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EAN : 9782266101912
251 pages
Pocket (04/04/2001)
3.93/5   21 notes
Résumé :
Le vol d'une collection de CD de jazz ? En apparence une broutille. Mais si le lendemain on vous colle le cadavre d'un inconnu dans votre appartement, vous commencez à douter de la bienveillance de votre prochain. Pourtant Zam, journaliste politique, mène une existence sinon paisible du moins routinière, jalonnée de cuites quotidiennes, de ruptures sanglantes et de réconciliations éternelles avec Bébète, d'articles sans lendemain sur la dictature du régime. Se pourr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Mongo Beti, à cause de ses idées dans « Main basse sur le Cameroun, » fut obligé de s'exiler en France, où il a subi la censure. Il continuera à écrire, sur la mort de Ruben Um Nyobé, en particulier, sera professeur agrégé de lettres latin/ grec à Rouen, et finalement rentrera dans son pays en 1991.
« Dans une société taillée à coups de serpe par la violence et au bénéfice de la mafia en place et surtout de ses parrains lointains, survie et probité étaient inconciliables. », dit-il dans « Trop de soleil tue l'amour ».

L'histoire, pour aller vite, est un enchainement de malheurs qui adviennent à Zam : vol de ses CD de jazz, découverte d'un mort dans son appartement, explosion d'un autre appartement, morts diverses, dont personne, au final, ne se soucie, la police ayant pour mot d'ordre absolu de ne pas faire d'enquête, le tout arrosé de whisky de contrebande, puis disparition de son amie,..
Qu'a fait le journaliste Zam pour mériter ça ? Il a dénoncé « les spoliations foncières subies par des communautés villageoises au bénéfice de grands du régime ou de firmes étrangères d'exploitation forestière que le gouvernement protégeait moyennant rétribution ».
Cependant, même avec la pensée de Mongo Beti en arrière plan, et de constantes références aux meurtres de Felix Moumié, de Lumumba, de Sankara , à la corruption généralisée, à cette Françafrique que nous connaissons, « Trop de soleil tue l'amour » n'est pas qu'une dénonciation. Ce serait plus un roman- feuilleton où rebondissements, péripéties de Zam, personnages hauts en couleur,( il faut imaginer les vieux édentés qui ont quatre femmes, plein d'enfants, et dont les filles n'ont qu'un recours : se prostituer, pour survivre), hypothèses farfelues, autodérision , la faim comme arme politique, votez pour moi, je vous donne un gigot, s'enchainent sur fond de brûlot politique « en passant »,
(Rebondissements, et aussi quelques longueurs, selon moi ).

Il a aussi pour objet une cocasse utilisation des expressions françaises utilisées à bon escient : « pédaler dans le couscous, coup de pied dans la fourmilière, mettre le feu aux poudres, prendre les choses en main, si l'on peut dire, entamer le parcours du combattant de la procédure légale, crever la gueule ouverte, ainsi que du parler local lié bien sûr au monde des villageois ;

Parmi les protagonistes, Eddie, mi avocat, mi voyou, a connu un « très beaucoup »traumatisme terrible, nous dit avec ironie Mongo Beti : rapatrié par charter , de par les lois Pasqua. Il envisage d'écrire un livre : « y a-t-il une vie après le charter ? » et essaie de soudoyer un policier en l'invitant dans un circuit ( gargote tenue par des veuves ).

Et puis, le toubab, qui vient « de traverser les mers » pour arriver en ce pays (que Mongo Beti par prudence, ne nomme pas Cameroun)le blanc qui essaie de s'intégrer : c'est sûrement un barbouze, il est chauve, un gros ventre qui ressort de sa chemise à fleurs, et il veut tout savoir sur ce qui se passe.

