent en main une unité constituée en partie de jeunes rappelés communistes et forgent un régiment d'élite en quelques semaines. Et ce dans l'incompréhension, voir l'hostilité, de la hiérarchie militaire et du pouvoir politique totalement dépassé par la situation.

Grand succès des années soixante, ce roman reste un témoignage essentiel sur un chapitre marquant de notre histoire.

Vingt ans plus tard, en 1976, dans son testament littéraire « La guerre nue » l'auteur s'interroge : "Comment expliquer que, pour sauver la liberté, il faut d'abord supprimer la liberté ?"
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C'est un fait d'actualité et une dépêche lus d'un oeil, qui m'ont fait m'interresser aux centurions de Jean Lartéguy.
La première est le décès voici peu de cet homme illustre.
Illustre par ses parcours de combattant et d'écrivain. La seconde est que son livre " Les centurions " soit le livre de chevet de certains généraux américains impliqués dans la guerre Afghane.
Deux raisons biens valables.
La première question qui me soit venue à l'esprit est pour quelle raison des généraux américains s'intéressent-ils à un livre écrit voici il y a cinquante ans par un écrivain français.
Renseignements pris me voila plongé en quête du livre qui... n'est plus disponible.

Petit aparté pour rendre hommage à internet et à ses nombreux sites de vente d'occasion qui font la joie des lecteurs désapointés par le manque de réaction et d'initiative de l'édition française.
Comment se fait-il qu'un livre placé sur un tel piedestal ne soit pas réédité ? Cherchez l'erreur !
Allez, continuons notre chronique.
Prise en main du livre, vieux, usager, racorni et odoriférant. Il a vécu, il a roulé sa bosse. Malmené, trituré mais toujours présent et plus riche encore de ses expériences.
Comme les centurions qui sont la charpente de ce chef d'oeuvre.
N'ayons pas peur des mots, s'en est un.
De la jungle asiatique après la défaite de Dien Ben Phu, aux cinglantes rafales de la mousson, la vie s'organise dans ce camps de prisonniers. Ils vont y passer 4 ou 5 ans.
Ils vont assimiler ce qui fait la doctrine des viethmin, un communisme triomphant qui va modeler le monde et fomenter d'autres batailles, d'autres systèmes ponctués de meurtres, d'amour et de camaraderie.
Il y a là Raspéguy, Boisfeuras, Merle, Esclavier etc...
Cette poignée d'officiers français meurtris par cettte défaite indochinoise vont rentrer en France.La vie est bien différente ici. Les français n'ont pas vécu ce conflit éloigné, certains ne comprennent rien, d'autres jugent. En tout cas c'est suffisamment de sarcasmes pour rendre amer ce retour au pays.
Ces hommes ont été chamboulés par les pluies de mortier, par la mort cruelle et soudaine des copains, parfois par l'amour et souvent par le charme de l'Asie.
Comment reprendre le fil d'une vie de famille, entouré de femme et enfants, comment satisfaire une maîtresse qui n'a pas les charmes des asiatiques ?
On peut brûler la vie par les deux bouts, se satisfaire d'une médaille plantée au revers d'un veston, mais cela remplit-il la vie d'un homme ?
Mal à l'aise, déconvenus, nos centurions rongent leurs freins dans cette société qui ne leur correspond plus.
Et puis il y ce fantôme qui avance sur le monde : le communisme.
Et ce sont les premiers événements en Algérie.
On a besoin d'hommes aguerris, expérimentés, qui tiennent la route.
Nos officiers rempilent pour le X ème Régiment de Parachutistes Coloniaux.
Le Maghreb va les happer, mais rien ici ne ressemble à l'Asie. le paysage, les moeurs, le climat. Il n'y a qu'une chose semblable, la guerre.
Les bombes, les terroristes, les colons, le Djebel et Alger la blanche.
C'est une autre guerre ici, même si les motifs rejoignent ceux des indochinois.
C'est plus charnel, plus passionnel, plus politique.
Jean Lartéguy a fait un grand roman de " Les centurions", décomposé en trois parties, il donne vie à ce groupe d 'hommes qui ne sont pas que des officiers parachutistes.
Il a mis beaucoup de choses dans ce livre.
L'héroisme, la défaite, l'amour, l'ambivalence des hommes face à leurs destins, leurs interrogations face au destin du monde.
Il met à l'honneur l'aristocratie de ces hommes d'honneurs.
Il ne s'agit en aucun cas d'un livre de militaire revenchard. Jean Lartéguy me fait penser à ses reporters de guerre, baroudeurs au coeur du conflit et rendant compte dans un style académique de la réalité d'un conflit et du basculement du monde.
C'est superbe, un grand livre.
Extraits :
"- Qu'est c'est ça " les contradictions internes du capitalisme " ?
- Ne plus oser faire la guerre qu'il faut pour se défendre. Ne pas se transformer, se renouveler pour porter la guerre chez l'adversaire, s'enfermer dans des citadelles confortables, ne pas sa battre la nuit, employer des mercenaires- nous par exemple- au lieu de jeter dansla mêlée tous ceux qui ont interêt à ce que ce système capitaliste survive, remplacer par la foi de l'argent et la technique, oublier que le peuple est le réservoir de toutes les énergies; le pourrir par le confort au lieu de la rassembler maigre et nerveux autour de quelques raisons valables...
- le peuple aime aussi le confort. Il découvre en Europe le frigidaire et la télévision. Les Arabes aussi prendront goût au confort, et les Hindoux et les Chinois et les Patagous. Quand je serai de retour en France, je me plongerai avec frénésie dans tout ce confort.Jene boirai que glacé et ne ne coucherai qu'avec des petites filles bien aseptiques, qui se lavent le derrière avec des eaux parfumées.
- La civilisation du frigidaire et du bidet, ricanan Esclavier ".
***
Le communisme serait difficile à instaurer complétement tant qu'il y aurait des hommes et des femmes, avec leurs instincts et leurs passions, leur beauté et leur jeunesse. Jadisles chinois broyaient lentement les pieds de leurs femmes pour les rendre plus petits ; c'était une mode ; cela devait avoir un sens religieux ou érotique. Maintenant au nom du communisme, on broyait l'homme tout entier, on contrariait, on brisait sa nature.

