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EAN : 9782221134740
854 pages
Robert Laffont (21/02/2013)
4.28/5   69 notes
Résumé :
« Ceci est un roman. Le roi David et Abisag la Sulamite, Hérode le Grand, le général Petrone, Vespasien et Titus, Flavius Josèphe et Maïmonidès ont vécu. Acre, Zefat et Tibériade sont toujours debout en Galilée. Les descriptions que nous en donnons sont exactes : mais Makor (la source en hébreu), son site, son histoire et ses fouilles sont purement imaginaires » (note de l’auteur).
En 1964, grâce au financement d’un multimillionnaire américain, quatre archéol... >Voir plus
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La Source
James A. Michener (1907-1997)
En 1964 un groupe d'archéologues de diverses nationalités a repéré un tumulus de plusieurs mètres de haut et de 200 mètres de longueur environ dans une région d'Israël située entre Akko et la mer de Galilée. Les fouilles au cours des années de travail mettent en évidence des couches successives contenant de nombreux objets jusqu'à la plate-forme rocheuse et dont la datation permet de remonter à près de 10 000 ans pour la plus profonde. le site est appelé Makor. Un nom inventé à toutes fins utiles pour éviter la polémique. Comme le précise l'auteur en avant-propos, il s'agit bien d'un roman, mais avec beaucoup de personnages et de faits historiques qui ont bel et bien existé.
Dans la suite du roman, durant 840 pages, l'auteur nous conte l'histoire de chaque couche telle une série de chroniques de la vie quotidienne en rappelant les grands faits historiques, depuis la plus ancienne jusqu'à la plus récente en procédant à une véritable reconstitution de ce qui a pu se passer à chacune des époques et ce durant 10 000 ans. Un travail colossal de recherche historique pour évoquer les scènes de la vie socio-culturelle, religieuse et politique de chaque époque. Un bref aperçu permet de se rendre compte de ce travail prodigieux de la part de l'auteur.
Nous sommes alors en 9834 avant J.C. et Ur, le personnage principal, connaitra la première angoisse et les premiers tourments devant le mystère de la mort, le triomphe du mal et la terrible solitude de l'homme. C'est l'âge de la pierre.
La couche suivante nous mène en 2202 avant J.C. et le culte d'Astarté règle les jours et les nuits de la tribu de Makor dirigée par Urbaal, descendant direct de Ur, ainsi que la qualité des récoltes. Astarté la tentatrice, la déesse de la fécondité aux seins pesants fait murir le grain et vêler la vache, accoucher la femme et nicher l'oiseau. La source de toute puissance est le dieu El, mais il existe trois autres dieux, le vent, l'eau et le soleil et chacun a son monolithe dressé au point culminant de la ville, au centre de la cité. Joktan, nomade du désert a décidé de chercher fortune plus à l'ouest. C'est un Habiru, et plus tard on pensera qu'il fut le premier représentant du peuple des Hébreux. Il apporte le monothéisme, la croyance en un dieu unique et solitaire. C'est l'âge du cuivre.
On arrive ensuite en 1419 avant J.C. Les Hébreux conduits par Zadock , croyant un seul dieu El Shaddaï, venus du désert s'installe au pays des Cananéens, dirigés par Uriel, qui croient en Baal et toute une cohorte de petits dieux. El Shaddaï deviendra Elohim puis l'imprononçable YHWH. le conflit entre les deux philosophies va se poursuivre pendant plus de mille ans. En attendant, la destruction de Makor est programmée par les Hébreux qui procèdent à un massacre des Cananéens et un gigantesque incendie. C'est l'âge du bronze.
En l'an 966 avant J.C., l'architecte Houpoeh embellit la ville de Makor qui entre temps a été reconstruite et de nouveaux remparts protègent la ville. C'est l'époque du règne du roi David et Kerith, l'épouse de Houpoeh, fille d'un prêtre hébreu, rêve de voir le roi et la ville de Jérusalem. Houpoeh vénère d'une part Baal, le gardien familier des Cananéens, et son monolithe surplombe toujours la ville, et d'autre part Yahveh le dieu de Moïse issu d'El Shaddaï. Autrefois, un autre groupe d'Hébreux est venu d'Égypte avec ce nouveau dieu Yahveh qui concurrence Baal.
