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Brice Matthieussent (Traducteur)
EAN : 9782264039194
467 pages
10-18 (19/08/2004)
4.13/5   190 notes
Résumé :
Dans cette luxuriante autobiographie, Jim Harrison commence par le récit de son enfance.

Mais plutôt que d'en distiller les détails, le grand romancier américain en retient surtout les images intenses, celles imprégnées de nourritures délicieuses, de feuilles fraîches et de bruits de rivière, car seule « la sensualité marque la mémoire ».

Dès lors, l'écriture déroule un formidable et gargantuesque appétit pour la vie, mais aussi une mé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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"Lorsque j'ai annoncé à mes filles que j'écrivais mes mémoires, elles ont bondi en l'air en poussant des hauts cris, et j'ai contre-attaqué en leur annonçant pour blaguer que je pourrais peut-être les envoyer en Europe au cours des deux mois qui suivraient la publication de mon livre, une promesse de cadeau qu'elles ont aussitôt tournée en ridicule. Un mois plus tard, j'ai eu droit à une permission équivoque : "Vas-y. Mais il faut que tu sois honnête."
Issue de la dernière partie du livre, cette citation aura été suivie comme une sentence par Jim Harrison. Sur 500 pages, il se sera fait fort de contenter absolument les désirs de vérité(s) de son lecteur. Aussi apprend-on tout de sa vie, de sa blessure à l'oeil alors qu'il n'est qu'un enfant aux difficultés de vivre d'une passion littéraire, de l'enfance sauvage à la marginalité de l'avant-succès, du succès et de la frayeur qu'il apporte.
Pour être parfaitement honnête avec vous, j'ouvre et rouvre ce livre à chaque fois que je trouve au monde des faux-airs de cimetière. J'ouvre ce livre quand meurt un utopiste ou un rêveur et que son idée ou sa foi sont remplacées par n'importe quelle machine auto-suffisante, précise et désinfectante. J'ouvre ce livre parce que Jim Harrison est une victoire du genre humain auquel le nombre de défauts est au moins égal au nombre de des qualités.Mais qu'importe ! Harrison est précis dans ce qu'il expose, il ne ment pas ou alors par omission. Il raconte les galères et la folie du monde, les rencontres extraordinaires ( Jack Nicholson - qui l'aidera à se sortir d'une galère financière inextricable-, Stanley Kubrick, Colum McCann, Brautigan et j'en passe), Il donne à ontempler les trajectoires de sa vie, sinueuses, ses avancées et ses reculs, la chance comme élément déclencheur et le travail comme moteur.
Harrison a toujours été dépressif. Il livre dans cette auto-biographie la réalité de cette maladie qui l'oblige souvent à fuir le monde et rejoindre la péninsule Nord-Michigan ou sa casita de la frontière mexicaine.
On savait déjà beaucoup de choses sur l'homme, tant, comme il l'affirme d'ailleurs, "c''est à cet instant inaugural de l'écriture que je redoute le plus cet état de "fugue" que j'ai plusieurs fois connu, un état où tout le matériau que j'ai inventé ainsi que la totalité de ma propre histoire personnelle se fondent l'un dans l'autre en étant imprégnés d'une énergie mentale incontrôlable, si bien qu'il me suffit de fermer les yeux pour voir défiler devant moi le tourbillon de centaines d'images."
Chez Jim Harrison comme chez beaucoup d'écrivain, l'homme et l'oeuvre sont intimement mêlées et dures à séparer. Personnellement, l'idée que j'aie d'Harrison est au moins aussi précise et forte que celle que j'aie de Dalva ou de Ted, et ça me va comme ça.
"J'ai peut-être été préseomptueux, mais dans ces mémoires je n'ai à aucun moment raconté les histoires de mes livres. Pourquoi quelqu'un s'intéresserait-il à mon autobiographie s'il n'a pas d'abord été ému par mes romans et mes poèmes ? (...) Un roman parle de ce qu'il est. Point final."
Et plus loin, de conclure : "un écrivain est peut-être toujours un passager clandestin. Caché, et très en marge".
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Je referme les mémoires de Jim Harrison, en répondant à la question qu'il se pose à la fin de ce livre " Pourquoi quelqu'un s'intéresserait-il à mon autobiographie s'il n'a pas d'abord été ému par mes romans et mes poèmes ?". Je fais partie de cette catégorie, plus pour très longtemps, j'aime aussi découvrir l'Homme qui se cache derrière l'écrivain, et là je suis enchantée, j'ai rencontré un homme érudit, intelligent, au grand coeur, glouton, alcoolisé, passionné, fidèle en amitié, acharné, dépressif, amoureux. Et je suis aussi contente qu'il n'ait pas parlé de ses oeuvres pour me, nous laisser la joie de les découvrir.
Dans ce livre, nous le découvrons enfant dans une famille de fermier pauvre et aimante, sa scolarité épineuse, ses débuts d'écrivain, ses longues années chaotiques à Hollywood, son besoin de solitude et de grands espaces, ses passions pour la pêche et la chasse. Des mémoires comme l'ont voulu ses filles honnêtes.
Il me reste à découvrir son oeuvre et le retrouver avec " le vieux saltimbanque".
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Jim Harrison a 64 ans au moment où il rédige ce condensé de souvenirs. On y découvre un jeune homme réfugié dans les livres.
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En classe de première et de terminale au lycée, durant les années 1954-56, au plus bas de la sénilité d'Eisenhower, j'ai aussi commencé de lire énormément de romans français et de poésie française, ce qui a encore accentué mon impatience. Maintenant, en plus de New York, il y avait Paris comme ville rêvée. J'avais presque entièrement renoncé à la peinture, car en une seule journée les tubes de peinture me coûtaient davantage que ce que je gagnais, une leçon d'économie élémentaire, le genre de leçon que je n'ai pas apprise aisément, mais néanmoins rendue plus abordable par ma conviction de ne jamais pouvoir devenir un nouveau Modigliani, alors que la seule caractéristique que je partageais avec Van Gogh était une disposition troublante à la dépression. (p.48)