Pour apprécier tout le sel de ce « parler français et africain » ( sic!!)), quelques exemples savoureux :

Et vous, les Français, vous voulez faire la recolonisation maintenant ?
Tu es même comment ? … Qui t'a même appelé ? Qui t'a même demandé quoi ? Qui t'as demandé ta bouche même ?
Ekyié, on fait quoi comment, même ?
Mouf !( fous le camp)

Conclusion réaliste du livre : plutôt que des élections douteuses, qui risquent de poser des problèmes car » il ne faut pas oublier Amnesty International, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale son acolyte, et puis le Parti socialiste français, le parti travailliste britannique, les Verts du monde entier, les journaux étrangers »…. mieux vaut ajourner les élections et déclarer le président élu à vie.

C'est plus sain, plus démocratique.
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Zam travaille pour un journal indépendant, pas forcément tendre avec le président en place, ce qui peut se révéler quelque peu dangereux étant donné la nature du pouvoir, à forte tendance autocratique. En dehors de cette vie professionnelle engagée, il mène une vie assez tranquille en compagnie d'une bouteille de vin ou de whisky, écoute du jazz, se dispute comme un chiffonnier et se réconcilie avec l'élue de son coeur.

Zam n'est pas le plus virulent, loin de là, mais quelqu'un finit tout de même par s'intéresser d'un peu trop près à lui : on lui vole ses précieux disques de jazz, un cadavre est retrouvé dans son appartement, et il s'aperçoit qu'il est régulièrement suivi en voiture. le journaliste réveille alors tout son réseau de connaissances pour comprendre ce qui lui arrive.

Le ton du roman est assez aigre pour décrire le Cameroun post-colonial. Les espoirs de démocratie se sont rapidement envolés devant les réalités de la vie quotidienne : corruption, clientélisme, parti unique soutenu d'ailleurs par les mêmes puissances qui prônent des élections libres pour éviter de perdre l'exploitation de ressources durement acquises.

De tous les personnages du roman, Zam est celui qui m'a paradoxalement intéressé le moins. Son ami avocat, d'abord épris de grands idéaux mais qui a tourné au cynique, est nettement plus haut en couleur à mon avis. Quelques personnages secondaires, comme le policier livré à lui-même pour obtenir de quoi manger, ou le politicien haut placé, sont particulièrement piquants aussi.

Même si le rythme est parfois en dents de scie, j'ai plutôt apprécié ce roman, surtout pour ces tirades sur la passation de pouvoir. J'ai déjà vu à la bibliothèque que ce roman a une suite, je ne manquerai pas de me la procurer.
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Peut-on écrire un roman drôle sur la dictature et la violence, sur l'injustice sociale et l'insécurité qui en sont les conséquences? Peut-on dénoncer par le rire l'exploitation et la corruption? Peut-on aimer d'amour une pute? Si vous voulez trouver des réponses à ces questions, armez-vous de vos meilleurs CD de jazz, de vos meilleures bouteilles de Bordeaux, de Cognac et de Whisky et lisez Trop de soleil tue l'amour!
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En refermant ce livre je me suis demandé s'il ne manquait pas quelques pages à mon exemplaire. Mais non, il est complet, et pourtant il reste beaucoup de questions dont je n'ai pas la réponse. Je sais qui a causé tous ces tourments au pauvre Zam et pourquoi, mais qu'est devenue Bébette ? Qui est ce mystérieux homme à la saharienne de bonne coupe, et quid de son immense domaine ? Quelles activités secrètes s'y déroulent ? Quid de Georges ? J'aime bien la verve délirante de l'auteur comme dit la 4ème de couverture mais, même si on devine certaines des réponses, j'aurais aimé aussi un peu d'explications à la fin de l'histoire, pour avoir à la fois le style et le contenu.

A la lecture de ce livre, on comprend pourquoi Mongo Beti a eu des problèmes avec la censure. Il n'emploie jamais le mot "gouvernement", lui préférant toujours le mot "dictature". Il est très sévère à la fois avec son pays le Cameroun et avec la France, décrivant l'un comme soumis et l'autre comme colonisateur malgré la soit-disant indépendance de 1960. le parti au pouvoir est pourri, les opposants sont des guignols, Mongo Beti distribue les mauvais points à tout le monde. Les scènes de campagne électorale sont éloquentes, le candidat fait un discours rapide, puis apporte ensuite force bouteilles et nourriture pour que le bon peuple se régale aux frais de la princesse. "La bouche qui mange ne parle pas". Qui va voter contre après ça ? Personne.

