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Nadine Dubourvieux (Traducteur)Tzvetan Todorov (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253082750
732 pages
Le Livre de Poche (01/01/2008)
4.39/5   71 notes
Résumé :
Marina Tsvetaeva (1892-1941) est un des plus grands écrivains du XXe siècle ; son destin fut un des plus tragiques. La révolution d'Octobre... Le long exil, d'abord à Prague puis en France... Une fille morte de faim, une autre déportée vers le Goulag... L'hostilité de l'émigration russe, l'indifférence du Paris littéraire... Des échanges passionnés avec Rilke et Pasternak... Un dévouement indéfectible pour son mari, de nombreuses amours illusoires... Le retour contr... >Voir plus
Que lire après Vivre dans le feu : ConfessionsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
En fait, j'avais lu d'abord les lettres d'Ariadna Efron,sa fille, intitulées Chronique d'un goulag ordinaire, intriguée par le titre, qu'était donc un goulag " ordinaire"?
Elle y parlait de la vie quotidienne des endroits où elle avait été envoyée et était restée plus de dix ans. Je me souviens d'une phrase: " Envoyez moi quelque chose à lire, même de vieux journaux, de vieilles revues, sinon je vais devenir tout à fait sauvage.".....
Marina Tsvetaeva ,je l'avais croisée également dans le " roman" de William T. Vollmann, Central Europe.
J'ai enchaîné..

Cet ouvrage regroupe une partie de la correspondance et des carnets de M.T., avec nombre de citations.
La préface est de Tzvetan Todorov, qui a extrait de très nombreux écrits intimes, ceux qui lui apparaissaient les plus importants pour conter le destin tragique de cette femme .
Toute sa vie, M.T. ne cesse d'écrire des lettres, à des amis ou à des inconnus, ou dans ses cahiers. Ce qu'elle écrit, c'est sa vérité ( comme dans ses poèmes qui ressemblent souvent à des aphorismes, tant ils sont concis., un mot, un tiret, un autre mot…). A la fin de sa vie, elle écrira même à Beria pour implorer son aide, là aussi en lui faisant un résumé de la vérité . Et ses dernières lettres seront des lettres d'adieu.

Un grand écrivain parvient à trouver les mots pour accéder à la vérité des choses. Les mots pour la dire…Sur sa tombe, elle aurait voulu que l'on écrive Sténographe de l'Etre . Pas un philosophe, disait-elle, mais un poète qui sait aussi penser.
"A défaut d'avoir une « conception « du monde, j'ai une « sensation » du monde."
Mais le monde a souvent peu à faire d'un être semblable, dont toute l'existence est une aspiration à l'absolu, qui plus est si c'est une femme et dans le contexte historique dans lequel elle évolue.

"Amour fou, confiance totale, loyauté inébranlable."
Jusqu'au bout, c'est vrai, jusqu'à ce qu'il ne reste plus de raison de vivre. Et là, elle demeure ce qu'elle est, une femme qui ne peut faire de compromis, elle se suicide.

Amour fou… M.T. a épousé à 18 ans un jeune homme de 17 ans, Serguei Efron, en deuil de sa mère et ses soeurs, malade, et c'est à cet homme-enfant - à peu près inapte à tout -qu'elle restera fidèle jusqu'au bout, parce qu'elle s'est engagée.. Cela ne l'empêchera pas de reproduire en permanence le même schéma , fixation sur un homme- ou une femme - de préférence plus jeunes, malades, ou victimes de persécution ( le côté maternel de M.T. est très fort..) . Poètes, bien sûr. Après, une brève rencontre fait l'affaire et son imagination fait le reste- pour la plus grande surprise de l'intéressé du moment, qu'elle bombarde de lettres, de poèmes d'amour. Fin rapide de l'enthousiasme devant le peu de répondant, et au suivant. Tout lui est égal, pourvu qu'elle aime. Qu'elle s'aime.
"Toi, c'est moi plus la possibilité de m'aimer moi-même- Toi, seule possibilité de m'aimer moi- l'extériorisation de mon âme."
Besoin en permanence d'un état amoureux complètement fantasmé le plus souvent, puis des souffrances de la fin de l "amour " pour créer.
"Qui pourrait parler de ses souffrances sans en être complètement enthousiasmé , c'est-à-dire heureux."

Confiance totale dans l'écriture, et pour M.T., il n'y a pas de séparation entre oeuvre et existence.
Il ne s'agit pas du tout de:" vivre et écrire, mais de vivre-écrire et écrire, c'est vivre."
Hélas, il y a la vie, la vie terrestre d'une femme -épouse-mère, et qui pour elle est faite de corvées. C'est évident que l'on peut se demander ce qu'aurait été le destin et l'oeuvre de M. T. sans la Révolution d'octobre.. Mais là aussi, elle est d'une honnêteté intellectuelle sans compromis , il n'y a qu'une issue, l'exil, comme de nombreux Russes. , car elle estime ne plus avoir sa place dans une société où le collectif l'emporte sur l'individuel. Mais elle ne s'identifie pas davantage aux Russes blancs , ce qui fait d'elle une étrangère partout. Cette inadaptation complète a bien sûr des conséquences sur sa vie quotidienne et le thème de la misère est constamment présent.

