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Françoise Rosset (Traducteur)Gervasio Montenegro (Préfacier, etc.)
EAN : 9782264020611
183 pages
10-18 (04/01/2008)
3.46/5   57 notes
Résumé :
Isidro Parodi, le détective chargé de résoudre les six énigmes policières qui lui sont proposées, est lui-même en prison depuis plusieurs années.
Cette solitude, cette absence au monde, renforcent en lui une clairvoyance, une sagesse retorse, une concentration qui lui permettent de débrouiller les fils enchevêtrés des affaires les plus impénétrables. Six visiteurs viennent ainsi l'un après l'autre lui exposer le mystère qui les tracasse, et, chaque fois, Paro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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C'est dans les années 1940 que les écrivains et amis Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares, tous deux grands amateurs d'énigmes policières, unirent leurs talents et écrivirent à quatre mains, sous le pseudonyme de H. Bustos Domecq, le recueil d'histoires « Six problèmes pour Don Isidro Parodi ».
Le personnage principal, l'enquêteur Isidro Parodi, injustement accusé de meurtre et emprisonné depuis plus de vingt ans, a développé dans la solitude de sa cellule un sens aigu de la réflexion et de la déduction, si bien que son discernement et son flair implacables ont acquis une grande renommée dans tout Buenos-Aires.
Il n'est donc pas rare que les visiteurs se bousculent à la porte de la cellule 273 pour solliciter l'aide de Don Parodi afin de démêler l'écheveau complexe des fils emmêlés dans lesquels ils se sont retrouvés entortillés…
Posé, réfléchi, buvant son maté dans son petit bol bleu, Isidro Parodi écoutent les histoires criminelles et embrouillées des uns et des autres, pour, quelques jours plus tard, délivrer un diagnostic aussi brillant qu'imparable.

Borges et Casares semblent s'être infiniment amusés à la réalisation de ce recueil d'histoires policières qui se lit avant tout comme une gourmandise littéraire, un jeu de l'esprit dont on savoure les longues et belles phrases très construites, piquantes, réjouissantes et impeccablement maîtrisées.
Les auteurs nous montrent toute la maîtrise qu'ils ont de la langue et en jouent avec délectation : répliques, échanges, expressions, formules, jeux de mots…l'ensemble prenant une tournure très théâtrale avec de longues tirades déclamées de façon excessive, exubérante, qui font naître un comique de situation d'un bel effet, avec des personnages outranciers dignes de la Commedia Dell' Arte.

Ces personnages pittoresques, folkloriques, issus des diverses couches sociales de l'Argentine du début du siècle, sont volontairement caricaturés à l'extrême.
Les uns poseurs, guindés, affétés comme à la parade, les autres pontifiants, doctoraux, rengorgés comme des coqs en pattes, certains impétueux, charmeurs, badins, d'autres coquins, roués ou filous, mais tous férocement bavards, d'une loquacité à déprimer un orateur grec.
Tous ces personnages qu'on dirait tout droit sortis d'un vaudeville, ne se rendent bien évidemment pas compte de leur ridicule, et créent sans le vouloir une ambiance comique qui prête souvent à sourire.
De tous ces individus hauts en couleur, finalement seul Don Parodi semble être sain d'esprit. le seul à être emprisonné, semble être aussi le seul à garder la tête sur les épaules !