Toujours d'après l'auteur les riches sont tous des pourris "Au-dessus du million de dollars, pariez sans aucun risque que toute fortune découle d'une rapine", et les flics le sont tous également. Là, pour ceux qui connaissent, c'est sans doute pas loin de la vérité. Au Cameroun il arrive qu'un policier prête son costume à un ami le soir pour que celui-ci aille racketter quelques automobilistes et partage en revenant. J'aime bien quand le flic déclare "dans notre police, on ne fait jamais d'enquête ; c'est même interdit. Chaque fois qu'on fait une enquête, on tombe immanquablement sur un grand". Je dois dire que ça m'a rappelé des souvenirs ...

Je n'ai pas aimé la manière dont il parle des femmes. Dès qu'il y a le mot "femme" dans une phrase, il y a aussi le mot pute, il est employé à tout va tout au long du livre. Zam insulte sans arrêt Bébette lorsqu'il est bourré, c'est à dire presque tous les jours. Quand l'auteur dit "La chasse à l'amoureux blanc est le sport préféré de nos jeunes filles", là rien à dire, il faut reconnaitre que c'est bien vrai. Mais des phrases telles que "Il n'y a que le fric qui les branche" "Même un lépreux a sa chance, pourvu que son moignon agite un billet de banque", c'est trop, surtout qu'aucun propos ne vient contrebalancer ces déclarations.

Ce roman est écrit dans un style très vivant et très authentique. A la lecture on entend les dialogues comme si on était sur place. Toutefois l'auteur fait bien attention à ce que le texte reste compréhensible par tous. Il emploie des expressions locales expurgées des mots qui poseraient problème, et il réussit très bien ce subtil mélange d'authenticité et d'accessibilité au plus grand nombre. J'adore le "Qui a demandé ta bouche même ?"

Trop de soleil tue l'amour est un roman sévère mais authentique, distrayant, avec une fin plus élaborée ce serait parfait.
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Trop de soleil tue l'amour est un des romans policiers africains les plus connus et parmi les plus significatifs du genre. Les thèmes abordés, superficiellement ou de manière approfondie - la dictature, les politiciens véreux, l'injustice sociale, l'insécurité, la violence, la débauche, l'alcoolisme, l'exploitation, les trafics divers… - servent de toile de fond à des aventures échevelées mettant en scène Zam, un jeune journaliste idéaliste, un peu alcoolo et féru de jazz, sa petite amie Bébête aux mérites peu reconnus et Eddie, « émigré sans papiers rapatrié de force par charter », pseudo juriste fort en gueule mais plein d'intelligence et de ressources…

Zam n'a pas de chance, alors qu'il prépare une série d'articles sur la déforestation et les spoliations foncières dont sont victimes des communautés villageoises, il est surveillé, filé, accusé de tous les maux et de tous les crimes. Ceux qui lui en veulent vont jusqu'à dynamiter l'immeuble dans lequel il a trouvé refuge avec sa belle, mais cela ne suffira pas à lui faire rendre les armes : après tout, selon l'exemple de Rosa Parks refusant de laisser sa lace à un blanc dans un bus de Montgomery, si on ne fait pas quelques chose, rien ne se passe.

La charge est forte et l'auteur laisse peu de place aux espoirs de démocratie dans un pays où la corruption, le clientélisme et le népotisme sont la norme et où prévalent parti unique et président élu à vie (pour mémoire, Paul Biya dirige le Cameroun depuis 1982 après avoir été Premier ministre de 1975 à son élection). Zam, en subira les conséquences et paiera cher, tout comme Eddie, son ami « avocat », épris de grands idéaux mais rapidement tourné cynique. On retiendra également quelques personnages secondaires, plus ou moins reluisants, comme PTC, le directeur du journal, Norbert, « flic amateur d'extras », Georges, le toubab néo-colonialiste manipulateur et pervers, enfin un politicien haut placé, un « grand », courroie de transmission des pratiques locales. Seule Bébête, personnification de la femme africaine à qui l'éducation a fait défaut et que la pauvreté a réduite au rang de victime, émerge de façon positive.