***
Les hommes l'entraînèrent à l'auberge.
Escotéguy, aui avait passé avec lui le conseil de révision, lui demanda pendant qu'on servait le vin :
- Alors, Pierre. Raconte ! Comment c'était là-bas ?
Comment c'était là bas ! Leur expliquer tout ça, à eux qui étaient à peine sortis de leur vallée ; leur expliquer les Chinois et les Vietminh, les grandes herbes à éléphants de la Haute-Région et les rizières des deltas, la boue et la poussière, le combat , la souffrance, la mort, et ce que lui et les siens cherchaient derrière cette mort !
- C'était pas beau, répondit-il, de sa voix râpeuse, mais ça vous prenait aux tripes.

***
Il n'y a plus de chance dans le monde, plus rien que de l'économie, et des statistiques, une économie artificielle et des statistiques fausses, ce qui condamne Raspéguy et tous ceux qui lui ressemblent. J'en suis fort aise ; j'arrive à l'âge des statistiques.









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Jean-Lartéguy a signé ici un grand livre de guerre portant sur une période douloureuse de notre histoire et dont les plaies ont laissé leur trace, une cicatrice toujours sensible.

Si le texte de Lartéguy nous saisit autant par sa capacité à nous rapprocher de ses personnages, des combattants, à nous faire saisir leur appréhension des évènements, leurs convictions et leurs sentiments, leurs aspirations et leur clairvoyance, c'est parce que l'auteur fut lui-même un acteur et un spectateur impliqué de cette époque, ou L Histoire semblait s'emballer.

Combattant lui-même, Lartéguy fut aussi un grand journaliste, un reporter qui a "roulé sa bosse" sur de nombreux théâtres et adonc pu puiser dans ses propres souvenirs, son vécu et celui de ses camarades, la trame de ses histoires et leur conférer ainsi cette dimension tangible, cette impression forte que ce qui est écrit a été vécu.

Les Centurions sont ces soldats au béret rouge, ces paras qui se sont battus pourrait-on dire à contretemps -non pas de l'Histoire, mais de leur temps, de leur époque. Les personnages révélés dans ce livre sont profonds, leurs profils si diversifiés illustrent bien toute la complexité de cette période et de ses enjeux. Pour ces hommes qui étaient prêts à tout donner -et qui l'ont souvent fait, la fraternité d'armes n'est pas un vain concept, et l'amertume de ces combattants "sacrifiés" -de l'Indochine comme de l'Algérie- n'est pas un sentiment édulcoré de passéistes surannés, figés tels des fanions planté dans le champ d'un passé révolu.

Jean Lartéguy explique, au travers du cheminement de ses personnages, hommes d'action avant tout-mais dont l'action reste éclairée par des convictions et leur intelligence, toute la complexité et la spécificité des conflits de "décolonisation".

