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EAN : 9782264043924
374 pages
10-18 (01/02/2006)
3.52/5   72 notes
Résumé :
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Scobie vit dans un petit comptoir colonial de la Sierra Leone avec sa femme Louise. Mais tant d'années de mariage ont eu raison de la passion et la perte de leur fille âgée de neuf ans a laissé Louise inconsolable. Lorsque celle-ci décide de partir pour l'Afrique du sud, Scobie se retrouve seul et fait la rencontre de la jeune Helen : il en tombe aussitôt éperdument amoureux. Quel sera le choix de cet homme tiraillé entre la passi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Pendant la seconde guerre mondiale, en 1942, Henry Scobie, officier de police, vit dans un port de Sierra Leone avec sa femme Louise. Dans ce comptoir britannique rongé par la chaleur, la pluie, les moustiques, la corruption, les ragots parmi les colons, et le whisky pour oublier le tout, il se désole de ne pas rendre la joie de vivre à sa femme, que la mort de leur fille unique, quelques années plus tôt, a rendue dépressive. Tant d'années de mariage ont eu raison de leur passion et l'amour qu'ils se portent l'un à l'autre se dissout peu à peu.

Comme Louise ne supporte plus la vie de la colonie, il finit par accepter qu'elle parte pour l'Afrique du Sud, où ils ont des amis. Mais la banque refuse de lui prêter le prix du trajet : «Il avait demandé de l'argent, on le lui avait refusé. Louise aurait mérité mieux. Il lui semblait, obscurément, qu'il avait failli à sa mission d'homme» (Livre premier – 1ère partie – chapitre II – I – page 69). A contrecoeur, il emprunte cet argent à un commerçant syrien peu scrupuleux, Yusef.

Scobie se retrouve seul. En l'absence de Louise, il fait la connaissance d'Helen Rolt. Jeune passagère rescapée du naufrage d'un navire torpillé par les allemands, elle y a perdu son mari. D'abord saisi de compassion, Scobie tombe très vite amoureux de cette femme : «Scobie n'oublia jamais comment elle était entrée dans sa vie» (Livre deuxième – 1ère partie – chapitre premier – II – page 180). Les choses se compliquent : homme de foi, catholique, soucieux de faire le bien, Scobie se retrouve déchiré entre son épouse et sa jeune et récente maîtresse. le lecteur comprend ici le fond du problème : quel sera le choix de cet homme tiraillé entre le devoir et la passion ? Son honnêteté et sa foi vont être mises à l'épreuve, par les deux femmes, mais aussi par les personnes qu'il côtoie dans ce comptoir.

Quand Louise revient du Cap, elle sait que son mari l'a trompée. Mais, pour donner un nouveau départ à leur vie conjugale, elle lui demande d'aller, le dimanche suivant, communier avec elle. Scobie est incapable de choisir entre son épouse et sa maîtresse. Amoureux des deux femmes, profondément humain et détestant faire souffrir, il doit composer avec sa foi catholique et devient la proie d'un tourment intérieur qui le ronge, d'autant plus que Yusef a surpris sa liaison : «Oh, mon Dieu, faites-moi mourir avant que je ne sois l'instrument de leur malheur» (Livre deuxième – 3ème partie – chapitre premier – III – page 292). Pour éviter de manger le Corps du Christ en situation d'adultère, Scobie ne voit pas d'autre solution que le suicide : «Comme tout deviendrait plus facile pour elle si j'étais mort» (Livre troisième – 2ème partie – chapitre premier – I – page 391).

Cependant, la dernière parole de Scobie : "Mon Dieu, Seigneur, bien-aimé, je..." montre qu'au moment ultime, Scobie se remet dans les mains du Seigneur en poussant ce cri d'amour.

L'auteur restitue à merveille l'atmosphère suffocante de ces régions tropicales : «Le ciel était lourd d'une pluie qui ne tombait pas» (Livre premier – 2ème partie – chapitre premier – III – page 114). Les coloniaux s'y épient, médisent à longueur de temps et, finalement, adoptent des conventions hypocrites qui leur permettent de se supporter les uns les autres.