Au niveau XI nous sommes en 606 avant J.C., et en ce temps là Yahveh frappait durement les Hébreux car il les trouvait infidèles et obstinés. En 733 avant. J.C., les Assyriens déferlent sur la Galilée et massacrent la population juive. Makor grâce à ses fortifications résiste et un accord est trouvé avec les Assyriens. Mais en l'an 701 avant J.C., Sanchérib, roi d'Assyrie, détruit la ville qui est pillée et brûlée, et les survivants réduits en esclavage. Les Babyloniens termineront l'anéantissement et déporteront les Juifs vers Babylone en 605 avant J. C.. Mais bientôt les Perses de Cyrus se préparent à envahir le royaume de Nabuchodonosor, et à renvoyer les Juifs chez eux après 50 ans d'esclavage.
le niveau X nous amène en l'an 167 avant J.C. avec la domination grecque sur tout le Moyen Orient. En 336, Alexandre le Grand avait conquis toute cette partie du monde jusqu'à l'Indus, et durant sept siècles la civilisation grecque va étendre son emprise. La mort d'Alexandre conduisit au partage de son empire entre ses généraux : Ptolémée prit l'Égypte et Séleucos toute le reste de la Thrace jusqu'à l'Inde. Antioche, située à 90 lieues de Makor fut la capitale de cet immense Empire Séleucide. En 198, après des décennies de guerre entre les deux empires hellénistiques, les Séleucides vainquent les Égyptiens et envahissent Israël. Une période de persécutions et de volonté d'anéantir la tradition juive est alors entreprise par Antioche Épiphane, roi des Séleucides : avec notamment l'interdiction de la circoncision. Un chapitre riche en rebondissements.
le niveau IX voit le peuple juif avoir le grec comme langue officiel et adorer les dieux romains. Cependant ils vivent au sein d'un royaume juif. Nous sommes en l'an 4 avant J.C. Et c'est Timon l'architecte romain qui raconte. Hérode le Grand règne alors sur toute la région. Rois des Juifs d'origine Iduméenne donc non Juif et désigné par Rome où règne alors Octave désigné sous le nom de César Auguste, il a Timon pour confident. Et tout au long de son règne il va s'évertuer à tenter de détruire la nation juive. C'est l'époque où l'on entends déjà parlé de la naissance d'un véritable roi des Juifs, celui qui sera connu sous le nom de Jésus. La résistance des Hébreux à l'oppression romaine est constante et chaque Juif prie jusqu'à son dernier souffle sa confiance en un seul et unique Dieu ; « …chaque fois que les flammes d'un bûcher montaient lécher la figure du martyr, chacun à son tour, l'homme qui brûlait vif criait dans son dernier souffle : « Entends, ô Israël, la parole du Seigneur ton Dieu. le Seigneur est un. »
Nous sommes ensuite en l'an 40, au niveau VIII. En 14 est mort Auguste et c'est Tibère, un terrible tyran qui lui succède jusqu'à ce que Caligula, un despote encore plus cruel, le fasse étrangler. C'est à cette époque que Caligula veut imposer son buste dans tout l'Empire et en particulier dans les lieux de prière juifs, comme s'il était le dieu vivant. Seuls les Juifs refusent. Un homme du peuple, un certain Yigal va se dresser face aux légions romaines dirigées par Pétrone sur ordre de Caligula pour anéantir le peuple juif. En 54, Néron succède à Caligula avec la même folie et poursuit le même but. Mais il va se heurter à la même résistance dirigée par un certain Flavius Josephe, gouverneur de Galilée, juif descendant des patriotes macchabéens, dont le nom est reste comme celui d'un immense chroniqueur historique, un érudit grâce à qui l'on connaît l'histoire de l'époque. Son ouvrage « Antiquités judaïques » fait encore de nos jours autorité, retraçant la vie des Juifs durant 400 ans. Vespasien et son fils Titus, commandités par Néron, vont réussir à prendre la ville de Makor après un siège épique. Et plus tard Titus détruira le temple de Jérusalem. Mais cela est une autre histoire.
