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Christophe Ono-dit-Biot (Autre)Lori Saint-Martin (Traducteur)Paul Gagné (Traducteur)
EAN : 9782221262955
208 pages
Robert Laffont (05/05/2022)
3.63/5   297 notes
Résumé :
Présentation de l'éditeur
" Depuis toujours nous étions tous deux, de notre propre aveu, des menteurs émérites et éhontés. " Ainsi Pénélope évoque-t-elle le couple qu'elle formait avec Ulysse - Pénélope qui, comme son époux, recourut à la ruse et à l'artifice pour sauver sa vie.
Selon Homère, Ulysse à son retour de Troie massacra tous les prétendants à son trône qui, en son absence, avaient courtisé son épouse. Mais il fit aussi pendre les douze serva... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (64) Voir plus Ajouter une critique
3,63

sur 297 notes
Bien évidemment la servante écarlate a titillée ma curiosité et je voulais donc lire d'autres oeuvres de Margaret Atwood.
Et puis j'ai toujours voulu lire l'illiade et l'odyssée, mais j'avoue qu'Homer me fait assez peur. J'ai peur que la tournure des phrases me fassent fuir a grands pas.

Du coup, une immersion dans l'histoire d'Ulysse me tentait assez. Mais Ici l'auteure nous narre l'histoire de Pénélope : sa naissance, son mariage, sa longue attente et ses retrouvailles. le tout conté bien après sa mort.
Cette revisite est assez intéressante par le parti pris de l'auteure. J'ai beaucoup apprécié notamment sa façon de rapporter les rumeurs entendues par les voyageurs ayant croisé le chemin d'Ulysse..

Un roman que j'ai pris grand plaisir à lire et qui me confirme que l'univers de Margaret Atwood est assez particulier mais surtout très intéressant. J'apprécie toujours autant sa plume franche et poétique.
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Petit roman intéressant, que L'Odyssée de Pénélope. L'auteure canadienne Margaret Atwood revisite un épisode de la mythologie grecque. Pas celui d'Ulysses qui fait la guerre à Troie et qui prend un temps fou à revenir chez lui, non, mais plutôt celui de la longue attente de son épouse, Pénélope. Et elle n'est pas restée les bras croisés à attendre pendant vingt ans ! Je dis qu'on nous raconte son histoire, oui, mais elle partage en quelque sorte la vedette avec douze de ses servantes-esclaves, qui forment le choeur de son histoire (lien à faire avec le théâtre antique). À vous de découvrir comment ces deux trames vont converger.

Au début, j'ai appris quelques informations intéressantes. Je m'y connais plutôt bien en mythologie gréco-romaine mais je dois admettre que toutes ces légendes forment un réseau tellement complexe qu'il est difficile de se rappeler de tout et de connaître tous les détails sur chacun de ces héros (et héroïne !) d'un autre temps. Par exemple, tout ce qui entoure la naissance et l'enfance de Pénélope. Pour moi, elle n'était que l'épouse d'Ulysse, point à la ligne. Mais non, il y a plus à dire sur elle. Fille d'Icare, roi de Sparte, et d'une naïade (divinité mineure de l'eau), on avait prophétisé qu'elle tisserait le linceuil de son père. Ce dernier a donc voulu se débarrasser de sa fille en essayant de la noyer. Pas très futé ! Après un repentir presque sincère, il lui procura une situation à la cour de Sparte puis l'épousa à Ulysses. le reste fait partie de l'histoire… mythologique.