Davantage que les enquêtes en elles-mêmes, c'est surtout la drôlerie des personnages et l'humour satirique qui s'en dégage qui font vraiment la saveur de ce recueil d'histoires. Recueil qui permet aux auteurs de se moquer sans en avoir l'air de leurs compatriotes argentins.
L'amateur d'énigmes policières n'y trouvera sans doute pas son compte mais l'amoureux des mots lui, pourra se délecter d'un style rétro, au charme délicieusement suranné.
Ce sera également l'occasion de découvrir les deux grands écrivains dans un autre registre, d'explorer une autre facette de leur personnalité, des hommes malicieux, plaisantins, qui jouent avec les mots et se jouent du politiquement correct tout en finesse et en délicatesse.
Borges et Casarès ont même poussé la plaisanterie jusqu'à inventer une biographie à leur auteur fictif H. Bustos Domesq et faire signer un « avant propos » du nom de l'un des éminents personnages qui vont voir le prisonnier-détective Parodi ! Avouons qu'on a rarement vu en littérature, un personnage du livre écrire et signer une introduction vantant les mérites d'un auteur lui aussi fictif !
S'ils ne nous donnent pas une grande leçon d'enquêtes policières, les auteurs nous donnent en tous cas une belle leçon de style !
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Six problèmes pour Don Isidro Parodi est le premier livre du tandem Jorge Luis Borges/ Adolfo Bioy Casares. Il est publié en 1942 sous le pseudonyme de H.Bustos Domecq avec une préface d'un autre pseudonyme, l'impayable Gervasio Montenegro. Il contient six petites histoires pseudo-policières. Elles parodient des classiques du roman policier à énigme (j'en ai reconnu 3/6). Elles sont gorgées de références à la vie argentine des années 30, au microcosme artistico-intellectuel de Buenos Aires dont ils se moquent du début à la fin via une galerie de personnages croquignolets : pédants, nationalistes, xénophobes, académiciens, philistins, m'as-tu-vu, crétins en tout genre. le détective est pittoresque et goguenard. Ancien coiffeur de son état, Isidro Parodi s'est retrouvé accusé à tort puis condamné pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Il s'est accommodé à passer vingt ans derrière les barreaux. Il est devenu sage et célèbre. Depuis sa cellule 273, il reçoit les interminables plaintes pompeuses et alambiquées de ces messieurs dames empêtrés dans des problèmes insolubles et à la fin résout l'énigme en trois coups de cuiller à maté. Il a un côté bouddha et pythie, l'Isidro. Il paraît aussi qu'il ressemble au père Brown de Chesterton que je n'ai pas lu.
Borges et Bioy ont dû beaucoup s'amuser en écrivant ces petits contes burlesques à quatre mains. Je comptais bien me gondoler aussi. Certes j'ai souri, surtout au début, mais je me suis aussi pas mal ennuyée. L'écriture volontairement boursouflée m'a lassée à la longue. Et puis surtout mon ignorance crasse concernant les références parodiées m'a empêchée de jubiler.
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Hooo...une lecture jubilatoire !
Le verbe de Borges et le "je-ne-sais-quoi" ( humour ?...je ne connais pas ENCORE cet auteur !) de Casares au service de l'écriture policière !
Dès que vous saisissez la philosophie toute "borgesienne" de ce recueil, vous ne pouvez plus vous empêcher de poursuivre votre lecture en souriant, ricanant, même...

Qui est H. Bustos Domecq ? le pseudonyme sous lequel nos deux compères (qui se sont certainement amusés comme des fous en rédigeant cette merveille) ont publié leur livre en espagnol. Mais aussi un personnage souvent cité dans ces pages. Tout comme les notes en marge, présentées d'une façon classique, mais venant toutes des différents protagonistes du récit - un microcosme compacte et bien fermé.

Argentine, les années 30 - 40.
Don Isidro - coiffeur de son état - est un bouc émissaire des manigances politiques. Enfermé à la place d'un autre, il croupit depuis vingt ans derrière la porte fermée de la cellule 273. La porte, qui, en quelque sorte, le protège de la folie du monde, car les personnes qui viennent chercher conseil auprès de lui sont tout sauf ordinaires. On entre dans un monde exubérant - dans les cercles littéraires et culturelles, habilement mélangés avec le milieu de la pègre; des mondes à la Agatha Christie, Wilkie Collins ou même E.A. Poe. Tout ça porté en avant par les personnages burlesques à la phrase longue et alambiquée, mixture improbable entre le "rococo latino" et "l'humour british".

le style impossible à décrire, au risque de me perdre dans ma phrase tel un homme égaré (un journaliste de son état, mais aussi l'auteur de plusieurs traités sur l'herboristerie, ainsi que sur la présence inexpliquée de fossiles d'ammonite sur la planète Mars) qui est à la recherche de son domicile (qu'il partage, au demeurant, avec Juana la Bomba, originaire du Mexique, qui élève toute seule ses 14 enfants) après une soirée bien arrosée suite à la dégustation sans modération de vins dont la moitié n'étaient même pas des alcools, et dont le retour au ledit domicile est quelque peu entravé par la rencontre fortuite (et surtout physique) avec le tramway n. 56, qui le fait lier, par la même occasion, une connaissance toute nouvelle avec la personne de Don Pedro "Fausse Barbe" Molina, entourée de bien de mystères relatifs à l'enfant aîné de la Bomba. Et tout ça avant même que le Chinois d'origine Cherokee avec un bâton d'encens derrière chaque oreille s'en mêle !

Vous voyez ?!
Mais, heureusement, Don Isidro Parodi, lui, trouve une réponse à tout !


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Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares s'associent sous le pseudonyme de Bustos Domecq pour faire naitre en 1942 un recueil de nouvelles "policières" sans policier. En effet, le héros de ces six nouvelles/énigmes n'est autre que Don Isidro Parodi, coiffeur de son état et innocent emprisonné à tort dans une petite cellule de Buenos Aires.

