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Anne Damour (Traducteur)
EAN : 9782266102629
225 pages
Pocket (15/04/2001)
3.89/5   903 notes
Résumé :
Il s'agit d'un jeu de miroir entre trois personnages et trois époques : le fil directeur est "Mrs Dalloway", le roman phare de Virginia Woolf, et ses vingt-quatre heures dans la vie d'une femme. On suit donc les trajectoires de ces trois femmes en parallèle sous une plume toute woolfienne : sont contées les désillusions, espérances, petits plaisirs et vrais malheurs des protagonistes, comme si chacune d'entre elle était l'autre, plongée dans un temps différent. Leur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (99) Voir plus Ajouter une critique
3,89

sur 903 notes
Aimez-vous Virginia Woolf ? Si oui voilà un livre qui devrait vous plaire. Les heures de Michael Cunningham. L'histoire de trois femmes. Virginia, Clarissa et Laura.
Le roman aurait pu s'appeler « vingt quatre heures dans la vie d'une femme « sauf que Stefan Sweig est passé par là. Trois histoires de femmes, trois temporalités. Un roman chorale où nous découvrons les pensées de Virginia, Clarissa et Laura. Pour Virginia Woolf le doute s'installe sur la qualité de son roman « Miss Dalloway » l'envie de retrouver Londres et surtout la peur face à ses migraines. Clarissa a fait des choix dans sa vie. Étaient ils bons ? Pas facile à gérer une crise existentielle surtout qu'un de ses anciens amours, Richard est malade, le sida est passé par là.
Quant à Laura sa vie se résume à son mari et à son enfant, les heures se suivent et se ressemble.
Une vie ennuyeuse à mourir.
J'ai aimé ce roman comme j'avais aimé le film de Stephen Daldry avec Meryl Streep, Nicole Kidman et Julianne Moore.
J'ai passé un très bon moment avec ces héroïnes que tout sépare sauf le désir d'un ailleurs. Ce roman m'a donné envie de rencontrer Miss Dalloway et Virginia Woolf.
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Virginia Woolf. Ecrivaine. Femme rebelle à l'autorité masculine encore si prégnante en 1923, rebelle aux conventions sociales, rebelle à la figure féminine docile et maîtresse d'elle-même, rebelle à la vie calme et endormante de la banlieue londonienne...et pourtant soucieuse d'agir « comme il faut », soucieuse d'obéir à son mari si aimant, soucieuse de ne pas déplaire à sa cuisinière. Mais Virginia est tellement autre chose ! Tellement complice de l'âme des autres, de ce qui ne se dit pas, et à la recherche du style qui révèlera la profondeur qui est en elle. Elle écrit « Mrs Dalloway ». Elle essaie, du moins, car elle est en proie à de terribles migraines qui sont le terrain de la folie...

Nous y voilà : « Mrs Dalloway » crée un réseau de correspondances avec d'autres femmes, d'autres époques.
Clarissa Vaughan, Américaine moderne d'une cinquantaine d'années, surnommée « Mrs Dalloway » par son meilleur ami. Lesbienne, essayant d'être dans le courant de la vie, de ne pas se laisser hanter par le vieillissement. Désespérée de voir son meilleur ami en train de dépérir du Sida, le cerveau ravagé par la folie. Une femme qui se veut forte, qui prend son destin en mains, même si elle se rend compte qu'il lui échappe, souvent.
Laura Brown, enfin, mariée et mère au foyer, enceinte de son 2e enfant, prise au piège de la servitude des faux-semblants, empêchée de rayonner. Car nous sommes en 1949, et c'est un devoir de servir son mari héros de guerre. Elle voudrait tant avoir le temps de lire « Mrs Dalloway » et de s'accomplir par elle-même.

D'un chapitre à l'autre, nous passons de l'une à l'autre, et ce continuel va-et-vient tisse un entrelacs de complicité, de féminité, de désir d'être soi et de faire du bien aux autres, quand même. Difficile, car la dépression, la folie et son cortège de cauchemars pouvant mener jusqu'au suicide sont là, tapis, prêts à mordre.