Par la suite, Atwood relate les événements mentionnés dans L'Odyssée d'Homère. Rien de nouveau ici et, après une cinquantaine de pages, ça m'a agacé un peu. Pas mauvais mais j'avais l'impression de relire une histoire déjà lue maintes fois et je commençais à m'ennuyer. Bien sur, elle racontait cette histoire du point de vue de Pénélope, féminin. Mais la même histoire quand même… Jusqu'au trois quart du livre. Là, retournement de situation. L'auteure a réussi à trouver un filon, à rendre son histoire originale. Je ne veux pas trop en dire pour ne pas vous gâcher le plaisir de cette lecture. Ce que je peux dire, c'est que l'auteure est parvenue à me surprendre en inventant un secret à Pénélope. Mais, ce qu'il y a de génial, c'est qu'elle l'a fait en interprétant différemment un passage du mythe tout en y restant fidèle. Et je dois admettre que ça fait du sens… du grand art !

De plus, elle a concilié son mythe avec ces douze servantes-esclaves qui constituaient le choeur de son histoire et dont je cherchais le sens, l'utilité. Beau travail ! À la toute fin, il y a cette histoire de procès moderne dans l'au-delà qui m'a laissé de marbre mais je ne m'y suis pas trop attardé. J'étais encore tout chamboulé par le dénouement précédent. Bref, L'Odyssée de Pénélope est une petite lecture bien agréable.
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Quand on parle d'Odyssée, on pense immédiatement au périple d'Ulysse de retour de la guerre de Troie. A croire que Margaret Atwood en avait soupé de ce point de vue par trop masculin. Elle nous soumet ce périple mythique avec un autre regard, celui de Pénélope bien sûr. Mais pour que les femmes aient droit à la parole dans cette épopée choisit-elle l'artifice, si ce n'est la précaution, de le faire d'outre-tombe. Qui plus est au 21ème siècle, allant jusqu'à faire tenir un procès en reconnaissance de mérite, recommandant en outre aux magistrats et avocats, bien modernes ceux-là, de se garder de tout anachronisme et tenir compte des données du moment, celles d'il y a trois ou quatre mille ans. Epoque bénie pour la fantasmagorie mythologique au cours de laquelle les dieux régnaient en maître depuis l'Olympe.

Il s'agît-là bien entendu d'une démarche féministe. L'auteure allant jusqu'à faire dire à Pénélope, en guise de mise en garde adressée à son lecteur du 21ème siècle, de ne pas considérer sa théorie comme « un ramassis de foutaises féministe sans fondement. » Ecornant au passage la gent masculine, toutes époques confondues, prévenant son lectorat, fût-il masculin, qu'il « est toujours imprudent de s'interposer entre un homme et l'idée qu'il se fait de sa propre intelligence. »

Margaret Atwood se garde bien toutefois de faire du point de vue féminin, depuis Ithaque donc dans l'attente du retour du héros, un monde idéal pavé de nobles sentiments. On connaît le stratagème que Pénélope mit en oeuvre pour surseoir aux appétits de ses prétendants, briguant en fait le trône on l'aura compris, on découvre la vie domestique du palais. Entre Anticlée, la belle-mère, Euryclée, la nourrice, celle que Laërte considérait comme une seconde mère pour son fils, les douze servantes versatiles quant à leur fidélité, et enfin Télémaque le rejeton indocile, cette vie n'avait rien d'une sinécure pour Pénélope, fût-elle reine. Augmentant d'autant son mérite à attendre chastement son époux. Contrarié qu'il fût quant à lui dans son voyage retour par le courroux de Poséidon, les entraves de la nymphe Calypso, et autres égarements fomentés par Circé, le chant des sirènes et consort.

« Dans les Chants on raconte que…, on insiste sur …, si vous croyez pareille chimère » vous serez un lecteur bien naïf nous fait entendre Pénélope depuis les rivages célestes où s'alanguissent les âmes. « Je me sens l'obligation de faire le point sur les calomnies dont je fais l'objet depuis deux ou trois mille ans. Toutes ces histoires sont totalement fausses. » Voilà qui remet les pendules à l'heure. Voilà donc la raison pour laquelle est intenté ce procès, en réparation de tant de siècles de suprématie masculine.