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A l'âge de 7 ans, Jim se retrouve borgne et sur cet accident d'enfance, il pose une marque blanche comme un rendez-vous inexplicable avec lequel il se doit de se relever.
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Pendant cette guerre ma soeur Judith est née et je me rappelle avoir eu des sentiments mitigés à son égard, car elle monopolisait l'attention de ma mère. Ce sentiment d'abandon fut encore accentué par un accident malheureux où je perdis la vision de mon oeil gauche lors d'une querelle avec une petite voisine sur un terrain boisé, près d'un tas de cendres, derrière l'hôpital municipal. Elle a brandi un tesson de bouteille contre mon visage et ma vue s'est enfuie dans un flot de sang. (p.32)
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On découvre Jim jeune homme voyageur et vagabond, se donnant des envies que ses moyens financiers ne lui permettent pas, ce qui le fait galérer pour trouver de petits boulots.
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Qu'avais-je donc en tête pour, dès ma prime jeunesse, me mettre ainsi en marge ? Tu fais l'impossible pour créer un mode de vie qui conviennent à ta vocation de poète, ou plutôt un mode de survie qui n'est pas sans ressembler au rituel d'une société primitive par lequel un jeune peut commencer de pratiquer la chasse et la cueillette. (p.99)
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Galère à laquelle il doit mettre un terme pour faire face à ses responsabilité familiales : Jim épouse Linda, sa jeune amie,
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Dans le mariage, j'ai trouvé un ancrage sur Terre. J'étais trop nu pour survivre autrement et j'ai découvert de quoi me vêtir dans ce rituel quotidien de l'amour. (p.105)
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et bientôt une fille, puis une deuxième arrivent. Il faudra beaucoup de ténacité à Harrison qui se bat contre lui-même, ses pensées envahissantes et son envie de liberté, son désir d'être libre d'écrire et d'en vivre.
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J'ai essayé le journalisme, qui m'a permis de voyager en Russie, en Afrique, en Amérique du Sud et en France, mais en réalité ces contrats temporaires me permettaient seulement de survivre le temps de rédiger mon article, sans me laisser assez de liberté pour écrire ce que je désirais vraiment écrire, et j'ai enfin compris la leçon économique qui me crevait pourtant les yeux depuis longtemps : les boulots de survie dévorent toute la vie. (p.216)
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Devenu scénariste pour Hollywood, Jim rencontre enfin Jack Nicholson qui lui sera d'un grand secours alors qu'il touche le fond. Cet appel du pied le propulse d'années en années vers l'auteur que nous connaissons, vers le poète qu'il voulait tant être, vers l'auteur qui rejoint ses mentors.
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Tu regardes ta voiture garée dans l'allée et couverte de neige ou de poussière, et puis tu penses un peu tard que le moment est venu de te mettre au volant pour aller récolter quelques souvenirs flambants neufs. Car tu es le prédateur de tes propres souvenirs et tu as déjà dévoré tous ceux que tu as réussi à convoquer dans ta conscience avide. (p.226)
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Jim Harrison raisonne et déraisonne. Il sombre et se relève, se réfugie dans un chalet perdu et sans électricité ou il puise ses histoires. Ce genre d'histoires qu'il avait rêver pouvoir écrire un jour lointain.
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Quand nous passions en voiture devant la maison de campagne d'une femme qui écrivait dans le Saturday Evening Post et dans Colliers, mes parents ne tarissaient pas d'éloges sur elle, et l'idée de gagner ma vie en écrivant des histoires a commencé à me séduire. (p.236)
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Craignant de ne rien laisser à ses filles, Harrison travaille comme un dingue, et sa volonté va être satisfaite :
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La glace littéraire est vraiment mince et presque tout le monde disparaît dans l'oubli au même titre qu'un mineur, un paysan, un agent immobilier désenchanté. Il y a longtemps, j'ai fait un pari stupide avec le destin : je lui demandais seulement que mes livres restent disponibles en librairie. J'ai soixante-quatre ans et ils le sont tous. Que demandez de plus ? (p.323)
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L'auteur nous confie les débuts de ses succès littéraires, ses premiers romans, et aussi quelques secrets d'auteurs, ses refuges, ses addictions, ses faiblesses et ses grandes joies, ses désespoirs de scénariste et parfois tout de même sa satisfaction pour certains films bien réalisés. Je ne peux que recommander ce livre, à ceux qui connaissent déjà Harrison ou à ceux qui veulent le découvrir.
Lien : http://lecturesencontrepoint..
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Vous appréciez les romans, les novellas de Jim HARRISON mais vous ignorez à peu près tout du bonhomme ? Séance de rattrapage possible et même conseillée avec ce petit pavé de quelque 500 pages, autobiographie sans fioritures de l'auteur qui remonte ses origines à partir de ses grands-parents qu'il raconte en fouillant ses souvenirs.