Le schéma de ces six nouvelles est à peu près le même à chaque fois : d'illustres personnages viennent raconter un mystère qui le préoccupe à Don Isidro Parodi. À chaque fois c'est un exercice de style et la personnalité outrancière de chaque personnage (devenu narrateur provisoire) ressort fortement dans le récit : Entre l'acteur Don Montenegro, aussi bavard que prétentieux ou Shu T'ung, diplomate chinois au langage outrageusement poli, modeste et obséquieux qui use et abuse des métaphores, on ressent pleinement l'effet comique lié au style de chacun des personnages. Une fois l'histoire racontée, le génial Don Isidro Parodi, enquêteur dans sa cellule va à la manière de l'Hercule Poirot d'Agatha Christie nous donner la clef de l'énigme grâce au seul(s) récit(s) d'un ou deux protagonistes de l'histoire.

Ladite explication s'imbrique parfaitement dans chacun des récits et explique les incohérences et les comportements suspects des uns et des autres. A vrai dire, l'explication géniale de M. Parodi est généralement peu réaliste et complétement tirée par les cheveux et c'est tout à fait volontaire de la part des auteurs. Ici, l'essentiel du plaisir n'est pas tant dans la résolution de l'énigme (bien qu'on attende tout de même avec impatience les explications et la résolution alambiquée de Don Isidro Parodi) que dans le récit et le style de chacun des personnages. On sent nettement la complicité et le plaisir qu'ont pu prendre les deux auteurs argentins, au sommet de leur forme, à écrire ce recueil. Plaisir tout à fait communicatif vis à vis du lecteur : en tout cas pour ma part, j'ai beaucoup apprécié cette lecture (davantage d'ailleurs que les Chroniques de Bustos Domecq, écrites également par Borges et Bioy Casares). Ceux qui s'attende à un pur polar ne s'y retrouveront peut-être pas, car ici les énigmes policières sont bien davantage un prétexte pour faire marcher à plein régime le style plein d'humour et l'art de l'absurde qu'une fin en soi.

Assez étonnamment, le recueil m'a fait penser à un livre tout aussi savoureux écrit par l'auteur de Science-Fiction Isaac Asimov et où Asimov se met en scène lui-même face au fameux « Georges », personnage aussi condescendant que radin qui lui raconte des histoires à dormir debout où ce dernier tente en vain (et enchaine les désastres) de résoudre les problèmes de ses proches à l'aide des pouvoirs de son petit démon Azazel qui donne son nom au recueil.

Voilà une lecture légère, jubilatoire et distrayante que je ne peux que recommander !
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C'est un moment courageux dans les annales littéraires d'une nation quand elle donne naissance à son premier détective privé indigène. Jusqu'à ce que ce soit le cas, les fidèles locaux de l'histoire du meurtre doivent endurer l'indignité - sans parler des dépenses - de voir leurs détectives expédiés de l'étranger, puis traduits de manière superficielle dans la langue vernaculaire, où ils figurent comme des limiers extraterrestres fouinant sur des pistes encore plus extraterrestres. . le meurtre ne connaît peut-être pas de frontières, mais en est-il de même pour la détection ?
Don Isidro Parodi, imaginé en une heure patriotique par deux écrivains farouchement cosmopolites de Buenos Aires, Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy-Casares, étudiants de longue date en roman policier anglo-américain. Ils n'ont pas tout de suite mis leur nom sur ces récits caustiques, qui se présentaient comme l'oeuvre d'un auteur composite appelé H. Bustos Domecq (quand je l'ai lu la première fois, il portait ce nom). Mais leur couverture a été soufflée il y a longtemps, et ce sont les noms de Borges et de Bioy-Casares qui couronnent désormais la couverture de ce livre, avec le plus souvent celui de Borges trois fois plus grand que Bioy-Casares, ce qui est injuste, puisqu'ils l'ont écrit ensemble.
Un détective du nom de Parodi, inventé par deux écrivains facétieux –