L'idée est originale. La mise en scène au demeurant fort judicieuse ne nous semble nullement incongrue. On l'aura compris, le procédé est inusité et le propos non dénué d'humour pour restituer à qui de droit les mérites du succès de la plus célèbre épopée du monde. Ecrit de main d'homme, à la gloire des seuls hommes, le plus vieux texte du monde qui ne fait de la femme que l'enjeu d'un conflit ou le jouet d'une convoitise méritait sa correction. Voilà qui est fait de la main de Margaret Atwood.

Et toi lecteur du 21ème siècle, ne perçois ni légèreté ni futilité dans cette mise au point. Ce n'est pas Margaret Atwood qui te le dit, c'est Pénélope. de l'expérience de ses trois mille ans d'observation du monde elle s'autorise une recommandation à ton adresse, celle de ne pas regarder avec mépris le monde antique tel qu'il t'est livré par l'histoire car « Je me rends compte que le monde d'aujourd'hui est aussi dangereux que celui que j'ai connu, sauf que la misère et la souffrance sont plus répandues. Quant à la nature humaine, elle est plus vulgaire que jamais. » L'auteure de la Servante écarlate, romancière dystopique, conserve avec cet ouvrage un regard désabusé sur ce que l'homme fait de son passage sur terre.


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« Toi l'épouse modèle, le grillon du foyer, toi qui n'a point d'accrocs dans ta robe de mariée, toi l'intraitable Pénélope…En suivant ton petit bonhomme de bonheur, ne berces-tu jamais en tout bien tout honneur de jolies pensées interlopes ? » chantait Brassens. Il est sympa, Brassens, et je l'aime beaucoup. En plus de cela et tout gros macho qu'il soit, il sait taper juste quand il s'agit de psychologie féminine – enfin, parfois. En effet, à quoi pensait-elle, Pénélope, pendant toutes ces longues années d'abandon à attendre son mari vadrouilleur ? Quelles réserves d'amertume, de frustration, de colère et d'angoisse a-t-elle engrangées, confrontée à un fils ingrat, un époux infidèle et absent, des prétendants avides et hypocrites ? Du fond des Enfers où elle se morfond, Pénélope se souvient et nous conte, avec humour et acidité, ses années de jeunesse, ses noces avec un petit roitelet à l'esprit rusé et à la langue bien pendue, son court mariage suivi d'une interminable attente…

On parle souvent (en bien ou en mal) de l'ingéniosité d'Ulysse, le plus roué des monarques achéens dont l'intelligence causa la chute de Troie, mais on oublie que sa fidèle épouse, Pénélope, n'avait elle aussi rien d'une sotte. Margaret Atwood lui rend justice dans ce court roman et nous offre un intéressant pendant féminin aux récits de l'Iliade et de l'Odyssée. L'idée est attirante et Atwood l'exploite avec habilité, pourtant je suis sortie assez mitigée de ma lecture. Que le portrait d'Ulysse dressé par l'auteure soit globalement à charge ne m'a pas trop gênée – je n'aime pas trop qu'on tape sur mon Ulysse, mais j'ai toujours trouvé que son côté un peu connard faisait partie de son charme – mais je regrette le manque de profondeur et de subtilité du récit d'Atwood.

Les thématiques explorées sont nombreuses et fascinantes, mais généralement traitées de façon superficielle et trop rapide. Le récit, sans être déplaisant, reste assez anecdotique jusqu'au meurtre des servantes par Ulysse qui introduit une attrayante ambiguïté dans la narration. Pénélope, de son propre aveu « menteuse émérite et éhontée » comme son illustre époux, est-elle tout à fait franche quand elle déplore leur massacre ? Ou cache-t-elle sous son voile de vertu quelque secret inavouable que les pauvres filles auraient pu révéler ? En conclusion, un petit livre intéressant, mais qui aurait pu l'être encore plus avec un brin de nuance supplémentaire.
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J'étais enthousiaste à l'idée d'aborder cette grille de lecture du mythe de l'odyssée sous le prisme de l'épouse d'Ulysse, Pénélope. En effet, Margaret Atwood y change de perspective en faisant parler celle qui incarne la fidélité et la loyauté à toute épreuve. On découvre qu'ayant échappé de peu à une noyade durant son enfance, l'épouse rêvée avait très tôt appris à se défendre seule. C'est dire qu'elle s'était forgée un caractère tenace bien avant d'être contrainte par les péripéties de son légendaire époux.

