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EAN : 9782350872117
205 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (14/02/2013)
3.8/5   41 notes
Résumé :
Février 1936. Les Jeux olympiques de Garmisch-Partenkirchen ont été une opération de communication réussie pour le régime nazi. Alors que le IIIe Reich entre dans sa phase triomphante, Andreas Kuppler, chroniqueur sportif réputé, traverse une crise existentielle. En acceptant de prendre sa carte du NSDAP n’est-il pas devenu un pantin du pouvoir ? La dépression de Magdalena, son épouse, exacerbe son malaise. Au fil des années, la stérilité de leur union a pesé lourde... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Un couple au bord de la rupture, une situation politique tendue, et un climat de suspicion général, sous la plume magnifique de Michel Goujon.

Andreas est un brillant journaliste sportif. Février 1936, il est chargé de couvrir les Jeux Olympiques d'hiver en Allemagne. Sa femme Magdalena est restée à Berlin. Ils sont arrivés à un point critique de leur vie de couple. L'absence de progéniture est un sujet délicat et semer d'incompréhension face à leur divergence de réactions. Magda rêve d'enfanter, lui relativise beaucoup plus la situation.
Leur divergence d'opinions ne cessera de s'accroître. Elle est une fervente admiratrice d'Hitler au point de lui dédier un petit hôtel dans leur appartement. Lui est beaucoup plus critique à l'égard de ce nouveau gouvernement qui prend place. Il prend la défense des juifs au point de se faire mal voir par son patron, et sa belle-famille. En proie aux interrogations sur l'avenir de son pays qu'il aime, Andreas doute, se questionne sur le bien fondé du nazisme. Il a un regard différent.
L'histoire est très intense et captivante, elle se déroule en deux jours en y insérant les rêves d'Andreas qui nous apparaissent comme très réalistes.
Ce livre m'a interpellé et j'ai vraiment apprécié découvrir une partie de notre histoire et la position délicate d'Andreas face à un régime totalitaire.
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Comment la terreur issue d'une idéologie totalitaire telle que le nazisme s'implante-t-elle parmi les individus ? Par leurs silences et par la peur. Ce Sont les thèmes majeurs abordés dans le roman de Michel Goujon La désobéissance d'Andreas Kuppler.

Andreas Kuppler est chroniqueur sportif dans un grand journal berlinois dirigé par Ralph Becker, patron de presse compétent, nazi militant et convaincu des bienfaits du régime. Il couvre en 1936 les jeux Olympiques d'hiver de Garmisch-Partenkirchen, station de sport d'hiver à la mode en Allemagne. Il y trouve l'occasion de réfléchir sur l'état du couple qu'il forme avec Magdalena, femme conservatrice, réactionnaire et n'ayant pour seul but que la maternité, l'accroissement de la population du Reich, voulue par le Führer.

Andreas rencontre dans l'hôtel où il séjourne des journalistes américains. Ces contacts lui permettent de s'aérer l'esprit, de s'affranchir, même fugitivement, de la chape de plomb que fait peser le régime sur la vie culturelle allemande. Un soir, sur la piste de danse du bar de l'hôtel, il succombe aux charmes d'une jeune femme, Susanna Rosenberg, dont il apprendra plus tard le rôle actif dans l'aide à l'émigration des opposants allemands au nazisme…

Pour compléter l'environnement familial, les beaux-parents d'Andreas, Joseph et Marie Bock, sont des ultraconservateurs issus de la bourgeoisie prussienne, militaristes, antisémites. Ils n'apprécient guère leur gendre qu'ils jugent tiède, peu crédible par le métier qu'il exerce.
Beaucoup de constats faits par Michel Goujon au cours du roman sont pertinents : d'abord que les grandes manifestations sportives sont des éléments de propagande décisifs pour les dictatures : « le Reich était si fier d'afficher aux yeux du monde entier sa puissance retrouvée, et le grand organisateur de ces jeux d'hiver n'était autre que Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande ! »

Andreas Kuppler constate aussi, pour tenter de se rassurer, que la célébration de l'appartenance à la race par le sport n'est pas le monopole des nazis : « le Français Pierre de Coubertin –père des jeux Olympiques modernes et autorité morale incontestable n'avait-il pas affirmé(…) que l'athlète doit être le porte-drapeau non seulement de sa patrie mais de sa race ? »
Andreas n'est pas ce qu'on appelle quelqu'un d'engagé ; il est réservé à l'égard de toute forme de militantisme. Il est membre du parti nazi, il est encarté, mais pas actif. C'est précisément ce que lui reproche Ralph Becker, son patron, qui lui fait comprendre qu'il est suivi par la Gestapo, suspecté de tiédeur envers le régime .Tel n'est pas le cas de son épouse qui, faute de pouvoir accéder à la maternité, milite dans une association La femme et l'enfant, dont les buts sont au service de l'idéologie du régime .A la femme, les trois K : Kinder, Kirche, Küche (Les enfants, l'Eglise, la cuisine)