à ce propos, si l'on m'autorise une digression, pourquoi ne pourrait-on franciser l'anglais jocular en joculaire? Assez joli, non? Fin de la digression -

dont la deuxième langue est l'anglais, promet une sorte de jeu littéraire, et ces Six Problèmes sont très amusants. Don Isidro est la parodie de tous les détectives fictifs, unique même, puisque lui-même est un un taulard. Il a été piégé, cela va sans dire, après quelques magouilles politiques au moment des élections, mais a néanmoins été condamné à 21 ans pour homicide. L'incarcération a fait de lui un homme nouveau.
Avant d'être enfermé, ce redoutable rationaliste et cryptographe des secrets noirs de sa ville natale n'était rien de plus sensationnel qu'un barbier. Mais maintenant, Parodi est le dernier mot de l'éclat du détective qui peut démêler le mystère le plus épineux sans même se lever de son tabouret. Il est une pure intelligence, sédentaire et infaillible : une divinité à consulter.
Parce qu'on l'empêche d'aller vers les problèmes, les problèmes doivent lui être rapportés, à la Cellule 273 du pénitencier qu'il fréquente. Là, il est interpellé par une succession de personnages locaux ostensiblement expansifs qui ont en quelque sorte été empêtrés dans des crimes de violence aussi faux et pittoresques qu'eux-mêmes. Don Isidro doit s'asseoir et écouter sa clientèle bavarde qui raconte ses histoires obscures. Il n'y a aucune preuve de première main; tout ce qu'il doit faire, c'est ce qu'on lui dit, et si l'un des acteurs du drame ne peut pas raconter toute l'histoire, on peut compter sur d'autres pour s'introduire dans l'isolement de Parodi et ajouter leur obole. le brassage ethnique est riche : il y a des Italiens, des Basques, des Russes, des Chinois.. et il n'y a pas deux porteurs de contes qui disent tout à fait la même chose. La diversité est totale. Les crimes eux-mêmes tendent vers le mélodramatique et le manifestement sans originalité ; le plus déroutant des six problèmes, "Les Nuits de Goliadkine", est une reprise assez absurde du déjà très absurde "Meurtre de l'Orient Express".
Les solutions de Parodi aux mystères sont impitoyablement définitives. Contrairement à ses interlocuteurs, c'est un homme de mots peu nombreux et sobres ; tous les discours exagérés et caractériels qui lui ont été infligés auparavant sont maintenant vengés par la brièveté de son exégèse. Des crimes remarquables par leur exubérance et leur mise en scène hautement artistique sont montrés par ce géomètre austère des passions comme ayant été en vérité mesquins et mercenaires. Parodi, en bref, dégonfle tout: c'est la voix solo de la vérité suivant le choeur de la mauvaise fiction.

Vous aimez les polars ? Précipitez-vous sur ce livre qui en est la somme amoureusement ironique.

Vous n'aimez pas les polars ? Précipitez-vous également sur ce bijou de la littérature du vingtième siècle.