HARRISON a reçu une éducation calviniste qui l'a marqué pour la suite de son parcours. Féru de musique classique et de jazz, de nature et d'histoire, de femmes et de grosses bouffes, de pêche, de chasse et d'excès en tous genres, HARRISON se confie avec émotion mais sans larmichettes : son oeil gauche perdu à jamais à 7 ans lors d'un incident avec une jeune fille, son père et sa soeur tués dans un accident de voiture alors que Jim a une vingtaine d'années (ces deux drames jouent un rôle prépondérant dans la vie future de l'auteur), ses débuts hésitants en tant que poète (ce n'est que plus tard qu'il se met à la prose).

Cela est loin de sauter aux yeux lorsqu'on lit l'oeuvre de Jim HARRISON, mais il a pourtant traversé de nombreuses périodes de dépression, il en fait part, d'ailleurs avec pudeur, dans ce livre, à plusieurs reprises, mais sans ressasser. Une entrée dans la vie active entre déchirement de la perte de ses proches, son mariage, son militantisme (qu'il juge de pacotille) de gauche en faveur des droits civiques, des petits boulots chiants qui lui rapportent des queues de cerises, et bien sûr ces évocations sur les abus, entre alcool, cocaïne, tabac et fréquentation assidue de boîtes de strip-teases. Ici se terre le HARRISON sombre, atteint d'une sorte de déficience mentale due aux excès sur de longs épisodes de sa vie, le tout accompagné jusqu'à sa mort de vertiges et autre claustrophobie. Mais il n'en est pas moins vrai qu'il aborde tout cela avec cet humour cinglant qui lui est propre.

HARRISON a toujours été passionné par l'histoire des Autochtones, ceux que d'aucuns appellent avec erreur les amérindiens. Sa compassion pour eux est énorme et sincère. Parfois il en arrive à haïr ses égaux du peuple blanc, colonisateur et dévastateur.

La littérature : bien sûr HARRISON en parle longuement dans ce texte. Entre ses amitiés avec les poètes, romanciers du XXe siècle, sa passion pour RILKE, FAULKNER et surtout pour DOSTOIEVSKI dont il cite le nom sans doute à plus de vingt reprises. D'ailleurs il nomme pas mal d'auteurs russes dans ses références de toute une vie, et se souvient de la dernière grosse dispute qu'il a eu avec sa mère avant qu'elle ne meure, c'était à propos du personnage de Kolia dans « Les frères Karamazov ».

Récit parsemé de nombreuses réflexions philosophiques ou sociétales : « J'ai maintes fois remarqué que les gens qui regardent beaucoup la télévision ne semblent plus jamais capables de s'adapter au rythme réel de l'existence. La vitesse du passage des images devient, semble-t-il, la vitesse à laquelle ils aspirent en permanence et ils manifestent souvent de l'impatience et de l'ennui avec tout le reste. J'ai lu quelque part que les enfants deviennent tellement saturés de télévision et de jeux vidéo que le Valium est pour eux la seule alternative ».