Et puis, chez Graham Greene, on n'y échappe pas : le Major Scobie, son personnage principal, est croyant. C'est un vrai croyant, qui va à la messe, qui communie, qui croit au châtiment éternel et qui prie au pied de son lit. Si bien qu'avec lui, les questions de la souffrance et du mal dans le monde prennent une dimension transcendante. Les problèmes qu'il affronte sont ceux qu'un athée ne connaîtra jamais. Il se sent de plus en plus isolé, soumis au jugement des autres et à son propre jugement, seul devant sa conscience, seul avec ses remords...

Ce roman prend place parmi les grands ouvrages de Graham Greene. Il mêle la réflexion sur la mort, le doute affectif et religieux, le combat du devoir et du salut personnel. Scobie est un être à la fois faible, en cédant aux tentations de la compromission et de l'adultère, et fort par sa dignité face à la maladie et par son désir d'épargner sa disgrâce à Dieu, avec lequel il entretient un profond dialogue intérieur. On y retrouve des questionnements communs à Stefan Zweig, dans la Pitié dangereuse.

Sur fond de magnifiques paysages africains, Graham Greene, l'un des plus grands auteurs britanniques du XXème siècle, excelle à décrire des atmosphères désespérantes, où les héros se dépêtrent dans des situations impossibles. Sondant ses personnages jusqu'au tréfonds de leur âme, il conjugue ici la foi et le doute, et touche au sublime. Un grand classique de la littérature, un modèle d'écriture et de construction romantique. Un livre qui touche le fond du problème de la conscience humaine, auquel finalement, personne ne peut échapper. Un chef-d'oeuvre.

(Les citations sont extraites de l'édition Livre de Poche de 09/1971).
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J'ai choisi ce livre car on le mentionnait à plusieurs reprises dans Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie.

Mes sentiments et mon intérêt durant la lecture ont été très variables. le début m'a plu, même si le rythme était lent, et ensuite l'angoisse qui se dégageait du livre m'a mise mal à l'aise, car elle laissait moins de place à d'autres développements ou approfondissements, plus attendus.

Je vous dis un mot sur l'histoire : en temps de guerre, Wilson débarque dans un port colonial du Nigeria pour travailler comme comptable. Nous sommes dans un milieu fortement masculin où circulent beaucoup de rumeurs. Les personnages sont à double facettes et personne ne se fait confiance, un peu comme dans les westerns.

Scobie, policier antillais, invite Wilson à son domicile et lui présente son épouse Louise. Ils se découvrent des points communs, comme le goût de la lecture. Louise aimerait recommencer une nouvelle vie en Afrique du Sud, mais Scobie n'a pas l'argent qui lui permettrait le voyage. Il se sent oppressé par la détresse de son épouse. La solution afin de lui venir en aide serait de l'emprunter à un mafieux du coin, avec qui il ne veut pas se compromettre.

Il y a de beaux passages mélancoliques qui montrent l'angoisse des personnages, leur besoin de respirer, de s'extraire de leur milieu. C'est subtil, mais parfois j'étais extérieure au récit. Ce livre pourrait vous plaire.
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Scobie est chef de la police. Il semble au départ un homme intègre. Sa femme Louise est fatiguée d'attendre de lui une marque d'amour et s'éloigne quelques temps de lui. Il n'en a pas fallu plus pour qu'il accepte malgré lui de basses manoeuvres (trafic de diamants) et qu'il trompe sa femme. Sa croyance en Dieu n'a plus aucune emprise sur lui. Mais jusqu'où ira-t-il ? Je n'ai pu m'empêcher d'avoir pour cet homme de la pitié et les femmes ont dans ce roman un bien vilain caractère...
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"Le fond du problème", c'est le sentiment de culpabilité qui ne cesse de ronger le personnage principal de ce roman, Scobie, chef de la police d'une ville de Sierra Leone. Il n'aime plus sa femme, Louise, mais il aime Hélène, sa maitresse, jeune veuve vivant au sein de cette colonie d'expatriés. Tout au long du roman, son honnêteté et sa foi sont mises à l'épreuve, par les deux femmes mais aussi par les personnages qu'il côtoie dans cette ville ou règnent complots et trafics en tout genre. Il est sa propre victime, emprisonné dans le carcan de sa religion et de ses remords.
Le sujet n'est pas très actuel, mais le talent de ce grand écrivain opère. Très beau roman.
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Dans une colonie britannique rongée par la chaleur, la pluie et les ragots parmi les colons, Scobie est flic et désespéré à l’idée de ne pas réussir à rendre sa femme, plus ou moins dépressive depuis la mort de leur fille unique, contente. Lorsqu’une jeune veuve est adjointe à leur petite société, les choses se compliquent et le malheureux se retrouve déchiré par sa volonté de rendre heureuses à la foi l’épouse et la maîtresse. On retrouve, comme souvent chez lui, le thème de l'adultère et de la culpabilité de celui-ci pour les croyants. J'aime énormément la plume de cet auteur, qui remue quelque chose chez le lecteur par son style réaliste.
Oh, et il n'y a que chez lui que j'ai croisé l'expression " des yeux de chien couchant" et vous savez combien j'aime les termes rares! Franchement, refermer un livre et se rendre qu'il a été bouleversant et a en plus amélioré mon vocabulaire, que demander de plus!
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Les femmes ont un si grand besoin de fierté : elles veulent être fières d'elles-mêmes, de leurs maris, de leur entourage. Elles sont rarement fières de l'invisible.