Lien : http://holophernes.over-blog..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
"Mais je vous écorche le tympan. Attendre de moi un morceau d'éloquence et quelque mise au point, c'est attendre d'une chenille qu'elle parle avec la gravité du dromadaire, ou même avec toute la fantaisie qu'on peut trouver à une cage à grillons découpée dans un carton et ornée des douze couleurs fondamentales. Je ne suis pas le prestigieux Meng Tseu, qui pour annoncer au Collège astrologique l'apparition de la nouvelle lune, parla vingt-neuf années consécutives, jusqu'à ce que ses fils soient venus prendre la relève. Inutile de le nier : votre serviteur est pressé par le temps."
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Le 7 janvier, à 4 h 40 du matin, sobrement habillé d'un vêtement bolivien, je montai dans le Transcontinental, à Mococo, semant habillement - question de savoir-faire - mes nombreux et gênants admirateurs. Une distribution généreuse de quelques autoportraits dédicacés parvint à diminuer, sinon à vaincre, le méfiance à mon égard des employés du train. On m'indiqua un compartiment que je me résignai à partager avec un inconnu, d'aspect nettement israélite, que mon arrivé réveilla. Je sus par la suite que ce gêneur s"appelait Goliadkin et qu'il était diamantaire. Qui eût pu penser que cet irritable Israélite, dont la hasard ferroviaire m'imposait la compagnie, allait m'impliquer dans une tragédie énigmatique ?
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- Non, s'écria le Commandeur. L'homo sapiens ne croit pas au mauvais sort, et moi je le combats avec cette patte de lapin. Il sortit l'objet d'une poche intérieure de son smoking et le brandit avec exaltation.
- Voilà ce qui s'appelle un direct à la mâchoire, applaudit Anglada. La raison pure, toujours la raison pure.
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Je ne vous parlerai pas de mes aventures féminines. Si vous voulez vous distraire un moment, demandez à Mickey Montenegro quel lion je suis. Et c'est ainsi pour tout. Dans mes études, par exemple, je n'ouvre même pas mes livres, et, quand arrive le jour de l'examen, je prends du bromure, et je repars avec les félicitations du jury.
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Je sais de quoi je suis capable : si je rencontrais le colonel, nous nous battrions en duel. C'est peu pratique dans un train. De plus, bien qu'il soit pénible de le constater, nous ne sommes plus à l'époque des duels. Je décidai donc de me coucher.
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Vidéo de Jorge Luis Borges
INTRODUCTION : « Le siècle qui commence trouve une Argentine confiante en l'avenir. le positivisme à la mode met une foi illimitée dans les avancées du progrès et de la science, et la croissance de la jeune république autorise une vision optimiste du destin national. La classe dirigeante a bâti son programme sur la base d'une instruction publique et gratuite pour tous, destinée à réaliser l'intégration culturelle de la deuxième génération d'une masse énorme et hétérogène d'immigrants à peine débarqués d'Europe. Cette Argentine, qui est à l'époque une toute jeune nation - sa guerre contre les Indiens n'est terminée que depuis vingt ans -, dépend économiquement de l'Angleterre, est fascinée par la culture française et admire autant l'opéra italien que la technologie allemande. Ce qui ne l'empêchera pas de tâtonner à la recherche de sa propre identité, à la faveur d'un sentiment nationaliste exacerbé dès 1910 […]. L'avant-garde poétique porte le sceau du modernisme, largement diffusé à Buenos Aires par Rubén Darío qui […] marquera d'une empreinte durable la vie culturelle du pays. […] La quête de la modernité inscrite dans le nouveau courant anime déjà ce pays avide de rallier un monde qui ne jure que par Le Louvre, la Sorbonne et Montparnasse. […].  […]  La seconde décennie du siècle […] marque un tournant décisif dans la réalité argentine. […] Hipólito Yrigoyen accède au pouvoir. Avec lui surgit une nouvelle classe sociale, issue de l'immigration et amenée, pour un temps, à prendre la place de la vieille oligarchie qui a dirigé le pays depuis les premiers jours de l'indépendance. […] Cette modernité, qui relie les poètes argentins à l'avant-garde européenne, se concrétise avec le retour au pays de Jorge Luis Borges, en 1921. […] Dans un article polémique paru dans la revue Nosotros (XII, 1921), Borges explique : « Schématiquement, l'ultraïsme aujourd'hui se résume aux principes suivants : 1°) Réduction de la lyrique à son élément fondamental : la métaphore. 2°) Suppression des transitions, des liaisons et des adjectifs inutiles. 3°) Abolition des motifs ornementaux, du confessionnalisme, de la circonstanciation, de l'endoctrinement et d'une recherche d'obscurité. 4°) Synthèse de deux ou plusieurs images en une seule, de façon à en élargir le pouvoir de suggestion. » […] […] les jeunes poètes des années 20 se reconnaissent au besoin qu'ils éprouvent de revendiquer une appartenance et de se trouver des racines. […] Il faut attendre une dizaine d'années encore pour que, dans le calme de l'époque, de jeunes créateurs, avec l'enthousiasme de leurs vingt ans, apportent un élan nouveau et de nouvelles valeurs poétiques. Prenant leurs distances par rapport à l'actualité, ils remettent à l'honneur le paysage et l'abstraction, ainsi qu'un ton empreint de nostalgie et de mélancolie. […] Les années 60 correspondent en Argentine à une période d'apogée culturel. le secteur du livre est en plein essor ; de nouvelles maisons d'édition voient le jour et, conséquence du boom de la littérature sud-américaine, la demande d'auteurs autochtones augmente, ce qui facilite l'émergence de noms nouveaux. […] La génération des années 70, à l'inverse, est marquée au coin de la violence. Plus se multiplient les groupes de combat qui luttent pour l'instauration d'un régime de gauche, plus la riposte des dictatures militaires successives donne lieu à une répression sanglante et sans discrimination qui impose au pays un régime de terreur, torture à l'appui, avec pour résultat quelque trente mille disparus. […] » (Horacio Salas.)
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Alejandra Pizarnik 2:30 - Santiago Kovadloff 3:26 - Daniel Freidemberg 4:52 - Jorge Boccanera
5:51 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Horacio Salas, Poésie argentine du XXe siècle, traduction de Nicole Priollaud, Genève, Patiño, 1996.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Alejandra Pizarnik : https://universoabierto.org/2021/09/27/alejandra-pizarnik/ Santiago Kovadloff : https://www.lagaceta.com.ar/nota/936394/actualidad/santiago-kovadloff-argentina-pais-donde-fragmentacion-ha-perdurado-desde-siempre.html Daniel Freidemberg : https://sites.google.com/site/10preguntaspara1poeta
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