Trop de soleil tue l'amour souffre d'un rythme irrégulier et d'une écriture qui hésite parfois entre le français académique et un argot - celui d'Eddie en particulier – un peu incongru. Comme si l'auteur avait souhaité éviter la couleur locale du « français africain » que les auteurs d'aujourd'hui privilégient. On retiendra par contre une galerie de portraits pertinents et de belles digressions sur une certaine réalité africaine, celle de l'injustice sociale, de la violence et de l'insécurité, voire de la perversion.

Lien : http://www.polars-africains...
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critiques presse (1)
LeMonde
31 juillet 2023
Publié en 1999, ce livre de l’auteur camerounais est une dénonciation politique en règle des turpitudes des régimes postcoloniaux en Afrique équatoriale.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Il faut dire que, si, après une longue période de dictature, des exilés, que favorise une circonstance imprévue, reviennent en masse au pays, ce n'est pas rassurant pour le pouvoir ; mais, contrairement à ce que l'on pourrait croire a priori, ce n'est pas tellement plus rassurant non plus pour l'ensemble de la société en place, trop bien façonnée par le temps et les habitudes, trop résignée à ce qu'on appelle la force des choses. [...] Les nouveaux venus ont des aspirations, un langage, un comportement non seulement étrangers, mais incompréhensibles, voire odieux. Le contraste de leurs façons de vivre avec les us traditionnels n'est-il pas un miroir où la société majoritaire lit nécessairement son arriération et sa décrépitude ? [...] De même que la cellule humaine se positionne de manière à s'accoutumer à l'imprégnation alcoolique pour en devenir finalement un artisan involontaire, de la même façon les populations sédentaires avaient dû s'accommoder des exactions, des turpitudes des autocrates ; elles en avaient pris le pli. Presque plus rien ne les blessait ni ne les étonnait, bien au contraire ; elles en étaient même arrivées à applaudir aux extravagances de la dictature. Là où le peuple a été trop longtemps tenu à l'écart des lumières du droit, le vice devient la norme, le tortueux la règle, l'arbitraire la vertu. L'arrivée massive des exilés causa un choc aux populations, en les contraignant à un brusque réveil. On se réjouissait en public du retour des enfants prodigues ; en privé, on les blâmait de ne pas agir en sentir comme tout le monde. S'indignaient-ils de la corruption ? on leur répondait : « Il faut bien que tout le monde mange », oh, le vilain mot ! S'abstenaient-ils de courtiser les puissants ? Le peuple sermonnait : « Dieu a dit : obéissez aux supérieurs. » S'acharnaient-ils au travail ? on les en blâmait, sous prétexte que l'homme n'a qu'une vie et qu'il faut la gâcher le moins possible. Se scandalisaient-ils des financements dérisoires de l'éducation et de la santé des populations ? Priorité au remboursement de la dette, leur rétorquaient la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Prêchaient-ils la révolution, comme c'est la manie chez les exilés revenus au pays ? on levait les yeux au ciel en invoquant la fatalité.