Pour combler son désir d'enfant, ainsi que son adhésion au régime, son épouse fréquente une auberge le Crépuscule des Dieux dans laquelle des jeunes hommes « aryens », grands blonds aux yeux bleus, perpétuent la « race » germanique. C'est la traduction de l'eugénisme, autre élément de l'idéologie nazie.
Ce qui poussera Andreas à la désobéissance finale, c'est d'abord un constat personnel : la place d'une peur diffuse partagé par tous, intériorisée. C'est aussi la vision de ces manifestations de rues, les saccages de magasins tenus par des Juifs, les autodafés de livres : « Andreas était rentré chez lui d'un pas morne. Il avait lu dans leurs yeux une fascination morbide et une joie élémentaire : celle de la horde primitive. »
A la fin du roman, Andreas désobéit à un ordre des officiers de la Gestapo venus l'arrêter : l'auteur laisse entendre qu'il parviendra à quitter l'Allemagne, et à résister au régime .Ce roman pose des questions essentielles : comment devient-on barbare ? Pourquoi les Lumières s'éteignent-elles ,comme le dit Erika Mann ,dans une société comme la société allemande, hautement évoluée et cultivée avant l'avènement du nazisme ? Il n'y a pas de réponse, selon Michel Goujon, seulement une appréhension de ces phénomènes. La lecture de ce beau roman contribuera à la réflexion générale sur ce thème.
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Andreas Kuppler , journaliste sportif, couvre les jeux Olympiques d'hiver de 1936 à Garmisch-Partenkirchen. Au travers de ses réflexions sur sa vie, sur son couple, on assiste à la main-mise progressive de l'appareil nazi sur la société allemande de cette période. Andreas aime l'Allemagne, mais il ne comprend pas le climat malsain mis en place par les nazis. Il a des idées démocrates, alors que sa femme apprécie le führer. Mais celle-ci est malade de ne pas avoir d'enfant. Et leur couple se défait pour cette raison, qui lui fait perdre la sienne.
Et parce qu'il n'est pas foncièrement pro-nazi (avec toutes les thèses anti-juives et anti-noirs qui l'accompagnent), Andreas est désormais suspect vis à vis des autorités.
J'ai vraiment beaucoup apprécié ce livre. D'une écriture très fluide il se lit très vite (trop?). On apprend énormément de choses (par exemple les atrocités allemandes à Dinant et Neffe en 1914, les camp de travail pour ceux qui sont jugés anti-allemand (je les avais déjà vus dans le trilogie berlinoise de Kerr, qui se passe à peu près à la même époque (pour le premier tome))), on va même espérer que Kuppler a réellement existé tellement on croit à ce journaliste sportif et à son histoire.
Je conseille vraiment ce livre.
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Je pense que l'objectif que l'auteur s'est fixé est atteint : montrer comment le nazisme a gangréné en très peu de temps toute une société. Comme il le dire, on ne peut pas le comprendre mais on peut et oserai-je ajouter on doit le montrer.
Le personnage principal est un homme tiède, peu intéressé par la politique, mais qui a dû adhérer au NSDAP pour garder son travail, comme beaucoup d'autres sans doute. A la différence de beaucoup d'autres justement, il n'adhère pas totalement au dogme et s'il en salue le développement économique du pays, il est choqué par les actions des nazis lors de la Nuit de cristal ou les autodafés de 1933. Mais il reste dans ce que j'appelle 'le ventre mou', il laisse faire, il a sa vie à vivre, un travail qui le passionne. le livre révèle sa prise de conscience assez lente qui se dévoile grâce à un coup de pouce de journalistes américains.
Son épouse est empêtrée dans la dépression et passe pour une nazie convaincue aux yeux de son mari. Mais la vérité n'est pas aussi simple, bien sûr.
La désobéissance d'Andréas Kuppler est un livre tout en nuances sur l'aliénation totale d'une société à une idéologie mortifère. Mais parle-t-il seulement de l'Allemagne de 1936? Je n'en suis pas persuadée.
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La désobéissance d'Andreas Kuppler n'est pas un roman comme les autres. Petit roman pour grande histoire, il vous emmène dans l'Allemagne nazie que l'on connait tous tout en nous la présentant différemment.
On découvre donc le point de vue d'Andreas, journaliste sportif, qui s'interroge, doute et commence à ne plus croire dans le régime. Il ne cherche pas à comprendre, à justifier, il doute simplement et ce doute, le poussera dans ces derniers retranchements, le poussera à franchir des limites qu'il n'imaginait jamais devoir franchir.