Dans les Centurions, qui préfigure les Prétoriens, l'auteur a su parfaitement relaté et expliqué, pour quoi et comment une guerre contre des insurgés doit être menée pour être gagnée, bref, ce qu'est la contre-guérilla, la guerre non-conventionnelle, ce type de conflit qui domine notre époque actuelle.

Les Centurions est et restera un roman puissant, qui ne peut laisser indifférent et qui nous confronte avec notre passé collectif, que les contemporains sont si enclins à juger et à excommunier. Il reste cette vérité vraie, il y a ceux qui commentent L Histoire et ceux qui la font.
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J'étais très jeune quand j'ai lu ce livre (publié en 1960). A sa parution, il a rencontré un grand succès car il était vraiment en phase avec l'actualité du moment. Le contexte était celui de la guerre d'Algérie, qui polarisait entièrement la politique de la France. L'armée était alors complètement mobilisée contre les insurgés et avait soutenu les partisans de l'Algérie française. Jean Lartéguy, reporter et écrivain, s'est fait connaitre par plusieurs romans mettant en scène ces soldats qui livraient les dernières batailles de la France coloniale. Une part de l'opinion publique célébrait l'héroïsme de cette armée et croyait sincèrement à la "mission" de la France en Algérie. Je viens de retrouver ce vieux livre dans la bibliothèque de mon père. Autrefois, ce roman m'avait beaucoup marqué et j'ai eu envie de le relire pour confronter ma vision des choses en 2015 avec les lointains souvenirs de ma première lecture.

L'auteur suit le destin d'une poignée d'officiers courageux, traumatisés par la défaite de Dien Bien Phu (1954) où ils ont été faits prisonniers par le Vietminh. Libérés, ils rentrent en France où ils trouvent un climat délétère. Après le 1er Novembre 1954, ils "rempilent" pour intégrer un régiment de parachutistes, engagé en Algérie et commandé par le lieutenant-colonel Raspéguy (dont l'officier préféré est le capitaine Esclavier). L'armée traditionnelle, sur la défensive et peu mobile, s'est révélé inadaptée à la guérilla et à la "guerre révolutionnaire". Les hommes de Raspéguy vont montrer une nouvelle forme de lutte: leur engagement est total et tous les coups sont permis. Ils livrent bataille dans le djebel et participent à la bataille d'Alger, avec succès. Mais ils n'ont pas la sensation d'être soutenus et compris... La suite de leur aventure sera racontée dans "Les Prétoriens".

J. Lartéguy était un homme de droite; il était anticommuniste et patriote. Mais il ne souhaitait pas être rangé à l'extrême-droite de l'échiquier politique. Dans son livre, il dénigre sans les nommer les politiciens de la IVème République, la gauche bien-pensante et les vieilles badernes de l'armée française. En même temps, il n'éprouve pas de sympathie marquée pour les Pieds-Noirs et notamment les "gros colons" (pour reprendre le cliché habituel). De plus, il est loin de mépriser les combattants du FLN, ceux qui risquent leur peau. Cependant, son empathie ne va vraiment qu'aux officiers dont il raconte les aventures. Même quand ceux-ci se livrent - avec une conscience plus ou moins mauvaise - à des exactions, il n'encourage pas le lecteur à les juger sur un plan moral. A cet égard, il y a deux scènes-clés qui étaient restées dans ma mémoire. Dans la première, les parachutistes, ivres de vengeance après la mort de camarades tombés dans un traquenard, tuent tous les hommes d'un hameau arabe et sont ensuite couverts par Raspéguy. Dans la seconde, Esclavier en arrive à torturer lui-même un cadre FLN pour lui faire avouer où sont cachées des bombes qui exploseront le lendemain dans Alger. Chacun - Français ou Algérien - agit selon sa conscience, même s'il doit la violenter pour se conformer à un intérêt supérieur; et les rôles de bourreau et de victime auraient pu être inversés, si le destin l'avait voulu.