Loyauté enfin.,envers les choix politiques de son mari et de sa fille, qui provoqueront leurs pertes à tous. le retour en Russie et la catastrophe. L'arrestation d'Alia et de Serguei, il reste son fils, mais déjà il s'éloigne.. Et dira après le suicide de sa mère que c'était un bon choix..

Son avant-dernier quatrain:
"Le temps venu pour enlever les ambres,
Le temps venu pour remplacer les mots,
Le temps venu pour décrocher la lampe
Qui pend sur le portail.."

Son destin, comme l'écrit Todorov dans la préface, est contenu en germe dans sa conception même de l'absolu.
Il lui reste l'immortalité de l'oeuvre. Serguei Efron est fusillé peu après la mort de sa femme, Mour meurt à 19 ans sur le front. Seule Alia, revenue après 16 ans de goulag, consacrera sa vie à l'édition de l'oeuvre de sa mère.

La vie de cette femme écorchée vive, ce feu qui brûle en elle jusqu'à la consumer entièrement n'est- ce pas, en fait , ce qu'elle décrivait très tôt de façon si belle:
"Tout est lié au fait que mon coeur commence à battre- et cela ne fait rien,s'il vole en éclats! Je me suis toujours brisée en éclats et mes vers sont, littéralement, des fragments argentés de mon coeur."








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J'ai découvert cette auteure par hasard, lors d'une livraison où je déboulais, pressé, grognon, dans une sente qui hébergeait une librairie. Je freinais sec, malgré que je sois à pieds... quelque chose ou plutôt un visage, sur la couverture d'un livre, avait interpellé mon subconscient. J'entrais magnétisé et j'achetais ce livre, ce que je n'ai pas regretté. Quand d'un regard un(e) auteur(e) amène à ses mots pour partager ses mots ! La découverte de la littérature ? A chacun sa manière !
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Marina Tsvetaeva. Un nom, celui d'une des plus grandes poétesses russe.

Au destin tragique. Elle connaîtra la famine, la mort d'un enfant, l'exil, l'arrestation par le NKVD des siens.

Un destin qui mériterait un roman si elle n'avait pas rédigée toute sa vie durant des carnets avec des poèmes, les brouillons des lettres envoyées, ses réflexions.

Cette édition nous offre un condensé de ses écrits pour mieux cerner cette personnalité flamboyante.

Les réflexions sur la poésie ou l'âme émaillent ces confessions, j'avoue néanmoins avoir préféré les moments où l'on découvre la vie intime de Marina Tsvetaeva. Lorsqu'elle se plaint de devoir faire la vaisselle, lorsqu'elle se dispute avec sa fille ou ergote contre les éditeurs.

Ces écrits, qu'elle avait dans le but un jour de publier et qui ont donc pour certains été retravaillés, sonnent vrai. Elle ne se met pas en valeur sous un jour flatteur, même si elle a une opinion arrêtée sur ses talents littéraires. On la sent en décalage avec une société où il n'y a pas de place pour la franchise, l'absence de parti-pris.

Cruelle parfois, pour évoquer le destin de sa fille Irina qui mourra de faim dans un orphelinat. Victime de l'amour fusionnel entre la mère et sa fille aînée, Ariadna.

Petit à petit le désespoir point, celui de ne pas pouvoir vivre de ses écrits, de ne pas être reconnue pour son talent. de se démener pour trouver un endroit où loger, de quoi manger.

Reste pour elle une seule solution, la mort. Celle qu'elle s'est choisie.

Reste, pour nous, à lire et relire ses poèmes, sa prose et ses confessions.
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J'ai plus qu'aimé j'ai été emportée par le journal de cette femme qui a traversé ces années dramatiques des 2 guerres et du communisme sans jamais perdre courage et avec comme objectifs à la fois être le poète reconnu qu'elle savait être et rester fidèle coûte que coûte à sa famille. Une écriture incisive ; Une vérité de vie, de tourments et toujours de générosité. Pour tous ceux qui aiment les journaux intimes, les mises à nu de l'âme avec style
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Elle disait que personne ne voulait de son feu intérieur, bon qu'à chauffer les bouilloires, elle voulait écrire un roman sur un philosophe et une sorcière, elle aimait les livres, les grosses bagues en argent, les robes … et surtout être amoureuse (de son mari mais d'autres aussi : souvent de façon platonique et à sens unique). Femme passionnée et prompte à s'enthousiasmer pour les oeuvres et les gens rencontrés, elle a souffert de l'incompréhension de ses contemporains, de l'exil, de la faim, de la mort des ses proches, de la solitude.