Nous sommes alors au niveau VII, c'est à dire en 326. Il faut se rappeler qu'en 313 l'empereur romain Constantin le Grand promulgua l'édit de Milan qui reconnaît le christianisme comme religion officielle de Rome et de tout son empire. Il se convertit lui-même en 325 sur les conseils de sa mère Hélène, laquelle voyagea vers Ptolémaïs (Acre) pour se rendre vers Jérusalem puis répandre la nouvelle religion dans le pays et notamment à Makor. du côté des Juifs, Dieu va leur inspirer le Talmud ouvrage considérable qui mettra de nombreuses années à être mis au point et qui vient en complément de la Thora pour tenter de régler les problèmes de la vie quotidienne notamment ceux liés au jour du shabbat. le Talmud qui se compose de deux livres, la Mishna et la Gemara, ne sera terminé qu'en 500. Les Romains de l'Empire byzantin répandent le christianisme et opèrent des conversions et les heurts avec les Juifs vont se multiplier. Jusqu'à l'affrontement, la destruction des lieux de culte juifs et l'exil une nouvelle fois. La Diaspora qui va se poursuivre durant 1600 ans est en route.
le niveau VI révèle la naissance de l'Islam. Nous sommes en 635. Damas et Tibériade sont passées sous le joug des conquérants de l'Islam. La nouvelle religion monothéiste prend peu à peu l'ascendant sur le judaïsme et aussi sur le christianisme dans toute la région dont les divisions en église byzantine, romaine, égyptienne et nestorienne a considérablement affaibli l'audience. le règne de Byzance sur la Galilée et bel et bien terminé. Makor n'échappe pas à l'invasion et devient un bastion musulman, les Juifs et les chrétiens restant pouvant cependant pratiquer leur religion en toute liberté.
le niveau V se situe au temps des Croisades : 1096. Une date qui voit des milliers de gens partir d'Europe vers la Terre Sainte pour libérer le tombeau du Christ aux mains des impies. C'est aussi l'époque qui voit les Juifs avoir en Europe le monopole de la banque pour financer les Croisades des Chrétiens et cela est très bien expliqué par l'auteur. Cela ne va pas sans de terribles massacres en Allemagne, les Juifs prêteurs étant accusés d'avoir crucifié Jésus. L'avance des Croisés se poursuit et après des combats féroces contre les Turcs, ils arrivent en Terre Sainte, et quand ils s'emparent d'une ville, ils massacrent sans distinction Juifs, chrétiens et musulmans. L'extermination des Juifs de Makor est totale et les Croisés s'installent dans la cité où ils construisent un château fort.
1289, c'est le niveau IV. Les Mameluks venus de Turquie pourchassent les Croisés qui se replient sur Acre pour en faire leur bastion ultime. La ville est défendue par des moines appartenant à trois ordres militaires, les Templiers, les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem et l'ordre teutonique, chacun des trois étant autonome . Makor, après un siège qui dura des mois, subit une destruction totale sous les coups des Mameluks accompagnée du massacre des derniers Croisés.
La Galilée des années 1540 et suivantes voit le retour d'un certains nombres de Juifs vers la ville de Safed, Juifs venus d'Espagne, du Portugal, d'Italie, de Pologne et d'Allemagne. C'est l'époque de l'Inquisition. Il faut se rappeler qu'en 1492, la reine d'Espagne avait chassé les Juifs du pays sauf s'ils se convertissaient au christianisme. Cependant le soupçon qu'ils étaient en fait des Juifs secrets persistait et nombreux furent ceux qui durent soit fuir le pays, soit finir brûlés vifs suite à des dénonciations calomnieuses ou vengeresses. En 1525, Safed voit sa population augmenter et les artisanats se développer ; elle devient la capitale économique et spirituelle du peuple juif. L'auteur met en scène l'histoire d'un rabbin qui au terme d'une longue réflexion après avoir choisi de quitter autrefois l'Europe décide de quitter Safed pour un retour au pays de ses parents et amis, l'Italie. Auparavant, il met en terre son petit ménorah porte bonheur. Geste hautement symbolique et qui aura plus tard son importance archéologique.