Les exilés étaient de retour, et c'est bien vrai que rien ne serait plus jamais comme avant. Mais, en attendant, le fleuve impavide des résignations mesquines et des turpitudes furtives continuait de couler, et c'est ce qui désespérait Eddie, trop attaché à son indépendance pour nourrir la moindre ambition politique à vrai dire, mais trop écorché dans sa dignité d'Africain par un long exil au milieu de populations racistes pour laisser courir les choses, et c'était là son drame.
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— Comment ? on ne t'a rien dit ? reprit-il à voix haute. T'es un flic ou pas ? Le gouvernement a peur pour les élections qui viennent ; il veut s'assurer de la fidélité de ses partisans supposés. On ne t'a pas dit ça ?
— Non, monsieur, chuchota Norbert.
— Mais alors, qu'est-ce qu'on t'a dit ?
— Rien, seulement : tu vas faire des enquêtes et ça va te changer.
— Ça va te changer ? Pourquoi ça va te changer ?
— Parce que, nous, dans notre police, on ne fait jamais d'enquête ; c'est même interdit.
— Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Non mais c'est dingue. C'est interdit aux policiers d'ici de faire une enquête ? C'est vrai, ce mensonge ?
— C'est vrai monsieur.
— Est-ce possible ?
— Si, si, c'est vrai, monsieur. Chaque fois qu'on fait une enquête, on tombe immanquablement sur un grand.
— Un homme puissant, c'est ça que tu veux dire ?
— Oui, monsieur. C'est pour ça que c'est interdit de faire des enquêtes.
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— Vous avez même vu quoi ? lança cet homme en guise d'exorde. Oui, je vous demande, vous avez même vu quoi, hein ? Vous-mêmes là, vous dites que quoi ? Nous autres nous voulons faire la chose désormais à la manière africaine, à la manière de nos pères. Vous là, vous voulez faire la chose à la manière des toubabs. Pourquoi ? Est-ce que vous êtes des toubabs, hein, mes frères ? Est-ce que les toubabs sont nos ancêtres ? La chose là, comment vous appelez même ça, oui, quoi, la chose-là, la commission électorale indépendante, c'est quoi ça ? C'est la manière des Blancs, ça, non ? Pourquoi vouloir nous faire faire toujours les choses à la manière des Blancs, alors que nous sommes tous africains. Regardez-moi bien, mes frères, est-ce que je suis un Blanc ? non, c'est-ce pas ? Et vous, vous êtes des Blancs, là ? non. Alors pourquoi la commission électorale indépendante ?

Ce discours, prétendument inspiré de la négritude, philosophie inventée par le grand poète antillais Aimé Césaire, est toujours accueilli avec enthousiasme, soulagement et reconnaissance par les dictateurs africains et leurs séides, souvent aussi dans les rassemblements populaire que flatte sa basse démagogie. Il faut croire que le vent avait tourné ; cette fois, la basse démagogie suscita une mémorable bronca faite de huées, de sifflets, de ricanement, d'apostrophes outrageantes, du genre : « Les ivrognes aux chiottes ».
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— Te gêne surtout pas, mon camarade, fais comme chez toi.
— Comment ça, chez moi ? protesta Norbert, je ne suis plus chez moi ici ? Vous, les Français, vous voulez faire la recolonisation maintenant ? Alors, c'est vrai ce qu'on dit dans les journaux indépendants ? Vous, les Français, vous venez nous recoloniser ? Les toubabs reviennent pour tout prendre ?

C'était très imprudent. Il y a un propos qu'un Africain ne doit jamais tenir devant un Français désormais, celui qui consiste à l'accuser de recolonisation. Ce soupçon met les toubabs français dans un état d'exaspération proche de la rage. Et si c'était vrai que seule la vérité blesse ?

— Ah, fit tout à coup Georges sur un ton étonnamment agressif, ça suffit hein ! Ça va oui ? Il ne faudrait pas trop me gonfler.

Et le petit homme de venir se planter devant Norbert, comme un coq dressé sur ses ergots.

C'était très imprudent. Il y a des gestes qu'un Blanc ne devrait plus jamais faire en Afrique devant un Noir. Le grand flandrin ne put résister à la tentation d'allonger son interminable bras jusqu'à l'épaule du petit Blanc et d'y exercer une pression qui se termina en une poussée inverse de celle décrite par le célèbre principe d'Archimède.
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C’était une boutade d’Eddie : après la privatisation très controversée des banques, de l’eau, de l’électricité, il restait désormais celle de la police et de l’armée, et même de l’Etat. Alors, du moins, le président, en fameux fainéant, serait enfin assuré de pouvoir se reposer tout le temps, son rêve secret.
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Vidéo de Mongo Beti
Mongo Beti, Une vie, une oeuvre partie 1 Le portrait radiophonique d’un homme d’exception. Émission réalisée par Catherine Pont-Humbert et diffusée sur France culture le 26/12/2004.
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