Pénélope est alors réhabilitée dans sa propre personnalité. Malheureusement, ce propos perd en intensité par la suite à l'exception notable de sa "confrontation" avec sa cousine Hélène instigatrice ( avec son amant Pâris) de la fameuse guerre de Troie.
Aussi, l'épisode de l'exécution des douze servantes, coupables de trahison pouvait déboucher sur une hypothèse intéressante mais l'autrice l'effleure et se garde bien de la creuser.

L'odyssée de Pénélope reste néanmoins un ouvrage audacieux qui pousse à questionner les mythes tels qu'ils nous sont contés à travers les générations.
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Où en étais-je, déjà? Ah, oui. Les mariages. On se mariait pour avoir des enfants, et les enfants n'étaient ni des jouets ni des animaux de compagnie. En fait, ils servaient de courroies de transmission. Que transmettait-on? Des royaumes, de précieux cadeaux de noces, des récits, des rancunes, des vendettas sanglantes. Par l'entremise des enfants, on scellait des alliances ; par l'entremise des enfants, on vengeait les affronts. Faire un enfant, c'était libérer une force vive.
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Ma belle-mère était circonspecte. C'était une femme pincée, malgré le bon accueil qu'elle m'avait fait pour la forme, je sentais sa réprobation. Elle n'arrêtait pas de répéter que j'étais certes très jeune. Ulysse lui a fait remarquer un jour, narquois, que c'était un défaut qui se corrigeait avec le temps.
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[Ulysse] m'a dit un jour que chacun a une porte secrète, celle qui s'ouvre sur le coeur, et qu'il se faisait un point d'honneur d'en trouver la poignée. Car le coeur était à la fois la clé et le verrou.
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J'avais dit préférer les réponses honnêtes, mais, bien entendu, personne ne les préfère pour de vrai, surtout lorsqu'elles sont si peu flatteuses.
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Naturellement, je ne lui voulais que du bien - il était mon fils, et je lui souhaitais de réussir dans toutes ses entreprises, qu'il devînt chef politique, guerrier ou autre chose - mais, pour l'heure, je regrettais qu'il n'y eût pas une autre guerre de Troie où je pourrais l'envoyer pour qu'il me lâche un peu.
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Vidéo de Margaret Atwood
Bernardine Evaristo nous parle de « Manifesto ».
Ne jamais abandonner: telle est la devise que n'a cessé de suivre Bernardine Evaristo tout au long de son extraordinaire trajectoire. Née d'un ouvrier nigérian et d'une institutrice anglaise, l'autrice de Fille, femme, autre – qui lui a valu le Booker Prize en 2019 aux côtés de Margaret Atwood – raconte ici son enfance dans la banlieue londonienne des année 1960, ses épreuves, le racisme, les injustices, mais aussi la foi inextinguible et joyeuse qui l'a guidée dans ses nombreuses aventures. Autoportrait de l'artiste en femme rebelle, passionnée et touche-à-tout, Manifesto nous entraîne dans les coulisses d'une vie trépidante, faite de voyages, d'amours, de poésie, de théâtre et d'engagements. Ce texte intime jette un regard neuf sur quelques-unes des questions essentielles de notre époque – le féminisme, la sexualité, le militantisme, le communautarisme.
Avec panache, humour et générosité, Bernardine Evaristo nous invite, chacune et chacun, à devenir ce que nous sommes, envers et contre toutes les formes d'oppression.
Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Françoise Adelstain
Actuellement en librairie
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