En 1880, Tiberiade est une petite ville sinistre qui ne ressemble en rien à ce qu'elle fut au temps d'Hérode le Grand ou au temps des Croisés installés sur les rives du lac. Quelques Arabes et quelques Juifs peuplent les ruelles sinistres de la bourgade. Il reste aussi une poignée de chrétiens au sud de la ville. Les pogroms de Russie vont entrainer un retour massif de Juifs Eskenazim vers la Terre Promise aux mains des Turcs et en particulier vers Tibériade. Les Turcs méprisent également Juifs et Arabes.
Nous sommes en avril 1948. le soldat Gottesman originaire d'Allemagne et sa femme Ilana, une sabra, vont se joindre à la Palmach pour reprendre Safed que les Anglais ont laissé aux Arabes à la fin de leur mandat. L'ONU a décidé de diviser le pays en trois parties : un état arabe dans les terres, un état juif le long de la mer et Jérusalem divisée en trois zones, juive, chrétienne et musulmane. Safed est un point névralgique dans la prise de contrôle du pays avant que la proclamation de la création d'Israël n'intervienne. Safed, c'est 11000 Arabes contre 1000 Juifs, et Israël c'est 600 000 Juifs contre l'État arabe de 1 300 000 musulmans. La résistance des Juifs de Safed tint véritablement du miracle, car de tous les côtés les Arabes déferlaient sur la ville et faisaient pleuvoir un déluge de feu, tirant sur tout Juif qui se montrait imprudemment. Et malgré tout les Juifs tinrent bon de façon héroïque.
On retrouve dans le dernier chapitre le groupe d'archéologues ; nous sommes en 1964 et les recherches vont se poursuivre pour aboutir à d'ultimes découvertes surprenantes. Dans ce chapitre l'auteur revient aussi avec ses personnages attachants aux questions existentielles en relation avec les lois religieuses inscrites dans le Deutéronome, des lois parfois absurdes et d'une autre époque, totalement anachroniques, qui ont besoin d'être humanisées et modernisées. Mais la Loi de Moïse a aussi contribué à la pérennité du peuple Juif : « La Loi devait demeurer car elle seule pouvait maintenir Israël en vie. Où étaient les Chaldéens et les Moabites, les Assyriens et les Phéniciens, les Mitanniens et les Hittites ? Chacun de ces peuples avait été plus puissant que les Hébreux, et pourtant ils avaient péri, ils avaient disparu dans les brumes du temps, et les Juifs étaient toujours là. » Un dernier chapitre également riche d'humanisme et de spiritualité : « Il serait grand temps que Juifs et Arabes accomplissent un geste de réconciliation réelle, dit Eliav (archéologue israélien s'adressant à son collègue de fouille Tabari, un arabe). Car j'ai bien l'impression que nous allons partager ce bout de l'univers pendant pas mal de siècles. »
Un immense roman de 840 pages qui est tout à la fois un divertissement avec de belles histoires d'amitié et d'amour et une grande leçon d'Histoire. Les détails archéologiques décrits dans la première partie ont leur importance car ils vont peu à peu au fil des chapitres trouver une explication et devenir des indices capitaux pour la compréhension du déroulement des événements historiques qui ont marqué la Terre Sainte.
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Depuis que je suis en âge de m'intéresser à l'actualité, de me poser des questions à son propos, le conflit du Moyen-Orient a trop souvent occupé la une. Et de me demander qui peut bien revendiquer la légitimité d'occuper la Palestine.