Je termine en mélangeant des expressions de l'auteur pour construire ma propre définition de ce roman : « Méditation exhaustive sur 3 femmes, qui veut pénétrer l'opacité des choses, les canaux obstrués, atteindre l'or, un autre soi presque indescriptible, ou plutôt un soi parallèle, un second soi plus pur. »

Ce roman atteint à l'essence même des êtres. J'ai adoré cette plongée dans les eaux troubles de l'âme, servie par la langue mélodieuse et vraie de l'auteur. Sublime !
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1. Critique du roman :

The Hours représente les Heures propices et fugitives que trois femmes subissent: trois femmes dépressives qui vivent malgré elles dans une époque où elles ne s'affirment pas; trois femmes qui vivent le mal être de leurs vraies sexualités; trois femmes qui préfèrent renier leur existence plutôt que de la subir lors de ces heures qui ne finissent pas ; trois femme unies par un seul bouquin intitulé "Mrs Dalloway" que l'une écrit, une autre lit, et une autre vit.

A la base il y a Virginia Woolf, sa vie, son oeuvre, son suicide. Et surtout son roman phare, Mrs Dalloway, qui bercera trente ans plus tard de sa litanie douce-amère l'existence morne et pleine de regrets de Laura Brown. Puis qui, à l'aube du nouveau millénaire, donnera à Clarissa Vaughn son surnom, celui par lequel l'appelle son ami, poète condamné. Trois destins croisés aux ramifications multiples, complexes, enfouies.

C'est vrai qu'au début de cette histoire, il ne se passe pas grand-chose: description de différentes vies banales, sans grand intérêt. On s'attend à une énième histoire à l'eau de rose qui endort plus qu'elle n'éveille l'attention du lecteur. Cependant, fort est de constater la puissance de ce roman dans les deux derniers tiers. The Hours bascule dans l'émouvant, le déroutant, voir l'inquiétant à certains moments. L'intrigue gagne de plus davantage d'intérêt lorsque l'on commence à cerner les liens qui existent entre ces trois destins. Ainsi, la recherche du bonheur personnel, la fragilité de la vie, la futilité de l'existence dans un corps et dans une vie que l'on peine à appréhender prennent alors tout leur sens.

The Hours est à lui seul un roman fleuve, une oeuvre contemplative qui se délivre à nous sous la forme d'un triptyque. L'histoire de trois femmes vivant toutes des difficultés surmontables ou insurmontables. Trois femmes qui se distinguent par leur mal être et où le mot bonheur ne signifie plus rien. Une oeuvre qui se veut « dépressive » ou complexe tant par la dureté des propos que par l'osmose qui peut y renier. Un drame marquant de par le désoeuvrement psychologique dont les personnages s'adonnent et s'abandonnent, un lâché-prise total et irréversible. Les notes d'espoir pèsent bien peu face au mal-être de ces destins croisées qui sombrent, debouts et surtout conscients, dans les abîmes obscures des leurs espérances inaccessibles ou inassouvies.

The Hours est un roman qui vous vide de toutes émotions, qui vous rend amoureux de la vie, et qu'on quitte le coeur gros, très gros. Michael Cunningham réalise sans conteste son oeuvre la plus troublante, la plus aboutie et la plus terrible. On suit des femmes qui souffrent de l'âme, des écorchées vives qui cultivent les apparences et les faux-semblants pour mieux pleurer, puis s'effondrer en cachette. On est au-delà de la justesse : on atteint un niveau d'empathie phénoménale pour ces trois héroïnes.

2. critique du film :

Du manuscrit original, pour lequel l'auteur reçut le Pulitzer, on pouvait craindre une adaptation au mieux réductrice : il n'en est rien. Daldry illustre les innombrables imbrications par un montage magistral, donne un corps à l'infinité de parallèles et de niveaux de lectures, leur rend tout leur sens, toute leur force. La reconstitution de la banlieue trop calme où s'éteint la romancière anglaise, celle du quartier 50's empli de joie artificielle sont éminemment réussies. Mais c'est bien le casting qui crève l'écran. Nicole Kidman est éblouissante, Julianne Moore bouleversante ; en face Meryl Streep, pourtant pas manchote d'habitude, respire l'Actor studio. Derrière elles se croisent un Ed Harris très appliqué, un Jeff Daniels étonnamment subtil, un Claire Danes délicieuse, un épatant petit Jack Rovello. Tant de mélancolie n'atteint pas toujours sa cible, mais l'ensemble est indéniablement d'une puissance rare.
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Elles sont trois : Clarissa Vaughan, Virginia Woolf et Laura Brown. Trois femmes d'horizons et d'époques différents et néanmoins liées entre elles par une même connivence de l'esprit, une même sensibilité proche du désespoir et de la détresse.