La suite : http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.com/2010/11/vivre-dans-le-feu-confessions-de-marina.html
Lien : http://lepandemoniumlitterai..
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Je suis exclue de naissance, du cercle des humains, de la société (...) Je suis sans âge et sans visage. Peut-être suis-je la Vie même.
... Je sais qui je suis : Une danseuse de l'âme.
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Même chose qu'avec la mer : solitude, solitude, solitude.
Les livres m'ont plus apporté que les gens. Le souvenir d'une personne pâlit toujours devant le souvenir d'un livre, - je ne parle pas des souvenirs d'enfance, non, que des souvenirs d'adulte !
J'ai mentalement tout vécu, tout saisi. Mon imagination court toujours devant. J'ouvre les fleurs encore en bouton, effleure de manière grossière les choses les plus tendres et je le fais sans le vouloir, je ne peux pas ne pas le faire ! Donc, je ne peux pas être heureuse ? "M'oublier" artificiellement, je ne veux pas. Ce genre d'expérience me dégoûte. Naturellement - je ne peux pas, mon regard, en avant ou en arrière, est trop perçant.
Reste la sensation d'une solitude totale, sans remède. Le corps de l'autre - un mur, il empêche de voir son âme. Oh, que je déteste ce mur !
Je ne veux pas du paradis, où tout est béat, aérien, - j'aime tellement les visages, les gestes, l'existence quotidienne ! Je ne veux pas de la vie non plus, où tout est si clair, si simple et grossier-grossier ! Mes yeux et mes mains arrachent involontairement les voiles - si brillants ! - de tout.
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Ai-je cessé de vous aimer ? Non, vous n'avez pas changé et je n'ai pas changé - non plus. Une seule chose a changé : ma concentration névralgique sur vous. Vous n'avez pas cessé d'exister pour moi, j'ai cessé d'exister en vous. Mon heure avec vous s'est achevée, reste mon éternité avec vous. Oh, attardez-vous un peu là-dessus ! En dehors des passions, il y a encore l'immensité. C'est dans l'immensité qu'a lieu désormais notre rencontre.
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À Maximilien Volochine

Gourzouf, le 18 avril 1911

Mon cher et honoré Maximilien Alexandrovitch,

Je vous écris en musique, - ma lettre, vraisemblablement, sera triste.
Je pense aux livres.
Comme je comprends maintenant "ces idiots d'adultes" qui ne donnent pas leurs livres d'adultes à lire aux enfants ! Il y a si peu je m'indignais encore de leur suffisance : "les enfants ne peuvent pas comprendre", "c'est trop tôt pour les enfants", "ils découvriront eux-mêmes - en grandissant".
Les enfants - ne pas comprendre ? Les enfants comprennent trop ! À sept ans on comprend infiniment plus sûrement et plus profondément Le Novice et Eugène Onéguine, qu'à vingt. Il ne s'agit pas de cela, pas d'une insuffisance de compréhension, mais au contraire d'une compréhension trop profonde, trop sensible, maladivement juste !
Chaque livre est un cambriolage dans votre vie ! Plus on lit, moins on sait et on veut vivre soi-même.
C'est horrible ! Les livres sont notre perte. Celui qui a beaucoup lu ne peut pas être heureux. Le bonheur en effet est toujours inconscient, le bonheur n'est qu'inconscience.
Lire c'est exactement comme étudier la médecine et connaître dans le moindre détail la raison de chaque soupir, de chaque sourire et, cela a l'air sentimental - de chaque larme.
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D'une manière ou d'une autre,, qui que vous quittiez ou vers qui que vous allliez ("quoi"que et vers "quoi" que, parce que votre destinée est dans les sentiments, pas dans les gens) - quoi que vous quittiez et vers quoi que vous alliez - vous allez à votre âme (vos évènements sont tous à l'intérieur), de plus dans la ville éternelle, qui en a tant vu et tant avalé que, bon gré mal gré, tout ce qui est violemment-personnel fera silence, sera transfiguré.
Vous aurez la Seine, ses ponts, ses brouillards : les siècles les surplombent (..)J'ai vécu à Paris (...) ce fût plus un rêve de Paris que Paris lui-même. (comme toute ma vie est un rêve de la vie et non la vie!)
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Savez-vous quelle femme a écrit quelques-uns des plus beaux poèmes d'amour ? Elle était russe et voulait tout embrasser.
« Les poésies d'amour », de Marina Tsvetaïeva, c'est à lire aux éditions Circé.
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