La Source de James A. Michener est un roman historique qui s'est donné pour ambition de retracer l'histoire de ce chaudron de la planète, depuis que l'homme a quitté les cavernes pour vivre de l'agriculture.

Les trois grandes religions du Livre naissent et évoluent au fil des pages dans un récit fort bien construit et documenté. L'auteur fait certes la part belle aux tenants du judaïsme mais il veut avant tout, en 1966, laisser un message d'espoir. L'espoir de connaître un jour une Palestine en paix, partagée par les descendants de toutes les communautés qui l'ont occupée tour à tour au fil des siècles.

Un sujet qui méritait donc bien un pavé comme celui-là. Pas de réponse - heureusement devrais-je dire - à la question qui me taraude depuis que nos journaux assènent la litanie des malheurs qui embrasent cette région, mais un ouvrage passionnant, très bien construit, qui donne l'envie d'approfondir ce sujet, ô combien brûlant.

De belles réflexions aussi sur la place de la religion dans la vie des communautés, des hommes. Il me confirme dans mon idée, qu'aussi populaires et ambitieuses soient-elles de nos jours, aussi argumentée soit à dessein la relation de leur genèse, les religions qui ont aujourd'hui pignon sur rue ne sont jamais que des sectes qui ont réussi.
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Le cargo franchit le détroit de Gibraltar et fendit les eaux de la méditérranée vers l'est, destination la "terre sainte". Makor ou "la source" en hébreu est une terre aride d'Israël, située au pied d'une falaise rocheuse, haut de plus de 20 m. Culliman allait travailler dans un pays juif qui avant avait été musulman. Grâce à un multimillionnaire américain les 4 archéologues examinèrent le site et avec l'aide des ouvriers bénévoles qui creusèrent avec acharnement et à force de volonté et de travail pénible ils mirent au jour des vestiges qui nous content l'histoire humaine de cette terre. Les fouilles commencent en 1964 et à partir d'un éclat de silex ayant appartenu à une serpe nous remontons aux matins de l'histoire de l'humanité et à partir de là nous sommes projetés dans l'histoire de la Palestine depuis la préhistoire jusqu'à la création d'Israël en 1948. Nous partageons avec les personnages du récit tout droit sortis de l'imagination de l'auteur des temps forts tels que l'émergence du sens de Dieu, l'occupation romaine, l'arrivée des croisés, la domination de l'islam, les persécutions espagnoles, portugaises et allemandes. C'est toute l'histoire de la Palestine qui défile devant nos yeux. C'est un livre vivant, poignant et exaltant que je vous recommande.
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John Cullinane, quarante ans, grand, maigre, catholique irlandais. Il parle l'hébreu, le français, l'arabe. Archéologue diplômé d' Harward, il a toujours rêvé de fouiller l'undes monticules silencieux de la Terre Sainte pour y découvrir de nouveaux indices sur l'histoire de l'homme et des Dieux en ce pays élu.

Jemail Tabari, arabe, lui aussi quadragénaire, ayant suivi des études d'archéologie scientifique à Oxfort, a choisi de rester en Israël. Il est le seul arabe faisant autorité pour les nombreuses fouilles effectuées dans toute la Galilée.

Professeur Vered Bar-El, belle menue, souriante. Experte en vestiges de poteries. Assistante de Cullinane. Etudes à l'Université hébraïque de Jérusalem. Une « sabra » qui aime la Galilée parce que c'est la terre de ses ancêtres. Elle est veuve de Mem Mem Bar-El.