Il y a aussi les amitiés insubmersibles, notamment celles avec Tom McGUANE, Jack NICHOLSON (dont il dresse un étonnant et superbe portrait), Richard BRAUTIGAN, ceux qui ont quitté la piste trop vite par excès ou désespoir, toutes ces morts qui ont entachées son propre parcours. Il revient longuement sur son passage par Hollywood, son travail de scénariste (bien moins connu que celui d'écrivain), Hollywood avec qui il finit par se brouiller et reprend sa liberté.

Le grand Jim ne fait pas l'impasse sur l'autocritique, loin de là, il sait d'ailleurs être cruel avec lui-même : « Je ne suis spécialiste d'aucun domaine, sinon celui de mon imagination, et je dois m'en contenter car c'est tout ce que j'ai ». Et avec pudeur, il témoigne des souffrances de la vie, des tragédies qui ne l'ont pas épargné : « J'ai souvent pensé que les membres survivants d'une famille accueillent la mort violente de leurs proches avec une répugnance durable. Quarante ans plus tard, cette humeur, cette atmosphère reviennent parfois, comme si l'on jetait un linceul sur moi ».

La réputation de misogyne lui colle aux basques ? Il réplique. « Depuis belle lurette je suis convaincu que les femmes devraient occuper tous les postes gouvernementaux, moyennant quoi il y aurait moins de radotages insipides, de pets puants, de vantardises et d'épate. On pourrait y voir une solution simpliste apportée aux problèmes mondiaux, mais le fait est que j'en suis toujours convaincu ». Dans ce livre, HARRISON ne s'étend sur son obsession féminine, préfère parler de sa femme, de sa famille, comme si le HARRISON un poil obsédé, ou en tout cas attiré de manière un peu impulsive par la (jeune) gente féminine, n'avait pas sa place dans le présent récit.

Et puis bien sûr nous retrouvons avec joie ce Jim amoureux de la nature, des paysages du Michigan, du Montana, de France même (où il se rendra souvent, il fut d'ailleurs subjugué par les gorges du Tarn, lui qui a vu tant de canyons grandioses dans son pays), mais faisant la part belle à un petit coin du Nebraska qu'il juge comme le plus beau paysage visible sur terre.

Le HARRISON public, le HARRISON privé, pourtant homme fait d'un seul bloc, avec son émotivité, ses nuances, ses provocations, parfois cette sorte de j'menfoutisme masquant une profonde sensibilité derrière ses anecdotes foireuses, ces situations truffées de moments grotesques, qui bien sûr font rire aux éclats. Ces mémoires sont à la fois instructifs et touchants et, même si HARRSION ne fait que très peu référence à ses propres bouquins écrits au cours de plusieurs décennies, ce récit permet de mieux en comprendre la finalité. En refermant cette autobiographie écrite en 2002, on pourra enchaîner avec « le vieux saltimbanque », qui en quelque sorte reprend « En marge » où HARRISON l'avait arrêté.