Pour moi, ce vieux livre est vraiment important et je regrette qu'il soit maintenant oublié. Pour nos contemporains, la guerre d'Algérie est complètement passée à la trappe de l'Histoire. Mais les questions qui se sont alors posées sont éternelles, inévitables dans tout conflit militaire. Jean Lartéguy a essayé de les aborder sans langage politiquement correct. Il faut lui reconnaitre ce mérite, même si on n'est pas d'accord avec sa vision.
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On ne peut avoir un avis éclairé sur ce livre sans connaître un minimum la vie de son auteur et le contexte de l'oeuvre.
L'écrivain Jean Lartéguy s'est engagé à 19 ans comme volontaire en 1939 dans l'armée française, puis une fois la France défaite et occupée il rejoint L'Espagne où il sera interné pendant 9 mois. Après une brève formation militaire, Lartéguy incorpore les commandos d'Afrique, pour terminer sa carrière 7 ans plus tard comme capitaine, plusieurs fois décoré : Légion d'honneur, croix de guerre 1939-1945 (deux étoiles de bronze), croix de guerre TOE (une étoile de vermeil) avec quatre citations supplémentaires, croix du combattant volontaire avec agrafes « 1939-1945 » et « Corée ». il sera ensuite reporter de guerre pour Paris-Match, témoin des nombreux conflits qui marquèrent cette époque.
Le roman est écrit en 1959, quasiment 3 ans avant les accords d'Evian qui scelleront le destin de l'Algérie, jusqu'alors département français, et de la France. L'oeuvre a donc été écrite alors que la tragédie algérienne avait cours. Si l'indépendance était inéluctable pour Paris, il en allait tout autrement sur place, où cette issue équivalait à une trahison pour les pieds-noirs et une portion de l'armée française. C'est là ou se rejoignent les thèmes majeurs du roman, où les officiers parachutistes, ‘ayant vu l'armée passer son temps à foutre le camp depuis 1940' (comme le disait Hélie de Saint Marc), sont appelés en dernier recours pour redresser la situation qui semblait perdue. le paroxysme de la violence et de la cruauté étant la bataille d'Alger, où la victoire Française emportée par le Général Massu ne changera pas le destin. Ces parachutistes ou Centurions, seront trahis. Et de là naîtra une révolte de l'honneur contre le pragmatisme politique, incarné par l'OAS, le roman s'arrêtant à la victoire de la bataille d'Alger.
Je retrouve dans les Centurions les visages de Roger Vandenberghen, Hélie de Saint Marc, et bien sûr Bigeard. Leur force est d'avoir vécu ensemble la guerre d'Indochine et les camps de rééducation Viet-Minh. Ce passé les rassemble dans le refus de la défaite en Algérie, l'opposition au communisme dont les promesses universalistes ne sont que des mensonges annonçant la dictature brutale de la déshumanisation de l'homme. Ils sont tous séparés en esprit sinon en corps de leur famille demeurée en France, incapable de les accueillir tels qu'ils sont revenus de l'Indochine : profondément transformés, éloignés d'une vie civile qui ne répond en rien à leurs attentes. Ces hommes sont désadaptés, et prendront le commandement d'une unité de parias, pour en faire la plus méritante de la guerre. Ils accepteront le sacrifice de leur conscience, jusqu'à torturer les terroristes, pour gagner, alors que Paris refusait de se salir les mains. Leur relation sera limitée à des passions avec les femmes pied-noir ou autochtones, sans doute étant plus aptes et enclins à comprendre les hommes qu'à connaître l'histoire.
Les Centurions nous éclaire très bien sur l'aspect passionnel de cette guerre d'Algérie, vue par les militaires français. La lucidité de Lartéguy est indéniable, notamment sur la nécessité de gagner une population pour l'emporter dans un conflit, et sur les moyens nécessaires pour y consentir, quitte à oublier le respect des droits de l'homme et plonger dans la terreur. Anti communiste fervent, on retrouve aussi son aversion pour la duplicité des hommes politiques, faisant croire au maintient possible de l'Algérie dans la France, alors que le sort est déjà scellé. Ce livre témoigne d'une époque révolue, qui pourtant nous instruit d'une façon certes subjective sur ce drame dont les plaies ne sont toujours pas cicatrisées 60 ans après les accords d'Evian. On peut classer à tort ce roman comme témoin d'une époque révolue, et je reconnais que la place des femmes y est très critiquable, mais ce serait ignorer en qui le passé peut nous instruire. La question qui demeure essentielle pour moi est jusqu'à où accepter la soumission à une force qui s'oppose à nos valeurs ? Et lorsqu'on s'y oppose, quels sont les moyens légitimes à employer ? Je n'oublie pas que N.Mandela dans ses mémoires répond à cette question. On doit être inflexible, quitte à lutter avec des moyens inégaux et terroristes face à un pouvoir tyrannique. Ce qui ne l'a pas empêché de recevoir le prix Nobel de la Paix.
Malheur aux vaincus.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