Ilan Eliav, un grand juif mince, la cinquantaine, joues creuses et yeux renforcés sous d'épais sourcils. Archéologue de qualité, administrateur du projet et chien de garde des fouilles.

Se prépare à un avenir politique. Ancien soldat, il aime « sa » Palestine parce que c'est un refuge après tant d'années de guerre.

Ce sont là les principaux personnages contemporains du récit. Bien campés par un formidable romancier, ils vont se livrer aux fouilles du tell Makor.

Ce n'est pas un tertre naturel. Il ne mesure que 220m de long sur 130m de large. " C'est la patiente accumulation des restes de nombreux établissements abandonnés les uns après les autres, chacun reposant sur les ruines du précédent ."

Les découvertes seront nombreuses : des silex, des reliques de l'âge du bronze, des débris de poteries, une statuette d'Astarté, une petite menorah en or, les fondations d'un château fort, etc…etc….

Et puis la Source !

Chacune d'elle servira de point de départ de l'un des quinze courts épisodes que Michener nous offre pour nous faire revivre l'histoire de Makor sur une période de dix mille ans, de 9.831 avant l'ère chrétienne jusqu'en 1948.

L'écriture est vivante, poignante, exaltante, insoutenable parfois, mais toujours s'appuyant sur des faits historiques, soulignés par une documentation précise.

Seront passées en revue, les périodes marquantes de l'évolution économique et religieuse d'un pays « où les Chaldéens et les Moabites, les Assyriens, les Phéniciens, le Mittaniens et les Hitites avaient été plus puissants que les Hébreux, et qui pourtant avaient péri et disparu dans les brumes du Temps. .Et les Juifs étaient toujours là »

Au fil des récits, nous apprendrons l'origine de la Source dispensatrice de vie.

Comment un tunnel fut construit pour la soustraire aux exactions des envahisseurs.

Que les Juifs étaient installés en Galilé 2.837 ans avant l'arrivée des Croisés..

Que la « svastika » appelée par les Perses « la roue qui court » ornait les synagogues au quatrième siècle…

Qu'au 19ème siècle, les Turcs, maîtres de la Palestine considéraient que « tout fonctionnaire ne sachant ni extorquer de l'argent, ni mentir, ni voler, sans provoquer de scandale, était jugé incapable d'administrer l'Empire »

Nous apprendrons bien d'autres choses sur l'exil à Babylone, les exactions d'Hérode, l'emprise des légions romaines, les tueries des Croisés, la lente extinction des Juifs poussés à l'exil par les musulmans… Quand ils n'étaient pas massacrés.

On ne résume pas en quelques lignes un roman de Michener. D'abord parce que chacun de ses ouvrages ne compte pas moins de sept cents pages. Ce serait faire injure à son style coulant et captivant, qui ne laisse aucun temps de répit au lecteur.