https://deslivresrances.blogspot.fr/

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La rentrée littéraire fait son come-back. J'y ai appris que Jim Harrison était décédé en mars dernier et que sa dernière oeuvre fait partie de cette rentrée littéraire 2016 (titre : le vieux saltimbanque).
Tout d'abord, merci à Babelio qui me fait découvrir des auteurs et des lectures improbables. "En marge" de Jim Harrison en fait partie. J'ai découvert un auteur proche de la nature, des animaux et des hommes. C'est un épicurien plutôt bourru dont l'existence chaotique révèle qu'écrire n'est pas de tout repos. Sa vie est n'est pas un long fleuve tranquille. Il perd un oeil à l'âge de 7 ans ; son père et une de ses soeurs sont tués par un chauffard ivre. La famille vit dans la précarité mais il n'a jamais manqué d'amour. Très tôt, il s'intéresse à l'art et à l'écriture. Il est influencé par Keats, Dostoïevski puis plus tard par Kerouac, entre autres. Avant d'écrire des romans et des scénarios pour Hollywood - il admire Jack Nicholson et John Huston, il écrit de la poésie. Il enseigne la littérature anglaise à New-York. Il est gouverné par ses démons : l'alcool, les drogues. Il n'est pas épargné non plus par la dépression. J'ai apprécié sa verve à propos de la communauté hollywoodienne : " le producteur, le réalisateur et les acteurs "tiroir-caisse", sont aussi inutiles que mes actions pétrolières australiennes de jadis."
A bon entendeur, salut.
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Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
J'ai appris des autochtones américains que nous prouvons seulement notre appartenance à l'endroit où nous vivons sur terre en utilisant notre maison avec soin, sans la détruire. J'ai appris qu'on ne peut pas se sentir chez soi dans son corps, qui est la maison la plus authentique de chacun, quand on souhaite être ailleurs, et qu'il faut trouver par soi-même le lieu où l'on est déjà dans le monde naturel environnant. J'ai appris que dans mon travail de poète et de romancier il n'existe pas pour moi de chemin tracé à l'avance, et que j'écris le mieux en puisant dans mon expérience d'adolescent imitant les autochtones et partant vers une contrée où il n'y a pas de chemin. J'ai appris que je ne peux pas croire vraiment à une religion en niant la science pure ou les conclusions de mes propres observations du monde naturel. J'ai appris que regarder un pluvier des hautes terres ou une grue des ables est plus intéresant que de lire la meilleure critique à laquelle j'ai jamais eu droit. J'ai appris que je peux seulement conserver mon sens du caractère sacré de l'existence en reconnaissant mes propres limites et en renonçant à toute vanité. J'ai appris qu'on ne peut pas comprendre une autre culture tant qu'on tient à défendre la sienne coûte que coûte. Comme disaient les Sioux, "courage, seule la Terre est éternelle". Peu parmi les cent millions d'autres espèces sont douées de parole, si bien que nous devons parler et agir pour les défendre. Que nous ayons trahi nos autochtones devrait nous pousser de l'avant, tant pour eux que pour la terre que nous partageons. Si nous ne parvenons pas à comprendre que la réalité de la vie est un agrégat des perceptions et de la nature de toutes les espèces, nous sommes condamnés, ainsi que la terre que déjà nous assassinons.
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Quand, après plus de quarante années de mariage, tu as toujours le cœur qui s'emballe au seul contact de la main de ton épouse contre tes propres doigts, tu peux sans doute en conclure qu'ensemble vous avez peut-être accompli quelque chose de bien.
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Quand on y pense, nos prétendues guerres indiennes ont été au sens strict de simples conquêtes et opérations immobilières. Tous ces biens font l'objet d'une expropriation immédiate. Beaucoup plus tard, c'est Bertolt Brecht qui a dit que, ceux que nous voulons détruire, nous les appelons d'abord sauvages.
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J'ai besoin d'entendre une serveuse me parler de ses problèmes avec sa plymouth 1985. J'ai besoin de voir une jeune fille en robe verte remplir elle-même son réservoir d'essence par un après-midi torride du Nebraska. J'ai besoin de rendre visite à des clubs de strip-tease paumés où les femmes sont presque aussi moches que moi. J'ai besoin de l'insécurité des tempêtes de neige ou d'une voiture surchauffée quand il fait trente-neuf degrés à l'ombre dans le Kansas, de l'insécurité du coeur et de l'esprit tâtonnants loin de leur milieu naturel. Il est trop facile d'être sûr de soi, trop facile de savoir à tout instant ce qu'on fait, trop facile d'emprunter sans cesse le même chemin jusqu'à ce qu'il devienne une profonde ornière qui bientôt devient à son tour une tranchée insondable où vous ne voyez plus rien au dessus du bord.
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Mes premiers romans et poèmes, comme ceux de la plupart des écrivains, avaient tendance à s'appuyer sur des éléments très littéraires, mais à partir de Faux Soleil je n'ai plus supporté d'avoir recours à des techniques ou à des matériaux que je connaissais déjà. Me séduisait l'idée d'embarquer de nuit à bord d'un navire à peine visible, dont j'ignorais la destination. Je me suis demandé dernièrement si c'est pour cette raison que j'aime les villes portuaires comme Marseille, Veracruz, Vancouver ou des ports plus modernes comme Duluth, dans le Minnesota, où la métaphore de l'arrivée et du départ est visuellement vivante. Un écrivain est peut-être toujours un passager clandestin. Caché, et très en marge.
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Vidéo de Jim Harrison
Vie de Guastavino et Guastavino, d'Andrés Barba Traduit de l'espagnol par François Gaudry
Devant la douleur des autres de Susan Sontag Traduit de l'anglais (États-Unis) par Fabienne Durand-Bogaert
le Style Camp de Susan Sontag Traduit de l'anglais (États-Unis) par Guy Durand
le Passé, d'Alan Pauls Traduit de l'espagnol (Argentine) par André Gabastou.
Mumbo Jumbo, d'Ishmael Reed Traduit de l'anglais (États-Unis) par Gérard H. Durand Nouvelle préface inédite de l'auteur
Dalva de Jim Harrison Traduit de l'anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent
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