A ceux qui espèrent trouver, dans ce roman, le récit de quelques fêtes des écoles où ils pourraient se remémorer des souvenirs d'enfance, passez votre chemin, ça n'est pas là que vous les trouverez, malgré le titre.
Ah, c'est beau, certes, on se croirait revenu à l'époque où les chansons de Berthe Sylva faisaient pleurer dans les chaumières. Et d'ailleurs, en lisant la fin, me sont revenus en mémoire, les derniers vers de Mon Vieux Pataud :
"Et c'est comme ça qu' l'on vit doucement dans les cieux
Monter l'âme d'un chien avec l'âme d'un gueux".
Oui mais voilà, en comparant le romancier à un maçon devant son mur, s'il ne place pas les bonnes pierres au bons endroits, son mur, fut-il joli, ne tiendra jamais debout. Et les pierres qui ne sont pas les bonnes, ça foisonne, dans ce roman ! Dès le début, pour tenter de le faire "tenir debout", il estime nécessaire de placer un avertissement : "... nous pensons que les actes et les opinions de ces personnages... donnent un tableau véridique de la situation que connurent certains villages de France à la fin du siècle dernier". Il nous le situe donc "en France" et non pas précisément "en Aveyron". Mais ses descriptions bien précises de Rodez et Villefranche de Rouergue, avec les noms des rues et des quartiers, situent bien son histoire. Seuls les noms des villages sensés être concernés ne sont pas donnés, bien que localisés géographiquement.
La "perle" du fait le plus invraisemblable revient sans nul doute à la scène selon laquelle le père du marié viendrait constater par lui-même en entraînant derrière lui les participants à la noce, le lendemain matin, si le drap nuptial est bien taché de sang. Faudrait-il lui rappeler que l'Aveyron, c'est bien en France, et que la Religion Catholique y avait la même autorité qu'ailleurs pour y imposer ses lois et ses tabous ? Et la "perle" du personnage le plus invraisemblable, c'est bien le marié lui-même ! Que d'efforts, de la part de l'auteur pour tenter de "faire tenir debout" ( pour reprendre la même image ) le fait que ses actes ne seraient que des farces, alors qu'il mériteraient plutôt, s'ils étaient véridiques, d'être qualifiés d'un mot vulgaire mais tellement expressif ! Voilà un jeune homme, Alphonse, qui se conduit tellement mal avec sa femme Adeline, elle-même jeune institutrice nouvellement en poste, qu'il réussit l'exploit de lui faire récolter un blâme de la part de son administration, une semaine après leur mariage, alors qu'il aurait fait toutes ses années d'Ecole Normale d'Instituteurs, où pourtant, sous la 3ème République, on ne devait pas plaisanter avec la morale, sans jamais se saouler, pendant ces années, comme il le fait en permanence avec sa femme, avec toutes les conséquences qu'on peut imaginer, par contre sans conséquences sur son métier d'instituteur, à lui, dans un autre village aveyronnais ! Comment suivre l'auteur, quand il veut nous faire croire qu'Adeline, catholique et fervente pratiquante, comme tant de gens à l'époque, faisant sa prière tous les soirs, de surcroît institutrice donc au contact permanent d'enfants, ait pu oublier qu'on était au 24 décembre et prendre ses dispositions d'avance, pour participer à la messe de minuit ailleurs que dans son village, en plus en n'ayant jamais appris, même pendant ses années d'Ecole Normale, qu'une femme en fin de grossesse ne fait pas des kilomètres à pied, la nuit, dans la neige, sans conséquences ? Oui mais voilà, si elle avait pris ses dispositions, c'est toute la suite du roman qui aurait été bloquée ! Comment suivre l'auteur quand il voudrait nous faire croire que cet homme, Alphonse, capable de telles bassesses, avait pourtant conservé pour meilleur ami, Elie, à qui il a pu réserver les actes qualifiés de "farces" pour lui prendre la femme qu'il aimait ? Comment le suivre quand il voudrait nous faire apprendre, de la bouche d'Alphonse, ivre bien sûr, que la mère d'Adeline serait une prostituée notoire puisqu'il nous rapporte ce qui serait son surnom adapté, à Villefranche ? Des prostituées, certes il devait bien y en avoir, même dans une petite ville comme Villefranche de Rouergue en 1900, mais quelle vie devaient avoir ces femmes ! Comment imaginer que l'une d'elles puisse avoir une vie sociale normale en étant vendeuse, sans jamais subir, pas plus que sa fille d'ailleurs, qui était sensée l'ignorer, la vindicte des bonnes âmes bien pensantes de la ville ?
Et pourtant, alors qu'on évolue dans un milieu particulièrement glauque, c'est quand même Alphonse que l'auteur choisit pour être le porte-parole des valeurs de la République ! L'auteur veut nous démontrer que c'est en réaction contre son père ( dont par ailleurs, pour tomber encore plus bas, il nous apprend qu'il serait lui-même un "client" de la mère d'Adeline ! ) mais en ayant de tels comportements vis-à-vis de sa femme, que, qui plus est, il a "piqué" à son meilleur ami, voilà bien un curieux porte-parole ! Heureusement que, dans la réalité, les valeurs de la République, transmises essentiellement par ses instituteurs, étaient un peu mieux représentées !
Il y aurait encore beaucoup à dire, et surtout à redire. Mais je m'en tiendrai quand même à ma conclusion : voilà un roman d'une jolie écriture certes, mais qui "ne tient pas debout" !
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Belle écriture et jolie histoire même si un mariage manque ...
La vie d'une institutrice prise entre les laîques et les catholiques :
l'enfer ! se lit à toute vitesse pour connaître l'épilogue
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Je n'ai pas du tout aime cette histoire bien trop triste , j'aurais aimé comme le promettait le titre une belle fin , malgré cela une belle description de l'époque
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Elle chantait, accompagnée par l'eau qui cascadait sur elle, devant elle, dans sa tête, tout son corps où soudain, la glace qui pénétrait son sang parut s'adoucir, fondre. Une chaleur l'engourdit. (chap. 10)
BOURVIL "Du côté de l'Alsace"
BOURVIL chante "Du côté de l'Alsace", en présence des auteurs de la
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