Compte-rendu emprunté à Aristarque
sur le forum que je fréquente également : http://grain-de-sel.cultureforum.net/litterature-americaine-f2/james-a-michener-t850.htm
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Le premier livre de Michener que j'aie lu, et sans doute celui qui m'a le plus marquée : on y découvre ou re-découvre toute l'histoire de la Palestine sur une période de dix mille ans, de 9.831 avant l'ère chrétienne jusqu'en 1948.
Une écriture vivante, poignante parfois, mais toujours s'appuyant sur des faits historiques, soulignés par une documentation précise.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Quel était le secret de l'extraordinaire endurance des païens ? Cela venait sans doute de ce que tout homme vivant en communion constante avec la nature, comme ceux de Makor, savait au fond de son cœur que les forces qui commandent à la pluie et à l'orage sont mystérieuses , et non pas mystérieuses à la façon des théologiens et des dogmes qui aboutissent à des schismes, mais d'une manière fondamentale et tangible.
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En ce temps-là, dans les petites villes comme Gretz, les Juifs vivaient à peu près comme bon leur semblait. Quelques fanatiques protestaient parfois contre cette promiscuité entre Juifs et catholiques, mais nulle mesure discriminatoire n'avait encore été promulguée et un banquier distingué comme Simon Hagarzi pouvait être reconnu comme un citoyen important, une notabilité de la ville. Sa belle maison était un lieu de réunions aimables que fréquentaient des bourgeois et même le seigneur en personne, qui venaient davantage deviser qu'emprunter de l'or.
Les Juifs étaient devenus prêteurs sur gages à la suite d'une différence d'interprétation de deux textes de la Bible par les chrétiens et par les Juifs. Les catholiques s'en tenaient à la lettre du strict commandement de l'Exode qui stipulait : « Si tu prêtes de l'argent à quelqu'un de mon peuple, au pauvre qui est avec toi, tu ne te comporteras pas à son égard comme un usurier : tu n'exigeras pas de lui des intérêts. » Les catholiques pensaient que cela signifiait qu'un chrétien - sous peine d'excommunication ou de mort - ne devait pas prêter de l'argent avec intérêts, et cette loi arrivait au moment précis où le commerce commençait à prendre de l'extension et où il devenait indispensable d'emprunter certaines sommes pour financer diverses entreprises. Que faire ? Les catholiques découvrirent alors que les Juifs, plus fidèles au Deutéronome qu'à l'Exode, s'en tenaient aux instructions de Moïse qui leur avait recommandé : « tu n'exigeras de ton frère aucun intérêt, ni pour de l'argent, ni pour des denrées, ni pour aucune chose que l'on prête à intérêt. Tu pourras exiger un intérêt de l'étranger. » Ainsi, à l'instigation des chrétiens, un curieux pacte avait été conclu : les chrétiens régneraient sur le monde mais les Juifs le financeraient. Ils eurent ainsi le monopole de la banque et il devint normal que même des cardinaux ou des évêques allassent emprunter aux Juifs, tout comme les marchands. De cette manière, des Juifs comme Simon Hagarzi de Gretz s'enrichirent.
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Comme la plupart de ses amis, dont les parents étaient athées ou carrément anticléricaux, llana Hacohen ne portait pas un prénom biblique. Le sien voulait dire arbre, et rappelait l'ancienne Terre promise. D'autres jeunes filles portaient des prénoms évocateurs tels qu'Aviva (la source) ou Ayelet (le faon), Talma (le sillon) tandis que les garçons s'appelaient Dov (lours), Arieh (le lion) ou Dagan (a céréale). lana était bien décidée, si Gottesmann et elle avaient des enfants, à ce quil n'y ait parmi eux ni de Sarah ni de Rachel, d'Abraham ni de Mendel, ni aucun autre prénom biblique ou à consonance d'Europe orientale. En fait, elle ne reprochait qu'une chose à son mari, c'était qu'il tint à son prénom allemand, Isidore, qui ne convenait pas, à son avis, à un Juif moderne. Aussi ne l'appelait-elle jamais que Gottesmann, même dans l'intimité.