Andreas Kuppler est, en somme, un homme tout à fait normal. Marié et journaliste, il a une vie de couple difficile & un travail qui le satisfait. Membre du NSDAP, aryen et allemand, il se met pourtant à douter du bien fondé du régime. Malheureusement, il n'est pas le seul à se rendre compte de ce doute et son manque d'investissement pourrait le conduire vers sa propre fin…

Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est tout simplement le fait de découvrir le point de vue d'un personnage qui vit le nazisme de l'intérieur sans être un nazi et avant la guerre. Il ne cherche pas à comprendre ni à justifier les actions mais s'interroge, réfléchit, se pose les bonnes questions. Il n'est pas là pour savoir si c'est bien ou mal, non, il est là pour expliquer des choses, pour expliquer une époque. Grâce à ce roman, on découvre une autre facette de l'Allemagne nazie, une face dans laquelle le peuple adhérait au NSDAP par peur pure et simple…

Mais comme le dit si bien Michel Goujon dans son hommage à la fin du livre, comprendre, c'est justifié. Malgré tout, d'une certaine manière, il m'a fait comprendre ce que je refusais de voir : je ne veux pas comprendre pourquoi ils ont fait ça, pourquoi ils ont tués tous ces gens. Et au fond… qui peut le vouloir ? Il est impossible de comprendre pourquoi un être humain en tue un autre.

Ce livre m'aura emporté dans la vie d'Andreas et la fin.. La fin est tellement triste et prometteuse à la fois. D'un côté, j'ai envie d'en savoir plus sur la vie d'Andreas et de l'autre, je me dis qu'il a fait ce qu'il devait faire et qu'il sera quelqu'un de bien.
Je finirais juste sur un grand MERCI à Michel Goujon pour ce livre, pour cette lecture qui m'a beaucoup plu et qui a su me transporter dans une période de l'histoire qui est difficile à conter.

Un livre simple pour un contexte dramatique mais un livre original qui tire son épingle du jeu grâce à un axe politique plutôt que guerrier. Il s'agit donc d'un véritable moyen de découvrir autrement cette guerre meurtrière en découvrant ce qu'il s'est passé avant qu'elle arrive.

Un roman à lire si l'on s'intéresse de près ou de loin à la seconde guerre mondiale ! ;)
Lien : http://nosfolieslitteraires...
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critiques presse (1)
BoDoi
26 janvier 2021
La Désobéissance d’Andreas Kuppler complète sans redondance les récits couvrants la même période, tout en restant transposable à une autre ère, sous un autre joug. Car finalement, c’est l’histoire universelle d’un homme et d’une femme face au choix de la révolte ou de la soumission. En contrepartie, c’est un ouvrage très classique dans sa forme, solide et efficace, mais qui ne surprend ni ne bouscule vraiment.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Faire un long voyage en train, à condition que l'on soit seul, permettait une sorte de cheminement intérieur que favorisaient les vibrations, la sensation de la vitesse, la campagne et les villes filant à toute allure, telle une allégorie de la vie.
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Quelques secondes, le silence régna dans la salle. Puis tous les clients se levèrent d'un bond pour acclamer la Gestapo. Andreas, pétrifié, ne quittait pas des yeux ses beaux-parents qui applaudissaient de bon cœur, comme au spectacle, quand le rideau tombe.
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Lorsque Andreas pensait à ces virées, un terme lui venait à l'esprit: insoutenable! Pourtant, il les supportait, comme il supportait tout le reste: la propagation de la haine dans son pays, la censure permanente au journal, sa concierge qu'il avait surnommée "la fouine" parce qu'elle avait l’œil sur tout et qu'elle faisait des rapports à la Gestapo, il en était convaincu.
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Le nazisme ne peut ni ne doit être compris, il sort l'homme de l'humain, le fait basculer dans pire que la barbarie, l'abomination. Comprendre, c'est déjà justifier.
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Il devait se rendre à l'évidence : il n'était, au fond, qu'un nazi ordinaire et suiviste. Mais les suivistes n'étaient-ils pas des nazis, la pire espèce ?
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Videos de Michel Goujon (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Goujon
La Désobéissance d'Andreas Kuppler de Michel Goujon aux éditions Héloïse d'Ormesson https://www.lagriffenoire.com/1060489-romans-la-desobeissance-d-andreas-kuppler.html • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n... • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #lapetitelibrairie #conseillecture #editionsheloisedormesson
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