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Il sentait dans les mots qu’il disait un étrange accent d’irréalité. Les rideaux mandarine étaient immuables. Il y a des endroits qu’on ne laisse jamais derrière soi : les rideaux et les coussins de cette pièce allaient rejoindre une chambre à coucher mansardée, un bureau taché d’encre, un autel couvert de dentelles à Ealing… ils y resteraient tant que Scobie serait conscient.
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Le désespoir est le prix à payer pour qui s’est fixé un but impossible. C’est, dit-on, le péché sans pardon, mais c’est un péché que jamais ne commettra l’homme mauvais ou corrompu. Celui-là espère. Il n’atteint jamais le tournant glacial de l’échec absolu. Seul l’homme de bonne volonté porte constamment en son coeur cette capacité à se damner.
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La pitié dans le coeur de Scobie couvait comme le feu qui brûle sous la pourriture. Jamais il ne pourrait s'en débarrasser. Il le savait par expérience, toute passion meurt, tout amour s'épuise, mais la pitié survit à tout. Rien ne parvient à user la pitié. La vie la nourrit sans cesse. Il ne connaissait qu'une personne au monde qui fût indigne de pitié : lui-même.
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La vérité, pensa-t-il, n'a jamais eu de valeur réelle pour aucun être humain ; elle est un symbole que poursuivent les mathématiciens et les philosophes. Dans les rapports humains, la bonté et les mensonges valent mieux que mille vérités.
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Vidéo de Graham Greene
Des tranchées d'Argonne à Monrovia en passant par Dakar, New York et Paris, une fresque romanesque puissante qui court d'une guerre mondiale à l'autre, rythmée par les accents vibrants du jazz. 1918. Percussionniste virtuose à l'école des djembés de Gorée, Jules, interprète du régiment de Noirs américains sur le front de cette France ravagée qu'il ne connaît qu'à travers Maupassant, vit à l'aube de l'armistice un amour éphémère avec l'épouse d'une « gueule cassée ». Ce souvenir indélébile l'accompagnera après la guerre dans son long périple à travers l'Amérique bouillonnante des Années folles, quand il rejoint le jazz-band de ses anciens compagnons de guerre, en tournée dans le Sud raciste, puis triomphe au célèbre Cotton Club de New York.
Sa vie croise celle de Joséphine Baker qui l'emmène, avec sa Revue nègre, à Paris où l'amitié qu'il scelle avec l'écrivain-espion Graham Greene les entraîne dans une périlleuse expédition en Afrique. Ils iront jusqu'à Monrovia, capitale du Liberia, sur les traces de Julius Washington, l'arrière-grand-père de Jules, premier grand reporter photographe noir américain. Alors que de nouveau une guerre s'annonce, Jules s'installe à Mamba Point, dans la maison de Julius, l'homme qui a tenté de révéler la véritable histoire de ce pays : celle de ces esclaves affranchis envoyés en Afrique pour bâtir une nation libre. Un rêve devenu cauchemar.
https://bit.ly/3wejAfI
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