La première, surnommée « Mrs Dalloway » par son meilleur ami, est éditrice dans le New-York de la fin du XXème siècle. La seconde, que l'on ne présente plus, est écrivain à Londres dans les années 20. Quant à la troisième, elle vit à Los Angeles dans les années 50 et n'est autre qu'une lectrice assidue, plongée dans le roman « Mrs Dalloway » au moment où on la rencontre et cherchant désespérément à fuir sa vie de famille morne et préfabriquée par le biais de la littérature.


Trois femmes dont les portraits se dessinent peu à peu à travers d'étranges similitudes. On retrouve en chacune une solitude, une insatisfaction et une dépression proche de la folie qui les pousse à faire de leur vie un malheur, et pour certaines une tragédie…


Pas étonnant que Michael Cunningham ait reçu le Pulitzer en 1999 pour ce magnifique roman ! Je n'avais jusque-là rien lu de cet auteur pourtant talentueux mais j'ai tout de suite été séduite par la finesse de sa plume et sa capacité à rendre avec justesse les états d'âme de ces trois femmes. Trois personnages borderline, inadaptés à leur monde en raison de leur fragilité et de leur grande sensibilité et dont le désir de vivre fluctue parfois dangereusement… Des femmes dont on se sent tout de suite proche et que l'on a envie de protéger.


Par ailleurs, j'ai trouvé la construction narrative originale et intéressante. L'alternance des portraits, qui se fait sur quelques heures d'une même journée, permet de rythmer le récit et de découvrir chaque personnage par petits bouts. Chaque partie se lit en miroir des deux autres et se déploie progressivement pour prendre tout son sens à la fin, ménageant un rebondissement pour le moins inattendu... Un très beau roman donc, que l'on a envie de reprendre depuis le début à peine la lecture achevée !


Challenge Variétés : Un livre qui a reçu le Pulitzer
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Un très belle surprise, un roman subtil et raffiné, en plus de l'hommage à Virginia Woolf et à son œuvre, voilà l'impression que laisse la lecture de The Hours, un ouvrage primé notamment par le Pulitzer, puis porté avec succès à l'écran.

Dans l'espace d'une journée, le roman suit trois femmes vivant à trois époques différentes ; à la fin des années 90, une quinquagénaire new-yorkaise, Clarissa, en train de préparer une réception en l'honneur de son ami et ancien amant Richard qui a reçu un prix de poésie, mais se meurt du sida, Virginia Woolf elle-même en 1923, le jour où elle commence à rédiger "Mrs Dalloway" (dont le titre original était The Hours), et une jeune mère de famille californienne, Laura Brown, férue de lecture et sans doute insatisfaite, le jour de l'anniversaire de son mari, préparant un gâteau sous le regard empli d'amour et de dévotion de son petit garçon de trois ans, en 1949.

Pour ces trois femmes nous suivons leur flux de conscience et les états d'âmes, observations, perceptions et pensées qui traversent leur sensibilité, et toutes trois sont reliées au roman de V. Woolf, soit par leur surnom (Clarissa a été surnommée Mrs Dalloway par Richard à dix-huit ans), soit par sa lecture (Laura), soit par son écriture (Virginia). Des correspondances subtiles ou discrètes relient le vécu de chacune d'elle ou d'eux, comme les hallucinations communes à Virginia et à Richard, l'hésitation entre deux sexualités, à travers le baiser sensuel donné par Laura à une voisine dans la détresse, ou celui peu chaste de Virginia à sa sœur, et bien sûr l'homosexualité tranquille de la bobo qu'est Clarissa vivant en couple avec son amie Sally. Même si Clarissa est une lesbienne bourgeoise rangée, le doute l'effleure car elle a aimé passionnément Richard et sait qu'ils auraient pu vivre un autre amour total ensemble, avant que ce dernier ne choisisse des partenaires masculins.
Plus important encore est le thème du suicide, sur lequel s'ouvre le roman avec un prologue mettant en scène celui de Virginia Woolf, et une tentation qui va hanter les divers protagonistes. Pourquoi continuer à vivre ? Pourquoi ne pas fuir des souffrances mentales et physiques de plus en plus insupportables ? Pourquoi accepter que d'autres heures, plus banales ou douloureuses, suivent celles miraculeusement parfaites que l'on vient de vivre ?
Cette hésitation au bord du néant, de son apaisement et de sa douceur, cette tentation du vide, malgré les amours et les liens avec la vie, retentit comme un leit-motiv, un écho dominant dans le roman.