-L'Algérie? mais ça va tout de suite se terminer.
-Non, ce n'est pas possible ou alors je n'ai rien compris depuis que je fais la guerre. Avez-vous remarqué que dans l'histoire militaire jamais une armée régulière n'a pu venir à bout d'une guérilla bien montée? Si on utilise l'armée régulière en Algérie, on ne peut qu'aboutir à un échec. Je voudrais que la France ait deux armées: une pour la frime avec de beaux canons, des chars, des petits soldats, des fanfares, des états-majors, des généraux distingués et un peu gâteaux, avec de gentils petits officiers d'ordonnance précautionneux qui s'intéresseraient avec ferveur au petit pipi de leur général et aux hémorroïdes de leur colonel: une armée qu'on montrerait pour cent sous sur tous les champs de foire.
L'autre serait sérieuse, composée uniquement de jeunes sur-entraînés et qui en veulent, habillés de tenues camouflées que l'on ne verrait pas dans les villes mais auxquel on demanderait sans cesse un effort impossible, auxquel on apprendrait toutes sortes de trucs. C'est dans cette armée la que je veux me battre.
-Toi, tu vas avoir des ennuis.
-C'est bien possible, mais au moins je les aurai cherchés: et même, je vais me mettre tout de suite à les chercher.
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Après une marche de nuit plus épuisante encore que de coutume il leur répétait de sa voix impersonnelle, inexorable, lisse comme un galet:
-Nous sommes obligés de vous faire marcher de nuit pour vous soustraire au bombardement de votre propre aviation. Voilà où conduit le capitalisme, avec ses contradictions internes.
Pinières, excédé, demanda à Boisfeuras:
-Qu'est c'est ça, les contradictions internes du capitalisme?
-Ne pas oser faire la guerre qu'il faut pour se défendre. Ne pas se transformer, se renouveler pour porter la guerre chez l'adversaire, s'enfermer dans des citadelles confortables, ne pas se battre la nuit, employer des mercenaires -nous par exemple- au lieu de jeter dans la mêlée tous ceux qui ont intérêt à ce que ce système capitaliste survive, remplacer la foi par l'argent et la technique, oublier que le peuple est le réservoir de toutes les énergies, le pourrir par le confort au lieu de le rassembler maigre et nerveux autour de quelques raisons valables.
Merle, hâve, décharné, reprit avec violence:
-Le peuple aime aussi le confort. Il découvre en Europe le frigidaire et la télévision. Les Arabes aussi prendront goût au confort, et les Hindous, et les Chinois, et les Patagons. Quand je serai de retour en France, je me plongerai avec frénésie dans tout ce confort. Je ne boirai que glacé et je ne coucherai qu'avec des petites jeunes filles bien aseptiques qui se lavent le derrière avec des eaux parfumées.
-La civilisation du frigidaire et du bidet, ricana Esclavier.
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-Ce n'est pas un homme qui a tué l'Arabe, c'est la foule. La foule est une drôle de bête qui tape sur n'importe quoi et ensuite ne se rappelle plus rien; elle a le goût du meurtre, de l'incendie et du pillage. L'homme qui a cogné est peut-être un brave gars qui aime sa mère et soigne ses chats. Je pratique la foule depuis longtemps...Laisse tomber...et viens te laver les mains.
-Je hais la bête, je voudrais tirer dedans...
-Tout le monde hait la foule, tout le monde en fait partie.
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-Tu veux une pipe d'opium?
-Non.
-L'opium est pourtant le vice des témoins.
Armand Boisfeuras tira sur la pipe. La boulette grésilla, se gonfla et le vieux taïpan rejeta la fumée.
-Tu n'as pas envie de te reposer? Il y a une semaine que ta chambre t'attend.
-Non.
-Alors ?
-L'Asie est perdue; les communistes ont importé là-bas des méthodes efficaces et valables. Ils ont transformé la Chine et le Nord-Vietnam en une immense fourmilière parfaitement organisée, parfaitement inhumaine. Ça tiendra un bout de temps...
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Les prisonniers avaient reçu l'autorisation d'élever des poulets pour leur compte personnel. Orsini réclama des canards en faisant des allusions obscènes, mais sa requête ne fut pas prise en considération; chaque prisonnier, avec la passion d'un retraité de la banlieue parisienne, s'occupait de ses deux ou trois volatiles. Ça caquetait dans tout le camp le camp.
La Voix, au cours de l'une de ses réunions, annonça qu'en témoignage de satisfaction pour cet effort méritoire, il autorisait les prisonniers à mettre en commun tous leurs poulets, ce qui leur permettrait de se rendre compte de la supériorité de la collectivisation sur l'initiative privée. Donc, dès le lendemain, devait être constitué un kolkhoze des poulets.
Les prisonniers mirent les poulets en commun, mais de manière imprévue. Ils les tuèrent tous dans la nuit et se réunirent pour les manger.
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Jean Lartéguy, écrivain, soldat, patriote | Cercle Richelieu
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