Ces filles et ces garçons délivrés des rigides contraintes de la religion aimaient cependant leur Bible d'un amour profond et s’ils repoussaient les rites et la religion, ils professaient un autre culte, tout aussi exigeant : ils étaient fanatiquement dévoués à la cause d'un État d'Israël libre fondé sur la justice sociale. Il n'y avait pas de communistes à Kefar Kerem, et certains penchaient au contraire pour le capitalisme qui permettait à tout homme de s'enrichir, mais cela n'empêchait pas qu'il y régnât un authentique esprit communautaire. Presque tous disaient, comme Ilana : «Notre maison n'est pas vraiment à nous. Elle appartient à la communauté et si nous partons quelqu'un d'autre s'y installera, ce qui sera justice. Je travaille dans les vignes et j'en parle comme si elles étaient à moi, mais elles appartiennent à la communauté aussi, et si je pars d'autres mains cueilleront les raisins. L'essentiel, c'est que la terre continue ! »
C'était cela, la profonde mystique du groupe : la terre doit continuer. «Il y a quatre mille ans, des Juifs vivaient sur cette terre, aimait à répéter Ilana, et je suis fière d'être un maillon de cette chaîne. Quand je ne serai plus là, d'autres Juifs vivront sur notre terre pour quatre mille ans encore. C'est la terre qui importe. »
La terre était le but suprême, la Terre promise, la Terre de Chanaan et d’Israël, les champs de jadis donnés par Dieu à Nephtali, Issachar et Manassé.
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À Damas, surpris par les querelles intestines des chrétiens - et désirant aussi continuer d'attirer les pèlerins chrétiens car ils apportaient beaucoup de richesses - Abd Omar avait voulu étudier de près les chrétiens et leur religion; il avait réuni le plus de documentation possible, fournie par des espions ou les chefs des diverses Églises de Damas et de la nouvelle Tabaryyah. Il était encouragé dans cette tâche par des paroles que lui avait dites un jour Mahomet : « Il n'est que trois religions permises - le judaïsme, le christianisme et la nôtre - et elles ne sont acceptables qu'en cela qu'elles se fondent toutes sur un Livre que Dieu en personne leur a transmis. » Le Prophète avait expliqué que les Juifs avaient leur Vieux Testament, transmis par Moise, et les chrétiens leur Nouveau, transmis par Jésus-Christ, mais les Arabes avaient le Coran, et comme ce dernier résumait l'essentiel des deux premiers, ceux-là n'étaient donc plus nécessaires.
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Le kaimakam Tabari avait une seule et unique règle administrative, qui était fort bien comprise de ses sujets : tout était à vendre à Tubariyeh. Si un jeune Arabe était appelé à faire son service militaire, il ne pouvait se dérober, mais si son père était riche et savait soudoyer le kaimakam, on trouvait une excellente raison de le réformer. Les Juifs étrangers n'avaient sous aucun prétexte le droit de posséder de la terre dans les secteurs arabes, sous peine d'amendes sévères, de prison et parfois même de mort ; mais si un Juif distribuait assez de bakchich, il pouvait acheter sa terre. Lorsque le cadi condamnait un coupable, il était secrètement entendu entre le cadi et le kaimakam que le premier prononcerait une sentence excessive ; le coupable pouvait alors faire appel à la miséricorde du second, et s'il était assez riche, il était acquitté. Pour la délivrance du moindre papier officiel, il existait un barème de bakchich, et pour la justice, que ce fût à la cour civile du cadi ou au tribunal religieux du mufti, quiconque en avait les moyens pouvait faire rendre le verdict de son choix par le kaimakam.
Naturellement, le gouverneur n'empochait pas tout le revenu qui affluait ainsi. Il payait généreusement ses subordonnés, et il partageait les pots-de-vin avec le cadi et le mufti.
De plus, il était tenu d'envoyer régulièrement des bakchichs à Beyrouth ou à Acre. Il était donc évident que ces prévarications saignaient à blanc la population de Tabariyeh, et qu'il ne pouvait rester d'argent pour construire des écoles, des hôpitaux, des égouts ou une prison où l'on ne mourrait pas en quelques semaines. Il n'y avait pas d'adduction d'eau, pas de police, à part la garde du gouverneur, et pas de pompiers. Il y avait le mur, qui faisait échec aux Bédouins, et un aimable kaimakam souriant qui s'efforçait d'« arranger » les affaires de ses administrés.
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LNHI-42556

Comment s'appelle le roman de Michener qui raconte l'histoire de soldats américains, ayant épousé malgré les ordres reçus, des japonaises durant la 2e guerre mondiale?

'Sayonara'
'Samouraï'
'Geisha'

10 questions
15 lecteurs ont répondu
Thème : James A. MichenerCréer un quiz sur ce livre

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