Au total un très beau livre, des considérations sur l'art et son rapport avec une possible immortalité à la question existentielle du pourquoi de nos choix, de nos vies mesquines ou éloignées d'une perfection rêvée, à laquelle seule peut être la littérature apporterait une réponse.

Lu en V.O. pour apprécier la très belle écriture, recherchée, nuancée, parfois lyrique, de M. Cunnignham
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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
D’abord viennent les migraines, qui ne sont en aucune manière des douleurs banales. Elles la pénètrent. Elles l’habitent plutôt qu’elles ne l’affligent, comme les virus habitent leurs hôtes. Des filaments douloureux l’envahissent, projettent dans ses yeux des éclats de lumière avec tant d’insistance qu’elle a du mal à croire que les autres ne les voient pas. La douleur la colonise, se substitue de plus en plus à elle, Virginia, et son avancée est si irrésistible, ses contours déchiquetés si perceptibles, qu’elle l’imagine aisément comme une entité ayant une vie propre. Elle pourrait la voir tandis qu’elle marche au côté de Leonard dans le parc, une masse scintillante couleur d’argent qui flotte au-dessus des pavés, hérissée de pointes, fluide et compacte telle une méduse.
« Qu’est-ce que c’est ? » demanderait Leonard. « C’est ma migraine, répondrait-elle. N’y prête pas attention. »
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Il est temps que le jour prenne fin. Nous donnons nos réceptions ; nous abandonnons nos familles pour vivre seuls au Canada ; nous nous escrimons à écrire des livres qui ne changent pas la face du monde, malgré nos dons et nos efforts obstinés, nos espoirs les plus extravagants. Nous menons nos vies, nous faisons ce que nous avons à faire, et puis nous dormons – c’est aussi simple et banal que cela. Certains se jettent par la fenêtre ou se noient ou avalent des pilules ; plus nombreux sont ceux qui meurent par accident ; et la plupart d’entre nous, la vaste majorité, est lentement dévorée par une maladie ou, avec beaucoup de chance, par le temps seul. Mais il y a ceci pour nous consoler : une heure ici ou là pendant laquelle notre vie, contre toute attente, s’épanouit et nous offre tout ce dont nous avons jamais rêvé, même si nous savons tous, à l’exception des enfants (et peut-être eux aussi) que ces heures sont inévitablement suivies d’autres, ô combien plus sombres et plus ardues. Pourtant, nous chérissons la ville, le matin ; nous voudrions, plus que tout, en avoir davantage.
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Nous menons nos vies, nous faisons ce que nous avons à faire, et puis nous dormons -- c'est aussi simple et banal que cela. Certains se jettent par la fenêtre ou se noient ou avalent des pilules ; plus nombreux sont ceux qui meurent par accident ; et la plupart d'entre nous, la vaste majorité, est lentement dévorée par une maladie ou, avec beaucoup de chance, par le temps seul. Mais il y a ceci pour nous consoler : une heure ici ou là pendant laquelle notre vie, contre toute attente, s'épanouit et nous offre tout ce dont nous avons jamais rêvé, même si nous savons tous, à l'exception des enfants ( et peut-être eux aussi) que ces heures seront inévitablement suivies d'autres , ô combien plus sombres et plus ardues. Pourtant, nous chérissons la ville, le matin ; nous voudrions, plus que tout, en avoir davantage.
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Elle est peut-être la femme la plus intelligente de toute l’Angleterre , ( Virginia Woolf) pense t’il. Ses livres seront peut-être lus pendant des siècles. Il y croit avec plus d’ardeur que quiconque. Et elle est sa femme. Elle est Virginia Stephen, grande et pâle, bouleversante comme un Rembrandt ou un Vélasquez….
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Peut-être commence-t-on à mourir ainsi : en s'abandonnant aux soins d'une fille devenue adulte, au confort d'une pièce. Il y a l'âge, aussi. Place aux petites consolations, à la lampe et au livre. Place à un monde de plus en plus dirigé par d'autres que vous; qui réussiront ou échoueront; qui ne vous regardent pas lorsqu'ils vous croisent dans la rue.
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